AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LadyDoubleH


Au festival America le mois dernier, j'ai assisté – entre autre – à une conférence très intéressante sur les paysages canadiens. Trois auteurs étaient invités, Emma Hooper, D.W. Wilson et Lise Tremblay. Après avoir écouté leurs échanges pleins d'âme, j'ai vraiment eu envie de les lire. Je suis donc repartie les poches pleines des premiers romans d'Emma Hooper, Etta et Otto (et Russell et James) et de D.W. Wilson, Balistique, ainsi que du tout dernier paru en France de la québécoise Lise Tremblay, L'habitude des bêtes (avec en plus une charmante conversation lors d'une dédicace dans l'après-midi).

Grand bien m'a pris de vouloir découvrir ce court roman ! Je l'ai lu d'une traite, sous le charme. Dépaysant, pour moi qui ne connais pas le Québec. La vie dans un village reculé du nord, au bord d'un fjord (l'auteure est originaire de ce bout-là du monde), la montagne, les bois, les lacs, les orignaux, la vastitude. le narrateur, quand il chassait, plus jeune, possédait un Beaver, un hydravion ! Diantre. Et la langue aussi, légère, ciselée, simple. Mais qu'est-ce qu'un rang, une pourvoirie (Google, mon ami) ? Et les dialogues, icitte. J'ai savouré.

Quelques mois dans la vie de Benoit, dentiste à la retraite, de son chien Dan et de ses voisins, Mina et Rémi, sur fond de querelles entre villageois et garde-chasses causées par une prolifération inhabituelle de loups, qui risque de nuire à la saison de chasse imminente. le ton est juste de bout en bout du livre, les personnalités pleines et entières, l'histoire souvent touchante. Des réflexions sur les existences qui changent et les vies qui se transforment, sur la vieillesse et aussi la mort, mais sans rien de plombant. Cela m'a rappelé mon grand-père, qui parlait avec tranquillité et naturel de son futur emplacement au cimetière, carré 8, allée 9, et toi, c'est lequel déjà, à son voisin, entre la pluie et le beau temps. La mort c'est la vie, aussi. Et là on l'effleure et on y plonge. Dan, le chien, est vieux et malade et Benoit repense à sa vie d'avant.

Il fut un père et un mari exécrable et absent, égoïste mais généreux. Seuls comptaient son travail et ses loisirs, la chasse, la pêche. La bonne conscience de pourvoir avec largesse aux besoins de sa famille, pour mieux rester toujours plus loin des graves problèmes psychologiques de sa fille et de son couple qui, à force de se déliter, a fini par imploser. Benoit fut cet homme suffisant et arrogant, jusqu'au jour d'orage où un vieil indien lui mit un chiot dans les mains. Dan. « Un jour, on m'avait donné un chien et j'avais changé. » Il quitte les ors de la ville, vend son hydravion et s'installe dans son chalet, avec son chien. « Depuis que je vivais en permanence au chalet, j'avais peu de vie sociale. Je n'en souffrais pas. le lac, la montagne me suffisaient. Je ne savais pas si mon monde s'était rétréci ou agrandi. »

Je n'en dis pas plus, sinon que L'habitude des bêtes est vraiment une heureuse découverte, merci le Festival America !
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}