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Critique de SergentPoivre


Ce roman, dont la publication en feuilleton a débuté en janvier 1860, est le quatrième tome du cycle connu sous le nom de Chroniques du Barsetshire (mais il peut tout à fait se lire indépendamment). Les romans appartenant à ce cycle, dont l'action se situe principalement dans l'Angleterre rurale, traitent, sur le mode comique ou satirique, des luttes de pouvoir entre ecclésiastiques, des relations entre le clergé et la gentry et des incessantes intrigues religieuses, politiques ou amoureuses qui agitent ce panier de crabes. Autant dire qu'on est très loin de ce romantisme à la Byron qui a fait les beaux jours de la littérature anglaise des premières décennies du 19e siècle. Les protagonistes de Trollope n'ont habituellement rien de très héroïque ni de très auguste. Ils sont plus souvent occupés de petits calculs que de grands idéaux et même ceux dont l'auteur fait des personnages vertueux et respectables n'échappent pas toujours à la sottise ou à une certaine médiocrité. Mark, le personnage principal de ce roman (les romans de Trollope semblent regorger de tant de personnages principaux que l'on hésite toujours à n'accorder ce titre qu'à un seul d'entre eux), est, par exemple, un homme pour le moins ordinaire, dont la perspicacité n'est visiblement pas la première des qualités.
Dans La cure de Framley, comme le fait très justement remarquer le traducteur et préfacier Alain Jumeau, ce sont une fois de plus les femmes qui paraissent retenir l'essentiel de l'attention du lecteur. Qu'elles soient dignes, raisonnables, sincères, courageuses, dominatrices, affectées, frivoles, sournoises ou carrément ridicules, que le romancier leur accorde toute sa tendresse ou qu'il en dresse un portrait mordant, elles sont au centre de ce roman comme elles étaient déjà au centre des sept autres romans de l'auteur que j'ai lus à ce jour. L'univers romanesque de Trollope s'articule dans tous ses aspects (sentimental et comique) autour des femmes et surtout autour de femmes ayant une si forte personnalité que leurs homologues masculins, en comparaison, font souvent un peu pâle figure. Sans les femmes, point d'amour, bien sûr, mais surtout point d'humour. Enlevez des Chroniques du Barsetshire l'épouvantable, tyrannique mais remarquable Mrs Proudie, femme de l'évêque, l'envieuse Mrs Grantly, épouse de l'archidiacre, ou la très amusante et très indépendante Mrs Dunstable et vous perdez une bonne partie de ce qui fait le sel de cette oeuvre ô combien divertissante.

Pour résumer, disons que La cure de Framley et sa truculente galerie de personnages féminins et masculins sont un régal du même tonneau que Les Tours de Barchester, le tome le plus célèbre des Chroniques du Barsetshire. Ce qui n'est pas peu dire.
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