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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon visionnage des « contes de la lune vague après la pluie » de Mizoguchi remonte à longtemps et, si mes souvenirs sont flous quant à l'intrigue, je me rappelle que j'avais été charmée par la beauté formelle du film et son ambiance poétique. Lorsque j'ai découvert que ce film était l'adaptation de contes d'un auteur japonais du XVIII ème siècle, ma curiosité a été piquée et j'ai eu envie de les lire. Par chance, ma bibliothèque avait dans ses rayons « contes de pluie et de lune » de Ueda Akinari.

Tout au long de ce recueil, j'ai retrouvé cette poésie et ce raffinement esthétique que j'avais apprécié dans le film de Mizoguchi. C'est le genre de lecture qui demande une forme de lâcher prise au lecteur. En effet, à moins de bien connaitre l'Histoire du Japon, un certain nombre d'éléments de contexte échappe au lecteur. Mais si on accepte l'idée de ne pas saisir parfaitement le contexte et si on se laisse juste porter par les récits, « contes de pluie et de lune » s'avère une lecture enchanteresse. Ces histoires mettent toutes en scène des fantômes ou des créatures fantastiques et la structure de chacun des contes est parfois la même. Pourtant, je n'ai ressenti aucune lassitude au cours de ma lecture. Akinari parvient à apporter une touche singulière à chaque conte. L'élément surnaturel est toujours bien amené et l'auteur tisse en quelques pages des intrigues solides et subtiles à la fois. J'ai aussi été totalement charmée par l'écriture d'Akinari, tout particulièrement les descriptions des paysages. Avec un style tout en délicatesse, Akinari fait vivre les paysages du Japon aux yeux du lecteur, offrant ainsi une lecture très dépaysante.

J'ai été surprise de constater que la lecture de ces contes du XVIIIème siècle était finalement très accessible. J'ai été charmée par ces histoire surnaturelles pleines de poésie. Cette lecture m'a donnée très envie de revoir le film de Mizoguchi.
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Contes et légendes fantastiques, entre rêve et réalité qui nous immergent dans la culture nippone… Akinari nous livre de fabuleux récits, on se délecte. Même si la lecture n'est pas toujours aisée. Son écriture est subtile, légère, emplie de poésie, de philosophie et de leçons de vie. Pour cela, Akinari réveille nos démons et les fantômes qui viennent rôder auprès de nos héros et des moines. La nature sous sa plume-pinceau participe aux récits, elle est tantôt aérienne et légère, tantôt lugubre, envahissante et oppressante et quand la lune apparaît le calme et la sérénité emplissent la nuit.
Sur les 9 contes je m'arrête sur :
1-Shiramine
J'ai trouvé ce texte difficile, trop de références historiques pour ma connaissance squelettique de l'histoire du japon. Il s'agit de ressentiment, jalousie et de rivalités et de vengeance pour le pouvoir.

2-Le Rendez-vous aux crysanthèmes
Il est question de noblesse d'âme et de courage des samouraïs dans ce conte. Akana et Samon deux hommes liés par une amitié récente font serment de fraternité. Akana doit quitter sa nouvelle famille mais promet de revenir à la saison des chrysanthèmes. Akana, en homme d'honneur franc et loyal, fera tout pour rester fidèle à son serment. Retenu prisonnier il va se donner la mort pour rejoindre son ami, car, dit-il « l'homme, en un jour, est incapable de parcourir mille lieues, mais l'esprit, aisément parcourt jusqu'à mille lieues en un seul jour. Me souvenant de cette maxime je me jetai sur une lame. »

3-La maison dans les roseaux
Un très beau texte sur la fidélité jusqu'à la mort, d'une femme à son mari dont la beauté suscite la convoitise. Dans une atmosphère lugubre son fantôme réapparait au retour de son mari.

4-Carpe telles qu'en songe
Ce conte est magnifique, la symbolique est forte, Akinari traite le sujet avec humour, et nous donne un bel enseignement sur le respect de la nature et de la vie.
Durant l'ère Enchô en 925, Kögi un moine pêcheur, respectueux de la vie, est aussi un merveilleux peintre de poissons… Justement il peint ses prises et les relâche. Un jour il regarde intensément un de ses tableaux et s'assoupit. Kôgi en songe, pénètre dans la rivière et nage au milieu de splendides poissons. Au réveil il peint son rêve. Ce merveilleux tableau est très convoité, les acquéreurs sont nombreux, mais, le moine refuse de le vendre : « à des laïcs qui tuent des êtres vivants et mangent du poisson cru, je ne donnerai certes point des poissons élevés par moi, un maître de la Loi ». Durant sa vie le moine « a acquis des mérites en libérant les poissons pêchés ». C'est ainsi qu'à sa mort son âme devient poisson mais son histoire ne s'arrête pas là…
Une fin très belle pour ce conte, avant de mourir, le moine jette ses toiles dans le lac, les carpes s'échappent du tableau et l'âme du moine avec elles.
5-L'impure passion d'un serpent
Cette allégorie met en scène : Amour jalousie et possession
C'est encore une histoire de serpent tentateur sous les traits d'une femme dont la beauté séduit un homme. Ensorcelé, pris dans les mailles du filet de l'amour et la jalousie il lui faudra faire appel au moine - exorciste pour enfin le libérer.

Notons enfin que cette édition inclus le très beau film « Contes de la lune vague après la pluie ». Ce film en clair obscur de Kenji Mizoguchi, est un chef-d'oeuvre, un petit bijou.
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Ugetsu Monogatari
Traduction, préface & notes : Roger Sieffert

Voici une anthologie à recommander et à recommander encore. Neuf contes à connotation fantastique rassemblant tous les types de fantômes de la tradition japonaise et chinoise à l'exception - la vie de l'auteur l'explique facilement - du fantôme-renard. Outre les notes rassemblées à la fin du volume, le traducteur nous offre, pour chacun d'eux, deux ou trois pages destinées à replacer l'histoire dans son contexte - ce qui se révèle d'ailleurs indispensable pour le premier conte. Pour apprécier cet ouvrage aussi poétique que raffiné, il faut par conséquent ne négliger aucun des outils mis à notre disposition d'Occidental pour saisir au mieux l'art de Ueda Akinari. Ne lire que le texte des contes, à moins d'être un japonisant expert, ne suffit pas. Pire : agir ainsi vous fera automatiquement passer à côté de cette petite merveille qu'est l'"Ugatsu Monogatari."

Il convient de rappeler avant tout que, pour le Japon, la Chine classique a tenu un rôle à peu près similaire à celui que jouèrent pour nous - et jouent toujours, quoi qu'en disent certains - la Grèce et la Rome antiques. Il faut aussi préciser que le concept asiatique du fantôme diffère sensiblement du nôtre, ainsi qu'on peut s'en assurer par exemple dans les "Fantômes du Japon" de Lafcadio Hearn ou même dans les films d'épouvante venus non seulement du Japon mais aussi de Chine et de Corée.

Dans son "Ugetsu Monogatari", Ueda Akinari poursuit un but bien précis : raconter, d'une façon inédite, des histoires de fantômes tirées pour la plupart d'un vieux fond chinois, en donnant à son lecteur le plaisir d'y retrouver, dépeints de façon résolument moderne, des faits, des personnages, des intrigues mais aussi des pans entiers de récits qu'il a déjà rencontrés dans des recueils chinois. Pour le lettré nippon, c'était là une satisfaction d'un raffinement profond dont nous ne pouvons que très difficilement percevoir l'intérêt.

En second - et en second seulement - vient le désir de constituer une anthologie réunissant les types classiques de fantômes : le spectre assoiffé de vengeance et ses variantes, guerrier ou femme abandonnée ("Shiramine - Buppôsô - le Chaudron de Kibitsu"), celui qui revient remplir sa promesse ("La Maison dans les Roseaux - le Rendez-vous aux Chrysanthèmes"), l'animal qui, sous le coup de la passion, s'incarne en un être maléfique ("L'Impure Passion d'un Serpent"), la folie conçue comme une possession démoniaque - idée par contre commune à l'Orient et à l'Occident ("Le Capuchon Bleu") et enfin non pas des spectres mais des incursions humoristiques dans le surnaturel ("Carpes tel qu'en songes ... - Controverse sur la Misère & la Fortune").

L'atmosphère qui se dégage de l'ensemble devient, pour le lecteur, un réceptacle précieux où gisent, entremêlés, des rayons de lune que cachent à demi les nuages ou un fin brouillard venu d'on ne sait où, des sources invisibles et moussues au chant cristallin, des crépuscules qui n'en finissent pas de frissonner, des samouraïs en armures émergeant soudainement de l'ombre pour reprendre une bataille qui s'est déroulée bien des siècles auparavant, des temples shintô abandonnés aux ombres et aux renards, des masques de théâtre s'animant tout seuls, des créatures belles et perfides, de sournois démons poussant de pauvres moines au cannibalisme ... tout l'univers, en fait, du surnaturel japonais dont les racines s'enfoncent dans le vivifiant terreau chinois.

Et au-dessus de tout cela, souveraine, innée, plane l'élégance d'un style qui, par delà la traduction, peut à bon droit prétendre à l'universalité - le style du grand poète que fut Ueda Akinari. ;o)
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9 contes dus au grand écrivain Akinari Ueda . Ces contes appartiennent au registre fantastique ( fantômes) et ouvrent au lecteur un aspect de la culture japonaise avec son étrangeté pour nous occidentaux ,son humour si particulier (Carpes telles qu'en songe,Büpposo …) mais aussi son universalité.Mon préféré :le très mélancolique "Le rendez-vous des chrysanthèmes".
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Les neuf contes qui constituent ce recueil peuvent sans doute aucun être placés parmi les plus beaux textes de la littérature japonaise classique. Mélange déroutant d'humour et d'étrange, les histoires ici réunies plongent le lecteur dans le quotidien du Japon médiéval et dans les méandres de l'imaginaire fantastique oriental.

Un chef d'oeuvre littéraire qui inspira à Mizoguchi Kenji son chef d'oeuvre.
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À la fin du 18e siècle, alors que le Japon était encore fermé à tout commerce et contact avec l'occident (si l'on excepte les enclaves de Nagasaki), Ueda Akinari écrivit en huit ans ces neuf récits devenus des classiques. Il était à l'époque (vers 1776, il avait alors 42 ans) médecin, ce qui lui laissa le loisir d'écrire. « Le temps après la pluie, alors que la lune est encore cachée par la brume, est le moment propice aux manifestations surnaturelles » nous précise le traducteur, l'irréprochable R. Sieffert. Nous allons donc retrouver au fil des pages les manifestations des fantômes et autres créatures fantastiques issues des traductions nipponnes.

"Shiramine" ouvre le bal, avec une armée de fantômes en armes défilant devant un sage méditant sur les vanités humaines, suivi du très beau "rendez-vous aux chrysanthèmes", histoire d'une amitié et des serments qui y sont liés. Ce conte est considéré au Japon comme un chef d'oeuvre, bien qu'il soit d'inspiration chinoise.
"La maison dans les roseaux" nous fait partager les surprises d'un homme qui retrouve les traces de son passé ; avant de retrouver le rêve inspiré du vénérable moine Kôgi ("Carpes telles qu'en songe"), cité par ailleurs dans de nombreux recueils d'histoires japonaises. "Buppôso" raconte les aventures d'un père et de son fils confrontés à de singulières rencontres.
Shotaro, mari infidèle, doit affronter la colère de sa femme défunte, qu'il a trompée et volée, malgré les avertissements du "chaudron de Kibitsu", un augure qu'il veut mieux prendre au sérieux pour régler ses affaires conjugales.
Dans "L'impure passion d'un serpent", dont le début rappelle le célèbre « Dit du Gengi », Ueda Akinari nous raconte aventures de Toyoo, fils cadet d'une famille prospère, qui fait inopinément la rencontre d'une superbe jeune femme et de sa servante. La belle lui fera, outre une offre de mariage, un présent encombrant. Manago, car telle est le nom de l'apparition, le poursuivra de ses assiduités, jusqu'au mariage, mais sera contrariée par l'intervention d'un chasseur de démons… le maître zen Kwai-an devra lui aussi affronter un démon singulier dans "le capuchon bleu", avant que le recueil ne se close par l'histoire d'un guerrier économe, Oka Sanai, qui passera une étonnante nuit à disserter avec l'esprit de l'or qu'il a accumulé, donnant ainsi matière à l'étonnante "Controverse sur la misère et la fortune".

Ueda Akinari a longtemps été commerçant à Osaka avant de devenir médecin : il connaît parfaitement le petit peuple des villes et des campagnes, les légendes des différentes provinces et les classiques chinois. Il était en effet très important, à l'époque, d'y trouver son inspiration. Puisant aux meilleures sources, tous ses récits sont entrecoupés de poèmes waka (en cinq lignes) et sont pétris de morale bouddhiste (qui ne donne pas, c'est le moins que l'on puisse dire, un beau rôle aux femmes).

La traduction date de 1956 et a été entreprise sous l'égide de l'UNESCO par R. Sieffert, qui devait être lui-même la réincarnation d'un lettré de l'époque Héian, tant sa maîtrise du verbe, mais aussi de la métrique, des sensations, de l'âme enfin de la langue japonaise est grande.

Parmi trois éditions disponibles, la mienne comporte 230 pages, bien que les contes ne s'étendent que sur 120 : introduction, préface, 25 pages des commentaires sur les origines et le fond culturel des différents contes, ainsi que 20 pages de notes (qui auraient gagnées à être située en bas de page) complètent en effet le texte original.

Lien : https://litteraturedusoleill..
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Je recommande chaudement cet ouvrage dont le souvenir me poursuit des années après sa lecture. Akinari est un maître et ses nouvelles (par exemple "Le rendez-vous aux chrysantèmes", un chef-d'oeuvre) vous hantent : une très belle "entrée en matière" pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la littérature japonaise.
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