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Citations sur Un ange cornu avec des ailes de tôle (61)

Ouvrir un livre demeure l'un des gestes les plus jouissifs, les plus irremplaçables de la vie.
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J’ai compris assez tôt que j’aimais apprendre les choses à travers des récits qu’on me racontait dans des romans plutôt que dans des livres de physique ou d’histoire... J’ai besoin de l’épaisseur humaine et de l’atmosphère ambiante pour bien comprendre le passé. J’ai besoin que les descriptions fassent partie d’une histoire pour bien saisir les lois de la physique. Ou la vie des animaux. Et, je dois l’avouer, je préfère un beau gros mensonge inventé par un bon conteur comme Alexandre Dumas père aux faits réels platement relatés par un savant historien trop objectif.
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Eveil de la princesse, pâmoison devant le damoiseau, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, fin de l'histoire.
Et les pauvres nains, eux?
Quand je sortais une autre version de Blanche-neige de la salle pour enfants de la Bibliothèque municipale, la bibliothécaire, que j'avais fini par adorer parce qu'elle me laissait sortir plus de livres que le nombre auquel j'avais droit, fronçait les sourcils.
"Encore ça! T'es pas tanné de toujours lire la même histoire?
- J'ai pas lu cette version-là...
- Coudonc, rêves-tu que le prince arrive pas pis que Blanche-neige sèche dans son cercueil de verre comme une vieille pomme pourrie?"
Je n'allais tout de même pas lui avouer que je rêvais plutôt que la rescapée et le grand insignifiant emmènent les nains avec eux en voyage de noces, alors je me taisais.
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J'aime les livres, je I' ai assez dit jusqu'ici, j'aime les palper,les feuilleter,les humer; j'aime les presser contre moi et les mordre; j'aime les malmener, les sentir vieillir entre mes doigts, les tacher de café- sans toutefois faire exprès-, y écraser de petits insectes, l'été, et les dépose n 'importe où ils risquent de se salir, mais quand je vois pour la première fois un de mes livres à moi, un enfant que j'ai pensé,pondu, livré, l'émotion est tellement plus forte, la joie tellement plus vive, que le monde s 'arrête littéralement de tourner. Je ressens une petite secousse comme lorsqu'un ascenseur s'arrête, mes genoux se dérobent, mon coeur tape du pied comme ma grand-mère Tremblay sur le balcon de la rue Fabre quand j 'étais enfant, et chaque fois – ce livre-ci sera le quarantième -, je pense à maman qui n'a jamais su que j 'écrivais, qui est partie doublement trop tôt: parce que je I'aimais et parce que je n'ai jamais pu lui confier les deux secrets de ma vie, mon orientation sexuelle et... Qu'aurait-elle dit en ouvrant le premier livre de son fils qui I'avait si souvent exaspérée?
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Qui n'a jamais lu une histoire à sa grand-mère le jour de ses neuf ans ne connait rien du bonheur !
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Page neuf, après quelques courts dialogues entre guillemets que je compris bien, la comtesse de Ségur écrivait ceci :
"L'ENFANT. - Moi, ça ne fait rien ; je suis grand, je suis fort ; mais lui, il est petit ; il pleure quand il a froid, quand il a faim."
L'HOMME. - Pourquoi êtes-vous ici tous les deux ?

Qu'est-ce que le mot "homme " et le mot "enfant" faisaient là, suivis d'un point et d'un tiret ? Est-ce que ça voulait dire qu'ils parlaient ?" - ben oui mon drôle, la Comtesse faisait représenter ses livres par les enfants qui l'entouraient. A six ans, j'ai lu Les malheurs de Sophie. Nos parents nous privaient de portables et nous ne pouvions que lire. Nous étions des enfants martyrs. "Est-ce qu'il fallait dire les noms des personnages à voix haute dans sa tête avant de lire le reste ? Si oui, ça me dérangeait parce que je n'aimais pas m'entendre dire "L'enfant" avant de lire ce que 'enfant avait à dire ! C'était donc bien niaiseux ! Je n'avais pas besoin de ça pour comprendre, je n'étais pas un épais, alors pourquoi l'avoir mis là ? Y avait-il une raison que je ne saisissais pas ? Pourtant futur auteur de théâtre, cette façon de transcrire les dialogues me rebuta tellement qu'après avoir recommencé une dizaine de fois la page neuf sans avoir trouvé de réponse à ma question, je me mis à pleurer dans mon livre. Si je ne comprenais pas au bout de trois pages, qu'est-ce que ce serait sur cent quatre-vingt-dix ? Une grosse peine d'enfant qui sait pourquoi il pleure mais qui n'a personne pour lui donner la solution à son problème me chavirait le cœur. Je n'étais pas loin de penser que j'étais déjà puni de ma mauvaise action. Je refermai le livre en me disant que, le matin de Noël, quelqu'un de ma famille m'expliquerait tout ça et que je pourrais enfin lire L'Auberge de l'Ange-Gardien. Ça ne me soulageait qu'à moitié, cependant, parce que, déjà trop orgueilleux, j'aurais voulu comprendre tout seul. Je me mouchai tant bien que mal dans la manche de mon chandail de laine", suivant les consignes de Mme Bachelot, "et remis le livre à sa place.


Mais, au risque de me faire surprendre, je revins presque chaque jour ouvrir le livre pour essayer de saisir pourquoi Comtesse - on aurait vraiment dit un prénom de chien ! - de Ségur avait écrit ses dialogues de cette façon-là. Je feuilletais les pages, je me rendais compte que ce genre de dialogues se retrouvait partout dans le livre, je le refermais brusquement en me disant que je n'arriverais jamais au bout de l'histoire parce que ça m'énervait trop de voir les noms des personnages en lettres majuscules à tout bout de champ... Je faisais une véritable fixation sur les dialogues de L'Auberge de l'Ange-Gardien et je me mis à haïr le livre avant même d'avoir dépassé la page neuf.

Les Fêtes approchaient et un bon matin je trouvai mon livre emballé dans un grand portrait de père Noël hilare" - mais comment fait-il donc, cet adulte, pour aller jusqu'à se souvenir du papier l'emballage de son cadeau ? Qu'est-ce que je suis nul !

Puis, une nuit, une question me frappa qui me cloua sur place, incapable de bouger et le cœur dans un étau : est-ce que tous les livres étaient écrits de cette façon-là ? Et est-ce que ça voulait dire que je n'aimerais jamais lire ?
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[A trop lire:] Maman disait que je grandissais étendu dans un La-Z-Boy et qu’un beau jour, je me réveillerais avec une peau en cuirette rouge vin et des plaies de lit inguérissables. Mais j’en sortis, devenu adulte à travers des lectures souvent trop sérieuses pour mon âge, avec la peau plus pâle et plus sensible que jamais et des plaies inguérissables à l’âme.
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On dit que désirer est plus jouissant que posséder. C'est faux pour les livres. Quiconque a senti cette chaleur au creux de l'estomac, cette bouffée d'excitation dans la région du cœur, ce mouvement du visage [...] au moment où on tient enfin le livre convoité, où on l'ouvre en le faisant c raquer mais juste un peu pour l'entendre, quiconque a vécu ce moment de bonheur incomparable comprendra ce que je veux dire. Ouvrir un livre demeure l'un des gestes les plus jouissifs, les plus irremplaçables de la vie.
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Dans ma famille, la légende veut que dès mon plus jeune âge on m’ait vu me promener dans la maison avec un livre serré contre ma poitrine. Les légendes interprètent à leur façon des faits parfois bien insignifiants; celle-ci en est un exemple probant: à partir de deux ou trois ans, je me suis promené dans la maison avec un livre serré contre ma poitrine tout simplement parce que j’étais le commissionnaire de ma grand-mère Tremblay.
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Rêvez-vous, comme moi, dans le style de l’auteur que vous lisiez avant de vous endormir ? Si oui, enfourchez mon joual le plus tard possible, le soir, partez avec dans votre sommeil, il est plus fringant que jamais malgré les bien-pensants et les baise-le-bon-parler-français, il piaffe d’impatience en vous attendant et, je vous le promets, il galope comme un dieu ! Voyez-vous, j’aimerais pouvoir penser que j’ai la faculté de faire rêver, moi aussi.
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