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EAN : SIE155003_520
Pauvert (30/11/-1)
3.95/5   19 notes
Résumé :
Leur morale et la nôtre a été écrit par Léon Trotsky dans des circonstances dramatiques.
La deuxième guerre mondiale se profilait. La guerre civile se poursuivait en Espagne et l'avantage se dessinait pour Franco. De l'autre côté, en Union soviétique, Staline effectuait son Thermidor en exécutant la grande majorité des dirigeants bolcheviks, compagnons de Lénine.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sur quoi baser la morale? Et qui ou quoi doit-elle servir?, demande Trotsky.

Si ces questions sont légitimes, —en ressortant de la lecture de ce court livret, disponible gratuitement en ligne—, on a l'impression qu'il a détruit tous les fondements de la morale et tente de les réutiliser à son compte. Il critique les abstractions morales des bourgeois mais recycle leurs mécanismes moraux pour justifier de la violence dans les révolutions.

Par exemple, pour Trotsky, le catholicisme établi une morale au-dessus des hommes et des classes, sans contact avec la réalité ou l'histoire. Etablie par les bourgeois pour les bourgeois. Par exemple le canonique ‘tu ne tueras point': c'est quand même bon en cas de légitime défense. En temps de guerre le principe semble s'inverser et il est bon de tuer. Il devient une valeur, le patriotisme. Et qui décide de cette inversion de valeur ?

Autre exemple. Quid de l'"impératif catégorique" de Kant? C'est aussi une généralisation de ces normes morales. Ce n'est pas concret, dit Trotsky.

La démocratie?, encore une abstraction supra-historique utilisée politiquement comme un argument pour attaquer le bolchevisme. Une morale idéaliste.

Pareil pour l'utilitarisme. Cela entraîne assez rapidement que la fin justifie les moyens. Mais alors qu'est-ce qui justifie la fin?, demande Trotsky. de nouveau, historiquement, ce sont les valeurs bourgeoises.

Non, dit-il encore, les valeurs morales doivent être basées sur les classes sociales. du point de vue des "vérités éternelles", la révolution est naturellement immorale, mais si on prend la réalité comme source, l'histoire montre que la violence est nécessaire au rétablissement de la morale. Par exemple la révolution d'octobre a aidé à briser un esclavage par les bourgeois - elle est donc morale.

Je pense que ce livret est une réponse cynique aux opposants: vos arguments justifient de la violence sous couvert de valeurs chrétiennes et de démocratie -Sachez que je peux utiliser vos mêmes arguments pour justifier ma violence.
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critiques presse (1)
Liberation
15 juillet 2014
La fin justifie-t-elle les moyens ? La morale selon l’optique de Léon Trotski et celle, opposée, du philosophe John Dewey.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’homme qui ne veut ni retourner à Moïse, au Christ ou à Mahomet, ni se contenter d’un arlequin éclectique doit reconnaître que la morale est le produit du développement social ; qu’elle n’a rien d’invariable ; qu’elle sert les intérêts de la société ; que ces intérêts sont contradictoires ; que la morale a, plus que toute autre forme d’idéologie, un caractère de classe.

N’y a-t-il pas pourtant des règles élémentaires de morale élaborées par le développement de l’humanité tout entière et nécessaires à la vie de toute collectivité ? Il y en a, certes, mais leur efficience est très instable et limités. Les normes « impératives pour tous » sont d’autant moins efficientes que la lutte des classes devient plus âpre. La guerre civile, forme culminante de la lutte des classes, abolit violemment tous les liens moraux entre les classes ennemies.

Placé dans des conditions « normales », l’homme « normal » observe le commandement : « Tu ne tueras point ! » Mais s’il tue dans les circonstances exceptionnelles de la légitime défense, le jury l’acquitte. Si, au contraire, il tombe victime d’une agression, l’agresseur sera tué par décision de justice. La nécessité d’une justice et de la légitime défense découle de l’antagonisme des intérêts. Pour ce qui est de l’État, il se contente en temps de paix de légaliser les exécutions d’individus pour, en temps de guerre, transformer le « Tu ne tueras point » en un commandement diamétralement opposé. Les gouvernements les plus humains qui « détestent » la guerre en temps de paix font, en temps de guerre, de l’extermination d’une partie aussi grande que possible de l’humanité, le devoir de leurs armées.

Les règles « généralement reconnues » de la morale gardent le caractère algébrique, c’est-à-dire indéfini, qui leur est propre. Elles expriment seulement le fait que l’homme, dans son comportement individuel, est lié par certaines normes générales, puisqu’il appartient à la société. L’« impératif catégorique » de KANT est la plus haute généralisation de ces normes. Mais en dépit de la situation éminente que cet impératif occupe dans l’Olympe philosophique, il n’a rien, absolument rien de catégorique, n’ayant rien de concret. C’est une forme sans contenu.
(...)
La société sans antagonismes sociaux sera, cela va de soi, sans mensonge et sans violence. Mais on ne peut jeter vers elle un pont que par les méthodes de violence. La révolution est elle-même le produit de la société divisée en classes dont elle porte nécessairement les marques. Du point de vue des « vérités éternelles » la révolution est naturellement « immorale ». Ce qui nous apprend seulement que la morale idéaliste est contre-révolutionnaire, c’est-à-dire au service des exploiteurs.
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Le fascisme, né de la banqueroute de la démocratie en présence des tâches assignées par l’impérialisme, est une « synthèse » des pires maux de cette époque. Des restes de démocratie ne se maintiennent que dans les aristocraties capitalistes les plus riches : pour chaque « démocrate » anglais, français, hollandais, belge, travaille un certain nombre d’esclaves coloniaux ; « soixante familles » gouvernent la démocratie aux États-Unis… Et les éléments du fascisme croissent rapidement dans toutes les démocraties. Le stalinisme est à son tour le produit de la pression de l’impérialisme sur un État ouvrier arriéré et isolé ; il complète ainsi, en quelque sorte symétriquement, le fascisme.

Tandis que les philistins idéalistes — et les anarchistes en premier lieu, naturellement — dénoncent sans se lasser l’« amoralité » marxiste, les trusts américains dépensent, d’après John LEWIS, plus de quatre-vingts millions de dollars par an à combattre la « démoralisation » révolutionnaire, c’est-à-dire en frais d’espionnage, de corruption d’ouvriers, d’impostures judiciaires et d’assassinats ! L’impératif catégorique suit parfois, vers son triomphe, des voies bien sinueuses !
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La comparaison des Jésuites et des bolcheviks reste pourtant fort unilatérale et superficielle ; elle appartient plutôt à la littérature qu’à l’histoire. Selon les caractères et les intérêts des classes qui les appuyaient, les Jésuites représentaient la réaction, les protestants le pro-grès. Les limites de ce progrès s’exprimaient à leur tour, immédiate-ment, dans la parole protestante. La doctrine du Christ, rendue « à sa pureté », n’empêcha nullement le bourgeois LUTHER d’assister à l’extermination des paysans révoltés, ces « chiens enragés ». Le docteur MARTIN considérait visiblement que « la fin justifie les moyens » avant que cette règle n’eût été attribuée aux Jésuites. De leur côté, les Jésuites, rivalisant avec les protestants, s’adaptèrent de plus en plus à l’esprit de la société bourgeoise et ne conservèrent des trois vœux — de pauvreté, de chasteté et d’obéissance — que le dernier, sous une forme d’ailleurs bien atténuée. Du point de vue de l’idéal chrétien, la morale des Jésuites tomba d’autant plus bas qu’ils cessèrent d’être des Jésuites. Les guerriers de l’Église devinrent ses bureaucrates et, com-me tous les bureaucrates, de fieffés coquins.
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L’idéalisme classique en philosophie, dans la mesure où il tendait à séculariser la morale, c’est-à-dire à l’émancipation de la sanction religieuse, fut un immense progrès (HEGEL). Mais, détachée des cieux, la morale avait besoin de racines terrestres. La découverte de ces racines fut l’une des tâches du matérialisme. Après SHAFTESBURY, il y eut DARWIN, après HEGEL, MARX. Invoquer de nos jours les « vérités éternelles » de la morale, c’est tenter de faire rétrograder la pensée. L’idéalisme philosophique n’est qu’une étape : de la religion au matérialisme ou, au contraire, du matérialisme à la religion.
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Le reproche le plus commun et le plus impressionnant que l’on adresse à l’« amoralisme » bolchevik emprunte sa force à la prétendue règle jésuitique du bolchevisme : La fin justifie les moyens. De là, aisément, la conclusion suivante : les trotskystes, comme tous les bolcheviks (ou marxistes), n’admettent pas les principes de la morale, il n’y a pas de différence essentielle entre trotskysme et stalinisme. Ce qu’il fallait démontrer.
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Zina, Un film (1985) anglais de Ken McMullen L'histoire d'une Antigone moderne, celle de Zina Bronstein, fille de Léon Trotski. Elle s'est suicidée en 1931, juste avant l'avènement du National Socialisme. Avant sa mort, Zina suivait des séances de psychanalyse et d'hypnose, séances au cours desquelles elle se rappelle des incidents de sa vie et de celle de son père. Extrait
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