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"Le plastique c'est fantastique" dit la rengaine. Il est surtout la marque du progrès, et surtout de la propreté, du lisse, du conformisme. Tout ce dont reve Martine, née dans la fange et la misère. Elle sera manucure ("Luxe, calme et volupté") et épousera Daniel, horticulteur dont elle est amoureuse depuis petite fille. Mais cet amoureux des roses et delà campagne se laissera-t-il enfermer entre 4 murs à crédit ?
C'est tout une époque qui reprend vie sous nos yeux : la découverte du confort moderne pour tous ou presque au sortir de la Deuxième guerre mondiale. Et pour ceux qui ne peuvent pas payer tout de suite, autre innovation : les crédit, sur tout pour tout ! Pour votre plus grand bonheur ! Vraiment ? Quand on voit à quelles fins fut réduite Martine, il nous est permis d'en douter.
C'est le début de ce sur quoi beaucoup essay de revenir : trop d'accumulation, trop de nourriture, trop de plastique. Trop de trop. L'enfermement, l'encerclement des choses. L'oubli des sentiments humains pour des questions bassement matérielles. C'est triste à mourir et c'est peut-être aussi une sorte d'avertissement...
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Jusqu’ici, l’œuvre d’Elsa Triolet restait un territoire inexploré, la résonance de son nom me ramenait aux années « lycée », à sa rencontre avec Aragon, qui m’avait plus marqué que sa production littéraire. En considérant sa biographie, j'ai réalisé que le français n’était pas sa langue maternelle, ce qui ne l’empêchera pas de recevoir un Goncourt. Quel mauvais élève je fus ! Quel fossé d’auteur, un abime que le temps ne suffirait à combler ! L’histoire de Roses à crédit se lit sans faim même si la fin se fonde sur ce besoin primaire, un lit de misère crasse et de rongeurs qui y font leur nid. Là où tout commence, tout finit, cette parabole biblique, l’auteur la nourrit de la peinture d’une société de consommation naissante, de son avatar le plus sournois, le crédit. À ce titre, la description de ce mal qui se propage inéluctablement parmi les couches ouvrières, m’a rappelé les réalités contemporaines du surendettement des ménages et les drames sociaux qu’il provoque. Elsa Triolet, témoin de son époque pressentait déjà la déréliction qu’entraînera la consommation compulsive comme remède au mal-être social ou à la souffrance des plus fragiles. Le destin de Martine. Daniel, lui, rêvera d’une rose, amalgame entre le passé et la modernité. Une réussite que la science lui offrira. Presque soixante-dix ans plus tard, où en sommes-nous ?
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« Mon frigidaire, mon armoire à cuillères , mon évier en ferre et mon poêle à mazout..mon cire-godasses, mon repasse-limaces, mon tabouret à glace… et mon chasse-filous » . 1956. Boris Vian soufflait sa complainte du progrès à la gueule du monde.
« Depuis longtemps ils en rêvaient ,de la ville et de ses secrets ; du formica et du ciné…. »
chantait Ferrat.en 1964.
..1953...1957...1959 publication de « roses à crédit » .
La France d'après guerre. le monde d'après…Après la guerre mais toujours en galère , en misère. L'âge de nylon, comme l'âge d'un enfer .
La France rêve plastique, pense plastique, bouffe pastique.
Avoir, avoir, à force de ne jamais pouvoir être…
Partir vers les lumières de la ville..S'écraser, se brûler dans le halo-vitriol des vitrines débordantes d' incandescentes chimères .
Crédit consommation, aliénation…Rappelez vous, les bons de la Semeuse de la Samaritaine..et le crédit Sofinco en 1951...
Elsa Triolet avait déjà tout compris. Les trente glorieuses...mais pour qui ont-elles été glorieuses ?
Oui certaines, certains en rêvaient durant ces hivers des années 50.
L'hiver 54 avait le cri du désespoir.
Oui bien évidemment, la montagne est belle, mais les périph, les faubourgs de nos villes, les bans de nos villages, et nos banlieues, leurs caves, leurs bidonvilles, n'avaient pas, et n'ont toujours pas, les couleurs de belles chaumières pour celles et ceux qui n'avaient jamais vu la mer, jamais vu les Alpes, à peine vu le ciel…
Oui Elsa Triolet avait bien vu ce désespoir cette quête illusoire, ce chemin perdu, cette folie, cette course qui pour certaines et certains avaient toujours été perdue d'avance…
Il fallut attendre dix ans, soit 1969, pour que le personnage de Marie, dans le film de « la fiancée du pirate », de Nelly Kaplan venge le destin de Martine Donelle, personnage de roses à crédit. Mais 1968 avait fait son oeuvre.
« “Les barricades n'ont que deux côtés.” déclarait Elsa Triolet….C'est toujours vrai.
Roses à crédit est le premier opus de la trilogie « l'âge de Nylon ».
Suivront « Luna Park » et « l'âme », qu'il me tarde de découvrir.

Astrid Shriqui Garain
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Tant que j'en suis à lire du Aragon, autant lire du Elsa Triolet: j'ai trouvé sur un marché Roses à crédit, que je me suis empressée d'acheter, bien évidemment.
Alors je l'ai lu en une journée et... je ne sais pas trop quoi en penser, du fait sans doute de la simplicité de l'intrigue qui laisse un vague sentiment de fatalité à la fin de la lecture. Cela se lit très facilement et très rapidement, le style n'est pas marquant mais tout à fait appréciable au fil de la lecture.

C'est l'histoire de Martine, une jeune fille qui a tout pour elle, mais qui habite dans une vieille cabane au fond des bois avec sa mère, son père adoptif et ses nombreux frères et soeurs. Dégoûtée par ce milieu, elle décide d'aller vivre chez sa meilleure amie, Cécile, dont la mère, Mme Donzert, est un peu comme une mère adoptive pour elle.
Elle travaille alors dans le salon de coiffure familial, jusqu'à ce que Mme Donzert se marie et parte à Paris avec les deux filles. Là, Martine se fait employer le prestigieux Institut de Beauté. Martine semble réussir sa vie sous tous points de vue, d'autant qu'elle se marie avec Daniel, l'homme qu'elle a toujours aimé.
Mariée, Martine va habiter un petit appartement, mais seule car Daniel préfère rester à la campagne pour s'occuper du domaine familial, une roseraie renommée, afin de créer de nouvelles roses. Commence alors la décadence pour Martine, car, pendant que sa vie sociale et amoureuse s'effiloche, elle succombe à l'émergence de la société de consommation et au fameux "crédit" qui permet de tout acheter et de rembourser sur le long terme, alors même qu'elle n'en a pas les moyens...

J'ai été assez sceptique au début de ma lecture, car j'y voyais une sorte d'apologie de la femme parfaite, de la beauté, de l'intelligence. En vérité, c'est tout justifié par cette trame de l'oeuvre qui est celle du conte de fée qui tombe en miette. Martine a tout de la princesse (M. Georges, le mari de Mme Donzert la compare à la princesse au petit pois, et, par sa folie maniaque, c'est ce qu'elle est), elle a tout pour vivre un conte de fée, mais elle s'autodétruit d'une façon qui m'horripile assez, au point que je n'ai eu aucune compassion pour elle. C'est pour moi un personnage qui se situe entre Emma Bovary et Scarlett O'Hara, sauf qu'elle ne procure pas cet attachement que l'on peut avoir pour des personnages pourtant désagréables (comme Scarlett O'Hara ou Catherine Earnshaw).

C'est en effet un personnage totalement vide, qui ne sait pas aimer, une pure égoïste qui ne suscite pas la moindre compassion. Ce passage résume bien tout le personnage et sans doute tout le roman lui-même:
"Sur le papier glacé, lisse, net, les images, les femmes, les détails étaient sans défauts. Or, dans la vie réelle, Martine voyait surtout les défauts... Dans cette forêt, par exemple, elle voyait les feuilles trouées par la vermine, les champignons gluants, véreux, elle voyait les tas de terre du passage des taupes, le flanc mort d'un arbre déjà attaqué par le picvert... Elle voyait tout ce qui était malade, mort, pourri. La nature était sans vernis, elle n'était pas sur papier glacé, et Martine le lui reprochait".

On voit bien ici que le personnage de Martine est rongée par son caractère manique: tout doit toujours être parfait, mais le revers de cette perfection, c'est que tout n'est que façade (comme son appartement). le point intéressant dans cette description, c'est que Martine se faisait appeler Martine-perdue-dans-les-bois car, petite, elle avait disparu dans la forêt et tout le village était parti à sa recherche pour finalement la trouver endormie au pied d'un arbre, absolument pas paniquée. Une vraie petite princesse (on se souvient de Blanche-Neige qui chante avec les animaux de la forêt). Mais en vérité, elle n'est jamais sortie et ne sortira jamais de ces bois, des bois de la société de consommation, des bois du crédit.

Martine est une jeune femme qui ne lit pas, parce que "les histoires des autres [l']embêtent, [elle a] déjà assez de mal avec la [sienne)" (ce qui est assez ironique car sa vie est un conte de fée, ce qui prouve qu'elle met l'idéal si haut qu'elle ne pourra jamais l'atteindre). Finalement, il lui manque sans doute cela: le romanesque. Si Emma Bovary succombe au rêve d'une vie romanesque, au moins a-t-elle un monde intérieur riche, bien qu'elle passe à côté de sa vie; Martine passe à côté de sa vie, et n'a rien pour elle: elle est vide. Cela me fait penser à ce passage que je trouve assez drôle: Daniel l'emmène dans un musée (car lui aime l'art), et lui demande ensuite ce qu'elle a aimé: "Rien, dit Martine, j'aime mieux la toile sans peinture dessus, propre...". A l'image de ce qu'elle aime, j'ai le sentiment que Martine est une toile sans peinture, et c'est pourquoi je n'ai pas réussi à établir de lien avec elle.

En fait, je dirais que le lecteur se retrouve dans Daniel, car il essai de l'aimer, mais la personne de Martine est tellement hermétique, fermée, qu'on se heurte à un mur, et on finit par la délaisser sans peine. Daniel et Martine n'ont rien en commun: Daniel a pour passion la rose, et il cherche de toutes ses forces à créer une nouvelle rose (c'est-à-dire quelque chose d'après tout éphémère, de vivant), mais Martine ne comprend en rien cette passion et refuse de le soutenir dans cette entreprise (d'où le fait qu'ils vivent séparément), car pour elle, seuls les biens matériels qui font d'elle une petite bourgeoise exemplaire ont de la valeur. En somme, elle met toute sa vie dans des objets monstrueux là où Daniel comprend qu'il ne faut pas grand'chose pour vivre, et que la création et l'amour suffisent à l'Homme.

"[...] lui, ne souhaitait qu'une chose: la voir heureuse. Et c'était incompréhensible qu'un bonheur qui dépend d'objets inanimés, que l'on peut simplement acheter, fût disputé à qui que ce soit... Daniel se sentait mesquin, pauvre de générosité. Et en même temps révolté de voir le bonheur à la merci d'un frigidaire. Qu'est-ce qu'il y pouvait, mais qu'est-ce qu'il y pouvait!
Que pouvait-il contre l'idéal électro-ménager de Martine? C'était une sauvage devant les babioles brillantes, apportée par les blancs. Elle adorait le confort moderne comme une païenne, et on lui avait donné le crédit, anneau magique des contes de fées que l'on frotte pour faire apparaitre le démon à votre service. Oui, mais le démon qui aurait dû servir Martine l'avait asservie. Crédit malin, enchantement des facilités qui comble les désirs, crédit tout puissant, petite semaine magicienne, providence et esclavage.
Daniel se sentait battu, bêtement battu par des objets. Sa Martine-perdue-dans-les-bois convoitait follement un cosy-corner".

Pour conclure - et parce que je ne veux pas donner le sentiment que je n'ai pas aimé ce livre, ce n'est qu'envers Martine que j'ai développer une certaine répulsion - je dirais que c'est un livre à lire, trop peu connu sûrement, ce qui est fort dommage car c'est un livre simple, accessible à tous, dont la thématique de la société de consommation permet d'expliquer une époque (les Trente Glorieuses) mais permet aussi de réfléchir sur notre propre époque qui ne permet guère aux individus de faire mieux que Martine. C'est agréable aussi, de retourner vers une écriture simple qui pose simplement l'intrigue: l'Homme a tout pour être heureux, mais la société est un obstacle propice à sa chute. En outre, c'est un livre que l'on peut aisément utiliser dans une dissertation de lettres, de philo, d'histoire selon le sujet, et je pense que la simplicité de l'oeuvre est ici un avantage pour la démonstration. Par conséquent, je recommande!
Lien : http://miettedepomme.blogspo..
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"Roses à crédit" m'a semblé être plus qu'un roman. Au fur et à mesure que j'en parcourais les pages, j'ai eu le fort sentiment d'être devant un vieux documentaire mais qui reste cruellement d'actualité.

C'est le récit d'une vie, celle de Martine, jeune fille qui grandit dans l'insalubrité, la pauvreté et les moeurs douteux de sa mère dont les nombreux enfants sont le fruit. L'école, théâtre d'une rencontre cruciale avec Cécile, la sauvera de cette misère.
Sous l'aile protectrice de Mme Donzert, qui petit à petit l'extirpera de son milieu, elle finira par monter à Paris pour travailler dans l'univers de la beauté. Tout va pour le mieux, elle y retrouve même l'homme qu'elle aime, Daniel et l'épousera.
Ses bienfaiteurs lui offrent un appartement pour son mariage et très vite elle sombre dans une addiction : fièvre acheteuse la poussant à acheter sans cesse et à se couvrir de dettes.
Elle reste à flots un certain temps, trouvant de nouvelles sources de revenues, parfois inattendue, mais elle finit par être dépassée et termine là où tout a commencé, dans la cabane insalubre de sa mère et connait une horrible et cruelle fin.

"Roses à crédit" est un roman froid, brutal apportant une vision acerbe et réaliste sur la société de consommation de l'après-guerre (1950-1960). Société de consommation très actuelle et finalement le roman ne prends pas beaucoup de ride dans le fond.
Elsa Triolet fait une critique cinglante de son personnage principal dont l'amour du confort, de la propreté et de la modernité causeront sa perte. Martine sombre dans la superficialité, et les objets qu'elle se procure ne lui apportent qu'un bref plaisir, elle est dans un cycle sans fin.
Son mari Daniel, lui, est au contraire un homme simple, amoureux de la nature et notamment des roses dont il rêve d'y ajouter une nouvelle espèce. L'antagonisme entre les deux époux provoquera leur séparation, déjà effective depuis un certain temps puisque lui vit dans sa ferme et elle préfère son appartement moderne.
Bref, Elsa Triolet met en avant les pièges et la face sombre de la société de consommation, de l'endettement par les crédits et de cette addiction moderne qu'est l'achat compulsif.

Un roman dur et les âmes sensibles doivent se préparer à une conclusion, que moi-même je n'ai pu oublier depuis ma lecture de ce livre durant mon adolescence.
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Dialectique matérialiste contre mysticisme consumériste.

France. Années cinquante. La société meurtrie de l'Après-guerre glisse dans le consumérisme. Martine-perdue-dans-les-bois, issue de la plus basse extraction miséreuse, se retrouve plongée progressivement dans le monde doré du superflu et de l'apparence-reine. En opposition, se trouve son mari Daniel, très attaché à sa ferme et à ses expérience en génétique comme rosiériste. le temps passant, le fossé de leur relation se creuse, entre une Martine revenue du pays des mystères et s'accommodant d'une vie futile "à crédit" et, d'autre part, d'un Daniel convaincu du progrès humaniste se devant d'être au centre d'une vie sincère et vraie, harmonieux avec la Nature.
Compagne d'Aragon, Elsa Triolet développe une idée chère au mouvement communiste de l'époque, à savoir le triomphe de la dialectique matérialiste face aux visages multiples du mysticisme multiséculaire.
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Oublié depuis une quarantaine d'années dans les livres mis au grenier, voilà qu'une amie me le demande et qu'elle en fait l'éloge...
En relisant ces pages, le talent d'Elsa Triolet me revient en mémoire et je l'ai de nouveau bien apprécié !
Dans les années 50/60 Martine est née d'une mère misérable, et elle supporte mal la pauvreté de la cabane dans laquelle elle vit avec ses frères et soeurs.
Amoureuse depuis longtemps de Daniel, dont le père possède une exploitation de roses, elle rêve d'ailleurs, de confort, d'aisance matérielle. Elle est plus que jolie, elle séduit et avance dans la vie avec ses espérances, sa soif de nouveauté et de confort, même si elle doit pour cela s'endetter.
Cet ouvrage est le reflet d'une époque, l'après-guerre.
Mais n'est ce pas l'ébauche de cette croissance qui à présent nous submerge?
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Une petite fille qui vit dans le milieu le plus sordide d'une mère semi prostituée: la crasse, les rats, l' alcool, la faim !
Heureusement, l'école lui fait découvrir une "meilleure amie" la fille de la coiffeuse : dans le salon, tout est propre, sent bon et côté tendresse, tout est beau !
La petite fille, plus ou moins aidée par la coiffeuse et son amie, échappe à son milieu et avec ses repères obsessionnels devient manucure et se construit une vie totalement inverse à son enfance.
Jusqu'à l'obsession, jusqu'à l'auto destruction : son monde doit être non seulement propre mais immaculé !
Au prix d'achats inconsidérés et ...à crédit !
C'est cette déroute qu'Elsa Triolet étudie : belle, mais inculte (enfin peu cultivée) agréable mais incapable de supporter le monde réel (même celui de l'homme qu'elle aime par dessus tout) et surtout en fuite de sa propre histoire, Martine rêve la beauté, la propreté et ..l'électro ménager !
Jamais fleur bleue, plutôt cruel, ce livre nous permet de décoder certains comportements humains que, trop vite et avec bonne conscience, on pourrait juger : simpliste.
La fin du livre fait mal !
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De temps en temps cela fait du bien de lire autre chose que de la littérature de l'imaginaire et de se tourner vers de la littérature française. Remarque avec Elsa Triolet je ne prenais pas de risque car c'est un talent bien assis.

L'histoire de Martine est celle d'une fille qui cherche à tout prix remplir le vide de sa vie. Issue d'une famille miséreuse et manquant de tout, elle a la chance d'être adoptée par la coiffeuse du village qui va la lancer dans la vie. Martine est un personnage, qui au début, ne peut être que plaint. La description de sa famille et de leur « maison » frôle l'horreur même si cela a existé et existe encore. On ne peut que souhaiter qu'elle s'en sorte, qu'elle ne soit pas une victime du déterminisme social.

Elle va réussir à se trouver une situation professionnelle et un mari bien plus qu'amoureux. Mais le bonheur va être vite gâché avec les achats à crédit faits par Martine. Il lui faut des meubles, des vêtements, une voiture et cela à tout prix car cela lui permettra de se détacher d'une manière encore plus définitive de son milieu social d'origine. Avec les achats inconsidérés, Elsa Triolet en profite pour glisser une critique de la société de consommation des années soixante. Critique qui ne paraitrait pas si déplacée dans notre société actuelle.

Les achats à crédit ne sont pas sans conséquences sur la vie de Martine. Ils entrainent une fuite en avant. Il faut de nouveaux biens mais il faut de l'argent pour rembourser ceux déjà achetés. Alors on finit par détester cette Martine qui n'a pas su prendre en compte les avertissements de ceux qui l'aiment. et la fin, bien qu'on l'ait détestée, est glaçante, très dure.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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Martine cherche à échapper à son enfance misérable, sordide en achetant, souvent à crédit, des objets neufs, propres, lisses, sans âme. Elle se laisse happer par le crédit, la société de consommation mais elle reste incapable de sentiments profonds, ne s'intéresse qu'aux objets. Elle épouse Daniel qu'elle aime ou croit aimer depuis l'enfance mais elle est incapable d'amour, esclave des objets, de la consommation, du confort moderne.
Analyse de la jeunesse d'après guerre et des débuts de la société de consommation.
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