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Critique de Aline1102


Depuis que j'ai lu le Lys dans la vallée, j'avais envie d'en savoir plus sur l'auteur. Et c'est un personnage particulièrement attachant que j'ai découvert dans cette biographie, un auteur disparu qui reprend vie sous la plume de Troyat et qui vient nous conter sa vie avec un sourire aux lèvres.

Balzac, c'est tout d'abord une personnalité haute en couleurs, qui aurait probablement pu figurer dans l'un de ses propres romans. Et, d'ailleurs, il n'a pas hésite à romancer lui-même certaines périodes de son existence, en particulier dans le Lys dans la vallée, justement. le jeune Honoré et le jeune Félix de Vandenesse partagent en effet les mêmes douleurs: tous deux ont été mal aimés par leur mère et éloignés lors de leur inscription en pension. Toute sa vie, Balzac aimera des femmes plus âgées, comme un complexe d'Oedipe non réglé, comme s'il voulait enfin conquérir la bonne grâce de cette mère qu'il adulait mais qui l'effrayait par sa froideur, sa sévérité et son indifférence aux sentiments de son fils.

Balzac, c'est aussi un homme qui voit grand. Tellement grand que son jugement en est parfois faussé. Il se voit réussir dans tout ce qu'il entreprend et, surtout, fait confiance à tout le monde. Lui-même étant d'une honnêteté irréprochable, il ne conçoit pas que les autres ne peuvent pas l'être également. Quel optimisme et quelle confiance chez cet homme!

L'écrivain qui sommeille chez Balzac se manifeste assez tôt: il est encore enfant, en pension, lorsqu'il est conquis pas des lectures que lui fournit en cachette l'homme normalement chargé de lui donner des cours de rattrapage en mathématiques. Dès son adolescence, l'imagination De Balzac fourmille d'intrigues, de personnages, de décors. Lorsqu'il se lance enfin dans l'écriture, contre l'avis de ses parents qui voulaient le voir devenir notaire, cette multitude d'histoires possibles va tout d'abord lui porter préjudice: Balzac n'arrive pas à se fixer sur une intrigue, il se perd dans des détails inutiles et dans de longues tirades moralisatrices. C'est en publiant de petits romans sans qualité sous le nom d'emprunt de Lord R'Hoone (l'anagramme d'Honoré) que Balzac se "fait la main" et qu'il apprend à tisser correctement ses intrigues.

Finalement, c'est la baronne de Pommereul, chez qui il séjourne le temps de prendre des renseignements pour son roman historique Les Chouans, qui décrit magnifiquement le Balzac de cette époque. Quand on lit ce qu'elle en dit, on ne peut s'empêcher de penser qu'on aurait aimé connaître cet homme!

"C'était un petit homme avec une grosse taille, qu'un vêtement mal fait rendait encore plus grossière (...); ses mains étaient magnifiques, il avait un bien vilain chapeau, mais aussitôt qu'il se découvrit tout le reste s'effaça. Je ne regardai plus que sa tête (...); vous ne pouvez pas comprendre ce front et ces yeux-là, vous qui ne les avez pas vus: un grand front où il y a comme un reflet de lampe et des yeux bruns remplis d'or, qui exprimaient tout avec autant de netteté que la parole. Il avait un gros nez carré, une bouche énorme qui riait toujours malgré ses vilaines dents; il portait la moustache épaisse et ses cheveux très longs rejetés en arrière; à cette époque, surtout quand il nous arriva, il était plutôt maigre et nous parut affamé... Il dévorait le pauvre garçon... Enfin, que vous dirai-je? Il y avait dans tout son ensemble, dans ses gestes, dans sa manière de parler, de se tenir, tant de confiance, tant de bonté, tant de naïveté, tant de franchise, qu'il était impossible de le connaître sans l'aimer. Et puis, ce qu'il y avait encore de plus extraordinaire chez lui, c'était sa perpétuelle bonne humeur, tellement exubérante qu'elle devenait contagieuse (...)".

Cette bonne humeur communicative est également l'une des caractéristiques de la personnalité De Balzac. Même lorsqu'il subit une faillite, avec l'entreprise de fonderie de caractères et d'imprimerie qu'il fonde en 1827, le jeune Honoré ne perd ni son optimisme ni sa joie de vivre. Il croule sous les dettes, mais commande quand même de beaux vêtement à son tailleur, tant il est certain que son avenir ne lui réserve que des succès! Il devra toutefois attendre la publication de son roman le Père Goriot, en 1835, pour que ses souhaits se réalisent...

Balzac meurt le 18 août 1850, quelques semaines après son mariage avec Madame Hanska, qu'il a courtisée pendant dix-sept ans. Il nous reste de cet homme hors du commun, travailleur forcené et passionné, à l'imagination débordante, une oeuvre monumentale, aujourd'hui considérée comme le fondement du roman moderne.
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