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Gérard de Palézieux (Illustrateur)Philippe Jaccottet (Traducteur)
EAN : 9782851946270
147 pages
Fata Morgana (08/06/2004)
4/5   3 notes
Résumé :
Le voyage italien reste aujourd'hui une source évidente du rêve et de la sensualité. Servie par le génie, cette source est à l'abri des lieux-communs, promet des plaisirs inédits. [... ] le livre est d'un mouvement plutôt libre, qui ne redoute ni l'anecdote, ni l'exposé historique, et qui nous fait passer des rues aux paysages, des musées aux hommes, comme l'ont fait au XIXe siècle Chateaubriand et Nerval dans leur récit de voyages ; et par la beauté des descriptions, la profondeur de certaines remarques, la vie et le naturel de son style [il] ne me semble pas indigne de ces admirables modèles.
Philippe Jaccottet
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ferrare, le 29 janvier 1933.



En voyant sur la lagune la lumière, près de mourir, baiser le vent, on pense à des libellules rasant l’eau. Cet air, de plus en plus translucide, dévoile en effet maintenant une irisation métallique.
Que de fois Dante aura-t-il suivi cette morne via Romea ! C’est sur ces routes qu’il dut débattre et préciser dans son esprit la Quaestio de aqua et terra.
C’est par cette route qu’il revint pour la dernière fois de Venise à Ravenne, après avoir défendu en vain la cause de la paix. Les fièvres qui infestaient ces terres l’avaient contaminé, et de Mesola, il se hâtait en direction de Pomposa, claquant des dents, dévoré par la maladie.
Je ne sais si, à cette époque déjà, le voyageur avait à sa droite la « vallée » Vallona et la « vallée » Giralda, ni si le sable qui les investit aujourd’hui et s’y insinue à tâtons comme doigts d’aveugle, était couvert alors de ces mêmes plantes qui imitent un étrange corail lie de vin.
Et voici le clocher carré de l'abbaye de Pomposa*, une haute et lourde lance. Tout le reste, qui est majestueux pourtant : église, monastère, Palazzo della Ragione a l’air d’un troupeau de brebis recroquevillées sur elles-mêmes au pied de ce formidable élan, symbole d’espérance dont le sommet s’illuminait, la nuit*, comme une étoile. Pomposa, dans sa fière solitude, entre la mer et les labours, au milieu de cités et de populations batailleuses, était un lieu accueillant à chacun.
Au temps de Dante, elles étaient encore toutes fraîches, achevées à peine, toutes ces images glorieuses sur les murs de l’église alors comble, du réfectoire bondé.
L’esprit qui avait conduit la main de Giotto s’était répandu jusqu’ici, et le peintre romagnol avait su lui aussi, avec une passion et une fermeté singulières, réintroduire la nature et le temps dans ses ascétiques visions.
Dante à bout de forces aura-t-il pu contempler encore ces images fidèles à ses convictions ?
Dante moribond, passant par ici, aura-t-il pu entendre une dernière fois le chant des prières, cette musique codifiée par Guido d’Arezzo dans une cellule de ce même monastère, et qu’il avait cherché si obstinément, pour se libérer de l’enfer et du purgatoire de sa chair brûlante et monter jusqu’à Béatrice, à insuffler sa poésie ?

À présent, il n’y a plus ici qu’une cour où des ombres vont et viennent au gré du soleil.
Les moines partis, on y abrita du foin, des charrettes, des houes, du bétail. Ces choses-là n’ont-elles pas aussi leur majesté ? Et ce monument ne gardera-t-il pas toujours la simplicité paysanne des villages, des maisons et des figures de Giotto ?
Des fresques qui couvraient tous les murs jusqu’au plafond, éblouissantes, il ne reste plus que des lambeaux gris de poussière.
La désolation de l’église, parmi les restes de crépi gonflé par les années, la fait paraître si vaste que je prends pour une fourmi un dessinateur occupé à recopier un motif de pavement.
Sous cette poussière désolée, que de merveilles encore vivantes ! Regardez le Baptême de Jésus : quelle candeur dans le souffle qui réchauffe le nu, et comme ils sont vrais, les membres divins, encore surpris par le don de la grâce, qui s’arrachent à la longue catalepsie de Byzance ! Ailleurs, le peintre, inhabile à représenter la marche de son personnage, lui fait croiser les jambes presque pour un pas de danse, et fouler le dragon aux pieds avec la légèreté de qui pourrait courir même sur l’eau ; et le personnage avec son buste raide comme un tronc d’arbre, prend involontairement un ton dramatique.
Regardez le Miracle de San Guido**, et vous me direz si aucun peintre moderne de natures mortes, Morandi excepté, saurait peindre une table servie avec un sens décoratif plus sobre et une plus poétique intimité.
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« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre 0:06 - Trieste 1:29 - le faubourg 5:27 - Lieu cher 5:57 - Une nuit 6:32 - Variations sur la rose 7:15 - Épigraphe 7:30 - Générique
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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