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sur 562 notes
Les romans de chevalerie, le Moyen-âge, la geste qui s'y rapporte, bref, tout cela, ce gros ensemble, aussi vaste qu'hétéroclite, tout le monde connaît ou croit connaître. Mais le terme même de « Moyen-âge », exactement comme celui d' « Ancien régime » prouve assez que c'est une vision a posteriori qui nous le fait désigner tel.

Moyen-âge, mais quel Moyen-âge ? Charlemagne et la Chanson de Roland ? Les croisades ? Les rois fainéants ? Les manoeuvres de Louis XI ? La guerre de Cent ans ? Philippe de Commynes ? le roman de Renart ? le roman de la Rose ?

Notons dès à présent que « pour l'époque », posséder un nom d'auteur est déjà presque une forme de curiosité, à tout le moins de singularité : Chrétien de Troyes. Bon, il est vrai que passé l'examen de son nom, on ne connaît quasiment rien de lui, sauf, sauf, sauf...

... son commanditaire ! Et c'est une femme, mesdames, et pas n'importe quelle femme, morbleu, la propre fille du roi de France et de la très sulfureuse Aliénor d'Aquitaine ! Eh oui, rien moins que cela !

Comprendra-t-on mieux, alors, que le rôle de la reine, Guenièvre, est infiniment, incomparablement, incommensurablement plus important que celui du roi, quand bien même ledit roi fût le roi Arthur en personne ?

Bien plus que l'histoire, qui, avouons-le, est jouée d'avance et pas d'un intérêt " suspensatique " des plus ébourrifants : en gros, on sait d'emblée que le plus beau, le plus fort, le plus vaillant, c'est Lancelot et les autres n'ont qu'à bien se tenir. Bien sûr l'auteur essaie bien chichement de nous faire croire que l'adversaire, Méléagant, a quelque chance de le battre, mais sans en faire non plus un Hector. Donc on se doute bien que l'Achille de chez nous va lui trucider sa petite gueule rapidos à la fin, pas besoin d'en faire mystère, ça fait des siècles qu'on le sait.

Non, l'intérêt, selon moi, c'est finalement ce que nous apprend le livre de sa commanditaire. « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. » Donc, notre brave Chrétien de Troyes écrit exactement le genre d'histoire que Marie de France, devenue Marie de Champagne, a envie d'entendre.

Et ce qu'elle a envie d'entendre, ce ne sont pas des héroïnes molasses, des reines soumises, des timides, des prudes, des trouillardes. Non, c'est une reine qui fait des cornes au roi longues comme ça ! Qui couche avec qui elle en a envie ; des jeunes filles qui usent de leurs charmes et tendent des pièges, pour jauger et juger de la fiabilité des hommes.

Ce sont aussi des femmes vengeresses et impitoyables, qui font trancher des têtes et refusent la clémence, mais qui, une fois séduites, une fois en confiance, tiennent leurs promesses et n'en gardent pas en réserve.

Entre-nous soit dit, entre cette fraîcheur, cette verdeur, cette liberté, cet entrain des femmes, et le carcan religieux, social, sociétal dont accouchera l'Ancien régime à l'époque de Madame de Lafayette et de sa fameuse Princesse de Clèves, ou bien encore le corsetage serré de la femme (au propre comme au figuré) au XIXème siècle, on se dit que l'obscurantisme n'est peut-être pas tant là où on le dit.

Souvenons-nous que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs et, qu'a posteriori, on nous assène toujours que le maintenant des vainqueurs est toujours mieux que l'avant des vaincus, sans quoi, ce serait reconnaître que le vainqueur n'est peut-être pas si bien que ça.

Ce qui est vrai de la condition des femmes, tel que je l'exprime ici, l'est aussi de beaucoup d'autres variables : la liberté d'entreprendre, par exemple, de construire ou d'édifier, la justice féodale, l'égalité ou l'inégalité devant l'impôt, ce genre de choses. Un seigneur pouvait-il absolument tout se permettre vis-à-vis de ses vassaux ? Pouvait-il négliger la justice sur ses terres s'il escomptait obtenir des revenus ? etc., etc. Tout n'est certainement pas aussi univoque ni aussi simplement caricatural que l'époque actuelle veut bien le dire de façon générale à qui ne prend pas la peine de s'y appesantir.

Que nous dit encore ce roman à propos de son époque ? le pouvoir, la puissance de la parole donnée. À un moment, Méléagant qui a fait prisonnier Lancelot constate que ce dernier s'est échappé. Or, Lancelot a promis de revenir se constituer prisonnier sitôt le tournoi achevé. À aucun moment Méléagant ne doute du fait que Lancelot reviendra.

Comme c'est étrange, n'est-ce pas ? Quel prisonnier, à l'heure actuelle, ayant soudoyé son geôlier (en l'occurrence sa geôlière) pour pouvoir se faire la malle, s'engagerait à revenir se faire mette en taule, juste parce qu'il a donné sa parole ?

Le grand expert du droit du travail Alain Supiot souligne cette incroyable évolution du droit et des mentalités. En effet, à l'heure actuelle, un employeur ne raisonne qu'en termes comptables : « Combien cela me coûte de trahir ma parole ? Bon ok, je paie, et je me sens la conscience très libre, puisque j'ai payé, de rompre abusivement tel ou tel contrat, d'enfreindre telle ou telle clause. »

En somme, un roman pas désagréable à lire, pas captivant non plus, qui vaut plus, selon moi, pour ce qu'il nous apprend de l'époque et des mentalités que pour son scénario très hautement prédictible. Mais bien entendu, ce n'est que mon avis, qui est un peu charrette, c'est-à-dire, fort peu de chose.
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C'est un roman de chevalerie, écrit par l'écrivain français Chrétien de Troyes ( 1135-1183 )
La reine Guenièvre a été piégée par Méléagant, le fils du roi voisin du roi Arthur. Méléagant l'emmène dans ses terres. Un preux chevalier se lance à sa poursuite, mais crevant son cheval, il est obligé de voyager en charrette. Il paraît que c'est la honte, pour un chevalier ! Peu importe, le chevalier de la charrette veut absolument ramener Guenièvre dans son royaume....
.
Cette histoire, destinée ici aux élèves, a été bien reprise en français contemporain. Elle est très claire, et peut être un peu naïve. Mais c'est un des premiers vrais récits qui soient parvenus jusqu'à nous.
Dans cette histoire, on voit déjà que l'orgueil de Méléagant, malgré les recommandations d'apaisement de son père, le roi Bademagu, est aveugle.
[ Voilà encore un homme viscéral :) ]
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J'ai beau avoir suivi des études de médiéviste, je n'ai jamais été une grande adepte de la geste médiévale et je ressens peu d'exaltation devant la fin'amor, ce célèbre "amour courtois" véhiculé par les troubadours dans les seigneuries féodales.

A lire le récit du preux "Lancelot" qui s'humiliera par amour jusqu'à monter dans une charrette, ce qui, pour un chevalier, était une véritable infamie, je perçois avec acuité combien ce récit est fait pour être déclamé plutôt que couché sur le papier. C'est un peu comme lorsque je lis une pièce de théâtre, la musique et la joliesse des mots ne parviennent pas à endiguer ma frustration de vouloir voir plutôt que lire. le besoin d'admirer par quel talent l'acteur peut donner vie sur scène à la personnalité d'un protagoniste devient alors l'enjeu capital de l'oeuvre.

Sur le récit à proprement parler, la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, a été enlevée par le chevalier Méléagant et Lancelot, preux parmi les preux de la Table Ronde, est missionné pour la délivrer. Les codes de la fin'amor imposant une série d'épreuves pour atteindre au degré le plus haut et le pur de l'Amour, Lancelot s'y pliera mais une seconde d'hésitation devant l'avilissement lui vaudra les froideurs et le ressentiment de sa Belle, qui s'avère être une véritable "tête à claques" pour nous, lecteurs du XXIème siècle, mais qui agit conformément aux exigences de la geste traditionnelle.
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Dans ma jeunesse, j'avais adoré Tristan et Iseult. Je m'attendais à être vraiment séduite mais j'ai été plutôt déçue.
Lancelot aime la Reine Guenièvre, épouse du roi Arthur. Lorsque celle ci est enlevée par le chevalier Méléagant, il fera tout pour la délivrer y compris sacrifier son honneur en montant sur la charrette des condamnés. Dame Guenièvre ne lui en est même pas reconnaissante.
Je n'ai pas été emballée par cette histoire. J'ai trouvé Lancelot mou du genou (mince c'est un chevalier de la table ronde quand même !) et Guenièvre exaspérante.
Leur histoire d'amour ne m'a vraiment pas faite vibrer.

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J'ai lu ce livre en terminale, je vous avoue que si on ne m'avait pas obligé à le lire, je ne l'aurais jamais choisi; heureusement qu'il était au programme de cette année là car je garde encore ce livre précieusement. On pourrait avoir peur de cette histoire qui a été écrite au Moyen Age dans un genre littéraire dit désuet, pourtant toute l'histoire est basée sur les sentiments d'un homme pour une femme et qui par amour, va braver son honneur de chevalier et d'homme. On croit souvent à tort que la littérature du Moyen Age est dépassée, est sans intérêt ; cependant elle est plus contemporaine que l'on ne croit. Elle est basée sur la recherche de la profondeurs des personnages et leur rapport aux autres. Par ailleurs cette période a beaucoup influencée les écrivains et les artistes du 19e, elle fascine encore aujourd'hui ne serait que par les thèmes abordés notamment au cinéma.
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J'ai beaucoup aimé ce livre, car Chrétien de Troyes parvient à nous captiver à l'aide de nombreux rebondissements. Il est aussi intéressant de voir le côté médiéval de l'histoire, composée de la réalité historique, mêlée à la légende celtique. Dans cet ouvrage, j'ai aimé Lancelot. Il est fort, et prêt à tout sacrifier pour la Reine Guenièvre.
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Cela commençait bien mal à la cour du roi Arthur. le monde à l'envers pour un roi : le voici qui laisse partir son épouse- la belle Guenièvre- afin de délivrer les habitants de son royaume. Compterait-elle moins pour lui que son peuple ? Fort heureusement Keu se comporte en chevalier en accompagnant la reine mais le voilà bien mis à mal et la reine réduite à l'état de sujet (prisonnière) à la cour de Méléagant. Notre roi Arthur n'est guère avancé. Point d'épouse. Point de peuple.


Lancelot, preux chevalier et quelque peu amoureux, propose son aide afin d'aller délivrer la belle. Après moultes étapes franchies avec brio, il arrive enfin au Royaume de Bademagu. Là il vainc Méléagant, fils de Bademagu, mais ne trouve grâce auprès de Guenièvre laquelle semble avoir retourné sa cape depuis l'heureuse issue du combat.
Lancelot parti et fait prisonnier, voici la reine qui visiblement empreinte de sentiments contradictoires se lamente en craignant le pire. Cet amour semble bien tourmenté et torturé puisque Lancelot lui, tente le suicide en pensant que Guenièvre ait pu se laisser mourir de chagrin.


Bademagu va donc réconforter sa prisonnière quant au sort de Lancelot et une fois revenu au royaume, notre brave chevalier approche enfin la reine Guenièvre et ils conviennent d'un rendez-vous à la nuit tombée. Toutes les marques de courtoisie, de distances et de déférences semblent disparaître bien vite lorsqu'il s'agit d'amour puisque les voilà réunis sous le même toit, dans le même lit, dès leurs retrouvailles.

Alors même qu'il aurait pu clore là son récit, voici Chrétien de Troyes qui n'épargne pas d'autre injustice, d'autre emprisonnement, d'autre combat à notre Lancelot qui fort heureusement a gardé toute vaillance pour honorer son titre de chevalier.
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J'ai lu ce livre dans le cadre d'une sorte d'épopée médiévale dans laquelle je me suis lancée. En effet, je me suis récemment rendue compte que, mis à part Yvain ou le chevalier au lion que j'avais lu en 5ème, ma culture moyenâgeuse était désespérément pauvre. Pourtant ce n'est pas le nombre d'ouvrages venant de cette époque qui fait défaut. Ce serait plutôt la faute à mes préjugés concernant le style d'écriture de ce genre de roman. Néanmoins, je me suis sentie bien bête d'avoir à avouer que je n'avais jamais lu Tristan et Iseult quand on m'en a parlé. Ni une ni deux, je comble mes lacunes!

J'ai commencé cette aventure au pays des preux et nobles chevaliers avec Lancelot ou le chevalier de la charrette. Les fans de Kaamelot version Astier auront sans doute du mal à voir le rapport entre le personnage décrit par Chrétien de Troyes et le chevalier solitaire de la mini série humoristique. En effet, les noms de personnes et de lieux (et très vaguement l'histoire) sont bien les seuls points communs à ces deux histoires.

Le personnage de Lancelot n'est nommé qu'à la moitié du roman. Avant il n'est question que du "chevalier". Et là, vous vous demandez pourquoi "de la charrette"? La réponse est simple. Pour retrouver sa belle enlevée par un roi ennemi, Lancelot n'hésite pas à grimper sur une charrette de l'infamie, qui sert habituellement à transporter voleurs, assassins, escrocs... de fait, sa réputation en est un temps entachée. Mais pour cet amoureux, rien d'autre ne compte que de délivrer son aimée. J'imagine qu'à l'époque, ce simple fait relève de l'héroïsme, mais j'avoue avoir eu du mal à me sentir impressionnée par le comportement de Lancelot. Ah, le roman courtois! de même, dans tous les combats (et il y en a!), je suis restée assez froide à la bravoure du chevalier.

Autre détail qui m'a marquée, contrairement au Guenièvre (aux blanches fesses) et Lancelot de Kaamelot, ni l'un ni l'autre ne peuvent être qualifiés de chaste. C'est bien connu, dans la version "originale", les deux amants consomment leur union. J'en ai été bien surprise puisque je ne m'attendais pas du tout à ce que ce genre de roman ose décrire l'adultère aussi profondément. J'aurai bien aimé que le roi Arthur intervienne dans cette affaire puisqu'il est quasiment absent de tout le roman. On le voit bien trop peu à mon goût. Toujours est-il que la relation entre la reine et le chevalier n'est en rien équivoque, nous menant loin d'un roman de vertu.

Pour finir, ce qui m'a permis d'apprécier ma lecture, ce sont toutes les heureuses coïncidences, rencontres fortuites, incohérences,... qui jalonnent l'histoire. C'est contradictoire, mais j'ai beaucoup ri de voir que malgré tous ses défauts, cette histoire parvienne encore à fasciner. Quand on referme le livre, on se dit: "ok, c'est n'importe quoi, n'empêche que c'est génial". Et le pire, c'est qu'à part vous dire que ça m'a amusée, je suis incapable de vous expliquez pourquoi ça m'a plu!

Même en version modernisé, ce texte est difficile à lire. On décroche sans peine et on perd complètement le fil de l'histoire. Mieux vaut donc ne pas le lire le soir avant de dormir. Néanmoins, une fois qu'on a pris le pli, on arrive à apprécier l'histoire pour ce qu'elle est, et c'est très plaisant.
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Ah l'amour courtois... comme c'est bizarre... Ainsi donc, le brave Lancelot, meilleur chevalier d'entre tous les chevaliers, se ridiculise au nom de son amour pour la reine. Reine qui, soit dit en passant, trompe allègrement le roi Arthur sans l'ombre d'un remord...

Le personnage de Lancelot dans cette version de l'histoire est particulièrement fade. Il ne vit que pour la reine, pour faire ce qu'elle lui demande, peu importe si cela le ridiculise auprès de tous. Peu importe même qu'il risque sa vie pour un caprice puérile. Pas beaucoup de caractère donc... Et puis surtout, il est quand même particulièrement stupide (cf le traquenard du nain...)
du coup, l'histoire est plutôt fade. Les personnages ne sont pas très construits, le récit reste très superficiel du début à la fin.

Après bien sûr, il faut remettre le livre dans son contexte, soit le moyen-âge, et son "amour courtois". Je ne regrette donc pas d'avoir lu ce livre, pour son intérêt historique :-) Mais au final, je pense que ce roman a assez mal vieilli...
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Quel plaisir de relire ce classique fondamental du récit de chevalerie. Aller secourir Dame Guenièvre, c'est pour Lancelot l'occasion de montrer rassemblés tous les idéaux de la chevalerie : modestie, courage, abnégation, amour pur (quoique adultère...), force et volonté.
Un personnage complexe que j'ai toujours beaucoup aimé, plein de contradictions et en même temps admirable.
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