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EAN : 9782756013824
101 pages
Delcourt (24/09/2008)
3.72/5   23 notes
Résumé :
Elvio Cuastavino, petit homme gris et en apparence inoffensif, a reçu un lourd héritage de la part de son père. Ce colonel hautain et sévère, qui faisait partie des tortionnaires sous la dictature militaire argentine, s'entraînait à la torture sur des poupées et amenait ensuite des prisonnières chez lui pour les interroger. Elvio essaie de se remémorer ses sinistres souvenirs comme les merveilleux instants d'une vie de famille exemplaire. Pour lui réalité et imagina... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes en Argentine dans les années 80, dans une république presque démocratique. Elvio Guastavino travaille dans un ministère. Il est le fils unique du grand colonel Aaron Guastavino, mort dans d'étranges circonstances. Il est célibataire et vit avec sa maman, handicapée, dont il a du mal à s'occuper. Il faut dire qu'il a d'autres soucis en tête. En effet, il voue un certain culte pour une poupée autrichienne du XIXe siècle, Luisita. Amoureux fou d'elle, il n'a pas les moyens de se l'acheter, le prix que propose le magasin est au-dessus de ses moyens. Il n'hésite pas à droguer sa mère au Valium pour aller rejoindre Luisita en pleine nuit. Mais Elvio est également torturé par ses rêves dans lesquels il revoit son père torturer de jeunes femmes. D'ailleurs, l'une d'entre elles retrouve la demeure d'Aaron et vient harceler la maman d'Elvio. Celle-ci meurt d'une crise cardiaque et c'est avec un certain soulagement que ce dernier voit arriver le bel héritage qui lui permettra d'acheter enfin Luisita. Malheureusement, celle-ci vient d'être vendue. Il n'a plus qu'à aller la retrouver... à n'importe quel prix.

Voilà pour la petite histoire car derrière cet album à l'apparence anodine se cache la grande Histoire, celle de la dictature argentine dans les années 70, avec son lot de tortures, de violence et de viols. Carlos Trillo nous livre un album dérangeant et complexe, voire malsain. Car sous ces airs bon-enfant, c'est tout un gouvernement et l'église catholique argentine qu'il dénonce dans sa préface.
Elvio Guastavino n'est qu'un pâle reflet de la société actuelle traumatisée par la dictature.
Avec des dessins inoffensifs, aux couleurs vivantes et claires et aux traits presque caricaturaux, cet album nous entraine dans la folie d'Elvio et la tourmente. L'ambiance devient pesante et oppressante au fil des pages, le personnage principal et les situations en deviennent ridicules voire grotesques.
Les deux Argentins nous livrent donc un récit indispensable et atypique pour comprendre cette sombre période de l'histoire.

L'héritage du colonel... lourd à porter...
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Je vous dis souvent que j'aime sortir de temps en temps de ma zone de confort pour découvrir des ouvrages vers lesquels je n'irai pas naturellement.... 

Et bien cette fois-ci j'ai pris cette  BD à la bibliothèque, en voyant la couverture je me doutais qu'il y avait malaise, la bibliothécaire me prévient : oh là c'est du dur....., bon mais je prends quand même car il y avait quelque chose dans l'illustration sur la couverture qui m'interpellait.

On suit ce petit bonhomme sinistre, dans son travail inintéressant, qui n'a qu'une idée en tête : retrouver Luisita, une poupée aux grands yeux qui trônent dans la vitrine d'un antiquaire. Il passe tout son temps à l'admirer, à économiser aux dépends même de sa vieille mère afin de pouvoir l'acquérir. 

Nous sommes en Argentine dans les années qui ont suivi la dictature militaire dans ce pays. le père du héros était un sinistre colonel, tortionnaire, qui n'hésitait pas à ramener ses victimes chez lui pour continuer les "interrogatoires" à sa façon. Inutile de vous dire que ce que le fils a vu et vécu l'a fortement perturbé et qu'il en garde des séquelles à vie.

Je ne vous révélerai rien de l'histoire, de qui est cette poupée mais je vous confirme on met les yeux dans un album qui ne laisse pas indifférent. On a tous entendu parler des atrocités qui ont été perpétré dans ce pays, des disparitions, des assassinats, de la terreur qui y régnait mais y replonger ainsi n'est pas facile. 

Je ne vous cache pas que j'ai eu un peu de mal sur certaines pages, pas par le traitement (illustrations et textes sont parfaits) mais finalement c'est le sujet qui m'a plus perturbée. Difficile pour moi d'apprécier totalement car on plonge dans l'horreur d'une dictature avec ce que tout cela comporte : tortures physiques et morales, violence, avilissement de l'être humain.

Certains personnages ont des visages de mort-vivant, monstrueux, glauques, représentatifs de leurs rôles, la poupée devient très présente et gênante comme le rappel au passé d'Elvio. Même les couleurs rendent parfaitement le climat lourd, pesant sombre.

Une lecture que je ne vais pas oublier, qui ne laisse pas indifférent, impossible, mais  utile pour ne pas oublier les années noires de ce pays, qui ont traumatisé pour longtemps la population comme elles ont rendu fou Elvio.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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C'est une bd très forte pour dénoncer la torture qui s'est pratiquée en Argentine durant la dictature militaire. Il y eu des milliers de disparitions et ce pays n'en n'est toujours pas ressorti indemne malgré la démocratie. L'héritage du colonel, c'est ces années noires qui restent dans tous les esprits. L'auteur s'est volontairement axé sur "l'après" ce qui constitue en soi une très bonne démarche.

On est embarqué dans un récit très glauque où un homme va jusqu'à sacrifier sa pauvre mère en la laissant mourir de faim pour satisfaire ses perversions avec une poupée. Il est question de bourreau et de victime. Il est également question de vengeance dans une "douce" atmosphère de réalisme cruel.

La noirceur extrême n'a jamais fait recette avec moi. C'est comme ça dans mon caractère. Je trouve cette oeuvre quand même bien utile pour expliquer aux générations futures tout ce qu'a été cette dictature qui niait l'humanité. Il faut s'accrocher et ne pas être dégouté. Perturbant, c'est certain.
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Alors ça c'est surprenant comme lecture ! Je vous déconseille franchement si vous n'êtes pas bien accroché, parce que sous son dessin mignon et ses expressions exagérées, la BD est cruelle et triste, reflet d'une société Argentine qui a connu des années de dictature sanglante. Je crois que l'auteur a un message à faire passer et ça se sent.

L'histoire est horrible et bascule progressivement dans le pire. Avec un personnage aussi malade au début, on s'attendrait à un développement moins glauque et plus tragique, mais en plus d'être un personnage ridicule, Elvio est sordide. Entre son comportement envers les gens et son passé qui rejaillit par petites touches, on dresse un portait de personne transformée par la morale chrétienne, les années de dictature et la torture, mais aussi les idées sur le foyer familiale et la vision des femmes (quelle horreur !). La folie est là, étonnamment présentée comme résultat de la période dictatoriale (et non comme origine), baigne ce personnage qui semble cristalliser toutes les horreurs de la dictature.
Ce qui choque surtout, c'est les contrastes : dessin et propos, image qu'il se fait de cette poupée et réalité sordide, image de sa famille et réalité là aussi sordide … Tout est fait pour être contrasté en permanence, donnant un lugubre tableau qui semble joyeux et rigolo, alors que tout est dur et violent.

Je pense que la BD a de quoi faire réfléchir et pose un constat horrible sur ce que fut la dictature argentine. Et le résultat de tout ceci semble d'une tristesse immense lorsqu'on constate l'impact que cela a eut. Elvio est pathétique, tout en lui respire la frustration et le dégout. Je ressors de la BD marquée par ce qu'elle contient et dérangé par ce qu'elle dit. C'est glauque mais c'est fort, sans doute un des meilleurs moyens pour prendre conscience de ce que fut cette dictature. C'est une belle réussite.
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Carlos Trillo, scénariste de l'excellent « Spaghetti Brothers », invite à suivre le parcours d'Elvio Guastavino, un petit fonctionnaire d'Etat argentin qui tombe éperdument amoureux de Luisita, une poupée qui se trouve derrière la vitrine d'un antiquaire.

Si le récit démarre de manière assez burlesque, les troubles obsessionnels d'Elvio vont cependant mettre à jour le passé militaire de son père. Au fil des pages, l'héritage de ce colonel amateur de séances de tortures sur des jeunes filles communistes, va s'avérer trop lourd à porter. Usant des délires pervers et paranoïaques du fiston, l'auteur revient sur les années noires de la dictature militaire argentine et sur les atrocités commises par le régime de l'époque. C'est donc à travers les psychoses d'Elvio que le lecteur mesure les conséquences et l'ignominie du pouvoir dictatorial des années 70. Il est d'ailleurs fortement conseillé de lire la préface de l'auteur afin de se plonger dans le contexte de cette époque marquée par une répression sans pitié vis-à-vis des opposants au régime.

On retrouve ce même contraste au niveau du graphisme, avec un dessin cartoonesque qui accentue le côté burlesque du récit, mais qui ne va pourtant épargner aucune scène d'horreur au lecteur.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Cof, cof.
- Vous disiez, pour parler d'autre chose ?
- Vous savez bien qu'avec cette histoire de démocratie, n'importe qui peut raconter n'importe quoi sur l'armée. Enfin, je veux dire, ce n'est plus comme avant... quand on pouvait nous-mêmes décider de ce qui était bien et mal. Pourquoi le nier, nous sommes devenus faibles. Et c'est pour ça que je ne peux rien faire concernant Analia Silveyra.
- Analia Silveyra ? Qui est-ce ?
- Celle sur laquelle travaillait avec dévouement votre père le jour où nous nous sommes rencontrés. Elle est libre.
- Je le sais. Elle est venue voir maman à la maison. C'est même sûrement cette visite qui l'a tuée.
- Cette garce en est arrivée là ? A souiller de sa présence un foyer exemplaire ? L'amnistie lui a laissé le champ libre pour rentrer de son pays d'exil où elle s'était terrée comme un rat et que fait elle ? Elle va voir votre mère. Cette rebelle n'a aucune morale ! Aller chez vous après ce qu'elle a fait au capitaine Aaron Guastavino, votre cher père ! On aurait dû tous les tuer !
- Excusez-moi Colonel, mais je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à ces histoires... Adieu.
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Les héritages c'est comme les chromosomes, ça se choisit pas.
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