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"Through the sorrow, all through our splendour
don't take offence at my innuendo..."
(F. Mercury)

Dans une petite ville autrichienne, l'an de Notre Seigneur 1590, apparut un jour un mystérieux étranger. Il savait faire des choses étonnantes et prodigieuses, et son nom était... Satan.

Difficile à croire que cette histoire sort de la plume de Mark Twain, d'habitude si pleine d'humour - même si c'est un humour qui n'épargne rien ni personne. Cette nouvelle déborde d'amertume, que ce soit envers la race humaine ou envers ses institutions.
Twain a travaillé dessus presque vingt ans, sans jamais aboutir à une version définitive; il en existe donc plusieurs. Et cela reflète ses pensées durant la période la plus sombre de sa vie. Trois de ses quatre enfants et sa femme sont morts les uns après les autres, son entreprise fait faillite...
Comment notre "bon Père qui est aux Cieux" a pu permettre ça ?

Nous donc voici à Eseldorf - ce "village des ânes", comme on pourrait le traduire. Les enfants y sont élevés pour devenir les citoyens parfaits; c'est à dire - juste ce qu'il faut d'éducation pour ne pas trop penser par soi-même, et de se fondre parfaitement dans le troupeau.
Trois garçons - Seppi, Niclaus et Théodore - font la rencontre d'un étrange personnage. Pas vraiment Satan en personne, mais son neveu du même nom, comme il se présente lui-même avant de leur montrer quelques tours incroyables.
Les jeunes gens sont tout de suite charmés.
C'est qu'il est très sympa, ce Satan, un véritable héros positif !
Beau comme le Diable et très amusant; on est loin de s'ennuyer en sa présence. Il peut construire des cités miniatures et les détruire aussitôt, avec tous leurs habitants. De montrer le passé, changer le destin, et se montrer très généreux en ce qui concerne l'argent. Sauf que...

Sauf que Satan a une piètre opinion de la race humaine. Il ne déteste pas les hommes, car "peut-on détester une brique ou un tas de fumier ?"
Non, il les observe avec un amusement détaché et cynique, qui horrifie parfois les trois amis. Et selon Satan, "l'humanité" n'est pas vraiment quelque chose qui nous fera nous gonfler de fierté.
Ridicules et pitoyables, voilà ce que nous sommes.
Fausse morale, hypocrisie, avidité, jalousie, mensonges et tendances à trouver les boucs émissaires - tout y passe !
Et les quelques excursions de Satan parmi les habitants d'Eseldorf ne font que confirmer ses dires.
"A quoi vous sert votre sens moral, puisque vous choisissez le mal neuf fois sur dix ?"
Et notre si glorifié "libre arbitre" ? On se perd dans l'étrange raisonnement de Satan, au point de penser nous tromper en croyant que l'on l'a. Nous ne percevons peut-être que la surface des choses, qui nous fait penser que nous sommes maîtres de notre destin... ne sommes nous pas plutôt les esclaves de notre vision distordue et de la suffisance de la logique humaine ?
Tout dépend de l'angle de vue - ce que nous pensons d'être le "bien" n'est pas forcément vu comme tel par un être éternel.

Satan s'amuse des faiblesses humaines, et se moque des hommes dans ses discussions avec Théodore. C'est un beau parleur, capable de transformer le mal en bien et le noir en blanc. Mais même si on lui donne raison à chaque fois, on ne peut pas s'empêcher de soutenir le raisonnement de Théo. Parce qu'il est comme nous.
C'est peut-être ça, l'humanité ? Avec chaque nouvelle génération, on dit qu'elle est en train de partir en vrille. Mais ce n'est pas plutôt que nous étions, sommes et serons toujours pareil ?

La fin de l'histoire est d'un pessimisme absolu. Philip Traum (comme se fait appeler Satan à Eseldorf) dévoile le sens de la vie, et ce qui vient après...
Des choses réelles et des choses éternelles... et il me semble aussi que "traum", en allemand, cela veut dire "rêve"...

Alors, combien d'étoiles pour ce cher ami Satan ? C'est une belle histoire qui fait réfléchir, mais je me demande si Twain ne se laissait pas un tantinet emporter... tout n'est pas encore foutu !

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"Pour les jeunes garçons que nous étions, Eseldorf était un paradis. Jamais on ne nous embêtait outre mesure avec l'école et ses savoirs. Pour l'essentiel, notre formation se limitait à faire de nous de bons chrétiens ; à révérer la Vierge, l'Eglise, et par-dessus tout les saints".
Trois garçons inséparables, nous sommes au mois de mai, par une belle journée nos trois compères partent se promener, ils s'allongent à l'ombre pour discuter, s'approche alors un jeune homme, qui leur dit être un ange, son nom Satan....
Satan, nous interroge, sur notre sens moral, sur notre libre arbitre. Notre incapacité à trouver le bonheur, préférant la jalousie, la haine. Satan , nous met face à toute la perfidie de l'humanité.
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D'abord, ce n'est pas ce livre que je veux commenter. Ça commence bien. Enfin si, le même, mais pas cette édition. Car il existe plusieurs versions de ce texte, et la dernière parue chez Tristram est celle que je viens de lire, et de tant aimer. Il semble que les précédentes, bidouillées et édulcorées par les ayants droit de Twain, ne soient pas à la hauteur.
Texte fantastique dans tous les sens du terme. Bien sûr, il y a le merveilleux, l'ambiance du château abandonné en Autriche où l'imprimeur et sa troupe trouvent refuge, le caractère faustien et mystérieux de l'étrange n°44 et ainsi de suite. Mais surtout, il y a le ton, l'ironie désabusée et le jeu avec la narration. La modernité, la liberté formelle et l'expression pathétique d'un écrivain à la fin de sa vie, tout ça charme, emballe et vous triture le cerveau à loisir. Comment a-t-il pu écrire un texte pareil dans les années 1900 ? Cela reste tout bonnement incroyable, même aujourd'hui après les surréalistes, le Maître et Marguerite de Boulgakov, les jeux formels que nous offre le cinéma depuis les années 1990, on reste déboussolé lors de certains passages. L'idée géniale est d'avoir englobé tout cela sous la forme accueillante et balisée du conte, sauf que tout dérape à mi-chemin vers un genre autre et déconcertant avant de sombrer dans la noirceur la plus totale. Nous partions guillerets sur les pentes neigeuses d'un conte pour enfants pour finir ensevelis par l'avalanche nihiliste de l'auteur.
Lien : http://tristanpichard.wix.co..
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« Rien n'existe ; tout n'est que rêve. Dieu… l'homme… le monde… le soleil, la lune, les champs infinis d'étoiles… un rêve, un vaste rêve ; tout cela n'a aucune existence. Rien n'existe, hormis l'espace vide et toi ! »

Cette profession de foi solipsiste s'insère dans l'épilogue d'une merveilleuse diablerie imaginée par Mark Twain. En 1896, la fille de Mark Twain meurt d'une méningite, sa femme décède en 1904. Il se fait vieux, ses amis meurent et les rudesses de la vie ne l'épargnent pas. Entre ces deux dates fatidiques, Mark Twain écrivit plusieurs versions de ce texte étrange et un brin faustien qui n'use des artifices du merveilleux que pour déployer sous les yeux des jeunes lecteurs un tableau du monde peint sous ses couleurs les plus crues - par-delà le bien le mal. Il y dépeint une humanité fourbe et lâche qui se targue d'un « sens moral » que Mark Twain éreinte par la voix suave de son héros - un ange absolument charmant qui répond au nom de Satan. Si la morale n'est pas sauve, pour Satan (qui n'est que le neveu de l'Autre) la conscience de notre responsabilité individuelle et de notre solitude au monde devraient nous permettre d'éviter l'abjection. L'étranger mystérieux met à rude épreuve notre notion du bien et du mal mais n'excuse en rien la bêtise et la méchanceté.

Si la version choisie par l'éditeur n'est pas considérée comme la plus authentique (mais l'éditeur justifie son choix dans un avertissement) elle est par contre illustrée avec flamboyance par ATAK (alias Georg Barber) dont le pinceau halluciné enlumine le récit de tableaux chatoyants comme des planches de William Blake. Ces vignettes truffées d'allusions à l'histoire de l'art (de Bosch à Star Wars) ajoutent une touche sublime à ce livre porté par un récit merveilleusement inspiré.

NB: Précisions pour rendre du compte du travail des éditeurs: le présent compte rendu porte sur l'édition Albin Michel (2012) de L'Étranger mystérieux (traduction de Valérie le Plouhinec, illustrations par Atak) qui n'est que l'une des différentes versions de ce récit. Babelio permet pas de distinguer celle-ci de l'édition Tristam (2011, traduction d'une autre version - alors inédite - du texte :N°44 : le mystérieux étranger) et d'une autre traduction de la version dont nous avons rendu compte (publication posthume en 1916) aux éditions de l'Oeil d'or (2008).
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L'étranger mystérieux de Mark Twain aux éditions de l'Oeil d'or, illustré par Sarah d'Hayer. - Une lecture fluide, de jolies gravures, quelques questionnements, de la science fiction, du rêve, mais aussi et surtout une critique puissante et violente de l'humanité. Petite lecture courte et agréable, plutôt déroutante par son statut de conte pour enfant, qui pour moi, après seulement quelques pages s'en éloigne complètement pour devenir quelque chose de satyrique et très sombre.
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Histoire très bien écrite qui pose d'intéressante question sur le "sens morale". C'est effectivement supposé être un conte pour enfant mais en tant qu'adulte j'ai vraiment bien aimé les réflexions de ce livre. le narrateur est un peu passif mais c'est un jeune garçon qui introduit tout les évènements. J'ai bien aimé l'atmosphère de 1590 qui se dégage du roman avec les suspicions de sorcellerie et l'ambiance du petit village. J'ai bien aimé que l'ange souligne la nature bizarre et hypocrite de l'homme.
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