Chloé Densité

La bande dessinée, dense par son volume, s'ouvre sur une image étrange, la distorsion de son visage et in fine, de tout son être. Cette sensation de triturer le corps revient sans cesse et on sent le plaisir des auteurs de s'amuser avec les humains. On suit alors les pérégrinations de Chloé et son frère, la femme un peu effacée révélée par des pouvoirs incroyables et le geek. L'histoire puise dans tous les codes du road trip américain, des super héros et des rencontres du 3ème type. Ce dernier, par son physique et son humour pince sans rire, est une vraie réjouissance.
Au-delà de ces références (dont beaucoup m'ont échappé), le coeur du scénario qui irrigue les dessins porte sur le corps, son poids, sa présence dans cet environnement. le personnage de Chloé prend conscience d'elle-même, de la portée de ses gestes, de l'importance de ses actes. Elle retrouve un certain contact avec son propre corps, réalise qu'elle ne rêve pas, qu'elle ne peut pas fuir certaines situations. Chloé affronte, s'allège parfois, s'appuie à d'autres moments. On la suit facilement, porté par son énergie. Face à elle, son frère, un geek dans toute sa splendeur. Leur duo fonctionne sur l'opposition. Il est maladroit, souvent à côté des situations et d'une certaine réalité à laquelle il n'arrive pas à échapper. Alors il est baladé par l'extraterrestre et devient un objet, là où sa soeur chausse le costume d'une super héroïne dont la féminité n'entrave jamais la force et la puissance. Là encore les auteurs jouent avec les codes et ponctuellement, mettent à nu leurs personnages, les mettant face à une certaine gène et une difficulté à assumer leur corps. Tout au long du scénario, Chloé se retrouve face à des hommes aux styles très ancrés, aux faciès et aux physiques marquants. Les hommes cherchent le pouvoir, veulent mener la danse mais se retrouvent souvent tout petits face à la situation. Chloé, elle, vole, est légère et sauve le monde.
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