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Zéno Bianu (Préfacier, etc.)Pierre Léon (Traducteur)Ève Malleret (Traducteur)
EAN : 9782070403608
288 pages
Gallimard (26/10/1999)
4.32/5   107 notes
Résumé :
"Il est des talents si impétueux que les événements les plus dévastateurs de l'histoire ne peuvent les étouffer. Admirée et aimée par Pasternak, Rilke et Mandelstam, Tsvétaïéva fait l'objet aujourd'hui d'un véritable culte en Russie. Entre révolte et impossible espoir, la singularité tragique de son itinéraire, d'une indestructible intégrité, garde en effet toute sa charge libératrice. « Jamais, comme l'affirma Joseph Brodsky, une voix plus passionnée n'a retenti da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Comment ai-je pu attendre aussi longtemps avant de lire Tsvetaïeva ? Ce recueil m'a secoué, ébranlé et émerveillé...
Quelle force dans ces vers, qu'il m'a fallu parfois lire et relire tant je voulais en ressentir le souffle...
Une mention d'autre part pour la préface, les notes et la postface qui m'ont aidé à découvrir la vie de Marina Tsvétaïeva.
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Les mots qui s'imposent à l'issue de la lecture de ce recueil ne peuvent être que sous forme d'exclamation : que d'ardeur ! que de fougue !
C'est la meilleure façon de rendre compte de l'écriture déstructurée et enflammée de cette poétesse.

Toutefois il y a une différence assez nette entre les poèmes réunis dans les deux "parties". Dans le ciel brûle (la "1ère partie"), les sentiments sont exaltés et où un immense souffle de vie se dégage des vers.
A l'inverse, dans la seconde "partie" , "Tentative de jalousie", les poèmes qui sont écrits une dizaine d'années après le ciel brûle, le lecteur voit clairement plus d'angoisse qu'avant. Il n'y a plus ce qui s'apparentait à l'insouciance des premiers "émois". Ici, ils ont place au tourment d'une femme adulte toujours aussi passionnée et frustrée par le réel qui s'impose de plus en plus brutalement dans sa vie.
Il y a aussi plusieurs références bibliques. Peut-être attendait-elle de voir un signe divin qui lui aurait annoncé la délivrance d'une vie qui 'étouffait ? Il faut dire que le durcissement politique qui suit la révolution d'octobre (les fameuses années 1930) n'est sans doute pas étrangère à cette angoisse et cette recherche effrénée d'un messie. On voit aussi que la nature qui l'entoure (que ce soit en Vendée, en Allemagne ou en Russie) se fait l'écho de tous ses tourments, enfonçant Marina Tsvétaïeva un peu plus profondément dans un cycle manico-dépressif. Sans être psy, c'est bien la sensation que donnent ces vers déstructurés, extrêmement syncopés , avec de brusques accélérations suivis parfois de grandes chutes. Que peut-on y voir, si ce n'est l'instabilité de la passion elle-même ?

Pour ma curiosité intellectuelle, je suis ravie d'avoir lu cette prose blessée, vociférante, saturée et excessive (pour gloser les termes de Zéno Bianu). Mais j'aime quand même davantage la poétique d'Anna Akhmatova.
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Le ciel brûle (4 étoiles) : une très belle découverte. L'univers très sombre de cette poétesse m'a beaucoup plu dans ce recueil. La nuit y semble omniprésente, de même que les ténèbres, la mort et la guerre, dans certains poèmes. La poétesse est comme les enfants du premier poème : elle est effrayée, mais affronte sa peur et sait bien plus de choses que les adultes du jour monotone. Un univers assez particulier et très séduisant.

Tentative de jalousie (2 étoiles) : j'ai beaucoup moins aimé ce recueil-ci. Les grands thèmes, comme la guerre et la mort, sont toujours présents, mais le style est très différent. Autant que j'ai pu en juger à partir de la traduction, il m'a semblé qu'elle jouait des sonorités dans certains poèmes ou cherchait dans d'autres à créer une ambiance, à partir d'images, en utilisant des mots isolés, sans former de phrases cohérentes et complètes. Cette manière d'écrire me plaît moins et me rend son oeuvre plus hermétique que le ciel brûle.
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Ébloui par le spectacle du Lucernaire « Et ma cendre sera plus chaude que leur vie » (autant par l'interprète, Clara Ponsot, que par les carnets de l'auteur), j'ai lu dans la collection Poésie Gallimard cette anthologie qui contient des poèmes de 1912 à 1939. En 1912 — elle a 24 ans — Marina produit des images convenues de fleurs, d'enfants, d'oiseaux, de lunes et de lèvres, et projette déjà une vision de soi altière, héroïque ou martyre : « Sur moi se referment les vagues/De mon superbe malheur » (1916, p 57). Elle place sa vocation de poète au-dessus de tout : « La vie, la mort – depuis longtemps j'en use/Entre guillemets, comme de noeuds vides » (1927, p 189). Son renoncement hautain n'est pas abattu dans les profonds malheurs qu'elle traverse jusqu'à sa mort, dans la solitude, le deuil, la barbarie de la guerre et du totalitarisme : « Même ma langue maternelle/Aux sons lactés — je m'en défie. /Il m'est indifférent en quelle/Langue être incomprise et de qui ! » (1934, p 197). Et deux ans avant sa mort, en 1939 : « Refus d'être. de suivre. /Asile des non-gens : /Je refuse d'y vivre. /Avec les loups régents/Des rues — hurler : refuse. /Quant aux requins des plaines — /Non ! — Glisser : je refuse – le long des dos en chaîne » (p 201).
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La violence de Tsvétaïéva dans toute sa splendeur...

Recueil recomposé en français en 1986-87, à partir de poèmes écrits entre 1910 et 1939, qui nous offre un bel échantillonnage des vers de la poétesse russe, incarnation s'il en est de la rébellion tous azimuts et de l' "inadaptation sociale", avec en prime une excellente postface de la traductrice Ève Malleret, de taille quasi-monographique (60 pages).

"Il partit sans être vu, / Emportant le mot le plus précieux. / Mais personne n'entendit / Ton dernier appel."
"Non, ce n'est pas une tombe, / Je ne surgirai pas, menaçante. / J'ai trop aimé moi-même / Rire quand il ne faut pas."
"La guerre, la guerre ! - Encens et icônes - / Les éperons jacassent, / Mais je n'ai rien à faire ni du tsar / Ni des querelles des peuples. / Comme sur une corde fêlée / Je danse - petit danseur. / Je suis l'ombre d'une ombre. Je suis lunaire / de deux sombres lunes."
"Témoin muet / Des tempêtes vivantes -/ Couchée dans l'ornière, / Je lorgne / Les ombres. / Tant que / Vers l'azur / Ne m'emportera pas / Sur le cheval rouge - / Mon Génie !"
"Fulgurant trajet / Réservé : sans frein ! / de mon rêve j'ai / Sauté dans le tien."

Malgré l'obstacle toujours difficile de la traduction en poésie, on y ressent avec force la violence du vers scandé de Tsvétaïéva, caractéristique qu'elle ne partageait guère à l'époque qu'avec Maïakovski... On songe aussi à sa récente postérité, poussée à l'ultime, dans les excellents "Slogans" de Maria Soudaïéva (Antoine Volodine).
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Les nuits sans celui qu’on aime — et les nuits
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui —
Qui n’est pas — qui ne sera jamais,
Qui ne peut être — et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit — en bas…

Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains — on appelle la vie.
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Si vous saviez, passants, attirés
Par d'autres regards charmants
Que le mien, que de feu j'ai brûlé,
Que de vie j'ai vécu pour rien,

Que d'ardeur, que de fougue donnée
Pour une ombre soudaine ou un bruit...
Et mon cœur, vainement enflammé,
Dépeuplé, retombant en cendres.

Ô, les trains s'envolant dans la nuit
Qui emportent nos rêves de gare...
Sauriez-vous tout cela, même alors,
Je le sais, vous ne pourriez savoir

Pourquoi ma parole est si brusque
Dans l'éternelle fumée de cigarette
Et combien de tristesse noire
Gronde sous mes cheveux clairs.

Koktebel, 17 mai 1913
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J'aimerais vivre avec vous
Dans une petite ville,
Aux éternels crépuscules
Aux éternels carillons.
Et dans une petite auberge de campagne-
Le tintement grêle d'une pendule ancienne-goutte à goutte de temps.
Et parfois le soir, montant de quelque mansarde_une flûte,
Et le flûtiste lui-même à la fenêtre.
Et de grandes tulipes sur les fenêtres.
Et peut-être ne m'aimeriez-vous même pas....
Au milieu de la chambre- un énorme poêle de faïence,
Sur chaque carreau - une image;
Rose, coeur et navire.
Tandis qu'à l'unique fenêtre_
Il neige, neige, neige.
Vous seriez allongé tel que je vous aime; paresseux,
Indifférent, léger.
Par instant, le geste sec
D'une allumette.
La cigarette brûle et se consume
Et longuement à son extrémité,
_Courte colonne grise_ tremble
La cendre.
Vous n'avez même pas le courage de la faire tomber_
Et toute la cigarette vole dans le feu.
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Neige, neige
Plus blanche que linge,
Femme lige
Du sort : blanche neige.
Sortilège !
Que suis-je et où vais-je ?
Sortirai-je
Vif de cette terre

Neuve ? Neige,
Plus blanche que page
Neuve neige
Plus blanche que rage
Slave...

Rafale, rafale
Aux mille pétales,
Aux mille coupoles,
Rafale-la-Folle !

Toi une, toi foule,
Toi mille, toi râle,
Rafale-la-Saoule
Rafale-la-Pâle
Débride, dételle,
Désole, détale,
A grands coups de pelle,
A grands coups de balle.

Cavale de flamme,
Fatale Mongole,
Rafale-la-Femme,
Rafale : raffole.



Poème écrit en français en 1923
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Rivale, un jour je te viendrai;
La nuit plutôt, au clair de lune,
Quand dans l'étang crie le crapaud,
Et quand délire la pitié.

Et, attendrie par le battement
Jaloux de tes paupières,
Je te dirai: je ne suis pas,
Je suis un songe et tu me rêves.

Et je dirai- console-moi,
Mon coeur blessé se tord,
Et je dirai- le vent est frais,
Le ciel brûle d'étoiles


8 septembre 1916
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« Les poésies d'amour », de Marina Tsvetaïeva, c'est à lire aux éditions Circé.
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