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Dominique Vuathier (Traducteur)
EAN : 9782910435875
120 pages
L'Esprit des Péninsules (15/05/2003)
3.61/5   22 notes
Résumé :

Le vieux Dshakiwek vit seul à l’orée du village, les uns racontent qu’il fut un homme important qui abattit un déserteur, d’autres qu’il ne fut rien de plus qu’un chasseur maladroit.

Pourtant c’est lui que choisit notre jeune narrateur pour l’accompagner à la chasse au loup. Surpris par un orage, ils s’abritent dans un ancien campement d’hiver. Il lui dévoile alors l’histoire de ce fils qu’il n’a jamais reconnu par peur du regard des autr... >Voir plus
Que lire après Belek, une chasse dans le Haut-Altaï suivi de Une histoire touvaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
160 pages, c'est court, mais il n'a pas fallu deux lignes pour que je parte en voyage dans le pays Touva, extrême sud de la Sibérie (j'y étais déjà avec Sylvain Tesson).

Deux histoires, avec un début et une fin, le genre d'histoire qu'on aurait eu envie d'écouter un soir, devant un feu de camp, tant elles auraient été belles, dites à voix haute.

Deux histoires tragiques, bien entendu.

La première est celle de Belek, un pauvre bougre, un berger qui a été puni alors que les responsables étaient les p'tites bit** qui avaient des armes et voulaient chasser le loup en s'en prenant à des louveteaux sans défense.

Vous situez le genre de pleutres qu'étaient ces quatre kékés ? Des porteurs d'emmerdes et les emmerdes, ça vole toujours en escadrilles. Belek ne le savait pas et il l'a payé cher sans que les autres fussent inquiétés.

C'est une histoire émouvante, une histoire tendre aussi, celle d'une vengeance, celle d'un homme chassé du clan pour une erreur qui ne lui était pas imputable, une histoire de malédiction car dans ces terres, elle règne en maître.

En filigrane, nous aurons aussi de la politique, celle du Parti, des Rouges, mais pas des socialistes comme nous avons maintenant… Non ! Ici, ce sont ceux avec qui il ne faut pas trop discuter et où il ne fait pas bon avoir des biens.

La seconde histoire est celle d'un père qui n'osa jamais reconnaître son fils, qui se pensait voleur alors qu'il ne l'était pas, et celle aussi des Rouges, plus présente, puisque notre vieux Dshaniwek a été un membre important du parti.

La première histoire m'avait emportée loin de Bruxelles, donné des émotions et c'était un peu groggy que j'avais commencé la seconde, pensant, à tort qu'elle serait moins belle.

Elle a tout explosé. le pays m'a apparu encore plus dur, encore plus violent, surtout ses paysages, ses montagnes, son climat. Une fois de plus, les personnages sont marquants, même les seconds rôles.

Bajak, que l'on regarde jeune garçon, avec l'envie de le fesser va se révéler être un homme de bien, un grand homme, un homme qui voulait juste vivre sans faire de bruit, sans déranger personne, en faisant le bien autour de lui. Mais…

Oedipe à l'envers… Dark Vador et Skylwalker avec plus de brio, de bravoure, de folie, de haine. On devrait détester son père, Dshaniwek, mais c'est impossible. On aimerait agir, intervenir, hurler "non" mais tel un témoin impuissant, les drames vont se jouer sous nos yeux.

J'ai refermé ce petit roman en soupirant car il était déjà terminé… Entre nous, je ne sais pas si j'aurais survécu à une autre histoire de la trempe de ces deux-là.

Une fois de plus, un roman où la Nature est très présente, où les Hommes doivent faire corps avec elle s'ils ne veulent pas mourir.

Deux histoires tragiques dans un pays magnifique pour celui qui le voit dans un reportage, mais en vrai, c'est un pays et un peuple aussi âpre l'un que l'autre car façonné par les vents et le climat rude.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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L'auteur nous raconte, comme si nous y étions, des histoires de chasses aux loups, au chevreuil, à l'homme. Il nous peint une époque troublée par la révolution communiste, la guerre. Il y a Belek, un domestique, esclave que la malchance poursuivra toute sa vie, mais qui finira par gagner. Il y a la steppe, paysage vivant aux humeurs changeantes, comme une tempête de neige, à la colère déchirant le ciel. L'homme fait corps avec son environnement. Grande amoureuse de ses paysages, j'ai trouvé ce livre magnifique. C'est toujours avec beaucoup d'humanité et d'intelligence que les personnages prennent place dans des contes souvent tragiques. Un livre qui se lit vite, mais se relit et se relit encore, pour le plaisir du voyage.
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Je redoutais un peu la lecture de ce recueil malgré son petit volume. Il m'est souvent compliqué de retenir les nombreux personnages dont le nom m'échappe ainsi que le sens des mots à la prononciation complexe. Pourtant, j'adore ces récits qui me font voyager dans les steppes, la toundra et m'emportent vers des cultures si éloignées de la mienne.
Au-delà de ça, j'ai bien apprécié ces deux petites histoires : d'un côté une chasse au loup de l'autre une chasse à l'homme ; et encore plus la seconde «Une histoire touva », à laquelle je me suis prise, redoutant la fin. Ecoutant (plus que ne lisant) ce que le vieux Dshaniwek avait a nous confié de sa vie… de ses erreurs, ses regrets. le destin de deux hommes donc, dont les choix auront eu des conséquences tragiques et irrémédiables sur le déroulement de leur vie. Une vie rude entre hivers glacés et étés étouffants, dans l'âpreté d'un quotidien rythmé par le labeur et les saisons capricieuses.
Je n'ai bien sûr par retenu tous les personnages évoqués, ni leur fonction, ni leur nom, il m'a fallu parfois revenir sur mes pages afin de savoir de qui l'auteur parlait… je n'ai pas saisi non plus tous ces mots inconnus mais tant pis. Et cela n'a freiné en rien mon récit. le glossaire en fin d'ouvrage m'a été précieux, je regrette juste que tous les mots inconnus n'y aient pas été répertoriés.
Je n'attendais pas grand chose de ce livre, offert pour deux autres achetés, mais j'en sors agréablement surprise et enthousiaste ! La plume de Galsan Tschinag est fluide et agréable et tout cela me donne bien envie de découvrir cet auteur, notamment à travers son autobiographie « Ciel bleu ».
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Deux longues nouvelles venues des steppes mongoles. Deux vies qui ont, chacune à leur manière, traversé le siècle et vu les changements profonds qui l'ont jalonné. Deux vies qui n'ont guère en commun, sinon le théâtre dans lequel elles se déroulent et, surtout peut-être, la tristesse simple qu'elles véhiculent. Tristesse d'une vie qui n'a pas tenu ses promesses, tristesse de regrets sans fin.
Nostalgie, paysage, nature, relations humaines… Galtsan Tschinag a la poésie tranquille qui traduit l'universalité et la particularité d'une vie, à la fois ancrée dans son environnement naturel et social et si compréhensible et partageable.
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Deux courtes histoires, dépaysantes mais tragiques se déroulant en Mongolie entre les deux guerres mondiales.

La première concerne un berger de troupeau employé par une famille aisée, un drame va survenir qui poursuivra ce berger toute sa vie, et le malheur sera son unique lot.

La deuxième concerne la période soviétique et la guerre contre l'Allemagne. Un jeune est envoyé au front mais il devient déserteur après avoir tiré sur son officier. Une traque s'organise autour du village, les représentants du parti étant persuadés que le jeune est revenu sur les lieux de son enfance. Dans le froid, la neige, les traqueurs s'obstinent et un père est déchiré entre son devoir envers le parti et l'amour paternel envers son fils.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J e pensais à l'Islande, ce bout de terre que je n'avais en fait jamais vu, mais auquel je m'étais pourtant tellement attaché: je pensais à ces grands enfants de la nature qui s'étaient affirmés au cours de mille ans d'histoire. Je pensais à cet esprit qui, à moi, ce fils des montagnes de l'autre bout de la terre, m'avait recommandé sa patrie et son peuple, je pensais à lui comme a un frère lointain et les larmes me venaient aux yeux. Je voyais celui qui chevauchait à mes côtés, ce vieux Touva au visage raviné et à la bouche close sur un secret, je voyais ce "monument" à cheval, témoin du tournant d'une époque et de la fin d'un monde. Je le voyais et je pleurais les larmes qui, au cours du temps, s'étaient amassées en moi. Elles étaient le fruit d'une tristesse profonde qui n'avait rien à voir avec cette tristesse des gens civilisés. Cette tristesse n'oppressait pas, elle remémorait quelque chose de grand qui avait existé et qui ne pouvait s'effacer, elle appelait le souvenir, ébranlait en profondeur et laissait pressentir que de grandes choses étaient en devenir. Je pleurais et je pensais à cet esprit bien heureux qui, un jour, recommanderait aussi le destin de notre peuple à des frères éloignés et enrichirait ainsi d'une gouttelette les éternelles joies et souffrances de l'humanité.
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Je voulais revoir la tombe de ma mère, m'asseoir tout près et respirer l'odeur maternelle. Je voulais parcourir mes montagnes, regarder la steppe d'en haut, entendre siffler les marmottes, manger encore de leur viande jusqu'à être repu. Je voulais passer la nuit dans l'herbe, savourer la rosée du matin et lire dans les étoiles, je voulais surprendre dès mon réveil le chant des oiseaux, me rouler dans l'herbe, bondir et aller chercher de l'eau au ruisseau avec le chaudron. Je voulais être trempé par la pluie de l'été pour me laisser ensuite sécher au soleil sur la terre fumante. Je voulais être plongé dans la tempête de neige de l'hiver et attendre heureux le réveil du printemps.
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C'est alors que tout d'un coup l'air se remplit d'oiseaux: des milans, des corneilles, des alouettes, des tourterelles et des mouettes, ces pauvres compagnons des mers qui continuaient à s'égarer jusqu'ici sur les larges routes bleues qu'avaient empruntées leurs ancêtres. Mais il y avait bien longtemps de cela, c'était loin, très loin dans le passé, à des millions d'années, et de cette mer n'était resté que le fond asséché: la steppe et ses cent millions de pierres polies et ses coquillages.
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Belek commença la journée de guet de de très bonne heure. La toison blanche du chevreau scintillait devant les broussailles sombres comme une tache de lumière étouffée, comme la tache d'un jour prématuré. Ses bêlements solitaires paraissaient encore plus forts à cette heure charnière entre lumière et ténèbres, froid et chaleur, sommeil et éveil, ils étaient encore plus pitoyables. En attendant les lamentations du jeune animal, Belek se faisait l'effet d'être un sans-coeur, un criminel.
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Le fait qu'il vécût seul n'avait en soi rien d'extraordinaire, car le monde est ainsi fait: l'un a dix fils et cent proches parents alors que l'autre tourne seul avec son ombre.
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Videos de Galsan Tschinag (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Galsan Tschinag
"J'ai le goût du merveilleux, ce sont des restes d'enfance." C'est avec ces quelques mots de Romain Gary, extrait de "La Nuit sera calme", que nous démarrons ce nouvel épisode de notre podcast. Car il y sera justement question d'éblouissement des premières fois, de cet âge où chaque découverte est un trésor à apprivoiser. D'enfance, en somme.
Pour nous accompagner : nous recevons Valentine Goby, autrice de nombreux romans pour adultes, mais aussi pour la jeunesse. Son dernier livre, "L'Île haute", nous emmène à la rencontre de Vadim, jeune garçon de 12 ans, qui vit à Paris. Nous sommes en 1943 et il est envoyé dans les Alpes. Officiellement pour soigner son asthme, mais surtout pour fuir les Allemands... car il est Juif. Arrivé après un long trajet en train et dans la neige, Vadim découvre la splendeur de la montagne, immensité enivrante qui le rend minuscule.
Au cours de cet entretien, Valentine Goby nous dira comment est née cette envie d'écrire un roman d'apprentissage, et en quoi l'enfance la fascine et l'inspire.
Juste après, nous retrouverons les libraires de Dialogues, Romain, Rozenn et Laure. Ils ont sélectionné pour nous plusieurs romans sur l'enfance et l'émerveillement. 
Bibliographie : 
- L'Île haute, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20859799-l-ile-haute-valentine-goby-actes-sud
- Murène, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18855093-murene-roman-valentine-goby-actes-sud
- L'Anguille, de Valentine Goby (éd. Thierry Magnier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16758956-l-anguille-valentine-goby-thierry-magnier
- Chèr.e moi (éd. Seuil) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21362899-cher-e-moi-lettres-a-l-ado-qu-lettres-a-l-ado--collectif-seuil
- Germinal, d'Émile Zola (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/843968-germinal-emile-zola-folio
- Les Misérables, de Victor Hugo (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11354695-les-miserables-victor-hugo-folio
- E = mc2 mon amour, de Patrick Cauvin (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/185907-e-mc2-mon-amour-roman-patrick-cauvin-le-livre-de-poche
- Élisée, avant les ruisseaux et les montagnes, de Thomas Giraud (éd. Contre-allée) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16687921-elisee-avant-les-ruisseaux-et-les-montagnes-thomas-giraud-contre-allee
- Ciel bleu, de Galsan Tschinag (éd. Métailié) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18909888-ciel-bleu-une-enfance-dans-le-haut-altai-galsan-tschinag-anne-marie-metailie
- L'Invention de Louvette, de Gabriela Trujillo (éd. Verticales) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955179-l-invention-de-louvette-roman-gabriela-trujillo-verticales
- le Petit Prince, d'Antoine de Saint-Exupéry (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/392754-le-petit-prince-avec-des-aquarelles-de-l-auteur-antoine-de-saint-exupery-folio
- Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/8194310-les-aventures-d-alice-au-pays-des-merveilles---lewis-carroll-folio
- L'Étranger, d'Albert Camus (ed. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/440374-l-etranger-albert-camus-folio
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