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Critique de Litteraflure


Si le Goncourt est la chambre d'échos des vibrations qui secouent notre société, alors oui, le livre de Karine Tuil a toutes les chances de remporter la précieuse récompense. « Les choses humaines », tout en insinuant que rien ne change ici-bas, montre les effets pervers des règles qui régissent désormais les rapports hommes-femmes. Karine Tuil est habile. La narration d'un procès, et ses différentes plaidoiries, lui permet de ne pas tomber dans le piège des avis binaires, des discussions dignes du Café du commerce. Il y a deux parties distinctes dans ce livre. Il y a un avant et un après viol de Mila. Avant l'agression de la jeune femme, l'auteure se livre à un portrait sans concession d'un microcosme politico-médiatique incapable de se renouveler. Elle prend une posture omnisciente, dresse l'inventaire d'un ancien monde en perdition et nous invite, nous les lecteurs, à le regarder brûler, tel un Néron désabusé. Karine Tuil répertorie les maux, solde les illusions, stigmatise les peurs dans des passages qui m'ont laissé parfois un goût amer dans la bouche, comme en feuilletant un Paris Match, entre reportages à scandales et publicité pour les produits de luxe. J'ai préféré la deuxième partie, l'enquête, le jugement, les délibérations même si, à travers la descente aux enfers de la famille Farel, on a l'impression de lire du Douglas Kennedy, avec l'apocalypse d'une caste, la chute des privilégiés, l'emballement du destin… Dès que les points de vue de la présumée violée et du présumé violeur s'affrontent (avec leurs clans respectifs), le livre prend sa véritable dimension (et son envol). Karine Tuil réussit la prouesse de disséquer avec objectivité la complexité des rapports de force, de fustiger les zones grises du malentendu, de démontrer sans juger que le mâle a trop longtemps bénéficié d'une certaine impunité, sans jamais tomber dans un féminisme aveugle. Elle rejoint, par sa mesure, Margaret Atwood. Cette dernière admet que les femmes ont trop souffert, mais elles ne sont ni des anges, ni des enfants. Un roman qui remue.
Bilan : 🌹🌹
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