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Nathalie Bauer (Traducteur)
EAN : 9782848769868
155 pages
Philippe Rey (05/01/2023)
3.62/5   26 notes
Résumé :
Pia Pera et Rocco Carbone sont deux écrivains disparus prématurément. Pour combler le vide qu’ils ont laissé dans son existence, leur ami Emanuele Trevi entreprend de raconter le solide trio qu’ils formaient. Voici donc que reprennent corps Rocco, éternel insatisfait à la personnalité tortueuse, et Pia, créature « enchanteresse », passionnée de littérature russe et de jardins. Dans son style limpide, Emanuele relate les débuts de leur amitié dans la Rome des années ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Emanuele Trevi (né en 1964) est l'auteur d'une dizaine de livres, dont trois traduits en français.
Deux vies a obtenu le prix Strega en 2021.
Dans ce livre qui mêle récit autobiographique pudique et essai, Emanuele Trevi évoque l'amitié qui le liait à Rocco Carbone et Pia Pera, deux écrivains comme lui mais peu connus du grand public, disparus prématurément, le premier dans un accident en 2008, la seconde d'une maladie neurologique en 2016.
Rocco Carbone comme le suggère son nom était rigide, têtu, ténébreux, peu enclin à s'accommoder des autres ni à séduire. Trevi décrit ses manies, sa spécialisation universitaire dans la sémiotique aride mais aussi ses crises maniaco-dépressives. "Si l'anatomie humaine le lui avait permis il aurait souvent volontiers poli ses os et ses nerfs avec une brosse en fer."
Pia Pera au contraire était charmante, effrontée et sujette aux illusions. « Une sorte de Mary Poppins inversée », dotée de dangereuses réserves d'incohérence et de susceptibilité". Elle faisait preuve d'originalité, de créativité et d'adaptation.
Le récit oscille entre ces deux pôles et distille une réflexion sur la mémoire et l'écriture. Il se souvient des moments partagés, des tourments, des incompréhensions, de leurs derniers jours. Il imagine aussi ce qu'aurait été leur vie. Auraient-ils pu changer ? Qu'auraient-ils écrit ?Les deux amis deviennent des personnages qui s'animent comme dans une fiction sous l'effet d'une perception que la mémoire forcément sélective construit. C'est là où l'ouvrage, qui ne m'avait pas ébloui au début devient intéressant et poignant.
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Une lecture qui ne m'a pas laissée pas indifférente.
Pourquoi ? « Parce que nous vivons deux vies, toutes deux destinées à s'achever : la première, la vie physique, est faite de sang et de souffle ; la seconde se déroule dans la tête de ceux qui nous ont aimés ». Emanuele Trevi dénoue les liens d'amitié qu'il avait tissés avec Pia Pera et Rocco Carbone, en s'intéressant à leurs oeuvres et à ce qui les a inspirées. Rétrospective et introspective, son exégèse a valeur de miroir et le renvoie à ses propres questionnements, à son itinéraire d'écrivain. En fouillant ses souvenirs, il pondère le poids des illusions : « Toute perte d'innocence augmente en nous le sentiment désolant de l'extranéité de ce monde que l'âme s'obstine à tort à considérer comme sa propre maison ».
Rocco Carbone vient d'une région modeste, « un arrière-pays de grisaille sociale et culturelle dont il n'était possible d'emporter que cette dignité qui caractérise la retenue, ainsi qu'une science pessimiste et désenchantée du coeur humain ». Admiratif du Martin Eden de Jack London ou du Gatsby de Scott Fitzgerald, il est obsédé par le thème de l'ascension sociale.
Pia Pera, quant à elle, est une femme protéiforme, qui se passionna pour les jardins à la fin de sa vie. « Si elle possédait une image d'elle-même, celle-ci n'était pas assez définie pour créer une obligation quelconque ». Sa personnalité transparaît dans son travail : « (...) Sa traduction d'Onéguine dans des vers libres d'une extraordinaire légèreté, empreints des meilleures qualités de Pia : la malice, une intelligence scintillante, un frisson métaphysique bien dosé ». Pia, empêchée par les ayant-droits de Nabokov de réécrire Lolita du point de vue de l'adolescente – la grande déception de sa vie.
Un livre qui nous plonge dans le milieu littéraire italien. L'avantage avec les joutes intellectuelles, c'est qu'il en ressort toujours des passages lumineux, comme ceux sur le sexe en littérature (p68), la psychomachie chérie des antiques (p77) ou l'ignorance du citadin (p122).
A souligner, également, l'excellente traduction de Nathalie Bauer.
Bilan : 🌹 🌹 🌹
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Emanuele Trevi raconte des amis écrivains trop tôt disparus, Rocco Carbone (1962-2008) fauché dans un bête accident de scooter, et Pia Pera (1956-2016) emportée par la maladie de Charcot.
Des années de bohème puis de recherches littéraires avec deux amis non-conformistes, Pia la femme soleil, dévoreuse de vie et Rocco l'ombrageux bi-polaire que le narrateur écrivain fait revivre en tirant délicatement le fil des souvenirs.
Une précieuse broderie italienne se dessine et nous raconte la vie littéraire romaine.
Déclaration d'amour à deux écrivains qu'il a connu intimement, ce court récit d'Emanuele Trevi est aussi un laboratoire où s'exerce la littérature en action.
Un précipité de recherche littéraire doublé d'une balade romaine, un essai indispensable à tous les apprentis écrivains.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Deux vies est un texte bref, serré, poignant dont on peine à imaginer qu'il puisse remporter en France le Prix Goncourt - mais pouvait-on imaginer qu'il remportât son équivalent en Italie, le Prix Strega ? La réponse est sans doute non, mais la vérité est toute différente : il l'a remporté.

Et on s'en félicite tant Deux vies m'a transporté, bouleversé, conquis.

C'est le livre d'un écrivain - un écrivain au sommet de son art, un écrivain riche, profond et sensible, qui tourne autour de son sujet tel un Columbo revu par Moretti et qui convoque à son chevet sa bibliothèque et son intelligence - c'est le livre d'un écrivain sur deux écrivains, leur vie et celle qu'ils nous laissent à leur mort, venue trop tôt, un livre sur l'écriture et un livre sur l'échec de l'écriture, sur la manière qu'on a de se faire une place dans la vie - et la manière dont on se débrouille, plus ou moins bien, avec le résultat, qui est plus ou moins bon. C'est magnifique et déchirant.

Deux vies en valent mille - et valent mille et un bravos.


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Une photo énigmatique de deux trentenaires des années 80qui choisissent d'un air espiègle le prochain morceau a écouter. c'est le point d'entrée d'un livre énigmatique d'Emmanuele Trevi
Il nous raconte à sa manière l'amitié qui le liait à deux écrivains italiens tôt disparus Rocco Carbone et Pia Pera, le premier dans un accident d'auto en 2008 la seconde d'une longue maladie en 2016.

Le récit est centré sur la personnalité flamboyante et ombrageuse de l'écrivain Rocco Carbone dont la personnalité brillante était aspirée par un sorte de trou noir de mélancolie le menant à de nombreuses impasses dans la vie comme dans la création litttéraire. l'élégant contrepoint de cette personnalité tourmentée est Pia Pera uniquement connue en France pour un essai sur le bonheur du jardin "Ce que je n'ai pas encore dit à mon jardin" mais elle était connue en Italie comme une traductrice de littérature russe.

D'elle on saura peu si ce n'est qu'elle était aussi lumineuse et discrète au point d'en devenir un négatif de Rocco Carbone ayant en partage avec son ami une grande difficulté à vivre une vie heureuse, multipliant les rencontres disons malheureuses. On en viendrait presque a penser que sa présence évite à Emamnuelle Trevi de se confronter avec trop d'acuité au souvenir de sa longue amitié avec Rocco Carbone dont on devine au fil d'un récit très euphémisé, qu'elle a été souvent très heurtée, entre admiration quasi jalousie et sincère inquiètude pour son ami.

Le décès brutal de Carbone a laissé l'auteur orphelin de et lui laisse en héritage une amitié qu'il appartenait à Emanuele Trevi de faire survivre. ce récit est la preuve éclatante du coeur qu'il a mis a entretenir la mémoire ce l'auteur et de leur amitié

Ce Récit sur l'amitié et réflexion sur le jeu de la mémoire et l'oubli est porté par une écriture très élégante et désabusée qui nous laisse un rien nolstagique d'on ne sait quoi.
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critiques presse (7)
Culturebox
24 avril 2023
Récemment, c'est Deux vies aux éditions Philippe Rey (publié en janvier 2023) qui décroche le prestigieux prix Strega en 2021, l'équivalent du Goncourt français en Italie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
OuestFrance
17 avril 2023
Emanuele Trevi sait parfaitement saisir l’essence de leur intimité, nourrie de leurs caractères opposés, de leur proximité intellectuelle, de moments partagés, de coups de foudre communs pour tel ou tel lieu, de milliers de petites choses plus ou moins palpables.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaTribuneDeGeneve
20 mars 2023
Avec «Deux vies», Emanuele Trevi retrouve ses amitiés profondes et tourmentées avec deux auteurs trop tôt disparus. Poignant.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Bibliobs
02 mars 2023
Dans « Deux vies », prix Strega 2021, l’auteur italien rend hommage à ses amis écrivains Rocco Carbone et Pia Pera, morts en 2008 et 2016.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
23 février 2023
L’auteur rend hommage à deux amis écrivains fauchés avant l’heure.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
23 janvier 2023
En ouvrant Deux vies, on pense aux diptyques de la Renaissance, aux tableaux de Piero della Francesca, qui mettent face à face un homme et une femme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
23 janvier 2023
Un inconnu nous parle de deux inconnus. Sans intrigue ni histoire véritable. Et pourtant, nous voilà conquis.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une demi-page d'un écrit mineur de Freud a plus de valeur que des étagères entières de petits romans intimistes. On ne peut pas non plus affirmer qu'il s'agit d'une question de compétences, d'horizons culturels. Mais il existe une différence, et elle est probablement l'une des clefs les plus importantes de l'œuvre de Rocco, considérée dans son ensemble. La psychiatrie, qui est un modèle de connaissance dont le but est de formuler des diagnostics et d'établir des thérapies, doit, pour être efficace, faire abstraction, réduire la multiplicité des cas et des symptômes à des constantes, créer des définitions : hystérie, paranoïa, dépression, épisode maniaque ... La littérature, au contraire, puise sa propre raison d'être dans le refus de toute généralisation : elle est toujours l'histoire d'un individu " particulier ", muré dans son unicité, auteur et prisonnier de sa singularité. Par conséquent, lorsqu'elle parle d'une maladie, la littérature se contentera de la transformer en une " maladie sans nom ", la seule qu'on puisse proportionner dignement à cet unique entrelacement de destin et de caractère, de contingence et de nécessité, qui donne vie à un personnage. "
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(...) nous vivons deux vies, toutes deux destinées à s’achever : la première, la vie physique est faite de sang et de souffle ; la seconde se déroule dans la tête de ceux qui nous ont aimés. Et quand la dernière personne qui nous a connus meurt à son tour, eh bien, nous nous dissolvons vraiment, nous nous évaporons, et la grande et interminable fête du Néant où les aiguillons de de l'absence ne sont plus en mesure de piquer qui que ce soit peut commencer.
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Une authentique vocation, je le crois, valorise au maximum des faits ou des prédispositions déjà présents dans la vie de façon embryonnaire ou marginale. Autrement, il s'agit de coups de vent, de rêveries de rédemption sans rapport réel avec l'histoire de l'individu : comme quand on se met à marmonner des mantras salvateurs, qu'on s'impose des régimes alimentaires absurdes, ou qu'on épouse des causes dont, la veille encore, on n'avait jamais entendu parler. Il n'y a rien de mal à ça, mais je veux dire par là que les vraies révolutions sont des transformations : de ce que nous savons déjà, de ce que nous avons toujours eu sous les yeux. Car seul ce qui nous appartient, ce dont nous sommes issus, est vrai.
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J'ai une certitude : pendant que j'écris et tant que je continuerai à écrire ces lignes, Pia est ici, sa présence est aussi encombrante que la table à laquelle je suis assis, ou que la lampe. Mais quand je pense à Pia, il n'y a que moi qui pense à elle, elle est entièrement dans ma tête, et seule l'absence répond à l'autre bout du fil. Lorsque je rêve d'elle, c'est la même chose, c'est une autre partie de mon moi qui crée sa propre Pia. J'en déduis que l'écriture est un moyen singulièrement approprié pour évoquer les morts et je conseille à tous ceux qui ont la nostalgie d'un être cher de s'y exercer : ne pas penser à lui mais composer un écrit à son sujet ; on le constate vite, le défunt est attiré par l'écriture, il trouve toujours un moyen inattendu de surgir dans les mots que nous lui consacrons, il se manifeste de sa propre initiative; ce n'est pas nous qui pensons à lui, c'est vraiment lui, une fois pour toutes.
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Nous ne sommes pas nés pour devenir sages, mais pour résister, échapper et voler un peu de plaisir à un monde qui n’a pas été conçu pour nous.
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Video de Emanuele Trevi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emanuele Trevi
Rencontre animée par Francesca Isidori
Festival Italissimo
C'est un plaisir rare de voir réunis à Paris ces deux grands écrivains romains. Deux auteurs de la même génération, frères de canapé devant les matchs de la Lazio, qui ont traversé un pan de la littérature italienne moderne en y semant nombre de pépites. À l'image de leurs derniers romans respectifs. La plume rêveuse de Marco Lodoli – à qui l'on doit Les Prétendants ou Îles : guide vagabond de Rome – dessine, dans Les Prières, une trilogie romaine sobre et poétique qui s'attache à des gens sinon ordinaires, en tout cas “de peu”. L'aventure, chez Emanuele Trevi, est une histoire d'amitié. Avec Deux Vies, (prix Strega 2021) celles de ses inséparables amis Pia Pera et Rocco Carbone, écrivains disparus prématurément, l'auteur déjà primé pour Quelque chose d'écrit et le Peuple de bois tire un beau, profond, complexe et, finalement, si vivant portrait. Et plus encore.
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