Voici un livre que j'ai récupéré dans les étagères de mon futur appartement et comme j'ai une croyance infinie dans les livres, je me dis qu'il va nécessairement m'apporter beaucoup.
L'auteur Goran Tunström, après avoir avalé toutes les lunes poétiques de la terre, déverse dans ce livre à nos pieds des idées scintillantes, des notes de musique, des grondements, de grands débats philosophiques menés avec légèreté et humour, des rayons de soleil sur une terre rapée comme une lune, des parfums enivrants et des repas proustiens : soupes de mûres et poulet piri piri, chèvres frits à la sauce au basilic (à tester sans plus attendre à cette saison avec une vinaigrette au basilic).
Ce livre retrace l'histoire d'une relation entre un père fantasque et son fils. L'univers créé par Goran Tunström est émaillé de débats philosophiques très drôles sur la musique échangés à bâtons rompus, de situations diplomatiques rocambolesques (une histoire sur la présence du raifort au Nigeria m'a beaucoup fait rire), de pensées philosophiques sur le sens de la vie si vraies et si amusantes. Il faut bien vivre dans une contrée où l'hiver est rude pour accoucher d'un livre pareil ! A n'en pas douter, la littérature nordique est un excellent antidote à l'hiver !
Dans une deuxième partie du livre, l'humeur de l'auteur se déploie sur un autre registre quand c'est le père qui prend la parole. L'histoire de cette relation père-fils est menée avec moins de drôlerie. le narrateur, le fils, est confronté à la personnalité exubérante de ce père. Il n'y a personne pour contrebalancer le poids de ce père certes très attachant au début du livre, mais dont l'égocentrisme croissant finit par porter ombrage à son fils. le flux de paroles que déverse ce père cache bien des secrets, bien des non-dits. Il n'y a pas de mère, juste une mère fantasmée, mais en fin de compte comme « tout ce que nous vivons n'est que divagation de l'esprit », c'est une flamme qui porte le fils, faible et vacillante. Ce père si exubérant mis au placard dans son travail et par son fils perd le goût de la vie et on le voit sombrer dans une mort lente. Après avoir été décrit comme étant un grand jouisseur, un grand dévoreur, on ne comprend pas très bien cette évolution mais petit à petit, on comprend pourquoi ce père déploie tant de mouvements, pourquoi le dialogue entre lui et son fils tourne à un impossible dialogue.
Le thème qui sous-tend ce livre et hante l'auteur est certainement résumé dans la phrase « On peut vivre ensemble pendant des années, pour s'apercevoir un jour qu'il ne s'agit pas de nous, mais de quelques qualités rassemblées au hasard et fourrées dans le même sac, simplement parce que la route sur laquelle on s'est rencontrés était étroite et bordée de profonds précipices. On croit qu'on aime, quand on aime… »
Ce livre est une vraie source d'énergie vitale pleine de poésie et pleine d'humour. L'auteur a une imagination décomplexée et explosive qui sait transcender tous les excès dont la nature nous a dotés. Comme chez
Gabriel Garcia Marquez, le désir et la nostalgie sont joyeusement servis par un récit teinté de notes magiques.
Il y a un passage qui se déroule à Paris dans la librairie anglophone d'Odile, rue Princesse qui a fermé depuis.
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