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Critique de Cigale17


J'avais beaucoup aimé le Destin miraculeux d'Edgar Mint de Brady Udall, et quand je suis tombée sur un autre pavé du même auteur, je n'ai pas résisté malgré l'épaisseur du livre ! le titre, un oxymore plein d'humour, le Polygame solitaire, a piqué ma curiosité. Dès les premières phrases, l'auteur nous dévoile ce dont il s'agit : « Pour le dire le plus simplement possible, c'est l'histoire d'un polygame qui a une liaison. Mais bien sûr, c'est beaucoup plus compliqué. La vie d'un polygame, même dépourvue de mensonges, de secrets et d'infidélités, est tout sauf simple. » Voilà donc l'histoire de Golden Richards, quarante-cinq ans, quatre femmes, vingt-huit enfants, trois maisons, entrepreneur en bâtiment dans le Middle-West, et dotée d'une embarrassante propension à laisser les autres décider pour lui.
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En voyant le graphique proposant les prénoms des quatre femmes de Golden suivis de ceux de leurs enfants, j'en ai fait une photocopie. C'est tout à fait inutile : on repère très rapidement chacune des femmes et on ne suivra en détails que trois des enfants, essentiellement Rusty, un peu Faye et Glory. Brady Udall est lui-même issu d'une famille de mormons, mais pas des mormons polygames (son arrière-arrière-grand-père paternel l'était cependant). le roman est dédié à ses huit frères et soeurs et dans une intéressante interview donnée à bookbrowse (https://www.bookbrowse.com/author_interviews/full/index.cfm?author_number=792), il explique qu'il a mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Rusty et qu'il y a transposé une part de ses difficultés à exister au sein d'une si grande fratrie. Pour écrire ce livre, l'auteur a dû se documenter sur la polygamie contemporaine qui, selon lui et l'intervieweur, semble exercer une certaine fascination sur les Américains. Pourquoi ? le sexe, répond-il brièvement…
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Dans ce style de vie atypique, difficile à concevoir (pour moi), évoluent pourtant des personnages qui nous ressemblent beaucoup. Si le quotidien demande une gestion sans faille, celle d'une communauté plutôt que celle d'une famille classique, les relations humaines se révèlent remarquablement semblables. Comme dans le Destin miraculeux d'Edgar Mint, une très grande place est accordée à l'enfance et à ses traumatismes dont on ne se relève pas, ou alors bien mal, amputé d'une part de soi. C'est le cas de Golden, de ses quatre femmes, plus particulièrement Beverly et Trish, tous traînent leurs blessures et leurs carences dans leur vie d'adulte. C'est aussi le cas de Rusty qui, éperdu par son besoin d'amour et de reconnaissance, fait tout ce qu'il peut pour qu'on le considère, et obtient des résultats contraires à ce qu'il espérait. Il est beaucoup question de solitude. le titre nous invite déjà à réfléchir sur ce point, et le sujet est abordé sous plusieurs angles. Brady Udall aborde un douloureux sujet dont peu d'auteurs traitent : les essais nucléaires qui ont eu lieu dans le désert du Nevada et leurs conséquences sur la santé des habitants des États limitrophes. Je réalise que ce commentaire est assez sombre. le roman l'est parfois, mais il est toujours plein d'humour. J'ai beaucoup souri, mais j'ai aussi éclaté de rire (le chewing-gum !), et ça ne m'arrive pas si fréquemment en lisant… Un roman pareil, j'en redemande !
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