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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ca faisait bien une dizaine d'années, voire davantage, que ce livre était sur une de mes étagères et qu'il me défiait de sa tranche imposante quand mes yeux tombaient sur lui. A vrai dire, il ne s'agit pas seulement de l'Oratorio de Noël mais de quatre romans (dont l'Oratorio) de Göran Tunström, écrivain suédois, disparu le 5 février 2000 à l'âge de 62 ans, qu'Actes Sud a réuni en un seul volume de sa collection Thésaurus. J'avais lu de cet auteur "Le buveur de lune" et aussi "Un prosateur à New-York" que Nancy Huston avait traduit du suédois, et j'étais aller écouter NH parler de ce livre sur un salon. J'étais tombé sous le charme. Et je m'étais empressé d'acheter ce gros volume de près de 1000 pages qui depuis me narguait depuis son étagère.
Aujourd'hui, ça y est, j'ai terminé L'oratorio de Noël, le roman le plus connu de Göran Tunström, et je suis ravi de pouvoir partager ici mon enthousiasme, enfin de tenter de le partager.
Je ne recommanderai pas ce livre (quoique ...) aux personnes qui aiment être fermement guidées dans leurs lectures, celles qui n'aiment pas du tout les passages où ne sait pas encore qui parle, à quelle période de l'histoire on est, qui n'apprécient guère les mélanges des genres quand le réalisme du récit s'accommode parfois d'envolées poétiques, ou de caresses d'enfants quand le grotesque côtoie le féérique.
Car c'est tout cela qu'on peut trouver dans ce magnifique récit qui nous conte l'histoire d'une famille sur trois générations autour d'une petite ville, Sunne, non loin de la frontière norvégienne, d'où est originaire Tunström et où Selma Lagerlof, la grande écrivaine suédoise, a terminé sa vie, Selma Lagerlof qui est d'ailleurs un des personnages du livre. Mais le roman nous emmènera aussi à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, terre de promesses.
Même si l'on peut sans doute trouver de nombreuses influences ou correspondances avec d'autres écrivains (j'ai pour ma part pensé à des écrivains aussi différents que Romain Gary, Jean Giono ou Pierre Loti) la voix de Göran Tunström est singulière, belle et dérangeante à la fois, se confrontant à une réalité du monde qui n'est pas souvent celle que l'on nous a peint dans notre enfance, mais qui comporte néanmoins de la poésie pour qui se donne la peine d'aller la chercher, jusqu'au bout du monde s'il le faut.
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Que dire de cette lecture, de ce livre ? Je me demande si ce n'est pas le premier roman d'Actes Sud que je me suis acheté… (ce serait vraiment chouette, n'est-ce pas, mais je ne peux le jurer). En tout cas, c'est mon premier de cet auteur, mon premier Suédois, et une lecture inoubliable.

Entrer dans l'univers de Göran Tunström, c'est entrer dans le pays de l'enfance blessée, des rêves inguérissables, en compagnie de personnages qui ont bien du mal à se débrouiller avec la réalité.

C'est accepter de plonger dans une histoire qui nous mènera aux confins de la folie.

C'est assister, impuissant, à la mort de Solveig, et ressentir la douleur indicible de la perte d'Aron et de Sidner.

C'est croiser une galerie de personnages secondaires savoureux, et Selma Lagerlöf en personne, qui est sans doute une des inspiratrices de Göran Tunström.

C'est vivre à Sunne, petite ville suédoise inscrite au coeur de l'auteur depuis son enfance, mais aussi aspirer aux antipodes et à la Nouvelle-Zélande, autre pays où les rêves se construisent, se brisent et ressuscitent.

C'est avoir envie d'écouter en toile de fond l'oeuvre qui donne son ttire au livre et se laisser porter par la force, l'équilibre, l'harmonie, la foi de la musique de Bach. Et comprendre à quel point celle-ci reste un point d'ancrage pour ces personnages à la dérive.

Lire L'Oratorio de Noël, c'est se laisser toucher par la grâce des notes et des mots au gré d'une écriture musicale, poétique, qui laisse place à tous les sens, à l'essence des sentiments, des émotions.

C'est remercier une fois de plus l'écrivain parti bien trop tôt, l'éditeur qui a été attentif au coup de coeur d'une Suédoise dans un avion, les traducteurs (Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) qui ont réussi un texte français somptueux. J'espère que les deux premiers se sont retrouvés au paradis des lettres…
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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On retrouve dans celui-ci le même foisonnement de personnages que dans les autres ; à ceci près que tous les personnages sont reliés par les liens du sang et que le temps du récit est assez long pour faire se succéder trois générations de Nordensson.

Tout commence par un drame : Solveig meurt, écrasée par un troupeau de vaches. Son fils, Sidner, portera la culpabilité de l'accident tout au long de sa vie : son geste (il a poussé le vélo de sa mère, juste avant qu'elle n'atterrisse dans les vaches) le poursuivra dans sa vie, ses rêves, empiètera sur ses actes, déterminera même le tracé de sa vie. de la même façon, son père ne se remettra jamais de la mort de sa femme : il ne cessera de la chercher, allant même, lors de sa correspondance avec une australienne, jusqu'à s'imaginer qu'elle a fait croire à sa mort et qu'elle a pris les traits d'une autre. Ce n'est que quand il entreprend son voyage pour aller la rejoindre en Australie qu'il se rendra enfin compte qu'elle est morte. Insoutenable, cette révélation le poussera à se suicider en se jetant dans l'eau. Seule sa fille, Eva-Liisa, semble s'être remise de la mort de sa mère (elle était encore jeune quand c'est arrivé).

Le roman est surtout centré sur Sidner : son enfance (le drame, le déménagement, la ville, son ami, la vie à l'hôtel où son père travaillait…) puis ses premiers émois amoureux (sexuels devrait-on plutôt dire !) et le voilà catapulté père sans qu'il s'y attende (Fanny, déçue par un homme qu'elle avait idéalisé complètement vu que c'était un homme public et qu'elle ne le connaissait pas, fait l'amour à Sidner : il résultera de cette brève union un fils, sur lequel Sidner malgré son bon vouloir n'a aucun droit mais auprès duquel il finit par trouver sa place). Pour finir, Sidner se rend en Australie pour rendre à l'ancienne amoureuse de son père un bijou (ici symbolique de « si je te rends ce bijou, alors tu pourras aimer à nouveau »). Au-delà de cette trame, on a les tribulations du frère de Solveig avec un enfant qu'il croit être le sien mais qui ne l'est pas, et en cinquième partie le livre « les caresses » censé être écrit par Sidner à l'intention de son fils (partie que j'ai trouvée absolument inintéressante…ben oui !).

En trame de fond Bach et son oratorio de Noel, le roman semble suivre la structure musicale de l'oratorio et nous explique sa création. Cet oratorio qui aurait dû être chanté à Sunne par Solveig et sa chorale ne le sera pas puisque Solveig est morte ; il revient régulièrement tout au long du roman puis un nouveau projet de le monter voit le jour (on ne le verra pas se concrétiser, le roman s'arrête (ou commence) au moment où ça va se faire : la boucle est bouclée.

Intéressant : la perception du temps dans le roman. A l'image de cette citation, quand Sidner entre dans une boutique d'un opticien-horloger, et qu'il se retrouve face à plein de pendules qui indiquent toutes une heure différente : « Elles tictaquaient inlassablement, chacune dans son temps, sans se soucier l'une de l'autre. Aucune n'était fausse, aucune n'était juste, il n'y avait ni avant ni après. Toutes n'étaient préoccupées que d'elles- mêmes et de leur propre mécanisme.» le temps est comme arrêté sur certains événements (mort de Solveig) qui se répètent inlassablement dans les esprits et les coeurs, d'autre fois il file aussi vite que le vent ou s'étire, mais toujours par couches successives, en même temps, les temps se superposent comme autant de strates de vies possibles d'un même individu.

Pas aussi bien que le livre d'or des gens de Sunne, mais quand même…y'a encore un paquet de bonnes choses là-dedans !
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J'ai lu ce roman pour la première fois il y a plus de 10 ans. Je l'ai relu depuis, mais je ne saurais en résumer l'histoire. On pourrait dire : la vie d'une famille suédoise sur plusieurs générations, au XXe s. , sur fond de musique et de protestantisme... ce serait réducteur. Si ce livre occupe en moi une place à part, c'est par l'univers poétique qui s'en élève, par la douce folie qui le parcourt. Je me le remémore toujours avec émotion.
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