AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782815931151
189 pages
L'Aube (04/04/2019)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Un long chapelet de prénoms s’égrène de la Savoie rurale à l’Amérique post-industrielle de Detroit : Hope, Jean-Pierre, Garrett, Anne-Marie, Casey, Jocelyne, Evelyne, Lauren, Georgette, Philippe, Jason, Jérôme.Tous ont croisé dans leur vie cette femme effacée et taiseuse : Isabelle Lelièvre. Ils l’ont connue, désirée, convoitée, aimée, mariée, fréquentée, oubliée, interrogée, soignée ou simplement croisée. Ils détiennent tous à leur manière un fragment de son secret... >Voir plus
Que lire après Ephé[mère]Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On pense connaître les gens, mais on ne détient qu'un morceau de ce qu'ils sont vraiment, à travers ce qu'on peut voir d'eux et de notre propre prisme.

Isabelle Lelièvre est le genre de personne qui ne se fait pas remarquer, toujours en retrait, jamais un mot plus haut que l'autre (quand elle parle…). Une personnalité renfermée face à celle plus expansive de son mari.

La banalité des caractères peut pourtant cacher des secrets et mener au drame.

John N. Turner n'est pas du genre à faire dans la surenchère, les rebondissements en cascade ou les histoires improbables. Ephé[mère] (formidable titre) n'est pas du tout un thriller mais un roman proche du fait divers, et raconté par de multiples voix.

Un roman choral, déstabilisant par sa construction. Il faut le lire telle une enquête de voisinage, comme si nous avions accès à ceux qui ont côtoyé Isabelle Lelièvre (de manière plus ou moins proche), comme si nous discutions avec eux.

Le sentiment de lecture est étrange, la 4ème de couverture ne raconte pas grand chose (et c'est très bien !). Ces rencontres à travers les mots se font sans qu'on ne puisse comprendre le schéma qu'à la fin.

Du coup, on se laisse porter par les dires des personnages, par leurs émotions, leurs ressentis, leur mauvaise fois. Des manières de voir les choses quelquefois diamétralement opposées, mais qui enrichissent la compréhension du personnage central (qui est paradoxalement en retrait).

Même si ça tourne parfois à l'exercice de style, cette manière d'écrire et de présenter les faits est aussi originale qu'immersive. Et l'émotion est davantage présente que dans le précédent roman de l'auteur où il disséquait cliniquement un autre fait divers (Alabama shooting, en 2015).

Ephé[mère] est un roman noir vraiment original et audacieux par sa construction. John T. Turner plonge dans la France profonde (mais pas que…) et imprime sa patte avec une histoire plus sombre qu'il n'y parait. Voilà bien une lecture atypique.
Lien : https://gruznamur.com/2019/0..
Commenter  J’apprécie          150




” Elle était la petite dernière. Petite, elle l'était restée en taille. (...) Elle ne comptait pour rien. Elle n'avait personne derrière elle. Elle était celle dont l'avis ne comptait pas. Sa voix avait été oubliée, escamotée, soustraite à celle de l'assemblée. Pour la famille, c'était comme si Isa n'avait jamais existé.
 Évidemment, elle existait, mais comme la cinquième bouche à nourrir de la fratrie, un corps de plus à vêtir, et non comme une enfant à part entière. Isa était un peu comme un animal domestique dont personne ne se souciait. C'était pratique parce qu'Isa ne disait rien, ne réclamait rien, ne désirait rien mieux que de disparaître. “





Qui est vraiment Isabelle. Que nous cache cette femme si effacée et taiseuse ? 
Pour le découvrir, toutes les personnes qui ont croisé ou partagé sa vie, vont tour à tour prendre la parole pour nous raconter une histoire, son histoire.

De son amoureux d'enfance, en passant par sa mère, une soeur, une amie, une voisine, son mari, un journaliste, un médecin, un policier, tous ont quelque chose à dire, que ce soit un avis, un souvenir, un témoignage, une remarque , un soupçon. 


Ils l'ont connue, aimée, désirée, ignorée, appréciée, oubliée. 

À travers toutes ces confessions, le portrait d'une femme se profile mais seul le lecteur pourra assembler les fragments de cette vie et découvrir :





” Un secret inénarrable "




Ce que j'en dis :


Porté par une écriture remarquable, ce récit absolument bluffant, m'a captivé et il m'aura fallu atteindre les dernières pages pour enfin réaliser l'étendue incroyable de cette histoire. 

John N. Turner nous offre un roman choral d'exception à travers des personnages travaillés, où leurs psychologies est parfaitement étudiées et donnent à ce récit d'un réalisme surprenant une dimension particulière.
Une analyse parfaite qui ferait pâlir les plus grands comportementalistes. 

On se retrouve au coeur d'un récit en chemin vers une vérité qui donne tout son sens à ce titre Éphé [mère]. 

Un histoire glaçante, surprenante, l'histoire d'un secret inénarrable que je vous recommande vivement.

Un auteur que je suis depuis ses débuts et je peux vous dire qu'il ne m'a jamais déçu. Après cette lecture vous n'aurez qu'une envie : découvrir ses précédents romans qui sont tous aussi passionnants. 
Sous ce pseudonyme se cache un homme brillant, discret qui mérite toute votre attention, pas question de garder cela secret.




Lien : https://dealerdelignes.wordp..
Commenter  J’apprécie          20
Bonjour,

Voici un roman noir chorale que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "ephé[mère] de John N. Turner aux éditions de l'Aube.

Isabelle, née en Savoie, va passer sa vie paisiblement. Certains qui l'ont côtoyée disent d'elle qu'elle est effacée, taiseuse et d'autres qui ont vécu à ses côtés la trouvent désirée, convoitée, aimée. Tous s'accordent à dire qu'au travers de son vécu elle transporte avec elle son secret le plus intime et que personne n'aurait cru possible. Qui était vraiment Isabelle ?

Au travers des différents récits, nous faisons la connaissance d'Isabelle, une femme apparemment sans histoire, issue d'une famille de viticulteurs dans la Savoie, qui va finir sa vie à Détroit dans le Michigan où a été muté son mari fou amoureux des carburateurs de voitures.

Superbe roman qui, morceau par morceau, nous montre que l'on ne connait pas totalement une personne, même aussi proche qu'on puisse l'être. Chacun de ses amis, de ses connaissances et de ses proches détiennent une partie de son existence, et à travers eux et leur façon de voir les choses, nous en apprenons un peu plus sur la mystérieuse Isabelle Lelièvre.

L'histoire nous transporte au gré des émotions, des ressentis de chacun. Tous ces témoignages, ces confessions que les personnages vont nous dresser le portrait, tantôt flatteur tantôt moqueur, de cette femme en apparence sans histoire. Et pourtant, c'est tout le contraire.

L'écriture remarquable de l'auteur bluffe le lecteur par ses réalistes vérités qui prennent tous leurs sens une fois la fin dévoilée, magistrale et exceptionnelle à tout point de vue. Ces banalités de la vie qu'elle avait si bien cachées vont se révéler glaçantes une fois mises à jour. Une histoire inénarrable comme dirait un des protagonistes, je vous laisse deviner pourquoi…

Un splendide roman que j'ai vraiment dévoré des yeux, la puissance du récit m'a laissée sans voix. Il faut vraiment que vous lisiez ce livre totalement captivant et bien plus marquant qu'il n'y parait !

Bonne lecture, amis Lecteurs !
Lien : https://lecture-chronique.bl..
Commenter  J’apprécie          10
Isabelle Lelièvre fait la Une des journaux, elle est le monstre, celle qui a commis l'inimaginable
Pourtant la jeune femme, dernière-née d'une famille de vignerons régie par une mère dure au travail, était l'effacement et la soumission même, si discrète qu'on l'oubliait facilement.
S'égrènent ensuite les voix de ceux qui l'ont côtoyée, sa soeur qui l'envie, son époux qui l'assigne à vouloir ce qu'il veut, son amie qui la plaint
Qui donc est Isabelle sinon celle que chacun modèle selon ses propres attentes, forme de douce violence que la jeune femme percevait intuitivement et à laquelle elle se pliait, ne pouvant imaginer une opposition et remisant ses aspirations et son être en un recoin intime où la lumière finit par ne plus pénétrer.-
Dans ce roman d'un drame annoncé, qui va au rythme de la vie, chaque personnage est tissé dans ce chatoiement qui trame le coeur des hommes tandis que, poignante, la pâleur d'Isabelle signe son insondable solitude dont il n'est pas sûr qu'elle dispose de l'espace pour la percevoir

Lien : https://trancheslivres.wordp..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les gosses, c’étaient des bras qu’on ne payait pas pour exécuter les travaux subalternes. L’école, ça leur polluait la tête en les transformant en intellectuels oisifs. Mais Isa, nos parents l’ont laissée glisser entre les gouttes. Ils l’ont laissé progresser, faire son petit bonhomme de chemin scolaire.
Commenter  J’apprécie          30
Pour Isa, il n'y avait pas de pire cauchemar que d'affronter le regard de l'autre. Elle était capable d'inventer les pires stratagèmes d'évitement, les excuses à deux sous. Elle préférait presque ne pas exister plutôt que de braver un visage ombrageux, des yeux soupçonneux, des lèvres méfiantes, des sourcils broussailleux, un front plissé, mais aussi parfois un sourire généreux. Et si elle y était forcée, elle se décomposait comme une brassée de gros sel jetée dans une casserole d'eau bouillante. Elle avait une peur panique de déranger.
Commenter  J’apprécie          10
Les journaux cherchent à faire du misérabilisme. Ils font genre. Ils nous décrivent comme une famille d’arriérés des campagnes. C’est plus simple de peindre ce tableau-là. Ça rentre bien dans les cases, ça leur évite de trop réfléchir. Ils pensent que la cause de tout, c’est la misère sociale, l’illettrisme, l’arriération ou je ne sais trop quoi encore. Ils se rassurent comme ils peuvent.
Commenter  J’apprécie          10
Elle aimait les lettres, toutes les formes de littérature, de la poésie au théâtre, du roman à la chanson ; mais ce qui la différenciait du commun des profs, c’était sa capacité à transmettre sa flamme. Elle lisait avec passion. Dans sa bouche, les mots prenaient corps. Elle vibrait comme une missionnaire au milieu d’une tribu bantoue. Elle était rigoureuse avec l’orthographe, intransigeante sur l’expression de la pensée, mais pleine de mansuétude pour notre jeunesse. Elle m’a transmis le virus de la lecture, le goût de la découverte de ces contrées inconnues cachées derrière des couvertures poussiéreuses. Je lui voue un respect éternel. Elle adorait la poésie, la sonorité des mots, l’équilibre des vers, l’interpellation de l’imaginaire par les sons.
Commenter  J’apprécie          00
 Papa, ça veut dire quoi, “inénarrable” ? » me demandait Antoine.
C’était cela le plus douloureux, ne pas savoir répondre à son gosse.
Sur le fond, les journalistes n’avaient rien compris à son histoire. Le seul élément de véracité du titre tenait dans l’adjectif : inénarrable.
Voilà pourquoi je veux vous narrer la vérité.
Commenter  J’apprécie          10

Video de John N. Turner (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John N. Turner

Patrick F Cavenair et John N Turner - Festival Sans Nom 2014
http://www.passion-bouquins.com Blog littéraire alternatif http://www.festival-sans-nom.fr Festival Sans Nom, le polar à Mulhouse 2e édition Entretiens croisés à la librairie Bisey entre...
autres livres classés : voisinageVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}