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Critique de Lazlo23


« Une si jolie petite guerre : Saïgon 1961-1963 », de l'auteur franco-vietnamien Marcelino Truong, est un livre attachant.
Entre chronique familiale et document, ce roman graphique nous plonge dans les prémisses de ce qu'on appellera la guerre du Vietnam, mais qui n'était encore à l'époque qu'une guerre civile entre Vietnamiens. Au nord, une dictature communiste, dirigée par Hô Chi Minh ; au sud, une autre dictature, celle de Ngo Dihn Diêm , mandarin catholique soutenu par les Etats-Unis et combattu par les Viet Cong, partisans à la solde du nord.
Avec humour et réalisme, l'auteur nous raconte au jour le jour, et du point de vue de l'enfant qu'il était alors, le lent effondrement du régime de Diêm et l'implication de plus en plus évidente des Américains dans un conflit perdu d'avance.

Mais la part la plus intéressante de ce livre, où abondent extraits de lettres, photographies et documents d'époque, tient à mon avis au parallèle qu'établit Marcelino Truong entre le destin de son malheureux pays et son histoire familiale.
A l'image du Vietnam, la famille du narrateur se trouve en effet à cheval entre plusieurs cultures et plusieurs langues : sa mère est française, son père vietnamien ; à la maison, on parle aussi bien le français, que le vietnamien ou l'anglais. Toutes ces influences cohabitent fort bien.
Hélas, cette interminable guerre, qui divise le pays, finit aussi par fracturer la société : dans beaucoup de familles du sud (dont celle de Marcelino), des pères, des oncles ou des cousins décident du jour au lendemain de rejoindre les maquis communistes. Les plus chanceux d'entre eux ne reviendront que treize ans plus tard, après la défaite du sud.
Mais de manière plus douloureuse encore pour le petit garçon, la tension de la guerre finit par révéler la faille psychologique de sa mère, qui souffre de troubles bipolaires. Lui qui vivait jusqu'ici au sein d'une famille harmonieuse et unie voit le couple de ses parents se déchirer sous ses yeux, tandis que dans les rues de Saïgon des bonzes s'immolent par le feu, scellant ainsi le divorce du régime d'avec son peuple.

Le charme indéniable de ce gros livre s'explique en grande partie par la qualité de ses vignettes, à la fois naïves et précises, poétiques et documentées. En quelques coups de crayon, l'auteur sait en effet nous transporter dans ces années soixante où le monde était séparé en deux blocs irréconciliables par un invisible rideau de fer.
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