Yûko Tsushima poursuit son travail de consolation avec ce roman autobiographique qui ne sombre jamais dans le douloureux ou le pathétique. le récit de l'auteur alterne entre mémoire familiale et personnelle, et rêves où Akiko, le personnage principal, revit et faire revivre Kôta son fils disparu. Une femme est comme toujours chez Tsushima au coeur du récit. Akiko, à peine quarante ans, élevait seule son fils Kôta qui meurt brutalement. Elle revient habiter chez sa mère où des travaux de rénovation sont entrepris. Les échanges qu'elle aura plusieurs hommes – son oncle revenu un temps des États-Unis, un ami avec qui elle travaille par ailleurs, le chef des travaux de rénovation, une relation de son enfance – lui permettent d'affronter son deuil et prendre un nouveau départ. Beau portrait et très belle écriture.
Elle ne trouvait pas effrayant que le temps continue sa course. Mais elle se maudissait de ne pas être capable de vivre en ayant toujours conscience du temps. Elle laissait parler Kôta, sans comprendre qu'elle ne pouvait plus entendre sa voix. Elle préparait le repas comme d'habitude, sans comprendre qu'elle ne pouvait pas le faire manger le lendemain. Elle croyait qu'elle continuait à passer des journées bien remplies avec Kôta, elle le grondait et ne lui achetait pas ce qu'il désirait. Elle craignait avant tout d'être distraite et de gâcher ainsi inutilement de précieuses secondes. Mais si elle éprouvait des remords au sujet de Kôta plus que nécessaire, et parvenait donc à ne plus laisser échapper le temps précieux, cela pouvait encore lui apporter une consolation. En réalité, elle le laissait toujours échapper. Même si elle ne cessait de se répéter qu'elle devrait graver distinctement dans son coeur, avec exactitude, tout ce qui faisait partie de ce moment, en dernière instance, elle laissait partir distraitement ce temps précieux.
"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :