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Lu et relu avec chaque fois le même émerveillement.

Jacques Sorbier est rédacteur en chef dans un journal pour garçonnets "Le Rataplan". C'est un être plutôt médiocre et qui s'en satisfait.
Un jour, il reçoit un faire-part du décès d'un ancien condisciple lycéen : Georges Galard qui était lui, au contraire de Jacques, un être doué d'une magnifique intelligence. Parti présenter ses condoléances à sa veuve, Suzanne, Jacques ne tarde pas à en tomber amoureux et réciproquement : Ils se marient 2 ans après la mort de Georges.

Assez rapidement, Suzanne confie à Jacques un manuscrit écrit par Georges et lui suggère de le publier sous son nom Jacques Sorbier.
Assez faible de caractère, Jacques accepte et envoie le livre à un éditeur parisien. Les choses s'enchaînent alors assez vite, non seulement l'éditeur publie son livre, lequel se retrouve vite un best-seller avant de gagner, en prime, le prix Maupassant.

Des photos de Jacques et son manuscrit se retrouvent partout. le succès monte vite à la tête des deux époux, elle comme épouse d'écrivain célèbre dépense un argent fou en toilettes et lui se rengorge comme un paon devant les marques de respect des journalistes et du monde littéraire.

Mais où Suzanne n'éprouve nul remords, Jacques lui en est envahi, d'autant plus qu'une jeune femme se présente à son domicile et lui demande pourquoi il a raconté l'histoire de sa vie. Ebaudi, Jacques prend la tangente et Nicole ne lui cherche pas d'ennuis.

L'éditeur, qui a compris qu'il avait mis la main sur une pépite, attend avec impatience le second roman de Jacques Sorbier. Celui-ci se met à la tâche sans conviction et à juste titre puisque son roman est déclaré impubliable.

Rongé par l'humiliation, la honte, la peur, la rage, Jacques, qui est à la fois parcouru de remords quant à son plagiat et le désir insatiable de continuer à paraître et à être reconnu de tous, sombre peu à peu dans la dépression et sent vaciller sa raison. Il invoque alors le mort afin qu'il écrive sous sa dictée, allant jusqu'à se recueillir sur la tombe de Georges, à revêtir ses vêtements, il prie le mort de l'investir de son talent mais à ce petit jeu, tel est pris qui croyait prendre car Jacques se sent de plus en plus se flétrir et disparaître car progressivement "le mort saisit le vif". Son couple bat sérieusement de l'aile car Suzanne le méprise de n'être qu'un plagiaire alors que c'est elle qui l'y avait instigué. Ils en viennent à se haïr, ce qui n'est pas fait pour arranger le moral de Jacques.

Ce livre est un joyau car comme très souvent, Henri Troyat sonde la psychologie de son personnage principal comme un véritable lecteur de l'âme humaine. Il sait faire apparaître chez la même personne différentes facettes de personnalité et nous rendre attachants des personnages qui au début n'étaient pas sympathiques. Il y a récurrence d'hommes veules chez Henri Troyat mais aussi d'hésitations, de doutes qui font qu'en fait on a affaire à des êtres humains plus vrais que nature. de plus, son écriture est remarquable.

Je ne saurais trop vous le recommander : lisez ce livre, lisez du Troyat, c'est un des meilleurs auteurs de la littérature française.
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Pour moi, Henri Troyat était un académicien avec des grosses lunettes qui parlait de la Russie. Mais pas l'ombre d'un slave dans ce roman noir au titre digne d'une étude notariale, le mort saisit le vif (« par son hoir le plus proche » ), expression désuète, pour une oeuvre exhumée des étagères grâce au film Un homme idéal dont il a inspiré la trame.

Jacques Sorbier est un homme d'extraction modeste qui gagne sa vie comme rédacteur à Rataplan, un journal pour enfants . Son père le presse de s'élever dans la société, mais son caractère est peu liant. Contacté par la veuve De Galard, un ancien camarade de lycée qui vient de trépasser, Jacques s'en éprend, l'épouse, et cède à ses caprices. le plus incongru? Faire publier sous son nom un roman écrit par le défunt. Les anciens beaux-parents réclameraient leur part d'héritage si l'ouvrage était signé de leur fils. Et le couple a besoin d'argent. Sait-on jamais, s'il avait du succès…
Sorbier devient du jour au lendemain le nouvel espoir des lettres françaises, sa femme prend goût à la célébrité et à l'argent, jusqu'à ce qu'un petit grain de sable vienne gripper la machine bien huilée du mensonge. Et voilà Sorbier acculé, plongé dans l'angoisse, écrasé par le poids grandissant de cette mascarade. Surtout quand l'éditeur, et les lecteurs lui réclament un second roman qu'il est incapable d'écrire.

Avec ce thriller psychologique au charme suranné, comme un verre de Byrrh ou une veste en tweed, Troyat nous plonge dans la psyché d'un faussaire malgré lui hanté par le remord, et poursuivi par le fantôme De Galard, un Galard protéiforme. Plus les jours passent, et plus les signes cliniques se développent. En proie à d'irrépressibles angoisses , Sorbier n'a plus d'identité propre. C'est là tout le talent de Troyat de montrer comment un homme assez falot ne peut plus compter sur sa raison, désormais impuissante, et subit l'insidieuse intrusion d'un autre « lui ». Car en s'appropriant le roman , Sorbier s'approprie tout son héritage. le mort saisit le vif, au sens littéral.
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"Le Mort saisit le vif",est un roman d' Henry Troyat .Ce livre lu relu plusieurs fois et toujours avec le même plaisir car il s 'agit d' un roman fort , puissant et dense et les émotions ressenties ne s' oublient pas facilement .La première lecture remonte à plus de quarante ans . C 'était le premier contact avec Henry Troyat .
" le Mort saisit le vif"est un roman où il s 'agit d 'un plagiat commis par
Jacques Sorbier .Ce dernier était avant son forfait , un paisible journaliste .Il fait la connaissance de Suzanne , une jeune veuve .Il la rencontre en allant lui présenter ses condoléances .Ils tombent amoureux l' un de l' autre .Ils se marient .Le défunt , Georges Galard était un homme cultivé et lettré .Par hasard , Suzanne tombe sur un manuscrit de Georges .Jacques le lit .Il se
trouve que ce manuscrit a une certaine qualité littéraire .Sa femme insiste
pour qu' il le donne à une maison d' édition .Cette dernière l' accepte et décide de le publier .
le succès est immédiat et son auteur est porté aux nues .Avec le sacre , la
situation du couple est devenue autre : la richesse est là ! La femme est devenue une autre : elle fait dans l 'apparat .Ceux sont les habits et tout ce
que lui plaît .Suzanne n' a aucun scrupule .Elle veut toujours plus d'argent .
Le plagiaire essaie d ' écrire de nouveau . Mais il n' arrive pas .Il est bloqué .
Il est tiraillé entre sa femme ,l' éditeur qui désire un autre roman et sa conscience .Il est déstabilisé , il déprime .Il veut ressembler au mort !
Sa vie devient un véritable cauchemar .C est la descente aux enfers pour lui .
Un très beau roman et un grand romancier .








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Le vif, c'est Jacques Sorbier, le mort, c'est Georges Galard, l'ex mari de madame, Suzanne…
Sorbier sévit dans le monde de la littérature pour enfant en tant que rédacteur en chef d'un magazine, accessoirement auteur de feuilletons à la pige…
Vient l'idée… de madame, qui exhume un texte de son défunt mari, « La colère ». le texte est publié. C'est le succès… énorme, immédiat… Prix littéraire…
Arrive bientôt une femme, l'inspiratrice de « La colère »…

Ecrit à la première personne, un petit roman qui sonne comme la confession de Jacques Sorbier, car après la célébrité due à l'imposture de la publication de « La colère », viendront les problèmes… Sorbier sera-t-il à la hauteur du défi que la vie et sa cupidité lui imposeront désormais ? ou « le mort saisira-t-il le vif » pour ne pas le lâcher ?

Tout l'art de Troyat est déjà présent dans ce roman des débuts. Troyat, un écrivain majeur du XXème siècle. Un peu oublié. Dommage.
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"Les romanciers qui accompagnent un lecteur d'un bout à l'autre de son existence sont généralement des écrivains gracieux et distrayants."

Et en ce qui me concerne, cette citation de l'auteur est tellement vraie. Je lis des bouquins de Troyat depuis mon adolescence.
Tout le monde ne sera sans doute pas de mon avis, mais pour moi, il a un talent de conteur incroyable.
Aussi bien dans le roman contemporain que dans les biographies, j'ai été passionnée par ses récits.

Le mort saisit le vif ne m'a pas déçu non plus.
Il s'agit de l'histoire d'un honnête homme, en proie avec ses souvenirs et sa conscience qui s'est, un jour, laissé tenter par le succès facile et qui en est torturé par la suite.

L'histoire s'inscrirait dans le style "thriller psychologique".
C'est un classique, peut être un peu démodé, mais agréable à lire.



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J'ai été intriguée par le titre solennel, un peu médiéval ; en réalité une formule juridique, et je l'ai lu sans bien savoir à quoi m'attendre.

Le livre est bien écrit, rapide à lire, comme un tourbillon d'introspection, de culpabilité, de honte. Il m'a rappelé un peu Thérèse Raquin, en moins exacerbé, en moins charnel, en moins tragique; mais il y a une certaine parenté d'esprit entre les amants maudits de Zola et le narrateur, perdu dans une relation qui va de l'amour à la haine pour celle qui l'a poussé à la faute.

Le narrateur ne nous est pas très sympathique... Plagiaire égotiste, il souffre plus de ne pas être à la hauteur des attentes du public pour la suite, d'être un écrivain inférieur à "l'autre" , de la peur d'être dévoilé et couvert de déshonneur, que du regret d'avoir volé à son "ami" son oeuvre. Malgré son tourment perpétuel, il inspire peu la pitié.

A un moment on croit qu'il va être confondu, ce par une personne qui a toutes les raisons de savoir qu'il ne peut être l'auteur de ce succès littéraire, mais... non. le titre ne tient pas complètement non plus ses promesses car bien que parfois le narrateur parle de possession, de se mettre dans la peau du mort (ou plutôt l'inverse: que le mort se mette dans sa peau), on ne sent jamais une vraie confusion; j'ai eu l'impression plutôt que le narrateur forçait le trait, essayait de faire croire à sa folie pour se faire plaindre...

Un autre thème intéressant mais juste survolé, est la différence de la perception qu'on les gens d'une personne. En côtoyant d'autres personnes qui ont connu son "ami", il s'aperçoit qu'il n'en n'ont pas du tout la même vision de lui et finit par se demander qui il était vraiment....

Une lecture inconfortable mais intéressante sur le thème du plagiat.
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Plus jeune, j'ai lu cet auteur. Au détour d'une boîte à livres, je prends un livre de Troyat. Et là, le charme opère immédiatement : cette écriture classique, aisée à lire, une ambiance quelque peu surannée et Troyat qui m'emporte dans les méandres de l'âme humaine : tout ce que j'adore !

Jacques SORBIER, journaliste épouse Suzanne, la veuve du docteur Georges Galard, un ancien camarade de lycée dont il n'avait pas gardé contact. Cette dernière lui propose de reprendre en son nom le manuscrit de Georges. Hésitant (cela ne se fait pas !), il se laisse convaincre par les arguments de Suzanne (la tentatrice !) Très vite, Jacques se laisse prendre au jeu car bien sûr le livre est un succès et il devient un célèbre écrivain. Mais Jacques est aussi soumis aux remords, des remords qui le rongent. Peu après on attend un deuxième livre : comment faire ? L'angoisse augmente. L'ombre du mort commence par le hanter, le dévore. Il est Jacques et Georges en même temps. Il porte ses vêtements, erre près de la tombe de Georges et devient l'ombre de lui-même. Il souhaiterait tout avouer mais les mots ne sortent pas.
On suit le trouble qui grandit et on tremble pour Jacques. Toute la psychologie humaine si bien peinte avec force et intensité.
Petite parenthèse enchantée avec le personnage de Nicole, cette jeune femme qui ne comprend pas pourquoi "Jacques" a raconté son histoire, sans rien travestir. Hélas ce sera juste une parenthèse, la simplicité de ce personnage suscitera son désintérêt. Jacques Sorbier pourra -t-il se sauver de cet enfer ?

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La douzième oeuvre de Troyat en moins de deux mois, auteur que je découvre, et qui m'a très agréablement surpris par le "Le mort saisit le vif", oeuvre originale, enlevée, prenante, où l'on y trouve le Jekill et le Hyde qu'il y a en chacun dans d'entre nous, et chez le héros, Jacques Sorbier, avec l'esprit dans la deuxième partie du livre du "Thérèse Rquin" de Zola, associé au stress et aux angoisses de la page blanche, surtout quand le succès gagne"l'auteur" qui n'est, dans le cas présent, qu'un plagiaire.
Alors, éternel débat.
Sommes-nous capables de nous accepter tel que nous sommes où allons nous passer notre vie à être , ou à tenter d'être, quelqu'un d'autre?
Sommes-nous capables de mener une vie heureuse mais dans l'ombre, où préférons-nous les strasses et les lumières, la gloire? Et ce à n'importe quel prix, y compris de ventre notre âme?
Et si notre condition ne nous convient pas, jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour vivre une autre vie, ou du moins, la vie telle quenous la rêvons?
Vaut-il mieux partir avec des regrets ou des remords?
Dans ce roman, "l'objet" choisi d'être pris et utilisé à l'insue de son "inventeur" est un manuscrit. Mais il peut être transposé à l'infini: une grosse d'argent en espèces, un trésor trouvé....Que ferions-nous, comment nous comporterions-nous?
L'occasion fera-t-elle le larron, ou resterons-nous nous-mêmes, intêgres, honnêtes?
Comme l'a écrit FB dans "L'ascenseur était en panne", c'est au pied du mur que l'on voir encore mieux le mur....
Après ma lecture hier des "Nuits appalaches", coup double cette semaine, avec ce deuxième et excellent roman, "Le mort saisit le vif", dont l'édition indique "1942" pour sa sortie.


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Un livre marquant du haut de mes quatorze ans, à l'époque. Subjuguée par l'écriture et l'histoire. Probablement parce que l'écriture était déjà une passion et un rêve... Cette histoire sordide de plagiat et de métamorphose m'a marquée.
J'ai adoré !
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Paru en 1942, ce livre a plus de 80 ans, et moi qui ne lis presque que de la littérature contemporaine, j'avais peur de ne pas accrocher.

L'histoire, pourtant, est saisissante. Il n'est pas seulement question d'imposture, mais aussi d'ambition et d'identités, tant celles qu'on façonne pour les autres que celle, plus mystérieuse, qu'on cache en notre for antérieur. Enfin, il s'agit de cette quête insensée que mène Jacques pour sortir de l'ordinaire, qui peut, je crois, nous parler à tous.

La plume bien sûr est assez travaillée et nécessite une certaine concentration pour être appréciée, mais elle vaut la peine d'être lue.

Une lecture plutôt différente de ce que je lis habituellement donc, mais je ne regrette pas d'avoir donné sa chance à ce livre, à bien des égards surprenant !
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