Approximativement est sans doute l'ancêtre des petits riens de
Lewis Trondheim, avec ces petits récits et anecdotes de la vie de l'auteur, racontés avec beaucoup d'humour et d'autodérision. Mais même si c'est un ouvrage de très bonne qualité, je préfère sans conteste ceux qui viennent après, les petits riens, donc, que je trouve beaucoup plus aboutis. Ici, comme le raconte l'auteur lui-même, ces planches partaient d'un projet initial qui n'a jamais été réalisé et qui est devenu ce qu'il est devenu,
Approximativement. Rien n'était véritablement prémédité, donc. Et cela se ressent. On a plus la sensation d'une accumulation un peu fortuite d'anecdotes, tandis que dans les petits riens, on sent que
Lewis Trondheim est rodé, qu'il a trouvé son format, son rythme et sa manière de raconter. Même au niveau graphique, cela fait un peu brouillon ; les planches colorées à l'aquarelle des petits riens sont beaucoup plus agréables à lire.
Et pour finir - et là je vais rentrer dans le pur jugement de valeur, j'assume - je préfère largement le Lewis des petits riens que celui d'
Approximativement. Ici on le sent complètement égocentré, en lutte permanente avec sa mauvaise conscience, anxieux, angoissé, souvent assez négatif et un poil cynique, tandis que dans les petits riens on a un personnage apaisé, qui joue habilement avec ses angoisses pour les neutraliser en les tournant en ridicule, qui fait de sa vie une sorte de jeu, et qui porte sur le monde un regard à la fois tendre et lucide. du coup il est très intéressant de voir à quel point, en quelques années,
Lewis Trondheim a changé. D'ailleurs, on le voit dans
Approximativement lutter constamment pour devenir quelqu'un de meilleur, mais sans trop y arriver. Eh bien il semble qu'il y soit finalement parvenu et ce sont les petits riens qui en témoignent.
Il est intéressant aussi de voir à la fin de l'album le droit de réponse des personnages mis en scène, souvent mécontents, qui trouvent que
Lewis Trondheim se donne la part trop belle et ne leur rend pas justice. S'il n'est peut-être pas toujours honnête dans ses dessins, il a donc au moins l'honnêteté de leur laisser rectifier le tir par eux-mêmes...