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EAN : 9782742769551
182 pages
Actes Sud (15/08/2007)
3.7/5   53 notes
Résumé :
A bientôt cinquante ans, celui qui raconte l'histoire est cet ex-jeune homme féru de littérature, dont les trois autres, parce qu'il commettait alors en secret des poèmes d'amour destinés à séduire d'inaccessibles jeunes filles, aimaient à se moquer un peu en l'appelant "l'Ecrivain". Les trois autres ? Les "Aînés", à savoir : "l'Historien", "l'Etranger" et Raoul. A une époque désormais lointaine, ces quatre-là avaient en effet, pendant quelque temps, bricolé leur al... >Voir plus
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«J'écris pour te parler et garder en mémoire l'étrangeté des chemins qui conduisent à l'amour.»

Un écrivain écrit à une femme inconnue croisée dans un colloque, une femme qui ravive le souvenir de l‘amour déçu de ses vingt ans, lorsque, jeune professeur de collège tentant d'être poète dans les années 70, il logeait dans une pension de Port-au-Prince, située rue de l'Enterrement, et partageait une vie ordinaire avec les trois Aînés de la pension : l'Etranger, l'Historien et Raoul.

"Mais je remonte le temps jusqu'aux Aînés pour te parler à toi."

Cet écrivain, dont la vie et l'écriture a été marquée par l'absence de figures féminines, rassemble les itinéraires poignants des trois Aînés, leurs secrets et leurs silences assourdissants, qu'il réussit enfin à coucher sur le papier pour évoquer l'utopie de l'amour, ses errements et les manques qu'il crée.

L'Etranger domine le récit, intarissable conteur de ses voyages autour du monde, de ses aventures nombreuses avec de très belles femmes. Sentant sa fin proche, il ne se résigne pas à l'idée de mourir à Port-au-Prince, et ne se sépare jamais d'un manteau inadéquat pour le climat haïtien, en vue de son départ final vers une destination forcément lointaine.

"«Je n'ai de villes que de visages.» C'est une phrase d'un poète que j'ai vaguement connu. L'Etranger était un peu comme ça. La couleur du blé, la force de l'orage, la douceur du climat ne retenaient son attention qu'à condition de renvoyer à des personnes. On confond si souvent promeneurs et naturalistes. Trois fois l'Etranger avait fait le tour de la terre. Pas n'importe laquelle. La seule qui vaille. Celle qui vaut le voyage, dans la nature comme dans les livres. Celle des hommes."

L'Historien incarne le silence tragique ou la voix bâillonnée. Brillant professeur, homme de pouvoir issu de la bourgeoisie mondaine, il a tout quitté soudainement en s'installant dans cette pension modeste et en se noyant dans l'alcool, sans que sa voix, cassée par tout ce qu'il a dû taire et par la maladie, ne révèle pourquoi. L'histoire cruelle de cet homme, un ratage amoureux, une histoire d'amitié et de trahison sous la dictature, sera énoncée comme une fable, et l'Historien ne pourra lui-même l'évoquer que sur son lit de mort.

Le troisième des Aînés, moins flamboyant, plus discret, a un itinéraire de vie tout aussi inattendu, depuis le jour où une mésaventure tragique lui a fait endosser le rôle de faire parler les morts.

Cinquième roman de l'auteur publié en France, paru en 2007 aux éditions Actes Sud, sur une tonalité apparemment plus intime que le précédent «Bicentenaire», mais traversé par cette question lancinante dans l'oeuvre de Lyonel Trouillot – Que faire de sa présence au monde -, comme dans «La belle amour humaine» ou «Kannjawou», «L'amour avant que j'oublie» transfigure le thème rebattu de l'amour inaccessible en un roman magnifique et poignant, par l'évocation du destin de ces trois hommes en touches entremêlées, par la beauté du regard bienveillant que Lyonel Trouillot porte sur l'autre et ses phrases lumineuses.

En transmettant ces destins qui permettent à une langue de s'exprimer qui jusqu'ici se dérobait à l'écrivain, et en questionnant la manière dont s'écrit le récit, ce livre forme aussi un hommage amoureux à la littérature.

"Paris, Valparaiso… La bouche de l'Étranger vivait de toponymes. Chaque phrase était un long voyage. Elle commençait dans un pays, virgule, s'attardait dans les rues d'une ville frontalière, se prélassait, virgule, longeait, tranquille, la frontière, la traversait, virgule, changeait de cap, point barre, prenait la mer, virgule, plongeait dans les eaux vertes d'un ou deux océans, sortait de l'eau, virgule, et reprenait sa route sans savoir son chemin, sautait, légère, d'île en île, s'arrêtait, suspensions, pour respirer un temps l'odeur d'une vieille ville où l'odeur d'un jardin, s'offrait, indépendante, des ciels, des paysages, pour ne finir qu'au bout d'un vaste itinéraire, sur une terre éloignée de son commencement."

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/01/13/note-de-lecture-lamour-avant-que-joublie-lyonel-trouillot/

Pour acheter ce livre à la librairie Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/lyonel-trouillot/l-amour-avant-que-j-oublie
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Je n'ai pas été transportée cette fois par ce roman de Lyonel Trouillot. Un poète se remémore ses voisins de jeunesse. Il y avait l'Historien, Raoul et surtout l'Etranger qui raconte les voyages qu'il n'a jamais fait. Je m'y suis ennuyée malgré de belles phrases.
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Rarement je lis des romans où je me dis à chaque chapitre : que c'est beau, que c'est bien écrit ! Celui-ci en est un.
L'intrigue est assez simple : Un écrivain connu, lors d'un colloque sur la littérature, aperçoit dans le public une jolie jeune fille qui le trouble, qu'il n'ose pas aborder. Alors il lui écrit ce livre, une façon très détournée et atypique de se livrer, de parler de son rapport à l'amour. Un récit de souvenirs, du temps où il n'était pas encore écrivain, et où il s'essayait à la poésie pour séduire les jeunes filles. Cette période particulière de sa vie où il habitait dans une pension dans laquelle vivaient trois « ainés », Raoul, L'Etranger, l'Historien. Et c'est leur vie que va raconter celui qu'ils avaient déjà nommé « L'Ecrivain ». Trois vies à la fois simples et peu banales, trois personnes qui ont choisi de se retirer du tumulte et de l'agitation, trois destins d'anti-héros, qui l'ont inspiré, et profondément marqué. Et nous tout autant par l'occasion.
J'aime à croire que ce récit est autobiographique. Je ne sais pas du tout si c'est le cas, mais j'aimerais que cela le soit, que ces trois hommes aient existé. La tendresse et le respect que Lyonel Trouillot leur manifeste sont si touchants.
Par des phrases tantôt très courtes, tantôt qui font un paragraphe entier, Lyonel Trouillot nous captive et jamais ne nous perd. C'est un conteur admirable.
Un roman magnifique, vraiment.
Je suis par contre dubitative sur la couverture, qui n'a absolument rien à voir avec l'ambiance intimiste et secrète du roman.
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Je connais bien Haïti pour y avoir vécu et travaillé. Je suis très admirative de la littérature haïtienne et j'attendais des merveilles de ce livre d'un grand auteur haïtien.
Malheureusement sa lecture ne m'a pas apporté ce que j'aime d'habitude dans ses romans.
En revanche, je crois que c'est le plus beau titre de livre jamais trouvé et rien que pour ça, je continue de l'admirer profondément.
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Livre qui m'a gavé assez souvent. Pas forcément pris par le parcours ou l'histoire de ces trois personnages dépeints par un écrivain amoureux. Rien ne m'a semblé clair, tout fouillu/fou/feuillu... Mais, voilà qu'au détour d'une phrase, d'une métaphore ou d'une idée, les claques fusent. Bam bam bam, touché, touché, touché.
Objectivement, l'écriture est très belle, la fouillitude est sans doute bienvenue... pour donner aux pépites leur juste éclat. Find yours.


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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
On se reverra. Sûr, on se reverra. Et l’on oublie avoir dit ça. Et l’on ne voit pas. Et, lorsque l’on se croise de nouveau, trois ans plus tard, dans une autre ville, on se souvient vaguement d’avoir fait connaissance quelque part. On se trompe de prénom, et l’on répète sans conviction les paroles d’il y a trois ans : on se reverra. Les gens n’aiment pas se quitter avec l’idée qu’ils ne se reverront jamais plus.
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Utopie de co-écriture par livre errant, p. 177 :
Je me dis que nous, les humains, devrions chacun écrire un livre par rencontre et le laisser sur un banc, sous une fenêtre, dans un lieu affectionné par le destinataire. Chaque destinataire garderait cependant la latitude de prêter à ses connaissances le livre écrit pour lui , voire de l'offrir à une personne plus susceptible d'être touchée par la fable ou la musique des mots. Chacun pourrait dire à un de ses proches ou à un inconnu, on m'a écrit cela, mais je crois que cela vous ira mieux qu'à moi. Le destinataire pourrait aussi modifier le livre à sa convenance, l'enrichir de ses propres doutes ou d'une autre lumière. Nous serions tous coauteurs des écritures croisées qui circuleraient de par le monde. Un homme passe dans la rue. Un livre tombe d'une fenêtre. L'homme l'ouvre et se met à lire en continuant sa marche. Du livre sort un arc-en-ciel. L'homme s'arrête à la première place publique et s'assied sur un banc pour continuer sa lecture. L'arc-en-ciel grandit. Une femme, sur un autre banc, regarde jouer une petite fille. L'homme pense que l'arc-en-ciel irait bien à la petite fille. A cause des rubans. Il sort son stylo et il ajoute les pages dans lesquelles une petite fille joue sur une place. Il l'appelle et il lui tend le livre. La petite fille s'empresse d'aller montrer son cadeau à sa mère. « Regarde, maman, ce monsieur, là-bas, m'a offert un arc-en-ciel. » Le soir, pour aider sa fille à faire de beaux rêves, la mère lui lit le livre. Et la fille propose d'ajouter une couleur à l'arc-en-ciel pour faire plaisir à sa maîtresse. […] Le lendemain matin, elle offre le livre en cadeau à la maîtresse. La maîtresse en effet estime qu'il manque quelque chose. Non, ce n'est pas une couleur. Voilà, il manque le cours d'eau où l'arc-en-ciel va boire. Et elle ajoute les pages où l'arc-en-ciel se penche sur l'eau et perd son chapeau.. Elle ajoute aussi des notes de musique, pour son petit ami qui joue du violon dans un orchestre.
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"Mais l'essentiel est de ne rien cacher. Je ne pourrai pas faire comme si je ne t'avais pas rencontrée. Bientôt le temps va perdre toute importance. Soit tu seras présente dans ma vie et je serai trop heureux pour penser aux choses banales comme le temps. Soit tu seras loin, et il s'arrêtera, bloqué sur la distance. Mais je pourrai, en paix, glisser vers ma rature, j'ai dit l'amour avant que j'oublie." (p. 183)
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Chaque phrase était un long voyage. elle commençait dans un pays, virgule, s'attardait dans les rues d'une ville frontalière, se prélassait, virgule, longeait, tranquille, la frontière, la traversait, virgule, changeait de cap, point barre, prenait la mer, virgule, plongeait dans les eaux vertes d'un ou deux océans, sortait de l'eau, virgule, et reprenait sa route sans savoir son chemin, sautait, légère, d'île en île, s'arrêtait, suspensions, pour respirer un temps l'odeur d'une vieille ville ou l'odeur d'un jardin, s'offrait, indépendante, des ciels, des paysages, pour ne finir qu'au bout d'un vaste itinéraire, sur une terre éloignée de son commencement.
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Son père l'avait trouvé un jour ramant sur la table de la bibliothèque. Il avait expliqué son jeu, il était le matelot, son père était le capitaine. Depuis ce jour-là, tout le monde la famille, les ouvriers, appelait son père le capitaine. Il avait renommé son père, c'est un bonheur pour un enfant. Sa deuxième réussite, c'était sa fille. Il lui demandait pardon de n'être plus là pour elle. Il n'avait de conseils à donner à quiconque sinon de faire la paix avec leurs souvenirs.
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0:00:15 Introduction 0:01:02 Clément Camar-Mercier 0:11:47 Yasmine Chami 0:22:56 Sylvain Coher 0:33:49 Lyonel Trouillot 0:44:09 Clara Arnaud 0:55:03 Loïc Merle 1:06:13 Mathias Enard
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Plus d'informations sur notre rentrée française : https://rentree.actes-sud.fr/ #rentréelittéraire #litteratureetrangere
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