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Carine Chichereau (Traducteur)
EAN : 9782264081315
384 pages
10-18 (02/03/2023)
4.16/5   160 notes
Résumé :
" Alors donc, j'ai pensé, y avait que ça à faire, et ça suffisait pour que j'aie l'impression d'avoir tout le pouvoir du monde. Un matin, un instant, un petit garçon aux cheveux jaunes. En fait, c'était pas grand-chose. "

Peut-on pardonner l'impardonnable ?
Chrissie est une enfant solitaire qui grandit dans une banlieue anglaise sordide. Délaissée par un père absent et une mère démissionnaire qui fait tout pour ne plus avoir à s'occuper d'elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Chrissie du haut de ses huit ans aime faire le poirier avec sa meilleure amie Linda, elle aime beaucoup les bonbons, manger chez ses amis, squatter chez ses amis, être partout sauf chez elle. Dans le quartier des pauvres, il y a la maison bleue de Chrissie, avec un trou dans le toit, des cloportes sur le plancher moisi, des poux sur l'oreiller, des draps constamment mouillés, une odeur pestilentielle, un frigo vide et une mère démissionnaire qui fera tout pour se débarrasser de sa fille. La faire adopter, lui refiler des somnifères,… Chrissie n'est pas aimée parce que sa mère, elle n'a pas été aimée elle non plus. Comment aimer quand on ne sait pas c'est quoi l'amour ?

À huit ans Chrissie tue un petit enfant. Et dans son ventre ça se remplit de papillons, elle a aimé.

Le roman se découpe selon deux époques: les huit ans de Chrissie et l'âge adulte de Chrissie devenue Julia et à son tour mère d'une petite Molly de cinq ans.

« Molly, créature esprit faite de chair déchirée, une plaie en forme de petite fille. »

Chrissie/Julia est terrifiée d'être une mauvaise mère et qu'on lui retire sa fille.

Les deux époques s'étirent pour se rejoindre comme un puzzle. On va suivre la misère de la petite Chrissie, affamée, délaissée, rejetée de tous. On va comprendre peu à peu ce qui a poussé cette gamine à devenir une meurtrière.

« Lorsque je me remémorais ma vie à l'âge de huit ans, je me souvenais de la faim qui me tenaillait les entrailles en tous sens, de la honte de me réveiller dans des draps mouillés, et du sentiment que personne au monde ne voulait de moi. »

Premier roman d'une auteure britannique, j'ai aimé cette histoire terrifiante qui m'a projetée en entière immersion dans le corps meurtri et la tête en souffrance de cette petite fille mal née, mal aimée.

Quelques bémols ont un rien entaché ma lecture. le livre aurait peut-être mérité d'être un peu allégé en terme de descriptions. Certains événements ordinaires prennent des pages et des pages. Ça peut aider à rentrer en totale immersion avec Chrissie ou pas.
J'ai aussi trouvé invraisemblable cette non-assistance face à la misère de Chrissie. Mais bon, la société est tellement pourrie que plus rien ne m'étonne au final.

En conclusion, Nancy Tucker signe un premier roman finement construit où la folie, la haine, la souffrance se disputent la première place d'une enfance mise jour après jour en lambeaux. Avec cette question en toile de fond : peut-on réussir la où les autres ont échoué ?

#LePremierJourduprintemps #NetGalleyFrance
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Le thème de ce roman risque fort de me hanter longtemps; C'est un sujet peu abordé, même dans la littérature la plus noire. C'est bouleversant et terriblement déstabilisant.

On est dans le coeur du sujet dès le premier chapitre. le plaisir, proche de la jouissance qu'éprouve cette petite fille de huit ans lorsqu'elle étrangle volontairement le petit frère d'une de ses camarades de classe, un bébé de deux ans, fait frémir.

Rapidement, on comprend ce qui a pu amener cette gamine à un tel acte, un père absent, une mère démissionnaire, incapable de prévoir ne serait-ce qu'un peu de vivres pour sa fille qui s'invite partout où elle peut pour quelques heures soulager sa faim, un raisonnement altéré et une inconscience des réalités de la vie et de la mort.

Ce qui est plus fort encore, c'est que l'on suivra le parcours de l'enfant qui finira pas être démasquée, et après avoir purgé sa peine, deviendra elle-même mère. Une mère sous haute surveillance, cela s'entend.

Le récit est écrit à hauteur d'enfant, avec ses lacunes grammaticales et ses approximations, ce qui induit, malgré l'horreur, une grande compassion pour cette petite, victime autant que coupable.

Premier roman éprouvant et marquant, et terriblement efficace.

#LePremierJourduprintemps #NetGalleyFrance

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On fait la connaissance de Chrissie, dont l'enfance est tout sauf joyeuse : son père constamment absent, a tel point qu'elle pense chaque fois qu'il est mort, tandis que sa mère ne s'occupe pas d'elle. Elle a une énorme carence affective car non seulement sa mère ne lui manifeste aucun intérêt, constamment au fond de son lit ou sortie, elle ne pense même pas à lui faire à manger.

Chrissie crève de faim, dans tous les sens du terme, essayant de trouver quelques miettes dans le réfrigérateur ou les placards, s'invitant parfois chez les voisins ou à l'église s'il y a un buffet, sinon il ne lui reste plus qu'à jeûner ou aller chercher quelques bonbons chez la commerçante suspicieuse qui ne l'aime pas.

Elle se conduit parfois brutalement avec les copines d'école, verbalement ou physiquement prête à tout pour exister, être vue, ne plus être ignorée. Elle vit dans un quartier pauvre, mais il y a encore plus pauvre qu'elle. Un jour, le premier jour du printemps, alors qu'elle a huit ans elle va commettre l'irréparable : étrangler Steven, le petit frère de son amie, âgé de deux ans et laisser le corps dans une maison isolée.

On la retrouve des années plus tard : elle a une nouvelle identité, est devenue Julia et a une fille Molly. On a bien compris que la justice l'avait rattrapée, après une enquête compliquée, un passage par le Foyer de Haverleigh.

Nancy Tucker décortique avec minutie, détails, la manière dont la misère affective de cette petite fille, qui ne s'est jamais sentie aimée, ce qui peut la conduire à ce geste, certes odieux, mais en retraçant la souffrance de la petite fille qui ne se rend pas forcément compte de ce que représenta la mort, et surtout son côté inéluctable : comme son père est censé être mort pendant ses absences, elle pense que Steven va « revenir ».
On comprend aussi l'évolution de Chrissie devenue Julia en état mère à son tour : comment être une bonne mère quand on n'a pas été aimée par la sienne, durant l'enfance : sa mère a même cherché à la faire adopter ! mais Chrissie était trop grande, et comme chacun sait, la plupart du temps, les parents adoptifs préfèrent des bébés, donc encore un rejet !

J'ai aimé la manière dont l'auteure a structuré son récit, la petite fille qui devient mère, et se sent illégitime, redoutant toujours que les services sociaux lui enlèvent Molly, car elle n'est pas à la hauteur. Notamment lorsque cette dernière fait une chute, et sa casse le poignet et que mystérieusement le téléphone se met à sonner de manière intempestive. Elle ne peut évoquer que le pire : être accusée de maltraitance.

Nancy Tucker, qui travaille en unité psychiatrique, connaît suffisamment son sujet pour que son roman soit crédible, étoffé et durant la lecture, on ne juge jamais Chrissie, on essaie de comprendre le pourquoi du comment, en espérant qu'elle va s'en sortir : elle n'avait que huit ans, au moment des faits, elle a payé sa dette même si ce n'est jamais assez pour la famille des victimes, car la perte d'un enfant dépasse tout ce qu'on peut imaginer, il n'y a d'ailleurs pas de terme pour désigner cet état : on parle d'orphelin quand ce sont les parents qui décèdent mais curieusement il n'y a aucun mot pour un parent dont l'enfant est décédé.

L'auteure, aborde aussi la capacité de résilience de l'individu : ce n'est pas parce qu'on a commis un acte grave, qu'on n'est pas capable d'évoluer, de devenir quelqu'un de respectable. L'enfermement dans un Foyer ne conduit pas forcément à un comportement encore plus violent, la prison n'est pas forcément l'école du crime. L'auteure nous livre cette phrase ô combien significative sur le Foyer avec majuscule ou minuscule :

« Haverleigh était certes un « Foyer », mais du genre qui prend une majuscule et que borde une haute clôture – un endroit réservé aux enfants trop méchants pour qu'on les laisse dans leur « foyer » avec une minuscule… »

Ce roman, le premier de l'auteure, est bien écrit, les phrases sont percutantes, incisives (comme les actes des protagonistes), précises et il va rester longtemps dans ma mémoire car c'est un uppercut et c'est assez difficile de traduire en mots, toutes les émotions qui m'ont envahie. Vous l'aurez certainement compris, je pourrais en parler pendant des heures. J'espère vous avoir donné envie de le lire malgré la dureté du vécu de cette petite fille car ce livre est particulièrement réussi.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure qu'on retrouvera bientôt j'espère.

#LePremierJourduprintemps #NetGalleyFrance
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Coup de coeur pour ce premier roman que je n'aurais probablement jamais lu sans un challenge...
Le sujet me faisait peur, au niveau social et politique , mais la façon de le traiter est telle, que ça n'a été qu'une partie de plaisir.
C'est un roman sur la culpabilité, la rédemption, et sur la parentalité, les mauvais parents, et ceux qui essaient d'être bon de toutes leurs forces, vu à travers les yeux d'une gamine de huit ans, puis de ce personnage devenu adulte et mère à son tour.

Chrissie vit dans une banlieue pauvre de Londres. On se sait pas en quelle année, mais les portables n'existaient pas, les ordinateurs et jeux vidéos, non plus...
Son père fait des allers-retours dans sa vie, ponctués d'arrêts fréquents au bar du coin. sa mère lui a laissé entendre qu'il était mort, alors pour elle la mort, ça s'en va et ça revient, comme son père ...
Ce n'est pas une enfant mal aimée, c'est une enfant pas aimée du tout : pas regardée, pas écoutée, pas instruite, pas surveillée, pas lavée, pas coiffée, pas nourrie. Depuis qu'elle est née...
Alors, elle traine dans le quartier, et un jour , elle tue.
Un enfant.
Comme elle.
C'est extrêmement rare, et c'est inimaginable.
Mais tout le long du roman, elle s'exprime .
Et le pire, c'est qu'on s'attache drôlement à ce petit bout de fille, dont personne ne s'occupe, à part quelques voisines . on la plaint, on aimerait que les services sociaux se bougent le popotin, mais rien.
Quelques années plus tard, sortie du foyer où elle avait été placée, elle est libre, elle est mère et elle aime comme personne ne l'a jamais aimée. Elle essaie de faire les choses bien. Comme on lui a appris au foyer.
Elle réfléchit sur sa vie. Analyse, regrets, culpabilité, rédemption.
Christine, Chrissie, Lucie, Julia. Toute une vie.
Une triste vie. du gâchis, si vous voulez mon avis...
Elle était si intelligente, elle avait tant besoin d'être aimée.
Cela aurait pu n'être qu'une complainte, une histoire sordide,un roman social, mais c'est bien plus que cela, et c'est la surprise !
C'est lumineux, aussi. Grace à la personnalité de la petite Chrissie et de son monde déroulé sous nos yeux. C'est qu'elle est dégourdie et futée , la gamine, un sens de la répartie inouî. Une candeur , une innocence, une naïveté matinée de causticité.
Et si on sait dés le départ qu'elle va tuer, on ne saura qu'à la fin, comment ce fut découvert. C'est aussi un des enjeux de ce roman à suspens, au coupable si jeune...
Un cocktail détonnant et un roman qui l'est tout autant.
J'ai adoré, là où je pensais abandonner très vite , vu le sujet plombant.
Un coup de coeur , vous-dis-je !
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Attention, âmes sensibles, évitez ce roman car il est difficile à lire. J'ai survolé à deux moments des passages car ce qui était décrit était trop horrible. Je remercie en tout cas les Editions Les Escales et Netgalley d'avoir pu découvrir cette histoire.

Le roman fait entendre deux personnes, du moins le croit-on : il s'agit en fait de la même personne, Chrissie -encore dans l'enfance- et Julia devenue mère. Les deux voix s'entrecroisent, on assite à la dérive de Chrissie qui ira jusqu'au meurtre d'enfants puis on la retrouve adulte sous un faux nom tentant d'élever sa fille, terrorisée à l'idée qu'on la lui retire. Comment en est-elle arrivée à tuer ? Comment peut-on se reconstruire après une telle tragédie ? Comment donner de l'amour quand on n'en a jamais reçu ? L'enfance de Chrissie est atroce entre un père qui surgit de temps en temps et une mère incapable de s'occuper d'elle, qui en oublie même de la nourrir. Elle essaie même par deux fois de se débarrasser d'elle ! Chrissie a soif d'attention, d'amour, aussi elle erre dans son quartier, cherchant par tous les moyens à rester chez les autres pour un peu de nourriture et de sollicitude. Mais la vie est dure dans ce quartier et personne ne voit l'abandon de Chrissie. Il faudra qu'elle tue pour qu'enfin on la regarde et qu'on s'occupe d'elle. Paradoxalement c'est ce qui va la sauver. Quand on la retrouve, elle travaille et s'efforce de s'occuper de sa fille. On aimerait la détester mais quand on la voit avec sa fille ou qu'on l'entend s'interroger sur ses capacités de mère, on a envie de lui parler, de lui dire qu'elle est une bonne mère et qu'elle a le droit de de s'accorder enfin la possibilité d'être heureuse avec sa fille. Une lecture que je n'oublierai pas.

Challenge Plumes féminines 2022
Challenge Multi-défis 2022
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critiques presse (3)
LeMonde
15 mai 2023
Les voix du personnage aux deux âges sont une grande réussite du roman de Nancy Tucker. Elles permettent à l’autrice d’échapper aux pièges (misérabilisme, manichéisme…) que son ­histoire lui tend, pour explorer la culpabilité avec âpreté et intelligence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
05 septembre 2022
Ce roman est puissant, on sent les odeurs accrochées à ce corps de petite fille meurtrie et meurtrière. On entend le gargouillement de son estomac vide depuis plusieurs jours.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
07 juin 2022
Un roman bouleversant qui réussit à la fois à nous faire sentir la haine d’une enfant mal-aimée et les craintes d’une mère rongée par la culpabilité.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
J'avais envie de lui dire que depuis que j'avais tué Steven, je me sentais vachement plus en sécurité qu'avant parce que c'était de moi que les gens devaient se méfier, et être celle dont il fallait se méfier, y avait rien de plus sécurisant.
Commenter  J’apprécie          210
Quand la gardienne est revenue pour nous ouvrir le portail, nous avions été rejointes par une armée de mères et de gamines, ce qui m’a rappelé pourquoi j’avais mis en place le plan antimères. Elles se regroupaient les unes contre les autres, parlaient à toute vitesse, éclataient de ces rires qui me vrillait les oreilles. J’éprouvais toujours la même sensation en me retrouvant au milieu d’elles : celle d’être déguisée, et d’appartenir en réalité à une autre espèce.
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Quand quelqu'un qu'on connaissait mourait, on ne mourait pas avec lui. On continuait à vivre, et on traversait des phases, des chapitres de notre vie, si différents que c'étaient comme des vies différentes, mais pendant tous ces épisodes, celui qui était mort le demeurait. Qu'on soit triste ou heureuse, qu'on pense à lui ou pas, qu'il vous manque ou pas. Parce que si ça ne durait pas, alors ce n'était pas vraiment la mort, c'était juste quelqu'un qui s'intéressait si peu à vous qu'il disparaissait.
Commenter  J’apprécie          80
Mais s'ils croient que t'as pas de papa, je peux avoir de l'argent parce que je m'occupe de toi toute seule.
- Mais tu t'occupes pas de moi.
- Fous le camp, Chrissie !"
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- Où il est, papa ?
- Il est pas là.
- Quand est-ce qu'il va revenir ?
- Il reviendra pas.
- Il reviendra pas du tout ?
- Non, il ne reviendra jamais."
(...)
- Il est mort ?" (...)
- " Ouais, c'est ça Il est mort. "
Toute la journée, ces mots-là ont raisonné dans ma tête.
Papa est mort. Papa est mort. Papa est mort. J'ai pas pleuré parce que je pleure jamais, mais à l'école, j'ai été encore plus insuportable que d'habitude.
" Mais qu'est -ce qui t'arrive aujouird'hui, Chrissie Branks ? a dit Miss Ingam.
- Ça m'arrive pas, c'est le contraire ; c'est parti.
(...)
Papa est resté mort pendant des semaines, et puis un jour, en rentrant de l'école, je l'ai trouvé dans la cuisine, qui buvait une bière.
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Vidéo de Nancy Tucker
"Le premier jour du printemps" de Nancy Tucker est un premier roman à la fois puissant, terrible et captivant... Il a été traduit de l'Anglais par Carine Chichereau et est en cours de traduction dans de nombreux pays. Un un roman coup de poing...
bit.ly/LePremierJourDuPrintemps
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