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Astérix tome 29 sur 40
EAN : 9782864972020
53 pages
Editions Albert René (15/05/2007)
3.37/5   976 notes
Résumé :
C’est la révolution au village d’Astérix ! Maestria, barde féminine, pousse ses sœurs gauloises à dire non à la tyrannie masculine. La révolte gronde, les villageoises portent des braies, et Mimine veut siéger au Conseil du Village. L’armée romaine elle-même soumet ses légions aux règles de la parité…
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 976 notes
Jamais un album d'Astérix n'aura autant été qualifié de misogyne que celui-ci ! Et pourtant, le thème central en est l'émancipation de la femme, afin, selon les propres aveux d'Uderzo, de faire taire les accusions de misogynie. Uderzo a donc souhaité infléchir la tradition des anciens albums qui ne laisseraient que peu de place aux femmes. Accusations injustes, selon Uderzo, la preuve, Falbala et Cléopâtre sont devenues des personnages culte ! Objectif annoncé : promouvoir le féminisme, et, en creux, dénoncer le machisme et mettre fin à l'accusation de misogynie.

L'album sort en octobre 1991, soit quatre années après le précédent, Uderzo prend son temps pour concevoir celui-ci. Si l'intention d'Uderzo était en toute bonne foi de vouloir atténuer le caractère misogyne des albums, cela semble plutôt raté au premier coup d'oeil. Essayons de comprendre pourquoi.

Astérix misogyne ? Dans un premier temps, Uderzo et Goscinny s'en défendent en prétextant qu'ils avaient beaucoup trop de respect pour les femmes pour les faire apparaître sous un angle grotesque et caricatural. Chaque album d'Astérix se doit de caricaturer, de grossir les traits et de ridiculiser les personnages mis en scène, ajouter des femmes était contraire aux règles élémentaires de courtoisie.

Dans les années 60, à l'époque de la création d'Astérix, on se souvient de la censure plutôt sévère ciblant la représentation des corps féminins dans la littérature destinée à la jeunesse. Au point de générer de l'autocensure de la part des auteurs de bandes dessinées et de faire disparaître purement et simplement tout personnage féminin par précaution. L'épisode du premier bal donné par le barde Assurancetourix où ne dansent que des Gaulois mâles et moustachus et un romain (lequel est affublé d'une fausse moustache pour ressembler à un Gaulois) est assez significatif. Les banquets qui se sont ensuite succédé pendant des dizaines d'albums, organisés sans qu'aucune femme du village ne soit conviée, constituent un deuxième exemple significatif. Il faudra attendre La Rose et le glaive (la 29e aventure, publiée trente ans plus tard en 1991) pour que s'opère enfin un changement.

La série est-elle réellement misogyne ?

Dans Astérix, les femmes ont longtemps été représentées comme des figurantes, portant des vases et des paniers sur la tête, se rendant au marché ou balayant leur perron. D'autres cherchent leurs maris tire-au-flanc en les menaçant avec un rouleau à pâtisserie ou surveillent leur progéniture. Sont apparues ensuite des femmes plus jeunes et plus sexy, mais toujours aussi stéréotypées. L'exemple type est l'alignement de jeunes filles, toutes identiques et interchangeables, qui participent au bal donné en l'honneur de Goudurix dans Astérix et les Normands. Mais on peut citer aussi les jolies assistantes (Le Combat des chefs), les jeunes secrétaires et les employées de bureaux (le Bouclier arverne), les élégantes promeneuses de la Promenade des Bretons (Le Tour de Gaule), les danseuses en tout genre (chez Cléopâtre, Aux Jeux Olympiques ou En Hispanie). Uderzo fait un premier pas en avant et montre qu'il peut aussi dessiner des jolies femmes, et pas seulement des rombières.

Les premiers rôles actifs et récurrents, avec prénoms officiellement attitrés (pas pour toutes à ce stade) viendront très progressivement avec les fiancées et épouses habitantes du village : Falbala (album n°10 : Astérix Légionnaire), Bonemine (album n°11 : le Bouclier arverne), Iélosubmarine (album n°14 : Astérix en Hispanie), Mme Cétautomatix et Mme Agecanonix (album n°15 La Zizanie). le rôle des femmes reste cependant assez limité, elles sont utilisées comme faire-valoir de leurs époux dans les scènes de bagarre, lorsque l'action de l'album se déroule dans le village. Il existe deux exceptions notables où leur intervention sert le scénario : La Zizanie et le Devin. Il était temps pour elles de se voir attribuer enfin des rôles de premier plan, et une participation active tout au long du récit. Pour ce faire, Uderzo crée un nouveau personnage qui va rendre cela possible, une meneuse au caractère bien affirmé : Maestria.

Avec ce personnage, Uderzo prend le pari osé d'aborder le thème du féminisme militant, non seulement pour s'en moquer, car chacun, comme on l'a précisé plus haut, doit en prendre pour son grade, mais aussi pour créer un premier rôle féminin, on bascule ainsi dans une autre époque.

La Rose et le glaive est-il un album misogyne ?

Dans un premier temps, les femmes du village boycottent Assurancetourix, car il ne fait plus l'affaire selon elles, et le remplacent par Maestria, une barde venue de Lutèce pour dispenser une instruction musicale plus acceptable. Assurancetourix doit laisser sa place à Maestria et s'exile dans la forêt (page 7).

Très rapidement, excédées par leurs rôles de servantes et de femmes au foyer, les femmes du village vont se rebeller, sous l'influence de Maestria. Après Assurancetourix, c'est Abraracourcix qui quitte le village, vexé par l'attitude de Bonemine. On assiste alors à une véritable prise de pouvoir par Bonemine qui se fait élire cheffe du village, préside le Conseil formé de ses fidèles amies et utilise le pavois d'Abraracourcix pour se faire transporter lors de ses déplacements (page 21).

La pression monte, il se produit alors une scène inouïe, du jamais vu dans Astérix (page 23). Notre héros habituellement si affable frappe une femme dans un mouvement de colère non contrôlée. Même si la femme en question est Maestria, une féministe décomplexée qui, par une curieuse inversion des rôles, lui met la main aux fesses et l'embrasse de force, il n'a aucune excuse. Cette séquence est très finement mise en scène par Uderzo, elle est extrêmement avant-gardiste pour l'époque, d'autant plus que c'est d'Astérix qu'il s'agit. Astérix regrette aussitôt, mais le mal est fait. La guerre avec Maestria est désormais déclarée.

Uderzo fait très fort dans le traitement de son sujet, il est un précurseur, car nous sommes en 1991, soit vingt-six ans avant le départ du Mouvement MeToo (2017). Astérix va être banni du village par le nouveau Conseil désormais entièrement féminin, et il sera rejoint par Panoramix et Obélix. Panoramix montre au passage une hostilité envers ce nouveau Conseil, car il flaire le danger quand Maestria se dit prête à accepter la Pax Romana (page 24). Obélix ne s'attache pas aux causes profondes, comme dans l'épisode du Chaudron, il est mû par un sentiment de fidélité inaltérable envers son ami. Tous les trois vont rejoindre le reste des hommes du village qui se sont rassemblés dans la forêt en attendant des jours meilleurs.

Les Gauloises désormais émancipées sont facilement identifiables, elles portent toutes des braies (pantalons), à l'instar des femmes modernes qui ont adopté la révolution vestimentaire lancée par Coco Chanel dans les années 30. Les Gauloises aiment la mode et surtout les produits de luxe des grandes marques. Maestria organise des défilés avec mannequins arrivés de Lutèce pour présenter la collection de Diorix (page 31) ; une Grande quinzaine commerciale est organisée par les femmes du village, pour vendre des produits de luxe lutéciens tels que des sacs à main Herpès (page 42).

On peut penser que tant de futilité va desservir l'image de la femme, dont le seul centre d'intérêt se résumerait au bling-bling et à la consommation. Mais on peut aussi y voir la mise en place d'un plan rusé et innovant, la mise en oeuvre d'une manipulation visant à amadouer et à neutraliser l'ennemi par le soft power, une première dans Astérix qui s'avèrera une réussite totale. Alors, misogyne, Uderzo ?

Par ailleurs, Uderzo avait prévenu que mettre à l'honneur les femmes dans Astérix impliquerait de ne pas les épargner, mais de se moquer d'elles, et de jeter aux orties toute idée de prévenance et de « galanterie », terme abondamment utilisé et moqué dans cet album (pages 29 et 39).

Les jeunes légionnaires romaines de la « centurie féminine », arme secrète imaginée par Claudius Prenlomnibus pour en finir avec le village des irréductibles, ne sont pas en reste. Elles sont sans cervelle et d'un ridicule total. Mais quel légionnaire romain ne l'est pas dans un album d'Astérix ?

On peut regretter que la centurie féminine ressemble à une troupe du Crazy Horse, tant les mensurations et les tailles sont identiques et comme mesurées au pied à coulisse. Ces légionnaires « spéciales » se la jouent James Bond Girls et sont chorégraphiées dans des bagarres de façon un peu raide et gauche. Elles sont aussi montrées comme des femmes sans intégrité, sympathisant avec l'ennemi et que l'on peut acheter facilement avec un peu de cosmétique et de maroquinerie. On se souvient que dès le départ, Jules César ne croyait pas lui-même en la réussite de ce projet et avait voulu par peur du ridicule conserver le plus grand secret autour de cette expédition à risques.

In fine, la « centurionne » remerciera Bonemine pour son charmant accueil, et elles se quitteront copines comme des laies. On pourra admettre que la centurie féminine perd son combat dès lors que les légionnaires quittent les lieux, avec en tête des idées de création d'entreprises inspirées du savoir-faire gaulois.

C'est finalement la stratégie du « soft power » – avec l'attrait des produits de luxe que Maestria fait venir de Lutèce sur une idée d'Astérix – qui permettra aux Gauloises de gagner la partie et d'écarter la menace. N'est-ce pas un tantinet plus subtil que la distribution de baffes, si chère aux Gaulois, qui ne semblent jamais s'émouvoir des images de Romains estropiés, des dents cassées et des yeux au beurre noir résultant de leurs exactions. de la part d'Uderzo, est-ce de la misogynie, ou est-ce une façon de rendre hommage à la gent féminine par son approche différente, plus douce, permettant néanmoins de remporter la victoire ?

Le personnage de Maestria est complexe et mérite que l'on s'y arrête.

Dans un ouvrage illustré intitulé « le Livre d'Astérix le Gaulois », paru en octobre 1999, Uderzo fait une révélation : « Maestria ressemble effectivement à quelqu'un. Mais je ne vous dirai pas à qui. A vous de chercher ! ». Voilà si je ne m'abuse un défi lancé à la postérité.

Cet aveu est en contradiction avec l'avertissement de l'auteur figurant au début de l'album La Rose et le Glaive : « le scénario de cet épisode a été écrit en 1990. Les dessins ont fini d'être réalisés au mois de mai 1991. Toute similitude avec des événements, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, ne seraient qu'une coïncidence purement fortuite. » A ma connaissance, il n'existe par ailleurs aucune communication officielle sur la source d'inspiration pour Uderzo concernant Maestria, donc le mystère reste entier.

Alors pourquoi ce demi-aveu d'Uderzo en 1999 ? Il répond sans aucun doute possible à une demande qui lui est souvent faite, mais il n'apporte aucune réponse, en cohérence avec la volonté officielle de ne rien dévoiler sur ses sources et la discrétion qui entoure généralement une possible blague d'initiés.

Uderzo aurait-il emporté son secret dans la tombe ? Je me suis penché sur le sujet et j'ai procédé comme le suggère Uderzo à quelques recherches personnelles. Ressemblance physique, forme du visage, engagement dans le féminisme ont été mes critères de recherche. Aucune solution manifeste de type « bon sang mais c'est bien sûr » ne se dessine vraiment. J'ai pu identifier trois possibilités plus ou moins crédibles :
1) le 15 mai 1991, Edith Cresson est la première femme nommée au poste de premier ministre dans notre pays. C'est sans précédent en France et tellement rare que la seconde première ministre devra attendre encore un moment (Borne, mai 2022). Cependant, la ressemblance avec Maestria reste incertaine et la prise de fonction est un peu tardive par rapport au délai de réalisation de l'album ;
2) le 30 mars 1991 décède la comédienne et directrice de théâtre Silvia Monfort. La ressemblance est incontestable (blondeur, yeux, paupières, forme allongée du visage…) et les dates concordent. Il s'agit donc peut-être d'un hommage d'Uderzo rendu à cette comédienne, qui par ailleurs s'est illustrée dans la Résistance. Son profil est donc compatible avec le positionnement de Maestria qui libère le village de l'occupation romaine ;
3) Enfin, Benoîte Groult (1920-2016) est une militante féminisme assez active qui publie en 1986, pour la première fois, l'intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, rédigée par Olympe de Gouges. Ses traits sont également très proches de ceux de Maestria, sans parler de son engagement féministe.

Rien n'est donc tranché, et on peut encore imaginer beaucoup d'autres hypothèses, comme un mélange de plusieurs personnages ou une féministe dans l'entourage d'Uderzo.

Une seule certitude au rayon des caricatures dans cet album : la présence de l'acteur Aldo Maccione (page 34), balai et torchon en main. Qui peut mieux que lui symboliser le machiste et le frimeur, relégué à des tâches ménagères depuis l'arrivée des femmes au pouvoir ?

Le style d'Uderzo progresse et d'autres tabous sont levés.

L'album recèle quelques jeux de mots très bien vus, dignes de la belle époque avec Goscinny. Uderzo est ici à son maximum. Par exemple : « – Et alors ? Les femmes bardes, ça existe non ?! – Non madame ! Une barde ça n'existe pas, ou alors c'est une tranche de lard !!! » (Page 6) ; « Oh, pour l'instant Lutèce, ce n'est qu'un pari sur l'avenir ! » (Page 10) ; « – Pas l'air commode, la Gauloise, ce matin ! – Ouais ! Elle fume encore ! » (Page 13) ; Astérix : « Alors, il pourrait y avoir des femmes druides ? » Panoramix : « Allons allons, Astérix ! Soyons sérieux ! » (Page 10).

Uderzo prend aussi quelques libertés avec la technique et les conventions habituelles de son dessin, on a vraiment l'impression qu'il a voulu dépasser toutes les limites précédemment imposées : Obélix, par son poids, fait fléchir en s'appuyant le cadre de l'image (page 8) ; les notes de musique se balayent et forment un petit tas qui ensevelit les personnages (page 9). C'est presque du Tex Avery

Uderzo ose tout et repousse les limites de l'univers d'Astérix, pour installer sa touche personnelle. C'est son droit. On sait qu'il affectionne les petits animaux à la Walt Disney dont il peuple ses forêts. Par exemple, quand les sangliers, les lapins, les serpents et les tortues fuient pour ne pas subir les chansons d'Assurancetourix, il s'agit d'un gag déjà vu (voir Astérix et les Normands, page 36 et La Rose et le glaive, page 37). Mais ici, Uderzo pousse plus loin le même gag et ose un gros ours, puis un dragon (page 47). Lequel dragon semble tout droit sorti du film La Belle au bois dormant de Walt Disney, si Disney ose, pourquoi pas lui ? A mon avis, c'est limite dans l'univers d'Astérix, mais cela participe du comique de répétition avec surenchère, que l'auteur peut bien se permettre. C'est dans l'album suivant, La Galère d'Obélix, qui sortira 5 ans plus tard en 1996, que se produira le véritable dérapage et une rupture : Uderzo osera les vaches volantes et les centaures dans une représentation personnelle de l'Atlantide, dont la source d'inspiration sera cette fois un autre dessin animé de Disney : Fantasia.

Méfions-nous d'un jugement trop hâtif. On a beaucoup reproché à Goscinny et Uderzo le caractère misogyne des albums d'Astérix. Au fil du temps, les standards de notre société ont évolué alors que les premiers albums, toujours en vente, ont continué de donner leur vision poussiéreuse et décalée, en phase avec les contraintes et procédés de leur époque. L'évolution des albums a été progressive, sans doute pas suffisamment, et cet album est la réponse d'Uderzo à ses détracteurs pour montrer qu'Astérix pouvait évoluer vers plus de modernité.

En conclusion.

Le traitement des femmes dans Astérix a connu plusieurs phases : 1) L'invisibilité totale, par peur de la censure et par autocensure. 2) L'apparition de figurantes assignées à des tâches domestiques. 3) La venue au compte-goutte de quelques héroïnes de premiers plans (Cléopâtre, Falbala), mais rien qui ne permette de faire respecter la parité et l'égalité. 4) Les arrivées successives des villageoises qui deviennent des personnages récurrents. A ce stade, aucune femme ne participe encore au banquet final. Or, c'est dans cet album que tout va changer.

Les femmes, Bonemine et Maestria en tête, se mettent à donner des ordres à leur entourage (y compris à Astérix, qui fait le coursier, et à Obélix, qui doit retourner à l'école). Elles prennent leur destinée en main, organisent la défense du village et boutent les intruses hors de Gaule. Les Gaulois en exil dans la forêt parviennent cependant à donner une bonne correction aux Romains des camps retranchés, avec les méthodes traditionnelles de distribution de baffes, leur honneur est ainsi sauf et ils peuvent donc retourner chez eux. Enfin, et c'est là une grande avancée, Gauloises et Gaulois, se retrouvent pour une fois tous réunis lors du banquet final.

Cet album est pour moi l'un des meilleurs de la séquence « Uderzo solo », par son audace, par la qualité de ses gags et par la sophistication de son scénario.

Mais Uderzo est quand même un incorrigible maladroit. Malgré les avancées de cet album, on constate que dans l'album suivant La Galère d'Obélix, les femmes ont à nouveau déserté la scène finale et sont les grandes absentes du banquet ! On ne se refait pas !
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En règle générale, Astérix, c'est assez sympa, je ne prends pas ça trop au sérieux, mais là, j'ai retrouvé ce vieil album et ce que je n'avais pas vu enfant, m'as sauté aux yeux. Cet album est misogyne sur tous les points. J'espère que l'auteur n'a pas voulu rendre un hommage aux femmes ou je ne sais quelle autre idiotie, car c'est raté.

Il faut dire qu'en temps normal les femmes ne sont pas à l'honneur dans les aventures d'Asterix. Mais bon, c'est des petits gaulois qui font la bagarre, destiné sans doute aux petits garçons. Mais là…c'est juste pas possible…

le pitch est assez simple une nouvelle barde débarque et révolutionne la position des femmes au coeur du village gaulois. L'idée aurait pu être bonne si la femme qui débarque n'était pas une féministe qui déteste les hommes. Elle portes des braies (pantalon) pour affirmer son décalage…D'ailleurs le personnage est bien loin de ressemble à la belle Falbala. Non, là, on nous a dessiné un personnage moche comme jamais.

Le scénario en profite pour s'axer autour de la galanterie, en créant une troupe de légionnaire féminine pour attaquer les gaulois. Pourquoi pas, si cette troupe n'était pas composé de petite midinette trop occupée à se pomponner plutôt qua combattre.

Le dénouement est épique, pour battre cette troupe nos amis gaulois organisent des soldes géantes dans leur village. Ben oui, elle ne résistent pas à l'achat compulsif d'un sac à main…

Je ne sais pas dans quelle catégorie l'auteur range les femmes, mais il ne semble pas les porter dans son coeur. le pire album que j'ai pu lire d'Asterix. Honteux !
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Dans les aventures d'Astérix, les femmes n'ont jamais eu le beau rôle. Totalement absentes du premier album (Astérix le gaulois), elles ont brillé par leur rôle de potiches au fil des épisodes. Reléguées au rang de ménagères, de bimbo (la femme d'Agecanonix), de fauteuses de troubles et de cancanières, les femmes du village sont aussi privées de potion magique (hormis dans le Devin).
Cela n'avait jusqu'ici que peu d'importance dans le sens où les hommes ne valaient pas mieux que leurs compagnes et se faisaient copieusement égratignés par Goscinny et Uderzo.

Avec La Rose et le Glaive, Uderzo franchit une étape : la misogynie pure.
Publié à l'automne 1991, l'album témoigne clairement du rejet de l'arrivée d'Edith Cresson au poste de Premier Ministre en Mai de la même année et, plus généralement, de l'accession des femmes à des postes de responsables.

Les femmes ne sont plus seulement caricaturées, elles sont humiliées.
Ainsi Maestria qui représente le mouvement féministe est revêche, masculine et franchement moche. Elle monte le bourrichon aux femmes du village et provoque la zizanie dans les ménages. Les femmes ne veulent plus être les esclaves des hommes, veulent des responsabilités et porter des braies. C'est la guerre des sexes.

En parallèle, César a l'idée de se jouer de la supposée galanterie gauloise et envoie une troupe de légionnaires composée uniquement de femmes. Aucun des hommes du village n'oserait se battre contre une femme ! Aucun homme ? Astérix décoche tout de même un coup de poing dans le visage rébarbatif de Maestria ! Voilà le héros de mon enfance transformé en Brutus...

L'épilogue est une insulte à l'intelligence féminine : ne pouvant combattre les femmes légionnaires à coups de tatanes, Astérix met au point une stratégie avec Maestria qui consiste à détourner la centurie féminine de sa mission. Voilà donc nos braves légionnaires prises en embuscade par les femmes du village qui ont organisé un marché géant et des défilés de mode.
"Tout est bien qui finit bien" : les femmes reprennent leur fonction initiale de ménagères tandis que les hommes retrouvent leur virilité et leur place dominante au sein du foyer. Cerise sur le gâteau, Maestria décide de quitter le village et rend sa place à Assurancetourix.

Voilà donc la vision imbécile d'Uderzo : il est impossible de faire confiance à une femme puisqu'elle est incapable de prendre ses responsabilités et s'en détourne à la vue d'un sac à main. Par leur comportement émancipatoire, les femmes du village ont mis en danger le village et donc leur indépendance vis-à-vis de Rome tandis que les femmes légionnaires ont trahi leur engagement patriotique pour s'adonner au shopping. Heureusement que les hommes sont là pour veiller sur ces créatures sans cervelle.

Avec La Rose et le Glaive, Uderzo prouve une fois encore qu'il est un auteur très médiocre qui aurait dû laisser Astérix mourir en même temps que Goscinny. Cet album est imbuvable, conservateur, machiste et dépourvu d'humour.
Une vraie purge.
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Je lis plein de critiques négatives sur cet épisode, pour moi ce n'est pas le plus nul, il a des dialogues drôles, et montre nos petits travers, que nous soyons homme ou femme. Il est vrai que Maestria n'est pas belle, elle est moche avec sa tête de betterave, ce n'est pas agréable, mais sommes-nous soumis à la dictature de la beauté ? C'est le portrait de femme le plus nuancé de tous les albums. A part elle, les femmes ne font jamais l'action dans les albums d'Astérix. Quant au portrait caricatural des femmes, il me semble en tous points assorti au portrait caricatural des hommes (baffreurs, au gros nez, au gros ventre, au coup de poing facile…). Peut-être qu'on y est trop habitué pour y faire encore attention ? ces caricatures masculines sont devenues tellement banales : les hommes moches et machos, ça passe, mais les femmes imprévisibles et coquettes, non ? Elles devraient être comment, pour vivre dans le village gaulois ? Question barde, les nuisances sonores de Maestria sont égales à celles d'Assurancetourix, elle n'est pas là pour faire mieux que lui, mais pour qu'une femme le fasse.
Maestria amène le sujet de l'émancipation des femmes - elle a un métier, et n'est pas mariée - c'est comme cela que ça a commencé dans la vraie vie. Et que fait une femme quand elle cesse cinq minutes de faire la bonniche – pardon, de tenir la maison ? Elle prend un moment pour elle, elle se change, elle se distrait.
La baffe, on en parle beaucoup, et, curieusement, personne ne dit à quel point Maestria l'a cherchée. Elle ne défend plus un point de vue à ce moment-là, elle le cherche gratuitement, dans un jeu de pouvoir, elle cherche la bagarre, et il n'est pas préparé à ce comportement, pas du tout (surtout comme célibataire dans la Gaule profonde), et il réagit…
Une fois passés le choc des cultures, l'animosité, la baffe, Astérix et Maestria s'entendent pour mettre au point la ruse qui va défendre le village. Les légionnaires femmes sont l'équivalent des légionnaires hommes du monde d'Astérix, et on sait que ceux-ci sont les caricatures des militaires les plus excessifs qu'on puisse trouver.
Le thème nous concerne tous, notre culture en est imprégnée, le sexisme, le machisme, le féminisme. J'ai trouvé cet épisode très drôle, largement aussi drôle que la plupart des autres albums.
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Le scénario de cet album d'Astérix, La rose et le glaive, a été écrit en 1990 et les dessins ont été terminés en mai 1991, c'est-à-dire à l'époque où Edith Cresson devenait la première femme Premier Ministre en France.

Albert Uderzo, à la fois au texte et aux dessins pour cette bande dessinée, a imaginé une histoire dans laquelle les femmes prendraient le pouvoir : Maestria, une femme barde vient remplacer Assurancetourix, Bonemine, la femme d'Abraracourcix, devient cheffe du village à la place de son mari, les hommes partent vivre dans la forêt, et côté romain, la garnison d'Aquarium est évincée par une troupe féminine.

Je ressors de cette lecture cependant mitigée : les femmes sont présentées comme attirées principalement par la mode, ayant peur de tout, et recherchant finalement la protection de leurs époux.

C'est sans doute à cela qu'on se voit vieillir : en relisant des albums de notre jeunesse, on s'aperçoit que les valeurs véhiculées et les discours délivrés ne pourraient sans doute plus être présentés à l'identique aujourd'hui, et ceci même si nous n'avons une deuxième femme Premier Ministre que depuis peu !
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Astérix : Je ne pensais pas qu'il puisse exister des femmes bardes !
Panoramix : Nous entrons dans l'ère moderne du monde antique où beaucoup de choses peuvent évoluer, Astérix !... C'est ainsi que la femme pourra en toute justice devenir l'égale de l'homme, avec des ambitions qui lui étaient injustement interdites jusque-là !
Astérix : Alors il pourrait y avoir des femmes druides ?
Panoramix : Allons allons, Astérix ! Soyons sérieux !

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- Dois-je vous rappeler que seuls les druides et les bardes ont le pouvoir d’instruire ?!
- Et alors ? Les femmes bardes, ça existe non ?!
- Non madame ! Une barde ça n’existe pas, ou alors c’est une tranche de lard !
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[Abraracourcix, dans sa hutte : ]
- Ah! non Mimi... Bonemine ! Pas mon pavois !
[Bonemine dehors, sur le bouclier : ]
- Le pavois qui est à toi est à moi !
[Une des porteuses du bouclier pense : ]
- Si c'est ça, la nouvelle condition féminine en Gaule !!!
[Abraracourcix en maillot de corps, les pieds dans la bassine : ]
- Ce n'est pas le port de braies qui vous donnera notre mâle et fière allure, bougresses !!
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Obélix : Moi je suis tranquille ! Jamais une femme ne pourra me remplacer. Tailler des menhirs, c'est un travail bien trop délicat !

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Petit Gaulois : Z'ai hâte de devenir grand pour m'amuser aussi !
Petite Gauloise : Moi aussi… pour devenir votre chef !
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« Astérix aux Jeux Olympiques » d'Albert Uderzo et René Goscinny lu par 8 comédiens l Livre audio
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