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Critique de Flodopas78


Anna Lowenhaupt Tsing, ethnologue, a vécu plusieurs années chez les Dayaks meratus, peuple indigène de montagnes du Kalimatan du sud en Indonésie. A la suite des bouleversements qu'a connu cette région livrée à l'exploitation incontrôlée des ressources après l'avènement de Suharto au pouvoir, l'auteure a décidé de rendre compte des forces à l'oeuvre dans cette zone-frontière, en étudiant localement ce qui advient ailleurs, pour comprendre et dénoncer les dérives du libéralisme économique et son impact sur les populations indigènes, en l'occurrence le peuple Dayak qui tire sa subsistance de la forêt tropicale. le titre Friction traduit les différentes forces qui s'affrontent dans cette zone : les entreprises internationales, les fonctionnaires, les conversationnistes et les indigènes. Jusqu'aux années 90, les intérêts nationaux et transnationaux s'accordent à piller les ressources des forêts tropicales au profit des entreprises étrangères et des militaires au pouvoir. Parallèlement, se développe dans les milieux universitaires le mouvement des amoureux de la nature, empruntant à l'Occident, une vision romantique de celle-ci. A partir de l'année 1998 et la montée en puissance des mouvements environnementalistes et démocratiques en Indonésie avec la démission de Suharto, d'autres forces entrent en jeu, mues d'un côté par la recherche de profits et de l'autre par le désir de protection de la nature. Entre les deux, les indigènes Dayak ont dû mal à faire entendre leurs revendications, tiraillés entre leur désir de profiter de l'enrichissement général et la nécessité de protéger la forêt, source de leur subsistance et creuset de leur identité culturelle. le constat n'est pas optimiste : de vastes étendues de forêts tropicales riches d'une grande diversité d'espèces ont été abattues pour laisser place à des plantations uniformes ou à des étendues désertes vouées à l'érosion. Néanmoins, des collaborations sont possibles comme l'expose l'auteur à travers l'exemple du petit village de Manggur situé sur le versant occidental des montagnes meratus. Les habitants, des Dayaks meratus, sont des cultivateurs itinérants qui collectent aussi dans la forêt et la gèrent communautairement. le récit suit la manière dont la collaboration entre les chefs de village, les amoureux de la nature de la capitale provinciale et les environnementalistes de Jakarta sous l'Ordre nouveau de Souharto a débouché sur la sauvegarde de la forêt menacée par une entreprise forestière. Cet exemple de collaboration entre des groupes socialement et politiquement différents et aux intérêts divergents ouvre des perspectives d'avenir dans des situations où tout semble perdu.

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