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Critique de elan_noir


La librairie à proximité de chez moi avait mis cet ouvrage en avant. Je fus immédiatement attiré par ce titre qui vibrait comme un hurlement au milieu de la foire à l'ego de notre monde. Je me suis approché, j'ai tourné quelques pages. le trait singulier, le ton de la narration achevèrent de me convaincre. Je l'ai offert à mon beau-fils qui me l'a confié en attendant de trouver un moment pour le lire. En matière de BD, ou plutôt de Manga, je crois, n'avoir jamais rien lu d'aussi fort. Ce récit intime, émouvant et profond m'a ému.

Étrange de sentir une telle connivence avec un auteur japonais marqué par une culture si différente de la mienne. Je suis allé au Japon. J'ai aimé ce pays qui constitua, à la fin d'un tour du monde, l'expérience la plus dépaysante de mon périple. On retrouve dans ce livre nombre des obsessions de ce peuple. Sa volonté d'exister en dehors de l'influence occidentale si forte pourtant dans des villes comme Tokyo ou Osaka. Son culte des petites choses, insignifiantes à nos yeux d'urbains submergés par l'abondance, de la monotonie, de la répétition du geste. L'humilité érigée au rang de valeur morale ultime comme exacte opposition à l'arrogance, l'indécence qui caractérise aujourd'hui nos sociétés.

Yoshiharu Tsuge décrit un homme avec ses blessures, ses doutes, ses erreurs. Sans concession. Un homme qui oublie sa femme, son enfant et finalement lui-même. Un homme qui s'interroge sur ce que nous sommes. Cette volonté que nous avons tous d'exister contre, au-delà des autres au lieu de nous effacer devant la fragile beauté du monde.

Pourquoi devrions-nous, absolument, être utiles ?
Les ruines de nos orgueils passés ne seraient-elles pas plus séduisantes que les balafres de béton armé que nous imposons à cette planète ?
L'art, le véritable acte de création a-t-il un sens autre que celui de l'éphémère ?

Ce bouquin est à l'image des ces moines tibétains qui érigent de vastes pyramides de sable coloré dans l'optique non de voir glorifier leur oeuvre, mais de l'effacer de la mémoire du temps.

Ce livre est un agglomérat de plusieurs histoires écrites parfois indépendamment les unes des autres. le lien entre elles est ce petit bonhomme incertain, matérialisation troublante de cet auteur singulier. Paradoxalement il dit peu de lui, mais beaucoup de nous-mêmes. de la folie de nos sociétés qui croient pouvoir surmonter les affres du temps.

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