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EAN : 9782714451439
464 pages
Belfond (15/03/2012)
3.41/5   39 notes
Résumé :
Féroce et dérangeant, un tableau de l'Australie de la fin des années 90, la dénonciation de nos sociétés vides de sens, qui créent des monstres hantés par la solitude et la haine de soi. Un des premiers romans de Christos Tsiolkas où pointent déjà la force, la rage et l'émotion qui allaient faire le succès international de La Gifle. Tommy Stefano n'a jamais trouvé sa place. Ni dans sa famille où il ne parvient pas à sortir de l'ombre de ses frères, ni dans son boulo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Au loin, le bateau poursuivait sa course. Artie passa une main sous l'horizon pour le recueillir dans sa paume, avec la mer et le reste du monde. Un corbeau dansait dans le ciel au-dessus de lui. »

Un roman complexe, dérangeant et magnifique. Un livre qui mérite sans doute plusieurs lectures pour absorber toutes les nuances. J'ai particulièrement apprécié cette oeuvre qui m'a égratignée, scotchée, déroutée et profondément touchée par la subtilité de la psychologie des personnages qui est d'autant plus aboutie que les non-dits sont écrits. On voit l'écart entre les paroles et les pensées et on peut s'y reconnaître à un moment ou un autre. Les thèmes sont difficiles : la religion, les liens familiaux, le sexe, la violence, l'homosexualité, le racisme, l'immigration et l'intégration dans la société des années 90 en Australie. Évidemment je connaissais les problématiques aborigènes, mais je n'avais pas pensé aux immigrés italiens, grecs ou asiatiques qui constituent une partie de la population et aux incidences culturelles et religieuses qui en découlent. Dans cette famille le père est italien, la mère grecque et ils ont trois fils, Tommy, Dominic et Luigi. Trois enfants différents. Australiens ? C'est une des questions. L'auteur fera parler à tour de rôle les hommes de la famille, nous replongera dans les racines de la famille en remontant le temps parfois et tous parleront d'eux, de leurs frères, père et mère. La mère autour de qui gravite la famille. Il y a d'autres femmes qui entreront dans la famille et toutes ont une place importante dans le roman. C'est un livre fort, très fort qui laisse le lecteur libre car il ouvre le questionnement au travers des voix et des souffrances qui s'expriment. Entre Tommy qui se voit comme une « espèce de sale gros con obèse » qui boit pour retrouver un monde avec « un aspect accueillant », le père Artie qui a eu une jeunesse où dans sa famille « ils se turent » ou encore Luigi qui « essaie de le penser à rien. Un rien si pur, si beau. » Et pourtant, c'est peut-être lui qui pousse le raisonnement le plus loin pour comprendre les origines de ces corbeaux. Mais il y a surtout de l'amour dans ce roman, de l'amour mal canalisé, de l'amour mal exprimé ou pas dit, ou de l'amour unilatéral mais c'est de l'amour. du tout pur aussi pour Betty, cette petite métisse qui a tout l'avenir pour trouver son chemin.

« Le tableau solennel de sa grand-mère exclue avec lui de son Église restera pour Artie le témoignage tangible d'un Dieu mauvais. Il grandit sans croire aux promesses de sa confession, mais dans la beauté et le désespoir du bannissement. »
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'Jesus Man' est le roman d'une génération australienne en perte de repères. Les 3 fils de la famille Stefano font face à des problèmes d'identité culturelle, sociale, sexuelle et religieuse :
- fin de l'identité culturelle : ils sont partagés entre une Australie où le racisme se développe, où les 'Aussie' les considèrent comme des 'métèques'et une Europe dans laquelle ils ne se reconnaissent pas et qui ne les reconnaît pas,
- fin de l'identité sociale : la classe ouvrière, symbolisée par leurs parents, n'existe plus. Leur génération subit une révolution technologique, le chômage de masse et la paupérisation,
- une orientation sexuelle difficile : à une époque où la pornographie devient de plus accessible, les fils Stefano ont une sexualité tourmentée : attirances diverses non assumées, attraits morbides, pratiques en marge...
- fin de l'identité religieuse : ils sont partagés entre les différents courants du Christianisme (catholicisme, protestantisme, orthodoxie), sans jamais dépasser une vision païenne. Ces religions finiront par les bannir.

Les Stefano sont sous le couperet d'une malédiction familiale. Les corbeaux apparaissent au détour des pages pour rappeler aux personnages une fatalité implacable.

Les symptômes d'une société australiennes de la fin du 20ème siècle en crise sont traités dans ce roman : montée du racisme, du chômage, de la violence, la drogue, le multiculturalisme, l'omniprésence du sexe...

J'ai deux reproches à faire à ce livre. Des passages sont dérangeants mais il est vrai que ces descriptions très crues vont dans le sens de la démonstration de l'auteur. Les parties du roman sont inégales.
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Le succès de la gifle a permis la traduction de l'un des premiers romans de Christos Tsiolkas, Jesus Man, écrit en 1999. le livre est une descente aux enfers, racontée avec une extrême crudité, d'un type perdu qui se vautre dans la pornographie et les fantasmes les plus obscènes, détaillés jusqu'à l'écoeurement. Plus que du Easton Ellis, il y a du Pasolini dans ce roman de l'auteur australien qui, à travers son héros auto-destructeur et nihiliste, pointe encore une fois du doigt les dysfonctionnements d'une société australienne laquelle, sous le vernis, se révèle violente, raciste, intolérante. Surtout envers les "métèques", soit les immigrés d'origine italienne ou grecque, dont le cocon familial est un havre de paix dans un environnement hostile, et qui donne les seules pages sereines de ce livre hanté, glauque, trash et désespéré sans autre échappatoires possibles que le sexe, l'alcool, la drogue et la mort. Si Jesus Man ne provoque pas un rejet immédiat, c'est pour son aspect viscéral, ses moments de pause, son évocation sensible de l'exil et de l'enfermement, ses portraits chaleureux de personnages secondaires (la mère, socialiste grecque au tempérament solaire). Reste que le roman, parfois complaisant dans les situations scabreuses, est assez souvent à la limite du supportable.
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Jesus man
Christos TSOLKIAS

Dans l'Australie des années 70 à fin 90 vit une famille italo-grecque composée du père Arturo de la mère Maria et leurs 3 fils : Dominique marié, entrepreneur et père de 2 enfants.
Thomas alias Tommy qui travaille dans une société de plans et fréquente Soo Ling d'origine Chinoise.
Et Luigi surnommé Lou, le plus jeune qui aimerait tant suivre ses aînés qu'il adule.
Nous allons suivre le destin de chacun dans leurs chapitres respectifs mais surtout Tommy qui va sombrer à la perte de son emploi : dépression, obésité puis maigreur extrême, addiction au vidéos de sexe et séances masturbatoires ( valable pour les 3 frères), plongée extrême dans la religion jusqu'au drame ultime.

Ce que je peux dire de ce roman c'est qu'il est dramatique parce que cette famille porte le poids de son passé grec et italien.
La croyance en la malédiction des corbeaux.
La folie qui s'empare de Tommy, le détachement protecteur pour lui-même de Dominic et la difficulté de Lou à se trouver une place dans le monde et dans cette famille où Maria fait figure de matriarche exilée dépassée et Arturo qui tente de protéger sa femme tant bien que mal.
Un roman qui plonge au confins du désespoir et de la perte de repères.
Un roman noir avec des évocations et des scènes de sexe très fréquentes et dérangeantes.
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Tommy Stefano, cadet d'une famille grecque immigrée en Australie, ne s'est jamais vraiment senti bien nulle part. Ni dans sa famille, où son père et son frère sportifs ne le comprennent pas, ni dans son travail dans l'imprimerie, où l'arrivée de l'informatique le rend vite obsolète. Licencié et sans le courage de se reconvertir, Tommy s'isole et se réfugie dans les émissions de télévision lobotomisantes et la pornographie, se laissant sombrer dans une spirale de culpabilité et de haine de soi sans retour.

Portrait déprimant et sans concessions d'une société australienne dévorée par la télévision et les images de violence et de sexe qu'elle renvoie, Jesus Man est un livre très dur, que j'ai eu du mal à finir mais qui m'a beaucoup frappée. Je le recommande à ceux qui voudraient d'autres perspectives sur l'Australie, en particulier sur le racisme très présent.
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critiques presse (2)
LeSoir
16 avril 2012
Jesus Man est un roman dur, dans lequel on étouffe parfois presque autant que ses personnages.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LesEchos
27 mars 2012
De l'enfer du sexe au cocon familial, Tsiolkas réussit un périlleux grand écart, dans un récit à plusieurs voix, qui mêle subtilement dit et non-dit.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Je vais vous prendre un rendez-vous auprès d'une agence de placement. Vous voulez bien ?
Pas de réaction.
- Lundi prochain ?
Rien. Tommy, lentement, leva le menton. Acquiescement.
Soulagée, elle inscrivit trois mots dans son Filofax.
- D'autres questions, Tom ?
- Oui. Le congé maladie ?
- Quel congé maladie ?
- Ce n'est pas dans le package de départ ?
McIntyre fit la moue.
- Il n'est pas habituel d'ajouter un congé maladie à un licenciement. En tout cas pas ici.
- Ma mère a travaillé des années pour Repco, les pièces détachées pour voitures, et elle y a eu droit quand on l'a remerciée.
- C'est un cas isolé.
- Pas pour le syndicat.
Il assenait le mot comme une gifle, ce qu'elle comprit très bien. Sa voix douce et féminine allait maintenant devenir cassante, odieuse.
- Autre chose ?
Ouais, écarte les cuisses sur le bureau, salope frigide, tu veux que je te bourre comme la sale pute que t'es ?
- Non.
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Soo détestait le foot, non pas le jeu en soi, mais la sensation d'être exclue d'une culture. Tommy avait réussi à l'emmener voir quelques matchs, et elle attendait patiemment la fin, immobile et navrée. Après quoi elle se dirigeait vers la sortie, pressée, déterminée, avec un visage de pierre.
Au stade, il y avait des Blancs, des Noirs, des Européens, des Méditerranées. Des gens de toutes origines, l'Asie exceptée. Et tout le monde la regardait comme une estropiée, ou une handicapée. Insupportable.
Tommy ne s'en rendait pas compte. Il prenait cette attitude pour un manque d'intérêt, et elle lui portait sur les nerfs. Le foot devint vite un sujet que Soo-Ling refusait d'aborder, une langue qui les séparait.
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Il s'était jusque-là débrouillé en brodant autour du passé, ou en s'inventant un avenir. La réponse impliquait chaque fois une continuité. Je suis. Je serai. Mais, ce soir, le présent englobait le passé et l'avenir, et ce présent-là l'écrasait.
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Lisa s'assied près de moi et plisse les yeux en essayant de déchiffrer ce qui s'affiche à l'écran.
- Tu parles de moi ?
Je hoche la tête.
- Un jour, tu écriras ton histoire à toi. Je ne peux pas le faire à ta place.
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Se rapprochant de lui, Soo-Ling posa une main sur sa joue. Un geste de tendresse qui lui fit mal. Il nicha son visage dans cette main. En le caressant, Soo eut envie de lui dire je t'aime, mais elle eut peur car il semblait désespéré. L'avenir - que, toute sa vie durant, elle avait appris à respecter - ne tenait pas dans ces trois mots-là.
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Videos de Christos Tsiolkas (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christos Tsiolkas
Interview par Olivia Phelip en partenariat avec www.viabooks.fr Christos Tsiolkas revient en cette rentrée littéraire avec "Barracuda" : un roman coup-de-poing sur le dépassement de soi, le sacrifice, l'échec et la reconstruction, avec en toile de fond toutes les contradictions d'une nation bâtie sur le racisme et la violence.
En savoir plus sur "Barracuda" : http://bit.ly/1MslTkk Lire un extrait : http://bit.ly/1KTrX6g
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