Citations sur Insomnie et autres poèmes (163)
“Ah, nuit !
Quelque part des sources courent,
je glisse vers le sommeil.
Je dors presque.
Quelque part dans la nuit
un homme se noie.”
(...)
Je suis passée sur terre d'un pas de danse ! --- Fille du ciel !
Un tablier plein de roses ! --- sans écraser les jeunes pousses !
Je le sais, je mourrai au crépuscule, ou le matin ou le soir !
Dieu n'enverra pas une nuit d'épervier pour mon âme de cygne !
D'une main douce, j'écarterai la croix sans l'embrasser,
Je m'élancerai dans le ciel généreux pour un dernier salut.
La faille du crépuscule, ou le matin ou le soir --- et la coupure du sourire...
---- car même dans le dernier hoquet je resterai poète !
Décembre 1920
"J'aime embrasser
Les mains, et j'aime
Donner des noms,
Et aussi – ouvrir
Des portes !
– Grandes-ouvertes – sur la nuit noire !”
“Tu m’as appris à vivre au cœur du feu,
Et tu m’as jetée dans la steppe glacée !
c’est ça que toi tu m’as fait, mon bien-aimé”
“Et si on te demande (sache le !)
Pourquoi tu n’as pas le teint frais, comme on dit,
répond, je fais la noce avec l’insomnie.”
Les collines des environs de Moscou sont bleues,
Poussière et goudron – dans l’air à peine tiède.
Tout le jour je dors et je ris tout le jour, - je suis,
Probablement, en train de guérir de l’hiver….
Je rentre chez moi le plus doucement possible :
Je ne regrette pas – les poèmes non-écrits !
Le bruit des roues et les amandes grillées
Me sont plus chers que tous les quatrains.
Ma tête est vide, et c’est charmant :
Le cœur – lui - est trop plein !
Mes jours sont de petites vagues
Que je regarde du port.
De trop tendres regards
Dans l’air tendre à peine tiède,
À peine guérie de l’hiver, déjà
Je suis malade de l’été.
Tous les yeux sont ardents -- sous le soleil,
Chaque jour est un jour différent.
Je te le dis pour le cas
Où je te tromperais: quelles
Que soient les lèvres
Que j'embrasse, à l'heure d'amour,
Á la mi-nuit noire, à qui que ce soit
Que je jure furieusement de vivre
Comme une mère á son enfant,
Comme fleurit une fleur,
Sans jamais promener mon regard
Sur qui que ce soit d'autre...
Tu vois, cette petite croix en cyprès ?
Car -- tu la connais --, tout
S'éveillera -- à ton premier signe --
Sous ma fenêtre.
Vous aviez la flemme de vous habiller, et
Vous aviez la flemme de quitter les fauteuils.
Mais chacun de vos jours à venir
Serait gai de ma gaîté.
Vous n’aimiez surtout pas sortir
Si tard, dans la nuit, dans le froid.
Mais chacune de vos heures à venir
Serait jeune de ma gaîté.
Vous l’avez fait sans penser à mal,
Innocemment, irrémédiablement.
J’étais votre jeunesse,
Qui passe
Insomnie
Qui dort chaque nuit ? Personne ne dort !
L'enfant crie dans son berceau,
Le vieillard est face à sa mort,
Le jeune homme parle avec son amie,
Le souffle, à ses lèvres, les yeux dans les yeux.
On s'endort ~ s'éveillera-t-on ici encore ?
On a le temps, le temps, on a le temps de dormir !
Un gardien vigilant, de maison en maison
passe, un fanal rose à la main,
et grondements saccadés par-dessus l'oreiller,
sa crécelle violente va gronder :
- Ne dors pas ! Résiste ! Je dis vrai !
sinon, c'est le sommeil éternel !
sinon, c'est la maison éternelle !
Mystère-tes voies, accompli-ton destin.
Je ne veux les sonder. O ma douce!
j'étais nu et tu m'as revêtu
d'un flot doux de cheveux
et de larmes.
Pour la myrrhe, les parfumes
Le pris est payé:
J'étais nu et tu m'as revêtu
De la vague de ton corps,
Tel un mur......