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EAN : 9782072732096
400 pages
Gallimard (27/09/2018)
3.99/5   37 notes
Résumé :
C'est en se promenant autour de la cathédrale de Salisbury que Trollope conçut l'idée du roman qui devait prendre pour titre Le Directeur (The Warden, 1855).
Premier volet des Chroniques de Barchester, l'ouvrage met en scène le révérend Septimus Harding, homme d'une grande intégrité qui jouit du revenu d'un hospice de charité. Revenu illégitime aux yeux de John Bold qui, bien qu'épris de la fille de l'ecclésiastique, n'hésite pas à poursuivre ce dernier devan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le Directeur est un roman anglais publié pour la première fois en 1854 et j'ai trouvé qu'il avait un peu vieilli …
Alors que Monsieur Harding , homme d'église et directeur d'un hospice, coule des jours heureux respecté de tous , un "ami"( jeune docteur dans la petite ville ) , l'accuse de détourner l'argent qui aurait dû revenir aux vieillards indigents abrités par sa vénérable demeure. Aussitôt , neuf (sur les dix) vieux messieurs s'engouffrent dans cette lutte, pensant gagner 100 livres par an en plus . Le combat pour la justice du Docteur Bold enflamme la presse et monsieur Harding, homme doux et gentil ne supporte plus cette suspicion de malhonnêteté.
Nous autres lecteurs, suivons la lutte entre la conscience de ce brave homme et celle du clergé (qui n'en a pas , trop préoccupé de garder ses privilèges ) . Le fait que sa fille ainée soit mariée à l'archidiacre et que le père de celui-ci soit évêque, complique encore la donne et en fait également une histoire de famille.
C'est une histoire d'incompréhension, personne ( à part sa fille cadette ), ne soutenant la décision de Monsieur Harding ( à savoir sa démission ) , afin de rester " droit dans ses bottes".
[ " Huit cents livres par an ! Huit cents livres par an plus la maison, et sans avoir rien faire. le poste idéal pour lui. Et voilà qu'il y renonce pour un article écrit par un vaurien dans un journal ! "].

Alors que Anthony Trollope dénonce, se moque, parle du clergé, de la presse ( inspiré par un scandale qui défraie l' actualité ) et fait de Monsieur Harding son personnage principal , une Jane Austen en aurait fait sa toile de fond. Elle aurait davantage mis en avant l'histoire d'amour contrariée , entre le Docteur Bold et la fille cadette de Monsieur Harding, soulignant avec humour la position bancale de ce Réformateur . Elle aurait donné à cette histoire , de la nervosité , du suspens et un petit côté universel et intemporel qui aurait séduit les lectrices…
Ceci étant , le roman d'Anthony Trollope est plus politique, plus sociologique mais plus roboratif aussi… les histoires de clergé au XIX siècle n'intéressant plus grand monde aujourd'hui … Heureusement, l 'auteur a une plume ironique qui fait sourire bien souvent.
Il faut le prendre comme un témoignage historique et j'y ai appris pleins de choses ( composition du petit- déjeuner, diner à 16 heures afin de profiter de sa soirée …).

Un petit tour dans le passé, instructif , qui permet de bien se déconnecter de notre monde un peu trop speed parfois …


[ A noter , le petit plus de la maison d'édition Folio, qui publie à la fin : des renseignement sur l'église anglicane , ainsi qu'une frise chronologique comportant : la biographie d' Anthony Trollope, les faits historiques et ce qu'il se passait parallèlement dans le monde littéraire.
Merci à elle …)
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Premier tome de sa série sur le comté de Barset (qui est à Trollope ce qu'est le Wessex de Thomas Hardy), le Directeur, publié en 1855 après trois autres romans au succès mitigé, se focalise sur les accusations de détournement des revenus d'une oeuvre de charité au profit d'un ecclésiastique.

Le directeur du titre, Septimus Harding, titulaire d'une petite cure près du siège épiscopal de Barchester, devient sur proposition de l'évêque à la fois chantre de la cathédrale et directeur de l'hospice caritatif construit et géré à la suite d'un legs datant du XVème siècle. Cette charge n'en est pas une puisqu'il s'agit d'une sinécure payée 800£ par an avec une belle demeure mise à disposition. M. Harding est tout sauf un homme âpre au gain. Bon, féru de musique, violoncelliste lui-même, disposé à apporter soutien et réconfort aux douze pensionnaires de l'hospice, quelle n'est pas sa surprise et sa douleur d'être dénoncé et fustigé comme profiteur d'une institution charitable au détriment desdits pauvres pensionnaires!

Anthony Trollope rebondit avec son roman sur plusieurs affaires de prébendes et bénéfices ecclésiastiques multiples, qui secouent l'Église anglicane depuis quelques années, certains ayant ainsi amassés via le cumul des charges des dizaines de milliers de livres (bien que datant du milieu du XIXème siècle, ce type d'affaires gardent une certaine contemporanéité avec les problèmes de cumul de mandats des hommes politiques).

De sa plume vive et ironique, l'auteur dénonce les excès du clergé d'État à travers les péripéties judiciaires et de conscience du pauvre Septimus Harding qui ne mérite vraiment pas tant d'affronts dans les éditoriaux du Jupiter (alias le Times). Et Trollope d'en profiter pour égratigner les éditorialistes qui font la pluie et le beau temps, descendent à coup d'articles venimeux politiciens, prélats, généraux, etc.

Le Directeur offre aussi une belle galerie de personnages dont il dépeint fort bien, avec la touche satirique qui va bien, la psychologie et les habitudes: le doux Harding qui ne brille pas par un dynamisme exacerbé et souhaite le confort et la paix tant matérielle que de l'âme (ce qui le rend au final héroïque de moralité), l'évêque bonhomme et incompétent, son fils archidiacre qualifié de dictatorial par son auteur (même s'il reconnaît que cette histoire n'a pas permis de voir les bons côtés de l'homme qui existent aussi en dépit de son autoritarisme arrogant), le docteur Bold idéaliste et prêt à mettre en branle un procès au nom des douze vieillards qu'il estime spoliés, etc. A noter que les femmes sont hélas peu présentes ni éminentes dans leur rôle. On peut juste noter que la fille aînée de Harding, mariée au fameux archidiacre, est la seule à se permettre de contrarier ses dires et à lui asséner qu'elle n'attend pas de lui qu'il reconnaisse un jour avoir tort...

Le Directeur n'est certes pas le plus palpitant des romans victoriens. Pourtant il possède d'indéniables atouts et qualités. le style de Trollope en fait partie. Et à travers son récit, on découvre l'organisation du clergé anglican ainsi que la façon dont ses prérogatives et bénéfices commencent à être remis en cause. Merci aux notes en fin de volume qui éclairent diverses références à des personnages et affaires de l'époque décrite, inconnus au lecteur non anglais et non spécialiste du XIXème siècle britannique. Merci également à Folio pour son résumé de l'Histoire de l'anglicanisme et ses définitions des termes ecclésiastiques. La chronologie de la vie d'Anthony Trollope, mise en comparaison avec les divers événements de son siècle, tant historiques que littéraires, permet de mieux contextualiser son oeuvre et de mieux le situer parmi ses confrères et consoeurs écrivains comme Dickens (moqué d'ailleurs ici sous le nom de M. Sentiment Populaire qui sauta sur l'affaire de l'hospice de Barchester pour pondre un larmoyant feuilleton avec pauvres pensionnaires maltraités et directeur ecclésiastique vicieux, aviné et les doigts crochus de spoliateur crispés sur le magot détourné), Elisabeth Gaskell, Thackeray, etc.

Après cette première découverte de l'écriture de Trollope fils (puisque sa mère écrit également), je poursuivrai avec plaisir ses Chroniques du Barset, avant de voir d'autres pans de son oeuvre.
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Le talent de Monsieur Trollope a encore frappé ! Si « le Directeur » est plutôt boudé par les lecteurs, je l'ai pour ma part trouvé passionnant !

C'est en 2022 que j'ai fait la connaissance de Septimus Harding, personnage central du Directeur, par le biais du roman « Les Tours des Barchester », relatant des évènements ultérieurs à l'intrigue présentée dans le Directeur ; j'ai donc clôturé la série des Chroniques du Barsetshire… par son premier opus, ce qui n'a finalement nullement perturbé ma lecture !

Septimus Harding, membre de l'Eglise anglicane, est le directeur vénéré d'un hospice de charité. Homme discret, intègre et sage, il vit des jours paisibles aux côtés de sa plus jeune fille Eleanor, ainsi que de ses plus proches parents et amis, jusqu'à ce qu'un scandale éclate : son poste de Directeur est remis en question par John Bold, médecin porté par un désir de justice sociale et l'affaire fait bientôt la une des journaux. Bientôt, deux partis s'affrontent autour d'une unique question : le Révérend Septimus Harding bénéficie-t-il d'un revenu illégitime et ce, au détriment de ses pensionnaires ?

En mettant en scène l'histoire de Septimus Harding, c'est finalement la société anglaise durant l'époque victorienne qui est décortiquée non sans humour par Anthony Trollope : de la place de l'Eglise à l'influence croissante de la presse, en passant par la situation politique et la lutte des classes, le Directeur est le digne représentant des bouleversements opérés sous le règne de Victoria, tout en nous proposant un portrait réaliste de personnages de tous âges et milieux sociaux. Si les valeurs portées par John Bold m'ont immédiatement attirée, c'est finalement vers Septimus Harding que s'est orientée ma sympathie. J'ai ressenti de la compassion pour cet homme bon, modeste et doux, injustement calomnié et qui se trouve pris en étau entre ses « défenseurs », dont fait partie son beau-fils, archidiacre influent et ses « détracteurs », John Bold en tête (et accessoirement objet de l'affection d'Eleanor). J'ai suivi avec intérêt son parcours, de la découverte du scandale à sa décision finale, fruit d'une longue réflexion ainsi que d'une intense remise en question.

Je ne peux donc que vous recommander les fabuleuses Chroniques du Barsethire, à commencer par mon favori le Docteur Thorne, je peux vous assurer que vous ne serez pas déçu(e)s !
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Septimus Harding est un homme paisible, un clergyman consciencieux, un amoureux de musique sacrée. Il occupe avec bonté et probité la fonction de directeur d'un hospice pour ouvriers âgés. Ainsi, lorsque le jeune Dr Bold l'accuse, par presse interposée, de percevoir indûment les revenus de sa charge et de spolier les vieillards qu'abrite l'hospice, le petit monde de Septimus Harding s'écroule et ses certitudes vacillent. le directeur est un homme effacé mais, malmené par les uns et par les autres, il va suivre ce que lui dicte sa conscience, quoi qu'il lui en coûte.

Ce roman est un roman de moeurs, une "comédie humaine" dont les acteurs se nomment Septimus Harding, John Bold, Théophilius Grantly ou Jupiter... Des individus confrontés au bien et au mal, tiraillés entre leur conscience et leurs ambitions, pris au piège des relations de pouvoir.

Si l'écriture de Trollope a un petit goût de Jane Austen par l'humour et l'ironie qu'il s'en dégage, il en diffère totalement par le contexte. Jane Austen est une auteure du XVIIIème, Trollope s'inscrit dans le XIXème et se fait l'écho des mouvements de son siècle.
Il publie son roman en 1855. La "Révolution industrielle" est passée par là, la "modernité" est née. Dans le Directeur, elle est incarnée par la presse que Trollope fustige. Profitant des innovations techniques (presse hydraulique et rotative), de l'accélération des communications (le train, le télégraphe) et des progrès de l'alphabétisation, la presse est devenue un formidable outil de circulation des idées et de critique des systèmes de domination en place. Une presse dont Trollope interroge l'intégrité et le rapport au pouvoir.

Il m'a fallu un peu de temps pour m'installer dans cette lecture puis, une fois l'histoire replacée au fil de l'Histoire, j'ai pris un grand plaisir à ce premier roman des Chroniques du Barset.
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The Warden
Traduction : Richard Crevier

Premier volume des "Chroniques du Barsetshire", "Le Directeur" surprend par le réalisme, il faut bien l'écrire, par la minceur de son intrigue.

Le réalisme car l'histoire a en effet pour toile de fond la campagne contre les malversations auxquelles se livraient certains membres du clergé anglican. le feu avait été mis au poudre par les accusations portées contre un aumônier du chapitre de Winchester, le comte de Guildford, lequel avait effectué d'importants détournements de fonds en puisant évidemment dans la manne ecclésiastique. La presse s'en était mêlée, notamment le "Times" que Trollope désigne dans son roman sous le nom de "Jupiter."

La minceur car les attaques qui se déchaînent contre le Directeur de l'Hospice de Barchester, le doux Mr Harding, vont amener celui-ci à réfléchir au bien-fondé des émoluments qu'il perçoit et, se sentant blessé injustement, à y renoncer pour se retirer dans une cure plus modeste. Sorti de là, il n'y a plus rien dans "Le Directeur."

De part et d'autre de Mr Harding, s'agitent les personnages secondaires - et parfois encombrants, tel son gendre, le Dr Grantly, un révérend plutôt pompeux qui fait beaucoup de bruit pour rien. Ou encore tel son futur gendre - Mr Harding a deux filles et la seconde, Eleanor, n'est pas encore mariée - John Bold, un propriétaire terrien réformateur et impulsif qui est le premier à émettre des doutes sur l'équité avec laquelle sont répartis les bénéfices de l'Hospice.

Tout se termine relativement bien mais, je dois l'avouer, peut-être parce que le sujet n'était pas vraiment très passionnant (même s'il a dû passionner les foules de l'époque), j'ai éprouvé certaines difficultés à aller jusqu'au bout du "Directeur."

J'ai tenu bon essentiellement parce que l'ironie de Trollope est perceptible sous sa prose assez lourde et que l'on discerne chez lui une sorte de réalisme à la Flaubert, le désir méticuleux et intègre de rendre un compte fidèle à son lecteur. Mais il n'y a ici ni légèreté, ni flamme. Plus précisément, c'est comme si toutes deux se percevaient à travers une épaisse couche de glace. Ce qui laisse une impression de frustration : elles sont là, pourquoi ne réussit-on pas à les atteindre ? ...

Une relecture s'imposera, c'est sûr. Ainsi que la lecture d'un autre Trollope, probablement. ;o)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On consommait le meilleur thé, le café le plus noir, la crème la plus épaisse. Il y avait des biscottes et des toasts beurrés, des muffins et des petites crêpes chaudes, du pain froid et du pain chaud, du pain blanc et du pain brun, du pain maison et du pain de boulanger, du pain à la farine de blé et du pain à la farine d'avoine. Et s'il est d'autres formes de pain, elles se trouvaient sur la table. Il y avait des œufs dans des serviettes de table et des morceaux de bacon croustillant sous des couvercles en argent. Il y avait de petits poissons dans une petite boîte et des rognons grillés encore fumants sur un chauffe- plat, lequel, soit dit en passant , était posé juste à côté de l'assiette de notre cher archidiacre en personne.
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Son grand défaut était d'afficher avec arrogance les qualités et titres de son état  [d'archidiacre], et sa grande faiblesse une complaisance non moindre dans la dignité de ses manières et l'éloquence de son propos. C'était un homme moral qui, parce qu'il ajoutait foi aux préceptes qu'il enseignait, croyait aussi s'y conformer. Il ne serait toutefois pas allé jusqu'à tendre l'autre joue à celui qui le souffleterait ou à pardonner sept fois à son frère [référence à évangile de Matthieu, 18, 21-22].
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M. Harding aurait vraisemblablement préféré avoir un ecclésiastique pour second gendre car il est lui aussi très attaché à son état. Faute de mieux, il aurait en tout cas souhaité que quelqu'un qui allait lui être lié de si près partageât au moins ses vues sur les questions touchant l'Église. Mais il n'allait tout de même pas rejeter l'homme que sa fille aimait parce que ce dernier était d'un autre avis que lui sur de tels sujets.
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Qu'y a-t-il au monde de plus luxueux qu'un divan, un livre et une tasse de café ?
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Un homme qui a douze enfants serait prêt à faire bien des choses pour doubler son revenu.
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