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Critique de wooter


wooter
02 septembre 2021

Tailler le bout de gras avec une dose outrancière de décibels et une haleine de phacochère désoeuvré ne pousse pas vraiment le chaland à lâcher l'obole.

Exit squattage des devantures de boulangerie ou de parvis d'édifices à beffroi, les grand-mères sont bien trop en manque de socialisation et leurs retraites bien trop ridicules pour en tirer de quoi se payer une canette de 8.6, ah si, peut-être une migraine carabinée due à une logorrhée galopante et frénétique.
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En ces temps de 5G et d'itinérance comme graal visé, il est parfois bon de se ressourcer en remontant à l'origine du phénomène quand le vagabondage américain était élevé au rang d'art et vecteur de liberté.

Jim Tully nous promet donc un épisode old-fashioned de vis ma vie de charclo façon 20's au pays de l'Oncle Sam.

2 époques, 2 pays, 2 ambiances.

Wooter, 15 piges, France, quelque part dans le Sud-Est, je venais juste de me débarrasser de ma mue vocale et maitrise tout récemment ma nouvelle voix bien trop grave, seul soupçon de maturité qu'incarne ce corps d'adolescent bourgeonnant de sébum d'immaturité et d'indolence envers autrui. Dépendance financière aux géniteurs totale. Ma carrure de crevette et mon courage de branleur au corps de lâche ne me permettent pas de m'émanciper financièrement en trafiquant des fines herbes.

Jim Tully, 15 piges , USA – Ohio, Quand ta chevelure couleur feu n'est plus suffisante pour assurer la fonction de sauvage central, et que le filet social n'est encore qu'un doux rêve, va falloir se lever le fiacre pour trouver de quoi vivre.

Bruler le dur. Bruler le dur. Bruler le dur.

Si pour moi il n'a au début s'agit que de chassé-croisé avec des contrôleurs trop feignasses pour faire chauffer les godasses, puis par la suite pour trouver d'autres moyens moins recommandables pour voyager aux frais de la princesse SNCF, l'itinéraire était soigneusement prédéfini à l'avance. Métro-goulot-dodo.

Jim Tully, irlandais de souche, n'aime pas trop les bâtons dans les roux, et s'il chope un train, les sièges molletonnés au patchwork infâme que nous impose actuellement les bureaucrates de la RATP reste un doux fantasme inavouable et insoupçonné, lui c'est plutôt wagons à bestiaux, benne à charbon et salade de bourre-pif offerte au cheminot qui aimerait juste pouvoir faire ce pour quoi il est payé à coups de lance-pierre.

Si l'aventure sent bon la sueur, le smegma, et la gnole bon marché - à vous percer l'estomac; et tient en haleine – fétide- un bon tiers du roman, le manque de créativité littéraire et la redondance de précarité a tendance à faire souffloter discrètement le petit blanc-bec de bonne famille que je m'efforce de paraître aujourd'hui. Joignez à ça une traduction toujours délicate de chansons de vagabonds du rail qui sonnent carrément faux dans notre langue et sortie d'un contexte bien lointain, j'aurais presque rallumé BFM TV si Jim Tully n'avait pas gardé quelques épisodes croustillants sous la godasse trouée qu'il traine de wagons en wagons.

J''vais pas dire qu'il y a du Steinbeck ou du Faulkner dans ces lignes car c'est ce que font tous les zèbres qui lisent de la littérature de prolo du Sud des US, laissés pour compte célébrés trop-tard que nous font toucher du doigt les éditeurs qui ne laissent vendre une littérature qui est jugée profitable - pardon c'était l'ado rebelle de 15 ans.

Embarquez avec Tully et vous aurez quelques ficelles pas bien gaillardes pour extorquer une poignée de pesetas à ceux qui en ont le plus besoin.

Je tire tout de même mon chapeau à un gamin de 15 ans qui a su se montrer honnête dans son récit et bien plus adulte que je n'aurai pu l'être à son age en célébrant la liberté et la vie de traine-savate, accroché d'une main au garde-fou du wagon et l'autre à une bouteille de tord-boyau à en faire dérailler la locomotive.

Témoignage distrayant à défaut d'être indispensable il célèbre une forme de liberté que la sédentarité n'assouvira jamais.

Tchou-tchou mother f#cker.



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