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Critique de Meps


Le titre de ce livre résume tellement bien ce livre qu'il pourrait suffire à une critique... sauf pour ceux qui ne parlent pas kinyarwanda, ce qui représente tout de même une partie non négligeable de la population mondiale !
En kinyarwanda, Ejo signifie à la fois hier et demain. Drôle de façon de combiner passé et futur, mais c'est ce que parvient à faire Beata Umubyeyi Mairesse. Parler du passé de tout ce qui a amené à ce que cette tragédie survienne, parler du futur à construire après le massacre, le drame, mais finalement ne jamais parler de ce qui est toujours présent à l'esprit: l'horreur de ce génocide. Sans doute parce qu'on en a trop parlé, parce que se complaire dans la description de l'horreur est sans doute inutile ou en tout cas risque de ne laisser que s'exprimer les rancoeurs sans trouver de solutions pour l'avenir et sans retenir les leçons du passé.
Ce qui est étrange c'est qu'Ejo résume aussi mon expérience de lecture, puisque j'ai d'abord découvert Lézardes, le futur de ce premier livre, avant de lire Ejo, le passé de ma première lecture. Expérience intéressante que de découvrir ces recueils de nouvelles dans un ordre différent que celui conçu par l'auteur. J'ai écorné d'une demi-étoile ma note car j'ai trouvé - et ce n'est que logique - plus de maîtrise dans Lézardes, un plus grand art dans la façon de faire naître des émotions très fortes.
Les deux recueils sont malgré tout très proches dans leur conception, des nouvelles qui ici tournent chacune autour d'une femme qui démarre le titre, et essaient de saisir l'essence d'un pays avant la tempête ou d'êtres en cours de reconstruction. Mentions spéciales pour Spesioza - Missing person (récit très touchant où le narrateur est pour la seule fois un homme, mais avec une seule femme en tête) et pour la nouvelle épistolaire Soeur Anne - Ne vois-tu rien venir ? qui épingle cruellement nos aveuglements occidentaux.
Je suis en tout cas particulièrement touché par la simplicité apparente de l'écriture de cette auteure qui cache une complexité foisonnante d'impressions, de sentiments, de réflexions profondes et troublantes, d'émotions très fortes. Tout comme la simplicité du prénom Beata ouvre à la complexité d'une identité double Umubyeyi Mairesse qui amène à une richesse extraordinaire.
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