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EAN : 9782373850666
237 pages
Les éditions du Sonneur (26/10/2017)
3.59/5   11 notes
Résumé :

Dans le premier volume de ses « souvenirs des enfers », Vagabonds de la vie, paru en 1924, Jim Tully évoquait ses mésaventures de hobo à bord de trains de marchandises. Trois ans plus tard, dans Circus Parade, il aborde un nouveau chapitre de son adolescence tumultueuse, celui de son passage dans un cirque nommé Cameron’s World Greatest Combined Shows.

Le livre se présente comme une galerie de portraits de personnages hauts en couleur que Tul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jim Tully retrace un épisode de sa vie quand, encore adolescent, il est embauché dans le cirque Cameron, un de ces cirques qui sillonnent les Etats Unis, se déplaçant grâce aux chemins de fer, mobilisant une dizaine de wagons pour transborder artistes, animaux et matériels, rabatteurs ou manoeuvres, plus ou moins traités selon une hiérarchie organisée en fonction des postes occupés ou de leur importance artistique dans le spectacle.
Des conditions difficiles voire terribles où le patron escroque les salariés, se débrouillant pour s'en débarrasser avant leur paye, ou retenant malhonnêtement leurs gages...C'est l'occasion de découvrir une galerie de personnages hauts en couleur, du dompteur de lion, à la femme forte en passant par la femme aux cheveux de mousse et les vagabonds occasionnels qui s'engagent pour quelques jours de travail mal payés, des hobos (vagabonds du rail) qui sillonnent le pays pour survivre.

Paru en 1927 ce roman-témoignage a jeté la lumière sur les cirques et surtout les conditions difficiles et quelquefois inhumaines que l'on y rencontrait, suscitant les réactions de l'association des cirques Circus Fans' Association of America. Jim Tully y dresse des portraits d'une grande humanité, y décrit souvent une grande violence, une lutte pour la survie, l'histoire d'une Amérique dure, où seuls, les plus roublards ou les plus forts peuvent survivre.
Circus Parade nous offre un éclairage et un témoignage précieux sur le monde des nomades, des marginaux, et des va-nu-pieds de l'Amérique du début du XXe siècle et reprend la tradition du narrateur vagabond initié par Jack London, et qui sera repris plus tard par Jack Kerouac.
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Deuxième tome du « Cycle des bas-fonds », « Circus parade » fut écrit en 1926 et raconte l'expérience fort mouvementée de Jim TULLY dans un cirque itinérant des Etats-Unis vers 1906. L'image d'Épinal, celle de l'imaginaire collectif sur le monde du cirque est ici pour le moins écornée. Car TULLY en a vu plus qu'il n'aurait dû sur la face cachée, maladie honteuse de cet art.

Le roman (qui n'en est pas vraiment un) débute par la mort d'un dompteur, tué par les animaux qu'il dressait. L'image est forte. Puis au fil des étapes de la troupe, TULLY note des situations, des anecdotes, et comme toujours laisse parler les protagonistes, qui se présentent et racontent leur parcours. Son travail consiste également en un instantané de la vie des marginaux aux U.S.A. à cette période, les lois en vigueur dans les différents États du pays, comme par exemple cette législation anti-vagabondage dans le Mississipi, que l'auteur et ses comparses doivent détourner.

Le monde du cirque est passé au peigne fin, abordant les suiveurs, où figurent pas mal de bandits. Voyages en train, le matériel étant acheminé par fourgons, et puis tous les à-côté, les magouilles, les vols, les intimidations, univers bien plus sinistre que l'image qu'il renvoie. « Notre monde était brutal, immoral, suffisant et conformiste. Nous avions un mépris sans borne pour tous ceux qui ne prêchaient pas de la même manière que nous ».

TULLY est un défenseur des minorités oppressées. Ici par exemple, il prend la défense d'un homosexuel persécuté. Il fait parler les sentiments, ainsi il présente cette dame obèse comme il y en a tant dans les cirques, la « Femme Forte », qui souffre en silence et finit par se suicider. Au-delà du (non) style, argotique, langage de la rue, des bas quartiers, le fond chez TULLY est sombre, il décrit la misère, l'isolement, l'addiction, les rapports humains exacerbés par les abus ou l'appât du gain. Parmi eux, ces salariés dont la route du cirque croise celle de Barnum, plus riche, plus célèbre. Et plusieurs de ces hommes et ces femmes rejoignent la facilité par la notoriété d'un cirque, en condamnant un autre, plus intimiste, à sa perte. le racisme est prégnant, domination des blancs, haine du juif, les noirs finissent d'ailleurs par ne pas venir travailler dans les cirques à cause de leur persécution quotidienne dans un univers malsain et mafieux.

Le dénouement de ce livre riche en émotions a lieu en forme de bouquet final, toute la lecture s'apparentant à un véritable feu d'artifice. TULLY sait y faire avec les mots qui frappent, les scènes qui marquent, qui hantent, décrivant une classe sociale, parfois oisive, ici celle des travailleurs dans un milieu censé représenter la joie et la bonne heure. Il n'en est rien.

Il est peut-être temps, non pas d'oublier, mais de compléter STEINBECK. Les personnages de TULLY pourraient être échappées de « Tortilla flat » en même temps que de « Les raisins de la colère ». Pourtant ici ils ne sont pas fictifs, TULLY les a côtoyés, parfois aimés, ils sont décrits avec le coeur, ainsi qu'avec une bonne rasade de whisky. Ils furent écrits avant ceux dépeints par STEINBCEK, ce qui relativise quelque peu l'oeuvre de ce dernier. « Circus parade » fut interdit dans plusieurs villes des Etats-Unis pour le portrait sulfureux du monde du cirque qu'il véhiculait.

Jim TULLY est sans doute cet auteur que j'attendais depuis des années, celui qui dépeint, sans arrogance, sans mots savants, les laissés pour compte d'une société, de manière faussement naïve, en fait franchement subtile derrière la gouaille hors norme de ses protagonistes. le « Cycle des bas-fonds » (que je viens de terminer et dont je présenterai régulièrement chaque tome) est une sorte de miracle de la littérature. Ce volet parut pour la première fois en français en… 2017 ! Il faut remercier les éditions du Sonneurs par le travail d'envergure de Thierry BEAUCHAMP, préfacier et formidable traducteur de ce volume, un régal absolu pour les yeux et pour l'âme.

https://deslivresrances.blogspot.com/
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Difficile de faire rentrer ce texte dans une case. Récit, chronique, roman, autobiographie ? Sans doute un peu de tout cela à la fois. Ce qui est certain c'est que Jim Tully y raconte son expérience de manoeuvre dans un cirque itinérant au début du 20ème siècle. Lui, le vaurien, le vagabond, le « gamin du rail » a un jour quitté son habit de hobo pour être engagé en tant qu'assistant dans la ménagerie d'un cirque. le début d'une aventure à travers l'Amérique profonde et une succession d'événements dont il est difficile de vérifier la véracité.

Pour éviter les ennuis au moment de la publication de l'ouvrage en 1927, Tully n'a pas révélé le vrai nom du salopard de promoteur qui menait ses troupes d'une main de fer. Malgré tout, son témoignage à charge contre les pratiques plus que douteuses du patron souleva de nombreuses critiques, tant chez les défenseurs du cirque que dans les ligues de vertu.

Il faut dire que l'auteur de « Vagabonds de la vie » exprime un point de vue sans concession sur l'univers circassien, loin des images d'Épinal bohèmes et poétiques. Son cirque à lui n'était qu'un ramassis de va-nu-pieds, d'escrocs, d'arnaqueurs, de repris de justice et de pauvres hères au service d'une galerie d'artistes tenant plus souvent du monstre que de l'athlète de haut-niveau. Une population misérable exploitée par des promoteurs uniquement guidés par l'appât du gain.

Au fil des chapitres Tully narre la mort du dresseur de lions tué par un ours aveugle, les pickpockets s'attaquant au public en train d'acheter ses billets, les bagarres avec les autochtones qui parfois éventraient le chapiteau à coups de hache, la jalousie des artistes en quête de popularité, le danger pour les employés noirs dans les villes du sud et les nuits dans les trains entre deux étapes. Un tableau sordide où une population à la marge survit dans des conditions effroyables raconté dans une langue très orale à la syntaxe parfois syncopée.

C'est brut, sans filtre,violent, et même si certains passages semblent très romancés le réalisme des descriptions est saisissant. Un texte dur qui déborde de vitalité et constitue un témoignage unique sur ce qu'était un modeste cirque itinérant dans l'Amérique de 1900. le livre eut un grand retentissement au moment de sortie. Trop cru et dérangeant, il fut interdit dans certains états. Hollywood en acheta les droits d'adaptation mais suite au lobbying de la très influente « Circus Fan's Association of America », le film ne vit jamais jour.
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S'inspirant de sa propre expérience, l'auteur, qui fut dans sa jeunesse un "vagabond du rail", revient sur la période de sa vie où le hasard des rencontres l'amena à travailler comme assistant de ménagerie dans un cirque. C'était dans les années 20, il crevait alors de faim et de misère, mais avec le recul, il regretterait presque cette vie aventureuse, libre et sauvage, où chaque matin s'ouvrait sur nouveau monde, avec tant d'histoires à raconter...

Il raconte, donc. L'itinérance et ses aléas, la rudesse frugale et travailleuse du quotidien, les couches pleines de vermine, les affrontements avec "les ploucs" -les habitants des villes- devenant parfois très agressifs lorsqu'ils comprenaient que le caissier les avait roulés...

Et surtout il raconte ceux qui composaient cette Cour des Miracles nomade, ce monde grouillant peuplé de figures souvent touchantes, dont ces "suiveurs" qui s'ajoutaient à la population des employés du cirque : mendiants, culs-de jatte, faux aveugles, poètes..., accompagnant tout événement attirant les foules et gagnant leur vie "aux dépens des gens".

Il rend ensuite plus particulièrement hommage à certains des artistes qu'il a côtoyés, dont il dresse d'émouvants et truculents portraits. Parmi eux, la Femme Forte, capable de soulever onze hommes à la fois, et dont les cent quatre-vingt kilos enrobaient la douceur d'une peau de bébé et la générosité d'un coeur en quête éperdue d'amour, la magnifique Cheveux de Mousse, à l'existence "vide comme une tombe sans locataire", ou encore Goosey, le dresseur qui comprenait même les silences de ses éléphants...

Il évoque les amitiés qu'il noua avec Bouton de Rose, le percussionniste efféminé, ou Jock, un ancien jockey "ayant connu plusieurs fois l'enfer"...

Cette troupe éclectique faisait tourner le cirque tant bien que mal sous la direction de Cameron, patron d'une avidité maladive, entouré d'acolytes aux patronymes évocateurs -"Finnerty la Massue", "Haley le Gorille"-, transformant les jours de paie en combats sans cesse renouvelés pour tenter d'obtenir en temps et en heure les maigres salaires pourtant dus.

Il émane de "Circus parade" l'énergie vitale de ceux qui, confrontés à la brutalité et à l'iniquité du monde, ainsi qu'à la certitude que la mort peut survenir à tout moment, sont aussi prompts au rire qu'à la bagarre. A l'image de cet univers sans pitié et de la société non moins cruelle -il y est encore banal de lyncher un noir- qui l'entoure, le récit est cru, violent, et en même temps très émouvant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La terrible législation anti-vagabondage du Mississipi me menaçait. Un agent de police empoche légalement deux dollars et demi pour chaque trimardeur qu'il capture en vie. Dans d'autres parties des Etats-Unis, un clochard n'est pas importuné tant qu'il évite la propriété des chemins de fer, mais, dans le Mississipi, il est pourchassé par monts et par vaux par ces deux dollars et cinquante cents.
Une fois interpellé, il écope d'une amende de soixante quinze dollars. N'ayant pas le sou, il doit la régler en travaillant - payé vingt cinq cents par jour-, ce qui le mène à peu près à onze mois et vingt-neuf jours, à condition qu'on lui accorde quelques jours pour bonne conduite. Mais il y a une autre entourloupe. Le prisonnier a toujours besoin de vêtements. On lui facture trois dollars un bleu de travail à cinquante cents et sept dollars une paire de grosses godasses à un dollar vingt-cinq. Ces dettes s'ajoutent à sa peine et se chiffrent à vingt cents par jour. Il n'est donc pas rare qu'un homme sans amis passe plusieurs années comme ouvrier agricole dans le Mississipi.
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Une "bourse de grincheux" se portait généralement autour du cou, suspendue à une cordelette. C'était plus ou moins la réserve bancaire des vagabonds du cirque. Lila prêtait souvent de l'argent à ses conditions et au taux d'intérêt adéquat. Et souvent, même si elle se fâchait quand on en parlait, elle donnait aux nécessiteux.
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Il avait ce regard furtif, toujours en mouvement, que je n'avais pas tardé à observer chez les vagabonds quand j'avais commencé à suivre leur voie : même si leurs facultés mentales et physiques sont mortes, ils ne relâchent jamais leur attention. Les yeux sont toujours en alerte, prompts à remarquer tout ce qui concerne leur mode de vie : le vol, l'indigence et la saleté. Le loup apprend à ruser pour survivre; le vagabond, à observer. A sa manière de se tenir, je pouvais dire que l'homme au torse velu avait une longue expérience de la route.
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Nous avions eu droit à une saison pluvieuse - le cauchemar des gens du cirque. Lorsqu'il pleuvait des cordes et qu'il ne faisait pas assez chaud, nos vêtements étaient vite trempés et nous les laissions sécher sur nous. Pour prévenir la pneumonie, nous comptions sur le whisky frelaté et des poumons qui pompaient dur pour s'accrocher à la vie.
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Cameron m'ordonna donc de remplacer le déserteur. Goosey me déguisa en Arabe.
- Dis, Goosey, ils montent pas les éléphants, les Arabes ? demandais-je.
- Eh ben, dans ce cirque, si, répondit-il. C'est le seul costume qui nous reste.
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