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EAN : 9781090565075
Rue du départ (25/05/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Voyageurs arrêtés au Havre près du port, Gio, Irène et les autres se rencontrent au tournant d'une vie dépensée. ils se tiennent chaud face aux coups du sort. Pas encore vieux, plus si jeunes, ils ont cassé leurs rêves mais sont prêts à en vivre d'autres. Une écriture, un rythme. Une histoire, du réel, un hommage à Gio et ceux qui lui ressemblent, les Indomptés.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
VAUT MIEUX PARTIR, Françoise Truffaut, éditions Rue du Départ, Le Havre 2016

Voilà enfin un livre auquel vous ne vous attendiez pas : original, personnel, c'est peu dire. Etant donné ce que sont nos habitudes de lecteurs, son trait le plus remarquable est qu'on ne voit vraiment pas à quel autre il ressemble, et dans quelle catégorie on va le ranger. Cherchant ailleurs que dans les livres, le plus juste serait sans doute de le rapprocher d'une chanson de Jacques Brel. Pas seulement parce qu'il y est fait plusieurs fois allusion dans Vaut mieux partir, pas seulement parce que Jacques Brel lui-même est parti, comme chacun sait, ni parce que beaucoup des souvenirs évoqués se passent en Belgique, et qu'une place importante y est faite à la langue flamande ; mais pour des raisons plus profondes qu'on n'ose à peine dire pour ne pas tomber dans le genre prétentieux, ce qui serait un contresens absolu, cela du moins, affirmons-le.
Eh ! oui, c'est pourtant bien vrai que la question est de savoir ce qu'on fait de sa vie et encore plus comment on s'arrange avec la mort, quand elle pointe de près son vilain nez. le personnage principal du livre, qui s'appelle Gio, a inventé ses solutions mais les gens prudents ou tout simplement normaux, c'est-à-dire ordinaires, diront qu'il l'a fait à ses dépens puisque, selon une formule connue, il lui a fallu constater que boire nuit gravement à la santé. Cependant, il n'a pas fait que boire, et aussi longtemps qu'il l'a pu, il a aussi bourlingué. Quand on le découvre au Havre, en compagnie de sa soeur la Parisienne Marion, il est mal en point et sédentarisé. On a déjà compris à lire le titre du livre que cela finira par un ultime départ dont on ne saura rien. En fait le récit que nous lisons se place juste auparavant, et successivement en deux temps : d'abord la vie de Gio au Havre, dans un groupe de marginaux qui eux aussi, pour le meilleur ou pour le pire, ont fait leur choix ; ensuite Gio et son mutisme après une opération des cordes vocales —un cancer évidemment—qui le met aux prises avec la douleur ou plutôt les douleurs car elles sont de toute sorte, physique, mentale, sociale, et s'y ajoute l'angoisse de voir que les autres le croient fou.
Ce que vit Gio est pathétique, c'est incontestable, autant que sont drolatiques certaines des turbulences qui agitent le petit monde de ses compagnons, dans la première partie du moins, et alors même que le tragique n'y manque pas non plus. Mais nous percevons tous ces aspects du livre et sommes ballotés des uns aux autres tout autrement que s'il s'agissait d'un récit réaliste voire naturaliste qui nous mettrait en position d'observateurs. Ils nous parviennent à travers la caisse de résonance que constitue Marion, soeur de Gio dont la complexité nous est laissée en partie à deviner, car c'est surtout de son passé commun avec son frère qu'il est question dans le livre ; elle cumule chagrin et culpabilité avec une sorte de fascination pour tout ce que sa vie—la nôtre—s'emploie efficacement à masquer, quitte à boucher sans vergogne et obstinément des failles comme celle dans laquelle nous plonge « Vaut Mieux Partir ».
On pourrait détailler la manière dont l'auteure s'y prend pour nous mettre le nez dessus —expression un peu triviale mais qui correspond au choc qu'en effet le lecteur ressent. Non, cela ne ressemble pas à de la prose ordinaire et nous y perdons ce qui ordinairement nous sert d'encadrement, par exemple la ponctuation et une bonne partie de la syntaxe. Pour ce qui est de l'insertion des brefs messages par lesquels Gio s'exprime quand il a perdu la voix, aucune manière d'en parler, il faut les voir. Ils ont à l'image de ce bref récit, qui ne raconte pas mais se ressent. Il propose une expérience de lecture que chacun vivra comme il le pourra, se protégeant—ou non—contre son émotion.

Denise BRAHIMI – Universitaire, critique littéraire

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