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EAN : 9782277110101
125 pages
J'ai Lu (19/11/1992)
3.71/5   556 notes
Résumé :
Poignante et terrible confrontation de deux hommes, de deux idéaux, la neige en deuil place une tragédie de l'honneur dans le cadre splendide et inhumain des Alpes. Un grand avion venant des Indes s'est écrasé sur un pic neigeux. Les passions humaines les plus diverses éclatent devant le danger d'une expédition de secours.

Ce roman a valu à son auteur le Grand prix du Prince Rainier de Monaco.
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Critiques, Analyses et Avis (72) Voir plus Ajouter une critique
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Inspiré d'un fait réel, le crash d'un avion, le « Malabar Princess » dans les Alpes en 1950, « La neige en deuil » reste un de mes souvenirs de lecture d'adolescent les plus poignants, avec « Vipère au poing » de Bazin.

Un cadre, grandiose… La MONTAGNE…

Un personnage principal : Isaïe Vaudagne, un ancien guide de haute montagne qu'un grave accident a rendu simplet… Simplet, mais pas sans dignité.

Son frère cadet : Marcellin, prêt à tout pour arriver et particulièrement pour se transporter à la ville dont le mode de vie lui conviendrait certes mieux , pense-t-il, que cette vie miséreuse dans un hameau isolé de haute montagne.

Problème : l'argent lui manque pour mener à bien son projet.

La providence : un avion se crashe, là haut dans la montagne…

Mon premier Troyat, et il y en aura bien d'autres, dans des domaines aussi variés que le roman, la nouvelle et bien sûr dans le domaine où, à mon avis il excelle : la biographie romancée ; voir « Catherine la grande », « le prisonnier N°1 » et d'autres…

« La neige en deuil », 1952, un court roman, une grosse nouvelle… peu importe. Henri Troyat sait parfaitement , dans un cadre aussi somptueux que gigantesque, monter en épingle l'antagonisme entre les deux frères, l'un, Isaïe, issu de la « vieille école » respectueux de la Nature et des anciens, et son cadet Marcellin, plus prompt à la cupidité qu'au respect des traditions.

Poignant… Mais je crois l'avoir déjà dit…
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Dégotté dans une boîte à livres, qui a le mérite de remettre à l'honneur des livres oubliés, « la neige en deuil » raconte l'affrontement de deux idéaux. Celui d'Isaïe, d'abord : ancien guide de montagne, il aime sincèrement la vie en ce lieu et ses brebis, qu'il s'est mis à élever après un grave accident l'ayant laissé pour simplet ; Celui de son frère Marcellin, ensuite : de 20 ans son cadet, méprisant l'humanité d'Isaïe et prêt à tout pour partir vivre en ville loin de lui, y compris à vendre leur maison de famille.
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Tout bascule le jour où, dans les sommets alpins en 1938, un avion venant d'Inde s'écrase, sur des pics difficilement accessibles. Les repérages aériens semblent montrer qu'il n'y aurait pas de survivant. Mais dans le village des deux frères, plus bas, une équipe de guides volontaires et aguerris décide de braver les éléments, afin de récupérer les lettres et courriers transportés par l'avion - ce qui semble être un bien noble sacrifice au vu des conditions climatiques…
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A sa suite, ouvertement guidé par d'autres considérations, loin d'être humanitaires, Marcellin contraint Isaïe par les sentiments à les mener tous deux jusqu'à la carcasse de l'avion. Confiant en ses talents d'ancien guide, il tentera d'atteindre son but au mépris de toute vie humaine, celle de son frère comme des passagers.
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Mais la montagne est sans pitié pour les âmes impures. Dans un décor digne de Tintin au Tibet, les fantômes et les consciences s'affrontent. Ce qui se passe à la montagne reste dans la montagne, pourrait-on dire. Mais c'est avec brio qu'Henri Troyat, en moins de 200 pages, nous en ouvre les portes et l'ambiance, soufflant le chaud et le froid dans cette atmosphère de bruit blanc : aussi chaude que l'étable emplie de lainage sur pattes, et aussi glaciale que les tombes de neige sur lesquelles il faudra bien se recueillir. A la fois simple, désuet et plus complexe qu'il n'y paraît, ce roman est, à l'exacte image de son personnage principal, très attachant.
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« il n'avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, tel une bête blessée à mort. le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux, l'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. L'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel. La queue c'était détachée du corps, comme celle d'un poisson pourri. de larges trous béants, ouverts dans le fuselage, livraient à l'air des entrailles de tôle disloquée, de cuir lacéré et de fers tordus. une housse de poudre blanche coiffait les parties supérieures de l'épave. Par contraste, des flans nus et gris, labourés, souillés de traînées d'huile, paraissaient encore plus sales. La neige avait bu l'essence des réservoirs crevés. Des traces d'hémorragie entouraient la carcasse. le gel tirait la peau des flaques noires. Même mort, l'avion n'était pas chez lui dans la montagne. Tombé du ciel dans une contrée de solitude vierge, il choquait la pensée comme une erreur de calcul des siècles. »
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Depuis quelques mois, je vais régulièrement piocher dans la bibliothèque qui me vient de mes parents. Et, vu mon âge, les livres qui s'y trouvent sont là depuis une cinquantaine d'années, voire plus. Ce qui permet de dénicher des pépites qui, sans les avoir lues, nous sont familières bien qu'elles soient tombées dans l'oubli enfouies sous les décennies de productions littéraires qui leur ont succédé.
Et, en terme de pépite, celle-ci en est, bel et bien, une. L'écriture est parfaite ; aucune pesanteur, chaque phrase a une raison d'être. Les personnages, le décor, l'atmosphère, tout prenait forme dans mon esprit au fur et à mesure que je lisais et les images se juxtaposaient aux mots.
Comme toujours, je ne vous résumerais pas l'histoire ; la 4ème de couverture est faite pour ça. Je vous dirais seulement que c'est une très jolie, réaliste et non moins émouvante histoire humaine.
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Isaïe, âgé de cinquante ans vit reclus dans la maison familiale où seule la présence de quelques brebis et de son frère Marcellin, trop souvent absent hélas, le relie encore au monde des vivants. Depuis que le mauvais sort s'est abattu sur lui par trois graves accidents, cet ancien guide de haute montagne, l'un des meilleurs de la région, est devenu quelque peu simplet...

Suite : Cliquez sur le lien suivant !!!
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Je crois que je me faisais une idée erronée sur le compte d'Henri Troyat. Je le voyais comme un auteur guindé et vieillot. Je m'étais trompée. "La neige en deuil" a balayé mes préjugés. Ce roman, à la fois drame terrible et récit d'aventure, est une belle réussite.

Le drame raconté par Troyat est dur, la confrontation tragique entre les 2 frères suscite beaucoup d'émotions : colère envers la dureté, le manque de tendresse de Marcellin envers son frère, compassion envers Isaïe, si fragile, si innocent...
L'aspect psychologique du roman est très intéressant. le personnage de Marcellin est peut-être un peu manichéen mais le personnage d'Isaïe est très bien dépeint. Mais outre, ces deux personnages, il y a un 3ème personnage tout aussi important dans le roman : la montagne. Elle est constamment présente dans le récit. Elle domine de sa présence le village, sublime et dangereuse. Elle est la vie et la mort. Elle est l'origine et la conséquence des rapports de force entre les 2 frères et sera inéluctablement le théâtre de leur confrontation finale.

Toute la partie du roman qui raconte l'ascension des 2 frères pour retrouver l'avion écrasé au sommet est palpitante. Très bien menée, cette partie, j'ose le dire, est digne des meilleurs récits d'action. le lecteur est clairement sous tension, suivant prise après prise le parcours des alpinistes. L'auteur transmet bien les sensations, les douleurs liées à un tel périple. L'écriture est très visuelle, c'est un film qui se déroule sous nos yeux.

Je remercie Allantvers qui m'a permis de dépasser mes préjugés sur un auteur que je ne connaissais que de nom et surtout de m'avoir permis de passer un très bon moment de lecture.



Challenge Multi-défis 2017- 48 (item 49 un livre dont l'action se déroule en haute montagne)
Challenge 14-68 entre 2 points de bascule 2017
Challenge ABC 2017-2018 - 10/26
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Il n'avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, telle une bête blessée à mort. Le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux. L'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. L'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel. La queue s'était détachée du corps, comme celle d'un poisson pourri. Deux larges trous béants, ouverts dans le fuselage, livraient à l'air des entrailles de tôles disloquées, de cuirs lacérés et de fers tordus. Une housse de poudre blanche coiffait les parties supérieures de l'épave. Par contraste, les flancs nus et gris, labourés, souillés de traînées d'huile, paraissaient encore plus sales. La neige avait bu l'essence des réservoirs crevés. Des traces d'hémorragie entouraient la carcasse. Le gel tirait la peau des flaques noires. Même mort, l'avion n'était pas chez lui dans la montagne. Tombé du ciel dans une contrée de solitude vierge, il choquait la pensée comme une erreur de calcul des siècles. Au lieu d'avancer dans l'espace, il avait reculé dans le temps. Construit pour aller de Calcutta à Londres, il s'était éloigné du monde d'aujourd'hui pour aboutir à un coin de planète, qui vivait selon une règle vieille de cent mille ans.
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Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, telle une bête blessée à mort. Le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux. L'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. L'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel. La queue s'était détachée du corps, comme celle d'un poisson pourri. Deux larges trous béants, ouverts dans le fuselage, livraient à l'air des entrailles de tôles disloquées, de cuirs lacérés et de fers tordus. Une housse de poudre blanche coiffait les parties supérieures de l'épave. Par contraste, les flancs nus et gris, labourés, souillés de traînées d'huile, paraissaient encore plus sales. La neige avait bu l'essence des réservoirs crevés. Des traces d'hémorragie entouraient la carcasse. Le gel tirait la peau des flaques noires. Même mort, l'avion n'était pas chez lui dans la montagne. Tombé du ciel dans une contrée de solitude vierge, il choquait la pensée comme une erreur de calcul des siècles. Au lieu d'avancer dans l'espace, il avait reculé dans le temps. Construit pour aller de Calcutta à Londres, il s'était éloigné du monde d'aujourd'hui pour aboutir à un coin de planète, qui vivait selon une règle vieille de cent mille ans.
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Un long bêlement monta de la combe, cachée par un barrage de buissons gelés. Les moutons avaient senti l'homme, à distance. Isaïe Vaudagne se mit à rire tout seul, et pressa le pas, la tête tendue dans le vent, une coulée de froid sur chaque joue. Ses pieds s'imprimaient dans la neige mince qui couvrait le sol. Il avait hâte de revoir ses bêtes, peu nombreuses, mais solides sur pattes et de bonne toison. Lâchées au printemps sur les pentes de la montagne, elles avaient vécu toute la chaude saison en liberté. Depuis avril, une fois par mois, il grimpait là-haut, en quatre heures de marche raide, pour les observer, les compter et se faire reconnaître d'elles. En son absence, elles changeaient de place, guidées par la saveur de l'herbe et l'exposition des terrains. Mais toujours il les retrouvait sans peine, groupées autour de la brebis maîtresse, avec leurs derniers nés qui s'effarouchaient à l'approche de l'homme.
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Au delà du glacier, la route était facile. Une piste gelée se détachait de la moraine et serpentait entre des éboulis de rocs habillés de grosse neige débonnaire. Un dortoir, aux draps soulevés de rondeurs, s'étalait, à perte de vue, dans le crépuscule. L'obscurité, rapidement accrue, faussait les perspectives, gobait les obstacles, lapait les dernières étincelles de blancheur. Le vent s'était apaisé. La nuit était proche. Isaïe marchait, soutenu par l'enchantement de la fatigue. Il avait pris la femme dans ses bras pour la réchauffer. Serrée contre sa poitrine, elle était sage, muette, impondérable. En baissant la tête, il pouvait voir, dans un nid de fourrure ébouriffée, le visage clos qui dormait, tourné de trois quarts. Elle avait confiance en lui. Elle s'abandonnait à lui. Comme un agneau trop faible pour courir dans la montagne. Il croyait avoir rentré toutes ses brebis à l'écurie. Mais l'une d'elles s'était égarée, là-haut. Il était monté la chercher. Il la ramenait au bercail. C'était tout simple.
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Il n'avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre, dans la neige, telle une bête blessée à mort. Le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux. L'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. L'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel. La queue s'était détachée du corps, comme celle d'un poisson pourri. Deux larges trous béants, ouverts dans le fuselage, livraient à l'air des entrailles de tôles disloquées, de cuir lacérés et de fers tordus. Une housse de poudre blanche coiffait les parties supérieures de l'épave. Par contraste, les flancs nus et gris, labourés, souillés de traînées d'huile, paraissaient encore plus sales. La neige avait bu l'essence des réservoirs crevés. Des traces d'hémorragie entouraient la carcasse.
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Videos de Henri Troyat (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Troyat
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/theresa-revay-la-course-parfaite-53094.html
Depuis vingt ans, Theresa Révay s'est imposé comme un auteur majeur fédérant autour d'elle un public fidèle et enthousiaste, friand de ces romans historiques dans lesquels elle raconte les 50 premières années du XXème siècle. Depuis « Valentine ou le temps des adieux » à « La nuit du premier jour », ce ne sont pas moins de huit titres qui font de Theresa Révay une digne héritière d'Henri Troyat ou de Maurice Druon. Emportés par le vent de l'Histoire, les personnages qu'elle invente nous entrainent aux quatre coins du monde et nous font vivre leur passion, dans des décors et des ambiances parfaitement reconstitués, avec un souffle romanesque qui ne trahit en rien une belle qualité d'écriture. Quant à la précision historique, fruit de recherches de longue haleine qui caractérise le travail de Theresa Révay, elle est reconnue par les spécialistes des périodes dans lesquelles elle place ses intrigues. On ne s'étonnera pas ainsi que la romancière ait reçu le prix Historia en 2014 pour son livre « L'autre rive du Bosphore ». Romancière jusqu'au bout des ongles, Theresa Révay ne s'était jamais aventuré dans la biographie, même si l'envie n'était pas loin. Mais le hasard fait parfois bien les choses. Pour l'écriture de son précédent roman, Theresa Révay côtoie dans ses recherches Nathalie Mathet dont le beau-père n'est autre que François Mathet, le célèbre entraineur hippique. A écouter la jeune femme lui confier des secrets de famille, la romancière se dit qu'il y a là matière à un nouveau livre. Voilà comment nait « La course parfaite » publié chez Tallandier. Né en 1908, engagé dans l'armée française en 1939 en tant qu'officier de cavalerie, assistant impuissant à la débâcle, François Mathet se fait un nom dans le monde des courses. Il a un don particulier pour comprendre les chevaux, les entrainer et leur faire gagner les plus grands prix. Veillant sur les chevaux de l'Aga Kahn ou de la famille Rotschild, il fut aussi celui qui entraina Yves Saint Martin sur la plus haute marche du podium, faisant de lui le plus célèbre jockey français. C'est l'histoire de cet homme discret, taiseux mais passionné et généreux que raconte Theresa Révay, l'histoire d'un homme qui se calque sur celle de son époque et que traversent les grandes personnalités d'alors. Une biographie passionnante qui ravira les passionnés de chevaux et de sports équestres mais aussi tout ceux qui s'intéressent aux destins exceptionnels liés à la grande Histoire. « La course parfaite, François Mathet, portrait du maitre entraineur » de Theresa Révay est publié chez Tallandier.
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