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EAN : 9782251448039
288 pages
Les Belles Lettres (09/03/2018)
4/5   4 notes
Résumé :
De La Rochelle, sa ville natale — où il revint sans cesse — à Paris, de la Côte d’Azur à la Vallée du Loir, de Venise à la Belgique et à la Hollande, de l’Algérie à l’Égypte, la vie romanesque d’un écrivain et peintre — un des plus grands orientalistes — parmi les plus admirés de son temps. Entre 1820 et 1876, le siècle défile, riche en convulsions politiques, en bouleversements économiques et sociaux, en révolutions artistiques. C’est dans cette France en ébullitio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Que soit prononcé le nom d'Eugène Fromentin et surgissent déjà ses grands ciels posés sur l'horizon algérien. Ses chasses au faucon et ses chevaux cabrés, ses fantasia, haltes de bédouins ou de marchands, ses oasis aux portes du désert en ont fait rêver plus d'un… le peintre effectue un premier court voyage en Algérie à vingt-six ans en 1846 où il fait la découverte de Blida et de la Mitidja ; succède un séjour de plusieurs mois entre Alger et Constantine lors d'un second voyage (1847/1848) en compagnie des peintres Charles Labbé et Auguste Salzmann ; c'est dans sa dernière et plus longue expédition, d'un an (1852/1853), avec sa jeune femme Marie qu'il découvre le grand sud, le parcourant dans des conditions spartiates de Laghouat jusqu'à Aïn Madhi. Vers la fin de sa vie sa peinture témoignera d'un ultime voyage en Egypte, à l'occasion de l'inauguration du Canal de Suez.

Trois voyages de l'autre côté de la Méditerranée ont donc largement décidé du rapport aux arts qu'entretiendra ce licencié en droit soumis à l'autorité paternelle mais attiré initialement par la poésie plutôt qu'autre chose et resté longtemps dilettante. « Il y trouva sa main » écrit justement P. Tudoret, auteur de cette biographie classique un peu morne qui révèle bien pourtant le tempérament inquiet et peu sûr de lui d'un Fromentin devant être rassuré en permanence par une bande d'indéfectibles amis. Artiste attachant chez qui les ambitions et la conscience aiguë de ses limites s'affrontaient au rythme de va-et-vient anxieux entre l'écriture et la peinture.

Ceux qui l'aiment avant tout pour sa peinture et pour qui l'orientalisme n'est pas un gros mot ont compris que ses visions lointaines et pudiques, ses lumières adoucies et ses ombres transparentes ne s'inscrivent pas dans la ligne exotique et pittoresque que d'autres parmi ses contemporains exploitent à qui mieux-mieux. le talent de Fromentin est reconnu par (presque) tous. Son Orient empathique, distancié et délicat lui fait dire respectueusement : « Pénétrer plus avant qu'il n'est permis dans la vie arabe me semble d'une curiosité mal entendue. Il faut regarder ce peuple à la distance où il lui convient de se montrer : les hommes de près, les femmes de loin ; la chambre à coucher et la mosquée jamais. »

Ceux qui préfèrent les récits de voyages le connaissent tout autant. Avec « Un été dans le Sahara » (paru en volume en 1857) et « Une année dans le Sahel » (1858), le peintre passe la main à l'écrivain à l'issue de sa découverte de l'Algérie qui lui a permis d'exprimer autrement sa sensibilité vibrante et de surtout renouveler un genre littéraire (le récit de voyage, lui qui ne se sentait pas voyageur !). Fromentin est rapidement salué par Théophile Gautier et Georges Sand, les Goncourt. Il est aussi l'auteur d'un unique roman, « Dominique » publié en 1862 dans la Revue des Deux Mondes, roman du renoncement dont l'inspiration est liée à l'histoire de son grand amour de jeunesse avec Léocadie. « Les Maîtres d'autrefois », écrits sur l'art flamand et hollandais, paraissent en revue l'année de sa mort (1876).

A cette biographie on doit reconnaître un intérêt documentaire malgré son découpage ennuyeux trop strictement calqué sur une chronologie au déroulé sans surprise qui affadit beaucoup le portrait de celui dont elle voudrait fixer la singularité du geste artistique (pictural et littéraire). « le roman d'une vie », sous-titre (celui d'Eugène/Dominique ?) trouve cependant quelques limites. Après l'enfance rochelaise évoquée rapidement, la jeunesse hésitante et les trois voyages, illustrés de quelques reproductions dans le cahier central, la curiosité du lecteur s'émousse un peu dans la succession des chapitres. L'auteur accorde une large part au rendez-vous annuel parisien du Salon et à sa préparation, à la réception critique des oeuvres de Fromentin, aux allers retours de l'artiste entre La Rochelle et la capitale. Apothéose puis désenchantements. Il y a de la pesanteur dans cet inventaire d'une production artistique observée au fil des Salons à travers un défilé d'années qui finissent toutes par se ressembler malgré les soubresauts de l'histoire politique du siècle. Si la vie bourgeoise de Fromentin peut s'accommoder d'un tel regard, son art en revanche en pâtit. Ce qu'on appelle une honnête biographie a failli se transformer pour moi en vrai moment d'ennui. Dommage. Mieux vaut relire Fromentin dans le texte ou aller méditer sobrement devant sa peinture.



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Je voulais en savoir plus sur l'auteur du magnifique roman "Dominique" que j'avais lu dans ma jeunesse et qui m'avait bouleversée. J'ai découvert un homme très sensible, tellement d'ailleurs qu'il souffrait d'hyperesthésie. Comme si la sensibilité était une maladie au fond. Eugène Fromentin aimait les voyages, et c'est en Algérie qu'il a parcouru à plusieurs reprises qu'il a trouvé l'inspiration pour nombre de ses tableaux, car c'était un peintre aussi. On découvre d'autres peintres autour de lui, et son amitié avec George Sand, à qui il dédiera "Dominique". Un bon roman qui raconte Eugène Fromentin, une époque, le XIXème siècle, une région, la Charente Maritime et La Rochelle en particulier, sa ville de naissance. J'ai souvent comparé Fromentin à Proust, dans son style d'écriture, à la manière d'un peintre, qu'il était, contrairement à Proust. de belles citations de l'écrivain peintre ou peintre écrivain qu'il était jalonnent le récit de P Tudoret.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je ne suis pas un voyageur, je l'ai déjà dit, et plus d'une fois ; tout au plus suis-je un homme errant. Mes voyages, si j'en faisais, ne serviraient pas même à donner à d'autres la curiosité de les refaire après moi. Je battrais vainement les chemins du monde : la géographie, l'histoire et la science n'en obtiendraient pas un renseignement qui fût nouveau. Souvent le souvenir que je garde des choses est inénarrable, car, quoique très fidèle, il n'a jamais la certitude, admissible pour tous, d'un document. Plus il s'affaiblit d'ailleurs, plus il se transforme en devenant la propriété de ma mémoire, et mieux il vaut pour l'emploi, qu'à tort ou à raison, je lui destine. A mesure que la forme exacte s'altère, il en vient une autre, moitié réelle et moitié imaginaire, et que je crois préférable. Tout cela ne fait pas un voyageur et cette manière de procéder prouve au contraire que je ne suis pas fais pour aller loin.
(Eugène Fromentin, Une Année dans le Sahel, in O. C. p. 294 - 295.)

Premier Orient, premier Salon, p. 71
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Vidéo de Patrick Tudoret
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/patrick-tudoret-en-marchant-53762.html
Voilà un livre qui fait un bien fou, un livre qui prend le temps, qui nous invite à l'introspection et nous invite surtout à marcher pour nous approcher de ce que nous sommes au plus profond de nous. « En marche », c'est le nouveau titre de Patrick Tudoret.
Il y eut le politologue, il y eut le chef d'entreprise, l'homme de media et puis il y a l'écrivain, l'écrivain polyformes qui s'exprime aussi bien dans l'essai que dans le roman ou la dramaturgie avec plusieurs pièces à son actifs.
Son 1er titre, « Impasse du Capricorne » sort en 1992 aux éditions de la Table ronde. D'autres titres suivront jusqu'en 2015 avec « L'homme qui fuyait le Nobl » paru chez Grasset qui lui permet d'atteindre un public plus large. A travers cet écrivain sélectionné pour recevoir le prestigieux prix et qui préfère partir sur les chemins pour s'en échapper, Patrick Tudoret nous racontait aussi une bouleversante histoire d'amour, de deuil et de résilience. Ce livre reste une référence, le genre de livre qu'on garde précieusement dans sa bibliothèque pour les bienfaits qu'il apporte mais que l'on a aussi plaisir à partager pour ses enseignements. Dans le même registre, mais cette fois-ci sous la forme de l'essai, Patrick Tudoret nous avait aussi séduits avec son « Petit traité de bénévolence » dans lequel il nous rappelait l'importance de l'ouverture aux autres.
On l'aura compris, dans notre monde d'urgence, de violence, de repli sur soi, Patrick Tudoret nous apporte par son écriture une salvatrice bouffée d'air frais.
Il le prouve cette fois-ci encore avec son nouveau livre « En marchant » paru chez Tallandier. A travers son expérience personnelle mais aussi en convoquant d'autres écrivains, il nous raconte l'importance de ces quelques pas qui deviennent des kilomètres, l'art de la marche qui nous permet de nous recentrer sur nous-mêmes, de revenir à l'essentiel tout en restant attentif à la rencontre et à l'inattendu.
Porté par une écriture douce, poétique, riante aussi, ce livre qui mêle étroitement pérégrinations pédestres, vagabondage philosophique et littéraire, souvenirs personnels et interrogations sur le sens de l'existence fait un bien fou. Que vous soyez vous-même adepte de la marche ou que vous vous disiez « un jour je m'y mettrai », emparez-vous de ce joli livre qui est avant tout un acte de vie et aussi un acte de foi.
« En marchant » de Patrick Tudoret, est publié chez Tallandier
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