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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman serait un livre-culte pour la "génération mai 68" ; un film tout aussi fameux, sinon davantage, en aurait été tiré. Sauf que je suis né bien après 68, et que mon inculture cinématographique est, hélas ! assez abyssale... Je ne savais donc rien de "Johnny s'en va-t-en guerre" avant d'en entamer la lecture, hormis qu'il s'agissait d'un roman antimilitariste mettant en scène un jeune Américain engagé dans la Grande Guerre. J'ai été surpris, et plutôt deux fois qu'une.

Première surprise, et première contrariété : les scènes de guerre sont quasi inexistantes. Espérant lire une sorte de "Red Badge of Courage" version 14-18 dans lequel le personnage principal ne deviendrait jamais un héros, j'en fus pour mes frais. Cloué à son lit d'hôpital, réduit à l'état d'homme-tronc, Joe Bonham se souvient : de ses parents, de ses copains, de ses amours, de ses petits boulots, mais pas du combat, ou si peu.

Deuxième surprise, et deuxième contrariété : le style d'écriture. Ce n'est pas tout à fait un style oral à la manière du "Voyage au bout de la nuit" même si on s'en approche parfois. le problème qui dans un premier temps me parut insurmontable tient à l'absence totale de virgules : chaque phrase semble prononcée dans un seul souffle, sans pause, sans accentuation, comme le ferait un comédien débitant son texte sans le comprendre. le résultat est très déstabilisant.

Avec ces deux contrariétés initiales, j'ai pu craindre le pire. Dans mon esprit, ce roman a débuté à deux étoiles : le fond est intéressant sans être passionnant, mais c'est illisible, jamais je n'irai au terme des 300 pages avec un style pareil. Il est passé à trois étoiles au bout d'une cinquantaine de pages : finalement on s'habitue à cette écriture si particulière, et ce pauvre gars commence à devenir attachant. Puis, une fois passée la moitié, après de passionnantes réflexions sur la liberté, la démocratie, la valeur de la vie, je savais que je tenais un très bon roman et que celui-ci me passionnerait jusqu'à la dernière ligne, méritant largement ses quatre étoiles.

Je ne sais pas si la lecture de "Johnny s'en va-t-en guerre" m'aura rendu plus sensible à l'absurdité de la guerre : je continuerai sans doute d'osciller entre horreur et fascination pour ce qui constitue, et ce depuis l'époque de l'homme des cavernes, l'une des grandes affaires humaines ; il n'est pas dit que le malheureux Joe Bonham aura fait remporter une victoire décisive à la partie de moi-même fondamentalement antimilitariste, au détriment de celle qui rêve aux exploits guerriers d'Alexandre et de Napoléon, aux hussards et aux chevaliers... En revanche ce qui est certain, c'est que ce roman m'aura offert un moment de lecture émotionnellement très fort, et je sais que je le relirai.
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Un réquisitoire contre la guerre, un ouvrage de référence pour les pacifistes, qui ramène la vie à sa juste valeur. Ce récit qui narre le désespoir d'un blessé de la guerre de 14 est d'une actualité frappante ! Il nous plonge dans l'absurdité des conflits et ses drames humains à travers les souffrance du protagoniste dont le seul moyen d'expression est la pensée intime. A conseiller vivement à tous les va-t-en-guerre....
De plus je vous invite à visionner le film produit par l'auteur, aussi troublant et poignant que le roman.
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Cette violente charge anti-militariste de Dalton Trumbo est sans conteste un livre à lire au moins une fois dans sa vie de lecteur. Ne serait-ce que pour toucher du doigt l'horreur et l'absurdité de toutes guerres. Un livre qui relate le combat intérieur d'un mutilé de la grande guerre 14/18 du nom de Joe Bonham. Ayant eu les membres et une partie du visage arrachés par un obus. Lui supprimant au passage l'usage de la vue, de la parole, de son ouïe et de son odorat. Un homme-tronc dans l'incapacité de communiquer et dont la conscience toujours intacte est enfermée dans ce corps définitivement brisé.
Le récit oscille entre ses souvenirs d'avant-guerre. Et ses réflexions intérieures sur la prise de conscience de son état. Trumbo à travers Joe Bonham fait part de sa philosophie pacifiste. Pointant du doigt ceux qui décident de sacrifier toute une génération d'hommes pour leurs propres intérêts. Il dénonce aussi le traitement réservé aux blessés et mutilés de guerre. Des témoins gênant de l'atrocité de la guerre, finalement plus difficiles à gérer que les hommes tombés au champ d'honneur. Car ils portent dans leur chair des raisons valables pour la démobilisation générale.

Je dois, malgré tout, reconnaître que si le fond est pertinent et touche le lecteur au plus profond de son être. La forme, elle, est déconcertante et n'est clairement pas du même niveau. J'ignore si c'est un effet de style ou une bizarrerie de la traduction française, mais l'absence de ponctuation (virgules, points-virgules) rend la lecture suffocante. Dans certains passages on est pratiquement en apnée. Et on se prend par moment au gré des pages à placer soi-même, virtuellement, les éléments de ponctuation manquants. On s'y fait au bout de quelques pages, mais je pense que pour des lecteurs exigeants, ça peut être un motif d'abandon.

« Johnny s'en va-t-en guerre » écrit en 1938, verra sa publication retardée pour cause de second conflit mondial. Il trouvera un premier écho après guerre, lors du conflit en Corée. Mais ce sont surtout les milieux pacifistes contre la guerre du Vietnam qui vont s'en emparer à la fin des années 60.
Dalton Trumbo (scénariste pour Hollywood) adaptera lui-même son roman sur grand écran en 1971.
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« Vous aurez peut être la chance de mourir pour votre pays. Mais il se peut que vous ne mouriez pas il se peut que vous reveniez dans cet état.»

Le jeune américain Joe Bonham revient des tranchées comme un morceau de viande. Vivant mais atrocement mutilé, alité dans un hôpital européen. Cette vie gâchée, médite, repense à sa jeunesse. Sa souffrance physique, morale, l'amène à essayer de communiquer avec le personnel pour pouvoir être exposé comme séquelle de guerre .

C'est un récit intimiste fluide et remarquable qui implique le lecteur, dont la mélancolie et le sarcasme renvoient à l'absurdité de tous les conflits armées, à la survie malgré l'infirmité cruelle et à l'exigence de la responsabilité des donneurs d'ordre.
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