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Citations sur Interdit (24)

Son corps est un amas graisseux criblé de cellulite.Sa peau, aussi rugueuse qu'un tronc d'arbre, exhale l'odeur d'une chambre qui n'a pas été aérée depuis des semaines. De longues varices serpentent ses jambes comme une vermine grouillante. Ses seins, qu'aucun soutien-gorge ne peut plus soutenir, s' entrechoquent au niveau de son nombril. Et plus haut s' étiole son visage, fané sur lequel mes yeux se posent avec effroi.
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Les nourrissons et les vieillards se comprennent à demi-mot. Placés à chacune des extrémités de la vie, ils se croisent un court instant. A peine un regard, c'est déjà fini. L'un sort d'un trou quand l'autre y tombe. (P143)
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La mort est un crime contre l'Humanité, c'est pourtant la seule mesure qui ne soit pas discriminatoire. (P126)
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La guerre avait non seulement engendré la mort de millions de juifs, mais aussi l'anéantissement de milliers de noms. A la mort physique succédait la mort spirituelle. Avant la guerre, les parents de Simone s'appelaient Morgenstern. Son père, pour les raisons que l'on devine, avait demandé une modification de son état civil : s'appeler Morgenstern, c'était comme porter l'étoile jaune. Conciliante avec les juifs désireux de se faire radier en tant que tels, l'Administration lui attribua le nom de 'Dubuisson' aux sonorités si douces. (…) Il espérait ainsi se fondre dans la masse, devenir un Français 'comme les autres'. Mais cet homme ne se douta pas qu'en agissant ainsi il serait soupçonné du crime de haute trahison par les siens : 'Dubuisson, ce n'est pas juif', concluaient-ils à l'énoncé de son nom, contraignant le pauvre homme à se justifier et à arborer une étoile de David autour de son cou pour affirmer son identité. Après le port de l'étoile jaune qui permettait aux nazis de reconnaître les juifs, voilà que les juifs eux-mêmes s'imposaient le port de l'étoile en or pour se reconnaître entre eux !
(p. 111-112)
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Cela faisait près de trente ans qu'elle cherchait un mari - c'est une denrée rare de nos jours, les hommes ont toutes les femmes à portée de main, ils n'ont qu'à se servir, pourquoi accéderaient-ils à la propriété, la location présente de bien meilleurs avantages. Nous vivions une ère pré-messianique : les femmes consentaient à offrir leur corps sans rien exiger en échange. Les putes étaient au chômage. Personne n'avait plus aucune raison de se marier. Sauf Simone et moi. Simone, qui avait perdu sa virginité entre mes bras, souhaitait régulariser sa situation vis-à-vis de Dieu ; moi j'avais peur de vieillir seul - une épouse coûtait moins cher qu'une infirmière à domicile.
(p. 27-28)
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Il haussa le ton, se mit à crier : il se sentait chez lui chez moi. Je ne répliquai pas : je n'ai jamais supporté les conflits intérieurs. Enfin il m'insulta. Cela ressemblait à des injures antisémites. Je pris peur. Comment porter plainte pour diffamation et injures raciales contre soi-même ? Car en m'annonçant que je n'étais pas juif, le rabbin ne se doutait pas qu'il permettrait à un étranger de pénétrer clandestinement chez moi. Un étranger avec sa culture, ses mœurs, ses origines !
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Elle transmettrait sa judéité à cet enfant, et moi, que lui offrirais-je ? Ma mémoire, ce cadeau empoisonné ! Je refusais de faire grandir un enfant au milieu d'un charnier. Comment apprendre à un enfant qu'il ne doit avoir peur ni des monstres ni de l'obscurité, quand son père hurle la nuit ? Chaque famille a ses secrets, ses tabous, nous aurons les nôtres : nous vivrons au milieu de six millions de cadavres et il faudra faire comme si nous ne les voyions pas. Nous sentirons leur présence : mes cris pendant mon sommeil, mes réveils en sueur nous rappelleront qu'ils sont là, parmi nous. Ils ne nous laisseront jamais en paix. Et pourtant il faudra rire. Faire semblant d'être heureux, de s'aimer, de vivre. Mon enfant ne comprendra pas mes silences. Je ne tolérerai pas ses plaintes. Que pourrions-nous avoir en commun ? Il cherchera à réaliser ses rêves ; moi, j'ai passé ma vie à repousser mes cauchemars.
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Les clients du restaurant riaient à gorge déployée. La salle ne désemplissait pas. A la fin de chaque représentation, je saluais le public, mes marionnettes encore accrochées à mes mains.
J'existais. (…)
Mais je m'égare quand je parle du succès que j'ai connu à New York grâce à mon humour juif - un humour que les nazis [dans les camps] n'avaient même pas remarqué alors qu'il était aussi visible que mon nez bosselé ou que mon sexe circoncis.
(p. 42)
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...elle faisait preuve de la même prévenance qu'une infirmière : "As-tu pris ta température, tes médicaments contre le diabète, l'hypertension ? Es-tu allé de corps ? Mange ta soupe ! Couvre-toi, tu vas prendre froid ! Agrippe-toi à la rampe en descendant !"; c'était essentiel car, si je me fiais aux statistiques, j'avais plus de chances de me casser le col du fémur que de lui faire un enfant.
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Tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Oui, mais le restent-ils ?
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