L'enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu'elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir.
(Courier adressé au juge, fautes d’orthographe comprises)
« Cher Juge, je connais bien ces huit garçons, je les connais depuis longtemps et je peux vous garantir que ces jeunes hommes sont innocent. Ils sont comme des frères pour moi et m’imaginer les voir faire une tel chose m’est aussi insupportable qu’incrédible. Je suis contre le fais que ces jeunes soit pénaliser or que certains ne l’on pas toucher. ni même parler. De plus cette jeune elle a déjà une réputation car il y a des rumeurs sur cette personne et ce jour-là je ne doute pas qu’elle était consentante. Je compte sur vous pour prononcer la sentence la plus juste en espérant avoir un jugement clément pour mes amis. Merci d'avance. »
Le réel ne prend pas de gants.
On ne choisit pas d'être éducateur si on n'espère pas réécrire la fin.
J'ai refusé. En vain. Il m'a attrapée de force, m'a couchée sur le lit, me maintenant les deux bras le long du corps, m'immobilisant sous son poids. Je m'étais crue aimée pour mes pleins et mes courbes. Il ne me prenait que pour mes creux. J'ai pourtant dit clairement cette fois que je ne voulais pas. Je l'ai répété, à voix haute et distincte. Il a continué.
Emma s’assombrit, dans les films les monstres se transforment en princes charmants. Dans la vraie vie, c’est l’inverse, exactement l’inverse.
Qu’on n’aille pas lui expliquer que ce sont des gosses, qu’ils ne se rendent pas compte. Leur foutue présomption d’innocence, ils peuvent se la garder.
Elle ne dit rien, ne pleure pas. Elle n’est pas fière de ce qu’a fait son fils, elle sait que l’acte est odieux, mais elle est mère et pour l’instant il faut que son enfant survive loin d’elle. Inconditionnellement. Elle repasse dans la salle d’accueil, récupère son téléphone, son portefeuille et les gâteaux qu’elle n’a pas pu lui donner. Elle met au fond du sac, sous les habits sales, les petits bateaux sucrés. L’enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu’elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir.
Plus profonde que les griffures sur son visage et sur son cou, il y avait cette plaie invisible qui avait déchiré son enfant en deux, en son milieu, cette fracture sauvage qui la rendrait peut-être incapable de jamais se rassembler à nouveau. Se ressembler à nouveau. Défigurée. Elle se sent brisée en chaque recoin de son être, on a souillé sa chair et chaque parcelle de sa peau de maman, par écho, réclame vengeance. Elle n’a aucune chance de riposter par elle-même. La vendetta nécessite des alliés, elle est seule. Elle s’est tournée vers la police plutôt que d’alimenter le système gangrené qui a démoli son enfant. Ce raisonnement est d’une implacable netteté dans son esprit, elle est pourtant incapable de tenir le même discours à Fatima. Dure comme peuvent l’être les femmes blessées, elle lui reproche d’« avoir cherché ». La phrase reste en suspens. Cherché quoi ? Les embrouilles ? Ce n’est pas ainsi qu’on parle d’un viol. Les hommes ? Ils ont toujours su prendre ce qu’ils veulent sans qu’on ait besoin de le leur donner. Il n’empêche, si elle s’était bien comportée on l’aurait traitée en femme digne. Mais non, il avait fallu qu’elle s’entiche de ce garçon. Si elle lui en avait parlé au moins, si elle s’était confiée à temps.
Il a passé sa main sur mon épaule, je me suis échappée. Il est revenu, je me suis défendue. J’ai refusé. En vain. Il m’a attrapée de force, m’a couchée sur le lit, me maintenant les deux bras le long du corps, m’immobilisant sous son poids. Je m’étais crue aimée pour mes pleins et mes courbes. Il ne me prenait que pour mes creux. J’ai pourtant dit clairement cette fois que je ne voulais pas. Je l’ai répété, à voix haute et distincte. Il a continué. Il s’est introduit en moi. J’ai arrêté de crier. À chaque à-coup, il forait le vide un peu plus loin. Bientôt il ferait noir partout.