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Citations sur Viou (35)

Elle comprenait tout. Elle pardonnait tout. Elle était du côté de la vie.
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La passion de Sylvie pour sa maman était si vive qu'à la seule évocation de ce visage lointain elle éprouvait un bondissement du cœur, un élan de tous ses muscles, le désir éperdu de se blottir dans ses bras accueillants. Mais, quand il s'agissait d'écrire à celle qu'elle aimait tant, les mots fuyaient sa tête. Son bouillonnement intérieur se traduisait par des phrases tellement banales qu'elle en était, par avance, découragée. Ce qui aurait dû être un chant d'amour tournait au devoir scolaire. A court d'inspiration, elle chuchota :
- Qu'est-ce que je mets ?
- C'est à vous de le savoir, Sylvie ! dit grand-mère.
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Inexplicablement, les grandes personnes, quand elles s'occupaient des enfants, n'accordaient d'importance qu'à leurs études.
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Les classes reprirent, monotones, avec leur cortège de leçons, de devoirs, de punitions, leurs disputes entre élèves et leurs conciliabules secrets dans la cour de récréation. Les heures oscillaient entre l'école et la maison. Et, à la maison, il n'y avait que de vieux visages. La rigueur de grand-mère, les silences de grand-père, les lorgnons de tante Madeleine. Chaque jour ressemblait à la veille. Dans l'ennui des semaines, Sylvie en arrivait à attendre la visite au cimetière comme une distraction.
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C'était un diminutif que papa et elle avaient inventé peu après la naissance de leur fille. Sylvie était devenue Sylviou, puis Viou tout court.
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Son vieux visage avait la mollesse du caoutchouc. En outre, elle était si dure d'oreille qu'il fallait crier pour se faire entendre d'elle. Cette quasi-surdité la rendait doublement sympathique à Sylvie. Il lui semblait qu'un mystère se cachait derrière cette apparence ingrate, comme chez certaines fées qui affectent l'infirmité pour mieux dissimuler leurs pouvoirs. L'extrême laideur l'attirait autant que l'extrême beauté.
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Sylvie entraîna son amie, sur la point des pieds, dans le salon, pour lui montrer "la grande peinture". Marine fut très impressionnée. Elle aussi trouvait que le yeux du portrait vous suivaient partout.
- Tu n'as pas peur ? dit-elle.
- Si, avoua Sylvie. La nuit, il descend de son cadre et se promène dans la maison.
- Alors qu'est-ce que tu fis ?
- Je récite une prière.
- Tu ne devrais pas avoir peur, puisque c'est ton père.
- Ce n'est pas mon père. Il fait semblant, mais c'est un autre.
- Qui ?
- Le coulissier Nestor, chuchota Sylvie en mettant un doigt sur sa bouche.
Cette appellation bizarre lui était venue subitement à l'esprit, bien qu'elle n'eût jamais connu de Nestor et ignorât ce qu'était un coulissier.
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Cette fois, tante Madeleine demeura avec Sylvie pendant que grand-mère et le médecin retournaient au chevet de grand-père.
- il ne va pas mourir ? demanda Sylvie.
- Mais non, ma petite, dit tante Madeleine. Tu n'avais pas des leçons à apprendre, pour demain ?
- Si
- Alors, viens. je vais te les faire réciter.
Sylvie tendit son catéchisme à tante Madeleine et psalmodia :
- on reconnaît la véritable Eglise à quatre marques : elle est une, elle est sainte, elle est catholique, elle est apostolique.
- Pourquoi est-elle apostolique ?
- Parce que 'elle a pour premiers chefs les apôtres...
Ernestine passa la tête par la porte pour annoncer qu'elle allait chercher les médicaments à la pharmacie. Elle avait mis un fichu, à cause du froid. La salamandre craquait. Dans son petit cadre d'acajou, papa assistait, imperturbable, la joue sur le poing, à tous ces bouleversements.
- on devrait téléphoner à maman ,dit Sylvie.
- pour quoi faire ?
- pour lui dire que grand-père est malade.
- Peut-être... en effet, dit tante Madeleine.
Visiblement, elle n'y avait pas pensé.
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François grogna, remua les épaules et s'assit sur une chaise de paille pour ôter ses souliers. Il avait des chaussettes trouées. Son gros orteil rose, émergeant par une déchirure, était comme le visage d'un Lilliputien dans un passe-montagne.
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Soulevée par les larmes comme par une vague, Sylvie se précipita hors du salon, grimpa l'escaliersonore et se retrouva couchée, à plat ventre, sur la carpette, au pied de son lit, avec l'ours Casimir dans ses bras. Elle ne se révoltait pas contre la punition. Bien mieux, elle la jugeait méritée. Mais elle ne pouvait pas, pour complaire aux grandes personnes, déclarer qu'elle aimait ce portrait alors qu'il lui faisait horreur. Sous les traits de son père, c'était un étranger qui avait pénétré dans la maison.
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