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Critique de OceandreLaRenardouce


Une histoire farfelue de cette citoyenne française prise à tort pour une sans papiers, lors d'un violent contrôle d'identité, et qui atterrit dans un camp de rétention de migrants en situation irrégulière. A la fois poussée par la curiosité, étreinte par une peur quasi ancestrale et incorporée par une histoire familiale liée à la judéité et par cette permanente impression de ne pas être chez elle, ou en faute, elle se tait.
Sa rencontre fortuite lors de ce contrôle avec un roumain envers lequel elle ressent une attirance presque animale, contribue à ce qu'elle reste dans ce camp…

Ce roman ressemble beaucoup à ce que fait Karine Tuil, et pourtant il reste différent de ses autres livres. En effet, même si le thème de la judéité est présente (c'est un trait caractéristique et presque permanent des oeuvres de Tuil), l'écriture est incisive, courte, agressive et parfois violente. L'auteure n'a pas laissé beaucoup de place à l'intrigue, à la construction de l'histoire, on ressent une urgence à délivrer un témoignage, une prise de vue à la dérobée, presque illégale tant le roman est brut, comme si il y avais une urgence à écrire, à publier… Cette ambiance donnée par cette écriture, et par ce récit qui est assez court, et lié avec cet état d'urgence que vivent les migrants enfermés dans ces camps de rétention, de passage seulement (même si certains y restent plusieurs mois), puisque ce ne sont pas juridiquement des prisons, même si ces camps offrent sans distinction toutes les privations de liberté et humiliations qu'occasionnent la rétention pénitentiaire.

Je regrette cependant la breveté de ce livre, qui aurait mérité à être plus approfondi, mieux décrit, mais on peux comprendre aisément que nous, citoyens en règles, non seulement nous n'aurons pas l'occasion d'y séjourner, mais que même si nous voulions seulement en savoir plus, nous nous heurterions rapidement à un refus ne serait ce que pour visiter les locaux ou recueillir les témoignages de ces migrants ainsi parqués. Il me semble que l'autrice a précisé en fin d'ouvrage qu'elle n'avait pu se rendre que dans un seul centre, et encore le plus moderne de tous, ce qui laisse sous entendre que cela reste un milieu opaque, c'est pourquoi ce récit reste important, bien que court, et laissant beaucoup de questions en suspens.

Cette histoire fictive fait écho à une série réalisée et basée sur l'histoire vraie d'une Australienne qui s'est retrouvée très longtemps dans un de ses camps, avant que l'on ne découvre sa vraie identité. Cette série s'appelle Sateless pour ceux que cela intéresse.
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