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Critique de saigneurdeguerre


C'est l'histoire d'un gars qui est ce qui se fait de mieux à son époque : un chevalier sans peur et sans reproche… Sans reproche ? Mouais… En tout cas jusqu'à ce qu'il se marie… Bon ! Je vous vois venir avec vos gros sabots… Vous vous dites sûrement qu'il l'a trompée ! Mouais ! Vous avez raison… En partie seulement…
Mais commençons par le début, voulez-vous ?
Il était une fois un très beau chevalier, fier, courageux, solide comme un roc et respectant d'au plus près les règles de la chevalerie courtoise. Un jour, il entendit parler, par la bouche de son cousin germain, Calogrenant (avec un nom pareil, c'est le ridicule qui devrait le tuer et non un solide adversaire) d'une fontaine magique située dans un endroit pratiquement inaccessible où, en suivant un rite indiqué par un géant moche au possible, on se retrouvait face à un chevalier tellement redoutable qu'il vainquait tous ses adversaires, et de ce fait s'emparait de leurs montures, tradition oblige, plongeant dans la honte le vaincu. Mais que voilà un beau défi pour notre coeur vaillant qui n'a rien d'autre à faire dans la vie que de se battre. Seulement, le roi Arthur a décidé d'aller rendre une petite visite à la fontaine en question, accompagné de ses chevaliers de la table que la tradition veut ronde. Yvain décide de le prendre de vitesse pour tirer à lui toute la gloire. Il se met en route. Je vous épargne les détails afin que vous ne piquiez pas du nez. Il arrive à la fontaine, exécute les consignes, la tempête, d'une rare violence se déclenche et tatadzoum tamtam, le terrible et invaincu chevalier se présente. le combat est d'une rare violence et notre héros, Yvain, fend le crâne de son adversaire qui s'enfuit à cheval pour aller mourir en son château poursuivi par un Yvain qui tombe dans un piège terrible puisque sa monture est coupée en deux. S'il ne s'était penché en avant pour attraper son adversaire, il aurait été tranché comme un bout de gras entre les mains expertes de mon boucher. Mais le voilà coincé dans un réduit fort peu hospitalier. Heureusement pour lui, une gente et belle demoiselle vient à son secours et lui offre une bague qui le rend invisible aux yeux de la maisonnée qui le cherche car la veuve du chevalier qu'il a estourbi en veut énormément à celui qui a occis son malabar d'époux. Son amour pour ce dernier était d'autant plus fort qu'il était le rempart protégeant ses terres de la convoitise d'autres seigneurs. La veuve se lamente bien fort et jure qu'elle fera payer de sa vie la perte de son époux au traître qui a vaincu son casse-trognes de mari. La belle et jeune demoiselle a un plan pour sauver le bel Yvain : lui faire épouser la veuve ! Elle lui donne un bain et le rend tout-à-fait présentable. Entre temps, notre fier chevalier a vu la veuve et en tombe follement amoureux car jamais on ne vit plus jolie femme ! Notre brave et belle jeune fille fait comprendre à sa dame que plutôt que d'occire celui qui vient de faire passer de vie à trépas son époux, elle ferait mieux de se marier avec lui afin d'avoir un protecteur pour ses terres… La veuve commence à se dire que tout compte fait il y a de l'idée, mais comme elle ne veut point acheter un chat dans un sac, elle demande d'abord à voir la marchandise ! Aussitôt, le bel Yvain se présente devant elle fou d'amour, la veuve ne le trouve pas si mal fait que ça et en deux coups de cuiller à pot, la noce est organisée. La veuve redevenue joyeuse perd son veuvage et se retrouve l'épouse aimante du BBBC (beau, brave et bon chevalier).
Ciel ! Que vois-je ? le roi Arthur et sa clique se présentent à la fontaine. Il procède aux ablutions (tempête, bourrasques violentes, pluie ravageuse) … Yvain se présente, dissimulé par son heaume. Messire Keu, langue de vipère, jaloux notoire, demande au roi l'honneur d'affronter le chevalier. le roi Arthur lui concède ce menu plaisir. Mais Yvain fait mordre la poussière à ce prétentieux de Keu qui se retrouve la queue entre les jambes (où voulez-vous qu'il la place, autrement ?). Au lieu de prendre son dû, le fier destrier de cette andouille de Keu, il le rend à Arthur lui affirmant qu'il ne pourrait prendre un bien qui appartient à son suzerain. (Snif ! Que c'est beau la chevalerie !) le roi demandant à voir la tête de ce noble adversaire est tout surpris de constater qu'il s'agit de l'un de ses grâcieux chevaliers. Oh, comme les copains sont heureux de retrouver Yvain ! Chouette ! Youppie et tralala ! Yvain invite le roi et sa suite à venir festoyer en son château (c'est à lui, maintenant qu'il a épousé la châtelaine, ex-veuve éplorée, jeune épouse comblée). le roi lui fait l'insigne honneur de rester chez lui huit jours à boustifailler, chasser et pêcher en compagnie de sa cour qui profite du grand nombre de gentes dames. Au moment du départ, l'entourage du roi s'évertue à convaincre Yvain de les accompagner. « Non, mais quoi, gamin ! Tu ne vas pas rester là à te rouiller encore plus vite que ton armure ! Allez ! Bouge tes fesses et viens tournoyer avec nous ! »
Bon, bein, notre brave chevalier va demander à sa tendre moitié qu'il vient à peine d'épouser un petit congé pour aller se faire quelques tunes en tournoyant ici et là. L'ex-veuve éplorée et récente épouse comblée lui accorde un congé d'un an, mais il faudra que son chéri revienne avant qu'un an ne soit écoulé…
Et c'est à ce stade que j'arrête de spoiler en vous laissant confrontés aux affres douloureuses de l'incertitude si peu certaine : le chevalier va-t-il tenir sa parole et rentrer chez bobonne à heure et à temps ?

Critique :

Mon Dieu ! Dire que l'éducation nationale française recommande la lecture de cet ouvrage ! Pauvres enfants ! N'a-t-on rien de mieux à leur proposer que cet amoncellement de pitreries sensées donner l'image d'une chevalerie dotée de toutes les qualités (courtoise, se mourant d'amour pour les jolies dames et toujours occupée à se bagarrer ou à chasser) ?
Ce roman est déplorable et sans aucune consistance. Juste digne d'une émission de téléréalité. La seule excuse de Chrétien de Troyes, c'est qu'il est un précurseur… On est en quelque sorte à l'école prématernelle de l'écriture romanesque. Il faut bien débuter un jour…
Bref ! Si vous connaissez les Monty Python et leur recherche du saint Graal, vous rigolerez peut-être en lisant cet ouvrage, mais de grâce, évitez à vos enfants cette lecture qui leur prouverait que vous ne les aimez pas et que vous laissez libre court à votre sadisme ! (On en a condamné pour moins que ça !)
Comment ça, je ne suis pas objectif ???
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