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EAN : 9782264045409
190 pages
10-18 (20/08/2009)
3.48/5   26 notes
Résumé :
« Étrange lune embaumée, couleur d’os, qui me fixe de ses yeux de cadavre. Et c’est seulement alors qu’une révélation me perce le cœur, par-delà les années et les voix, par-delà les deuils et les visages de cette vie mienne où je rôde comme la gale à travers la foule assourdie, pourchassant l’ombre fuyante des êtres chers, prenant mon impatience pour de la foi, mes rêvasseries pour des vertus, mes errances pour un destin – et c’est seulement alors, le visage tourné ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Sylvain Trudel est un écrivain né à Montréal : il s'est illustré par de nombreux livres pour la jeunesse, par plusieurs romans dont «Du mercure sous la langue» qui a remporté le prix des libraires du Québec en 2002 et plusieurs recueils de nouvelles.
«La Mer de la tranquillité», dont il sera question ici a remporté le prix du Gouverneur général en 2007 : ces neuf nouvelles ont été éditées (ainsi que «Du mercure sous la langue» ) par la maison canadienne «Les Allusifs», dans une jaquette sobre et très attractive pour les amateurs de photos en noir et blanc : un parc, avec banc, arbres et silhouettes dans le lointain.

Ces nouvelles se présentent presque toutes comme des récits à la première personne d'enfants, d'adolescents ou de jeunes adultes en proie au désenchantement de la vie et au questionnement religieux. La vision est très noire : l'homme souffre ; il y a la misère, la maladie, la vieillesse, la laideur du monde industriel, l'alcoolisme, la mort. Bien sûr, il y a l'amour, mais il est toujours moins certain que la monotonie désespérante du quotidien et les calamités qui tôt ou tard s'abattent.
La question est bien : et Dieu dans tout ça ? Que fait donc Dieu ? Ou ce super salopard n'existe pas, ou il n'est pas parfait. Dans les deux cas, nous sommes des dupes. Et dans un monde sans Dieu (ou avec lui, mais est-il encore Dieu ?) que deviennent la bonté, la compassion, toutes les vertus humaines que nous sommes supposés développer dans notre coeur pour ne pas devenir de vieux croûtons haineux ?

Trudel sait, à travers un style très riche, très photographique, poser toutes ces questions, non comme des interrogations métaphysiques d'étudiants en philosophie réunis au bistrot, mais comme des doutes qui tenaillent la chair et l'âme, lancinants et cruels. A travers les paysages du Canada, ses villes, ses ponts, ses zones industrielles, le cheminement est long et sans repos.

Les jeunes héros de ces nouvelles sont aux prises avec une réalité qui les déborde et les enlise. Ils savent que s'ils ne sauvent pas une parcelle de leur idéal, ils verseront du mauvais côté et participeront au fonctionnement de la machine à broyer les êtres.

J'ai beaucoup aimé cet élan de sincérité et la ciselure du texte.
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Un livre a ne pas ouvrir si vous êtes a deux doigts de passer à l'acte. Je ne voudrais pas ici être accusé d'inciter au suicide... Quoique la méthode homéopathique de soigner le mal par le mal peut faire son effet...
Neuf petites novelettes d'une noirceur de suie avec comme hypothétique espoir la révélation d'un monde vide de sens où le plus souhaitable est d'en finir le plus tôt possible.
Dans la nouvelle éponyme : La mer de la tranquillité, une conversation s'engage entre un vieil homme malade et un adolescent SDF . La conversation de l'aïeul n'est qu'une longue plainte : Job sur son fumier, l'homme se lève et part ; l'ado se cherche un coin dans le parc pour passer la nuit. C'est tout et c'est d'une tristesse désespérante : pas d'espoir , rien.
Trois autres titres pour l'ambiance : "La mort heureuse", "Epiphanies","Vaisseau négrier". Dans cette dernière (et la dernière du recueil) un homme atteint d'un cancer incurable écrit à son fils une lettre de mise au point , une lettre de diatribes acerbes et désespérées.

"Quoi que je fasse, je suis déjà un petit tas de cendres refroidies et je ne possède plus rien, ni ma terre natale ni l'eau de mon baptême, et j'exècre mon corps fait de restes d'humanité contagieux qui affleureront jusqu'en des pays lointains où l'on aura pas la moindre idée des poisons que le ciel charroie, mais où les miasmes de mon être reparaîtront comme des fièvres cérébrales ou des nodules nécrosés dans les viscères d'un homme qui ne ressemblera à personne et qui se demandera à son tour, dans la solitude de ses nuits et la désolation de son époque, s'il ne serait pas un pauvre déchet venu d'un temps où l'on ne possédait rien, ni sa terre natale ni l'eau de son baptême".

Vous en voulez encore ? Je ne connaissais pas cet écrivain canadien (Québec) , sa prose me fait penser à un Houellebecq qui n'aurait même plus le plaisir masochiste de goûter sa dépression ("On se console souvent d'être malheureux par un certain plaisir qu'on trouve à le paraître" La Rochefoucault). Toutes ces nouvelles mettent en scène un jeune garçon, un ado qui se trouve confronté à un instant précis au grand dévoilement de la vie. Il y a la vie telle qu'on voudrait qu'elle fût (souvent racontée dans le Québec des années 60 par la religion catholique omniprésente) et puis le réel s'invite brutalement par un hiatus qui fait advenir LA vérité, c'est à dire, en gros pour Sylvain Trudel, que le Monde est vide et se résume a une histoire de fou racontée par un aveugle.
A cet égard emblématique est la quatrième nouvelle : "Le quadrille à maman Maïs". Jano un ado idéaliste fugue de chez lui dans l'hiver Montréalais , il veut "sauver" une âme. Il rencontre successivement un clochard , une prostituée (Maman Maïs). Il paye à manger au premier et offre son manteau à la deuxième : " Jano sourit doucement, retira son parka et en enveloppa les épaules de Maman Maïs. "Faites attention à vous", dit-il, puis il s'enfuit à toutes jambes vers le centre-ville en se battant les flancs. Il courait mal, éperdu, sans se retourner vers son passé qui mourrait à mesure dans son sillage. Ses jambes se déboîtaient , ses bras se déglinguaient, on aurait dit un pantin désarticulé. Debout près de l'abribus, pensive comme une statue,la jeune femme vit la silhouette de Jano rapetisser peu à peu, jusqu'à s'effacer dans les lointains mornes et pluvieux, puis elle ôta le parka de ses épaules, le laissa pendre dédaigneusement au bout d'une phalangette, le renifla en faisant la grimace et le flanqua à la poubelle".
Pour combattre le mal par le mal je conseille de lire cet opus en écoutant de la musique triste, très triste....par exemple il y a de bons exemples dans les adagios des symphonies de Gustav Malher. Vous verrez ça ira tout de suite mieux !
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Plutôt que de déclarer de but en blanc que je n'ai pas aimé ma lecture, je préfère essayer de nuancer dans la mesure du possible.
Tout d'abord, le gros problème de cette lecture a été que je n'ai, de prime abord, pas compris qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles. du coup après être complètement passée à côté de la première appelée "Epiphanies", j'ai mis plusieurs pages avant de comprendre que "Deux visages" n'était pas le titre du deuxième chapitre, mais bel et bien le titre d'une deuxième nouvelle - oui, là c'est ma faute...
Forcément pour entrer dedans, bah c'était plus compliqué.

S'y ajoute le fait que certaines nouvelles étaient pour moi dénuées de sens excepté pour dire que l'espoir est mort et qu'il n'y a rien à attendre de la vie. Fin franchement je pense qu'il ne faut pas le lire à n'importe quel moment, ce livre peut donner des idées sombres. L'auteur met en scène des personnages fantomatiques ou dénués d'intérêt qui n'ont d'autres buts que d'errer, d'attendre quelque chose qui ne semble jamais venir.

Pour être honnête je ne sais pas si c'est moi qui aies un problème de compréhension, mais j'ai eu du mal à comprendre ce que je lisais par moment. J'ai eu le sentiment que l'auteur tournait en rond et qu'il parlait pour ne rien dire - enfin, je parle d'auteur, mais je veux plutôt dire narrateur.
C'est donc un démarrage assez long, des passages par moment incompréhensibles et des personnages assez repoussants.

Dans ces neuf nouvelles on n'apprend rien, si ce n'est que le monde est gris, solitaire et sans espoir. D'ordinaire c'est un postulat qui m'aurait plu, si je n'avais pas eu tant de mal à comprendre où l'auteur voulait en venir, enfin, si je n'avais pas chercher à comprendre quelque chose là où il n'y avait peut-être rien.

Même si j'ai eu du mal avec la plupart des nouvelles, j'ai néanmoins aimé la quatrième qui se nomme "Le quadrille à maman Maïs". J'ai trouvé cette nouvelle drôle, remplie d'errances et de générosité. Oui, celle-ci m'a plu. Après, je ne suis pas certaine que l'auteur voulait en faire une histoire drôle, après tout, il s'agit quand même d'un garçon qui veut récupérer son âme, et qui pense qu'il faut faire de bonnes actions pour cela. Sa rencontre avec la prostituée m'a amusé et je n'en demandais pas plus.

Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Je n'ai pas aimé les univers ni les histoires proposés dans ce recueil de nouvelles. La plume génial de Sylvain Trudel n'est pas parvenue à me convaincre de terminer cet ouvrage, par ailleurs louangé ailleurs (http://www.lapresse.ca/arts/livres/entrevues/201310/04/01-4696599-sylvain-trudel-revivre-et-reecrire.php). Dommage.
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critiques presse (2)
LeDevoir
02 décembre 2013
Un texte sinueux aux accents autobiographiques, avec lequel Trudel fait peut-être ses adieux à la littérature, qui sonne comme un clou supplémentaire dans un cercueil déjà bien plombé.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
07 octobre 2013
Peut-être l'un des plus beaux livres de la littérature québécoise [...] À défaut d'un nouveau titre, cette version révisée et augmentée par l'auteur est un merveilleux prétexte pour relire les nouvelles de Sylvain Trudel, un orfèvre des mots. Et c'est le même éblouissement que nous ressentons à cette relecture.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Ce soir-là, avant de nous quitter, mon parrain m'entraîna de nouveau dans ma chambre pour m'offrir son présent seul à seul, d'homme à homme. J'avais déjà reçu une bible, une montre, un dictionnaire... C'est alors que mon oncle Bernard fit un tour de passe-passe et sortit des pans de son veston un magazine pornographique qu'il posa sur mon oreiller.
«Oublie un peu la catéchèse et étudie les sciences naturelles.»
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- Je comprends pas.
- Pas grave. De toute façon, personne ne sait rien de rien, mais il faut toujours envisager le pire, parce que, le pire, , c'est le propre de l'homme.
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Et je frémissais au pied de la Vierge dorée qui régnait sur la nef du haut de sa pitié froide, certain que Dieu vivrait toujours malgré tout, que rien ne pourrait jamais le tuer de chagrin, pas même la tristesse et le désespoir des malheureux, pas même la souffrance des malades et des innocents.
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L’angoisse de la nuit proche me noue la gorge et j’aimerais me cramponner aux gens pour leur arracher des lambeaux d’amitié, mais c’est en toussant et en crachant que je vois les derniers fantômes disparaître au loin, mêlant leur ombre aux ombres des bonheurs insensés, bonheurs secrets et inconcevables qui sanctifient des hommes et des femmes, au hasard, comme la foi, mais qui abandonnent les damnés au bord des chemins.
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«Judas a osé vendre Jésus pour trente deniers. C'est scandaleux! Le Christ valait plus que ça. Moi, j'en aurais demandé cent pièces d'argent.»
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Videos de Sylvain Trudel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Trudel
Grand entre­tien avec l'écrivaine Juliana Léveil­lé-Trudel, dont le plus récent roman, On a tout l'automne, explore la vie en com­mu­nauté dans le Nord, où le temps passe à un rythme sin­guli­er. C'est un retour très atten­du en lit­téra­ture pour adulte, après le suc­cès qu'elle a con­nu grâce à Nir­li­it à La Peu­plade en 2015 et celui de ses ouvrages pour la jeunesse aux édi­tions Crackboom.
Le Site Web du #SalonDuLivreDeMontreal : https://www.salondulivredemontreal.com/
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