Ce petit livre labyrinthique portant sur le métier d'auteur est avant tout un exercice de style truculent qui déconstruit – littéralement! – l'écriture du roman. Dès les premières pages, le train du récit déraille et bascule dans l'envers du décor pour laisser place à de nouvelles intrigues, qui s'imbriquent et se démultiplient jusqu'à en éclipser l'histoire principale, qui n'en est pas vraiment une de toutes façons! Chaque fois que le récit semble prendre une direction, il bifurque soudainement vers une nouvelle destination. Grâce à ces passages à niveau, l'auteur contourne tous les clichés du genre romanesque et crée un roman unique – ou devrais-je dire multiple?
L'écriture habile et intelligente rend la lecture de cet antiroman ludique et parvient à y maintenir une certaine cohésion, malgré l'absence cruelle d'intrigue suivie. Car il faut bien l'avouer : ce train-là ne s'en va nulle part!
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En cours, très agréable, pageturner...
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David Turgeon, qui est aussi bédéiste, nous présente ici un jeu de miroirs brillant et lumineux, où les images multiplient leurs reflets à l’infini pour mieux nous faire réfléchir.
Lire la critique sur le site : LActualite
Ça commence dans un train en marche. On imagine
que l’histoire va tout de suite embrayer et qu’on va
se trouver sans attendre dans le feu de l’action. Ça
pourrait se passer comme ça, en effet, pourquoi pas.
Mais non, en réalité on déambule sans but, d’un wagon
à l’autre, certes à l’affût de péripéties, or sans véritable
succès. On ne tranche pas dans l’ennui, on s’y installe.
Et finalement le récit ne commence pas. Pourtant le
train est bel et bien en marche. Et nous à bord.
Admettons que le récit ne soit au fond qu'une fenêtre donnant sur un monde bien plus grand que lui; admettons que vos personnages aient la capacité de se dérober de son cadre à l'envi. Admettons que vous avez aujourd'hui simplement fermé les volets de cette histoire, et que le monde derrière ces volets continue néanmoins de grouiller.
Bref, admettons que l'histoire continue malgré vous et sans vous.
Tout construire, et refaire, et ôter, et extraire, ne garder que le nécessaire, et encore: souvent tout effacer, recommencer du début.