Avec
Anthony Trollope on est en plein roman victorien pur et dur. Cette fois il s'agit du dernier volume de la série
Palliser, acheté en 2015 et, avec ses près de 800 pages en poche, conforme à la réputation de 'pavé victorien'.
Plantagenêt
Palliser, duc d'Omnium, n'est pas un inconnu pour qui a lu les volumes précédents (
Phinéas FinnLes antichambres de WestminsterPeut-on lui pardonner? Les diamants Eustace), mais cette fois il est un des personnages principaux. Il a été premier ministre (volume pas lu) et demeure unanimement respecté. Libéral, il est assez ouvert quant à ses collègues à la Chambre, mais pas question de se lier intimement avec un non gentleman. Son épouse Glencora vient de décéder, et ses trois enfants qu'en fait il connaît peu n'en font qu'à leur tête. Silverbridge et Gerald, les aînés, se font renvoyer d'Oxford et Cambridge, ont des dettes, parient sur les chevaux (et perdent gros), mais l'immense fortune du duc éponge tout cela.
Mais Mary, la petite dernière, s'amourache de Frank Tregear, et tient bon en dépit du veto de son père. L'on rappelle au lecteur, à plusieurs reprises, que le duc a eu une heureuse vie familiale avec Glencora, qui au départ était amoureuse d'un type pas recommandable, et donc un mariage a été 'arrangé'. Ne peut-on convaincre Mary, pareillement?
Silverbridge louvoie entre Mabel (qui plairait fort au duc) et Isabelle... Mabel est un magnifique personnage, et à travers elle l'on comprend un peu le sort des jeunes filles de bonne famille, dont le destin ne peut être que le mariage (ou rien), alors que les hommes avaient plus de choix. Bien sûr l'on reste dans un milieu aisé et éduqué, on n'est pas dans les bas fonds comme chez Dickens et la survie au jour le jour de certains.
Ce roman a paru premièrement en feuilleton d'où certains brefs rappels en débuts de parties, et se lit sans effort tellement Trollope a un sens aigu de la narration. Lui-même reconnaît (chapitre 9) qu'il préfère se plonger in media res, mettant ainsi la charrue avant les boeufs. On n'a donc pas de longues descriptions, de longs retours en arrière, etc. Les dialogues sont vifs, l'humour n'est pas absent. Les passages moins palpitants sur la chasse à courre et la vie politique, non dénués d'ironie, passent bien. Et je dois dire que le suspense est bien présent et que la fin demeure incertaine presque jusqu'au bout.
Un auteur à découvrir, si ce n'est déjà fait, peut-être avec un des premiers volumes.
Lien :
http://enlisantenvoyageant.b..