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Critique de Felina


Le nom d'Elsa Triolet vous dit sûrement quelque chose. Ce n'est autre que Madame Louis Aragon, grand poète et romancier. L'auteur, née à Moscou, eut une vie bien remplie, entre des rencontres intellectuelles enrichissantes, des hommes amoureux, la résistance et les livres. "Mille regrets" fut publié pour la première fois en 1942, et est réédité aujourd'hui par les Éditions Denoël. Il se compose de 4 nouvelles ayant pour contexte la seconde guerre mondiale.

La première, "Mille regrets", donne son nom au recueil, est la plus percutante de toutes. Elle dresse le portrait d'une femme belle, mais seule, en exil dans une ville du Sud de la France. le récit, fait à la première personne, recrée avec aisance et précision, la vie quotidienne de cette époque: les restrictions, le désoeuvrement, le froid, le rationnement alimentaire et ses tickets... Cette femme donc; voit son monde (et son train de vie) s'écroulé car elle a perdu l'amour de sa vie, prisonnier de guerre, et probablement mort. Cette nouvelle est comme un appartement, l'auteur prend le temps d'en décrire chaque pièce, de fureter de-ci, de-là; puis soudain la porte d'entrée claque et plus rien.

La seconde nouvelle s'intitule "Henri Castellat", ainsi se nomme le personnage principal; et seul homme vraiment présent dans ce recueil davantage peuplé de femmes. Cet écrit est moins bouleversant que le précédent, même si le lecteur ressent le désarroi et la lâcheté de cet homme, auteur talentueux de deux romans parus, et qui traîne sur l'écriture de sa nouvelle oeuvre par peur de l'échec. Sans jamais s'engager en amour comme dans la vie, il volette et papillonne, n'éffleurant que la surface des choses, des gens et des évènements.

Le destin personnel, est une nouvelle un peu plus piquante, plus forte en sentiments, en nature, en odeur, en vie. Charlotte, l'héroïne généreuse et bonne pâte, quitte son appartement, étouffé par la présence de sa famille, pour se rendre dans le sud de la France, dans la grande maison d'un couple d'amis: Margot et Jean-Claude. La plume d l'auteur retranscrit grâce à une multitude de détails, la lassitude de la jeune femme, et l'insatisfaction de sa vie.

Enfin la dernière, "La belle épicière", semble tout droit sortie d'une oeuvre d'Emile Zola, avec une pointe d'Emma Bovary à l'horizon. On ne peut s'empêcher de penser à Gervaise dans l'Assomoir, notamment. Ici encore, l'héroïne, Madame Louise (ça fait un peu maquerelle quand même, non?) est insatisfaite de sa vie tranquille et sans histoire, de son mari toujours absent pour raison professionnelle, de son enfant qui n'est qu'un enfant... Elle a envie de vivre, d'aimer, elle a bien le droit à un peu de bonheur, elle aussi; si droite, si fière (de sa tournure), seule dans sa petite épicerie.

Elsa Triolet, d'une plume magnifique et une peu désuète, fait partager au lecteur, l'amertume de ses personnages, dans un contexte dur, dans une France au coeur de l'Histoire. Sans accabler le lecteur de descriptions, l'auteur, à l'aide de menus détails, nous fait entrevoir un bout de ces vies, et nous fait réfléchir un peu sur la notre aussi. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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