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EAN : 9782742705924
336 pages
Actes Sud (15/11/1995)
4.02/5   153 notes
Résumé :
Entre les colombes et les vautours, Thérèse, Pierrette et Simone, les trois fillettes inséparables de l'école des Saints-Anges, ouvrent soudain les portes de la connaissance.
En quatre journées menées, au rythme d'une symphonie de Brahms, ces personnages rencontrent l'hostilité de mère Benoîte-des-Anges, marâtre et cruelle directrice, alors que vont bon train les préparatifs de la Fête-Dieu. Ce roman entre ciel et terre, où le mysticisme le dispute à l'hypocr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après avoir découvert l'oeuvre de Michel Tremblay avec le premier tome des Chroniques du Plateau Mont-Royal, à savoir La Grosse femme d'à côté est enceinte, me revoilà partie dans le Montréal des années 40 avec Thérèse et Pierrette à l'Ecole des Saints-Anges.

Thérèse, jolie petite fille de 11 ans, fille d'Albertine et nièce de la grosse femme, est inséparable de son amie Pierrette aux “dents croches”. Pour tout le monde, elles sont “Thérèse pis Pierrette”. Mais malgré les apparences, “Thérèse pis Pierrette” n'est pas un duo mais bien un trio. Car derrière le “pis” se cache la timide et insignifiante Simone, affublée d'un terrible bec de lièvre qui lui cause bien du chagrin… Et comme l'indique le titre, ce trio indissociable arpente chaque jour les couloirs de l'école des Saints-Anges, théâtre où vont se jouer quatre journées décisives dans la vie de chaques protagonistes.

Tout commence un mois après la fin de la grosse femme d'à côté est enceinte. Simone, après une intervention chirurgicale visant à atténuer la malformation de sa lèvre “fendue”, reviens à l'école entourée de ses deux amies. Si elle s'inquiète du regard de ses camarades d'école, le pire viendra de la mère supérieure et directrice de l'école, j'ai cité : Mère Benoîte-des-Anges, aussi surnommé “Mère Dragon du yable” par nos petites élèves. Suite à une terrible humiliation infligée par cette dernière au sujet de son opération, Simone s'en retourne chez elle, anéantie, après seulement une matinée à l'école. S'ensuit alors tout un enchaînement : soeur Sainte-Catherine, enseignante de la classe de Simone, s'insurge et proteste contre l'attitude de la mère supérieure, et cette dernière, vexée d'un tel affront, la congédie rudement. C'est alors toute une école qui décide de faire front contre cette religieuse autoritaire et sans pitié pendant l'évènement le plus important de l'école : la préparation de la Fête-Dieu.

Les élèments mis en place dans le tome précédent commencent à prendre forme ici et nous retrouvons avec plaisir quelques-uns de ses protagonistes : Victoire la grand-mère, Albertine sa fille, Thérèse et Marcel les petits-enfants. La grosse femme est à l'hôpital où elle attend avec impatience d'arriver au terme de sa grossesse ; Marcel retrouve son chat, officiellement mort dans le tome précédent, visiblement (ou invisiblement) remis sur pattes grâce à nos quatre tricoteuses, toujours aussi mystèrieuses ; Albertine fait de son mieux pour être plus agréable à vivre ; Victoire tente de déjouer la folie et la mort qui semblent la tourmenter et Thérèse quant à elle se voit suivie par Albert, le gardien de parc, rencontré lui aussi dans le premier tome. Et c'est avec un aussi grand plaisir que nous retrouvons le parlé typiquement québécois qui, dans la bouche de Thérèse, devient une vraie merveille d'écriture. Car cette petite élève a bien du caractère et se laisse rarement marcher sur les pieds. Elle sait ce qu'elle veut, ne doute de rien et use de la langue de chez elle pour remettre en place quiconque viendrait se mêler de ce qui ne le regarde pas.

Un deuxième volet qui fait autant de bien que le premier, qui fait chavirer le coeur autant qu'il fait sourire, qui déroute le lecteur par le surnaturel autant qu'il l'ancre dans la réalité…. Bref un second tome qui laisse présager une suite tout aussi réussie!!

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Encore un Michel Tremblay qui m'a complétement charmé... C'est un plaisir que d'avoir retrouvé tous ces personnages qui meublent l'univers du Plateau !!! Tremblay, c'est la vraie vie, c'est le portrait d'une société québécoise, une belle photo de nous. le jouale, les ruelles, les grosses familles qui cohabitent, la chaleur l'été, le froid l'hiver, les bonnes soeurs qui enseignent, les tabous, l'émancipation de la femme, etc... Tremblay, c'est un monument... Et j'ai déjà hâte de lire le tome 3... :)
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Dans ce deuxième volet des Chroniques du plateau Mont-Royal qui en compte six, on retrouve Thérèse, la fille de Albertine, ainsi que ses amies Pierrette et Simone qu'on avait peu vues fans le premier opus. Toutes les trois ont onze ans et fréquentent l'école des Saints-Anges dirigée par les religieuses enseignantes de la congrégation des Saints-Anges. L'action de ce roman se passe au début du mois de juin alors que l'année scolaire s'achève et que l'on prépare la procession de la Fete-Dieu dans la plus grande fébrilité. On voit évoluer ces trois fillettes dans leur classe respective et dans les activités quotidiennes de l'école, les amitiés et allégeances se faisant et se défaisant au gré de l'humeur des unes et des autres avec toute la cruauté dont les enfants sont capables entre eux. C'est aussi et surtout toute la dynamique des religieuses entre elles et envers les élèves et leur famille qui se dévoile dans ce roman. On constate que la charité chrétienne n'est pas le moteur des relations entre religieuses et que les belles vertues prechees par l'église demeurent des souhaits et des principes théoriques. On voit l'amitié naitre entre certaines et la rancune s'installer parmi d'autres, on voit qu'une mère supérieure peut être un tyran et se plaire à humilier les soeurs soumises à son autorité et se plaire aussi à humilier certaines élèves et leur famille pour assouvir leur soif de pouvoir. On voit dans la congrégation les mêmes comportements qu'on voit dans le monde.

Il n'est pas nécessaire d'être fin psychologue pour constater tout le mépris et le dégoût de L'auteur face à la religion catholique et à ses institutions. Ce roman est presqu'un pamphlet contre l'église, et son clergé. La description de la procession est d'un surréalisme extraordinaire et est l'occasion pour L'auteur de ridiculiser ce qu'il appelle une mascarade et aussi de se désoler de la naïveté du peuple. Ce volet des Chroniques nous fait voir une population sous domination du Pouvoir des institutions religieuses et nous aide à comprendre pourquoi le peuple delaissera l'Eglise à mesure qu'il s'instruira et sera plus éduqué.

Très bien écrit et fascinant à lire, cet opus comme le premier est dominé par la présence et l'importance des femmes dans la société québécoise de l'époque. Sûrement qu'il en sera de même pour le reste des Chroniques.
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D'emblée les histoires de petites filles, les chicanes de nonnes et les bondieuseries en général ne m'intéressent pas particulièrement. Pourtant, ce deuxième tome des ”Chroniques du plateau Mont-Royal” m'a plu parce que tous ces thèmes sont abordés sous un angle critique avec une justesse de ton remarquable. Les accrochages entre Thérèse et Pierrette sont drôles, le personnage de la directrice d'école haïssable à souhait et les nombreuses charges contre l'église catholique virulentes comme je les aime. Ceux qui ont un problème avec le joual auront sans doute un peu de mal à suivre certains dialogues mais ce savoureux langage reflète bien celui employé par les gens dont parle Tremblay. J'ai bien aimé aussi le questionnement de Victoire sur la mort et les efforts de Bartine pour devenir une meilleure mère. La touche fantastique qu'apportent Marcel, Duplessis et les tricoteuses contribue au charme ce cet épisode. L'ambiance générale qui s'en dégage est presque magique.
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé, dans cette suite de l'histoire de Pierrette et Thérèse, le langage haut en couleurs des personnages qui les entourent: Albertine, Victoire, les trois soeurs qui tricotent des " pattes pour les bébés" et puis le beau Gérard.... La grosse dame est à l'hôpital, dans l'attente de la naissance du bébé... Mais avant tout la peinture extraordinaire de l'école des Saints Anges, avec des portraits de religieuses bien campés et la description extraordinaire de la préparation de la procession de la fête Dieu! Plein d'images et d'expressions de ce Montréal de 1940, juste un mois après les événements racontés dans " la grosse femme d'à côté est enceinte".
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les deux fillettes se jetèrent littéralement sur leur amie en poussant des hurlements de joie, clouant Simone dans son escalier, la chatouillant, l'embrassant, lui ébouriffant les cheveux et lui transmettant cette part de joie qui lui revenait de droit : le bonheur de se retrouver, Thérèse, Pierrette et Simone, les trois inséparables, le noyau amputé enfin reconstitué, et de retourner à l'école en se tenant par la taille et en chantant Mes jeunes années ou J'irai la voir un jour, se moquant des jarretières éventées et des lèvres fendues et, surtout, savourant la présence des autres, pleine, totale, enveloppante, à la fois promesse et certitude d'une vie d'où la solitude est à jamais bannie. « Mais c'est ben beau, Simone!» «Ça paraît quasiment pas! » «T'es quasiment pas reconnaissable!» « Mais t'es ben belle!» «T'es ben belle, Simone ! » Oui, c'était la première fois. Et Simone sanglotait de bonheur.
Elles laissèrent la rue Fabre derrière elles et tournèrent à gauche dans la rue Gilford. Elles n'avaient que deux coins de rue à marcher pour se rendre à l'école des Saints-Anges: elles tourneraient à droite dans la rue Garnier et monteraient jusqu'au boulevard Saint-Joseph qu'elles traverseraient sérieusement, en regardant à droite et à gauche, lissant leurs cheveux avec la main ou époussetant leurs jupes de peur de voir une religieuse les montrer du doigt à l'entrée de la cour d'école si elles n'étaient pas absolument impeccables. Simone avait repris sa place entre Thérèse et Pierrette, son énorme sac d'école serré contre elle, les bras de ses amies autour de son cou et de sa taille. C'est toujours ainsi qu'on les voyait déambuler dans la rue Gilford depuis quelques années, les deux grandes encadrant la petite, la protégeant, la guidant comme si elle avait été aveugle ou très fragile.
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Soeur Sainte-Philomène prit à bras-le-corps la statue grandeur nature du Sacré-Coeur de Jésus ( une chose vraiment hideuse dont les enfants avaient peur tant le regard du Christ était fixe et ses lèvres mal peintes, mais qu'ils se voyaient dans l'obligation de trouver belle parce qu'elle représentait le Sauveur dans la fleur de l'âge et au top de sa carrière)
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Les maladies des pauvres, c'est des maladies de la pauvreté; les maladies des pauvres, c'est des maladies laides qui s'attaquent honteusement à du monde faible, ignorant, sans défense; les maladies de pauvres, ça donne envie d'aller se cacher parce que la négligence, pis l'ignorance, pis la maladresse, ça se guérit malheureusement pas avec des remèdes.
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Pour que c'est faire que tes pisseuses demandent pas au monde de remplir des kécanes de binnes vides pour acheter, faire baptiser pis stuffer de ragoût de pattes de cochons des petits Canadiens français, tabarnac! On est pauvre comme la gale pis y faudrait donner c'qu'on a à du monde qu'on verra jamais! Du monde qu'on va engraisser comme des cochons pis qui risquent de venir nous chier dans face dans vingt-cinq ou trente ans? Jamais! Tu diras à tes pisseuses que ton pére a pas une cenne à donner à du monde qui sont venus au monde jaunes comme des citrons pis noirs comme le yable! J'vas-tu quêter chez-eux, moé?
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« La musique. C'est un cadeau de la vie. Ça existe pour consoler. Pour récompenser. Ça aide à vivre. »
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Vidéo de Michel Tremblay
Le Salon dans tes oreilles - S1E41 - Confidences d'écrivain: Michel Tremblay
Confidences avec Michel Tremblay, figure emblématique et incontournable de la littérature québécoise, mais aussi du Salon du livre de Montréal.
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL Et LEMÉAC ÉDITEUR
Avec Michel Tremblay, Auteurrice Danielle Laurin, Animateurrice
Livre(s) Victoire !
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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