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Karine Laléchère (Traducteur)
EAN : 9782743621964
409 pages
Payot et Rivages (09/02/2011)
3.4/5   25 notes
Résumé :
Dans le Nord de l’Angleterre durement frappé par la reconversion industrielle, en pleine vague punk de la fin des années 1970, Vincent Smith, Lynton Powell, Kevin Holme et Stevie Mullin, quatre jeunes rebelles emportés par la tornade des Sex Pistols, décident de former un groupe Blood Truth, qui très vite défraye la chronique par son agressivité et sa récupération du mythe du King. Lors d’une soirée, Vincent tombe amoureux de Sylvana, la chanteuse étrange et éthérée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le Chanteur
Traduction : Katherine Lalechère

ISBN : 9782743623401

Sur son blog Actu-du-Noir, JM Laherrère en disait le plus grand bien et je n'ai pas été déçue. C'est un livre qu'on ne lâche pas tant qu'on n'a pas obtenu le fin mot de l'histoire.

Le découpage alterne deux époques : la contemporaine, qui se déroule tout de même il y a près de dix ans, et le XXème siècle finissant, la toute fin des années soixante-dix, submergée par la vague punk. Il est clair que "Le Chanteur" constitue aussi un hommage aussi vibrant que nostalgique à une époque où la musique n'était pas encore formatée et où des artistes véritablement créatifs - qu'on aime ou pas leurs créations est ici secondaire - pouvaient parvenir à se faire un nom en dehors des médias comme la radio et surtout la télévision. Cette époque est également, sans nul doute, celle de la jeunesse de l'auteur et il est humain d'avoir un faible pour les années où l'on croyait encore que la musique pouvait changer les choses.

Unsworth nous raconte donc la grandeur et la décadence du groupe "Blood Truth", tout d'abord sa formation, puis son apparition fracassante sur la scène punk, le mariage de son chanteur charismatique, Vincent Smith, avec Sylvana, chanteuse tout aussi charismatique du groupe "Mood Violet", puis la disparition brutale de Smith après le décès de son épouse, décès comme il se doit dû à une overdose d'héroïne.

La période contemporaine est illustrée par Eddie Bracknell, un journaliste qui s'est pris au jeu d'écrire la biographie du groupe aussi extraordinaire qu'éphémère que fut "Blood Truth". Comme tant d'autres, Eddie, ayant visionné avec son ami Gavin - lequel a bien connu tous les membres du groupe - une vieille vidéo retraçant l'un des concerts du groupe, est désormais fasciné. La disparition de Smith, une disparition quasi absolue, tout à fait comme s'il s'était volatilisé (ou comme si on l'avait assassiné), titille ses instincts d'enquêteur. Certes, il espère bien que la biographie aura du succès et lui permettra de faire enfin ses preuves dans le milieu mais on ne peut nier qu'il est sincère et que, avant toute chose, il veut savoir.

Eh ! bien, il finira par savoir ...

Le passé, lui, est transcrit à la troisième personne, une façon peut-être pour l'auteur de conserver du recul envers cette période qu'elle a tant aimée.

Quelle que soit l'époque évoquée, le style est vif, sans recherches particulières, presque masculin à certains moments. Sous les excès de l'idéologie anarcho-libertaire des punks, pointe la nostalgie infinie de la jeunesse, de ce que l'on fut et de ce que l'on n'est plus, celle aussi de tous ces espoirs déçus, qu'on n'a pas pu ou su réaliser sans doute parce que l'on pensait qu'on avait bien le temps.

Bien sûr, si vous vous évanouissez encore en tombant sur Johnny Lydon - pardon, Johnny Rotten - au détour de quelque vidéo sur YouTube ou DailyMotion, si, pour vous, les Sex Pistols n'ont jamais fait que brailler et éructer pour le seul plaisir de choquer, si vous n'avez pas eu un gros coup de blues en apprenant la mort de Joe Strummer (ah ! The Clash ! drunken drunken ) et si vous considérez les gothiques - issus des punks - comme des fous dangereux bons à interner, mieux vaut pour vous ne pas lire ce livre.

Mais si vous n'avez aucun a priori musical et si vous aimez les bons polars, avec des personnages bien noirs - il y en a deux qui le sont vraiment dans cette histoire et non, je ne vous dirai pas lesquels - alors, lisez "Le Chanteur" de Cathy Unsworth. Vous ne devriez pas le regretter. ;o)
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Ce roman fait partie d'une catégorie, je pense, assez rare : le "polar punk" et tout en étant totalement inculte dans ce genre musical, je dois reconnaître que j'ai eu du mal à le lâcher avant la fin, tant l'intrigue est relativement bien construite. J'avais découvert l'univers plutôt sombre, très "sex, drugs and rock n'roll" de Cathi Unsworth avec son premier roman "Au risque de se perdre" dont je n'avais pas gardé un souvenir impérissable. On retrouve cette même ambiance dans "Le chanteur" et en tant que journaliste et critique musical, on la sent très à l'aise dans le domaine.

Années 80, deux groupes surfent sur la vague punk, version démon "Blood Truth" et version ange plus éthéré "Mood Violet". Quand le charismatique leader de l'un rencontre la chanteuse de l'autre, c'est coup de foudre et le couple s'enfuit à Paris, juste avant que leur carrière respective n'implose pour incompatibilité d'humeur entre les différents membres. Quelques temps après, la jeune fille est retrouvée morte d'une overdose et son compagnon disparaît.
Années 2000, Eddie Bracknell, journaliste culturel, redécouvre le groupe grâce à sa rencontre avec un célèbre photographe de l'époque. Pour se mettre enfin le pied à l'étrier et décrocher la gloire, il décide de mener une enquête sur "Blood Truth" et d'écrire un livre sur cette mystérieuse disparition.

le roman alterne entre passé et présent. D'un côté on assiste à la rencontre de ces quatre jeunes garçons, fans des Sex Pistols qui pour fuir la misère du Nord de l'Angleterre en 1977 vont se lancer dans la musique et rapidement défrayer la chronique par la violence qu'elle génère. de l'autre, vingt ans plus tard, on va suivre pas à pas l'enquête d'Eddie.
C'est noir, assez lourd, plutôt compliqué à suivre vu le nombre de protagonistes et je dois reconnaitre que les nombreuses références musicales m'ont échappé, mais le suspense est maintenu jusqu'à la fin. Cathi Unsworth a parfaitement réussi la rencontre de ses deux époques aussi bien dans la description des lieux que dans celles de ses personnages.
3 étoiles et demi soit 14/20.
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Je viens de refermer la dernière page de ce livre et je dois dire que la fin m'a un peu « scotchée ». Même si j'avais pu, le temps d'un éclair, saisir deux ou trois trucs et entrevoir une explication plausible, je ne m'attendais pas à une fin pareille ! « No Future » ! Sans espoir comme ce mouvement anarcho-libertaire punk de la fin des années 70 dont il est question. Mais pourtant si… un espoir si infime, si ténu… mais au goût amer!

C'est le deuxième livre de Cathi Unsworth que je me mets sous la dent… celui-ci après « Bad Penny blues » que j'avais vraiment beaucoup aimé. J'avais adoré l'ambiance musicale qui prédominait dans le roman et le style de l'auteur m'avait accrochée.

Pour celui-ci, Cathi ne déroge pas à sa culture musicale qu'elle décrit à merveille. On sent la maitrise qu'elle a du sujet et de l'aisance avec laquelle elle se meut dans cet univers. Sans en faire un étalage ostentatoire elle parle de la période Punk avec une précision quasi chirurgicale. Et même si l'on est moyennement fana cette époque, il faut reconnaitre que ce récit est mené avec brio. L'ambiance de l'époque est bien retranscrite, on visionne bien ce qu'elle a pu être avec toute l'effervescence que la violence de leurs propos suscitait. L'univers des Sex Pistols, des Cures, le personnage de Sid Vicious, tout y est et l'on est transporté pour un voyage dans le temps très réaliste.

Le groupe « Blood trust » est composé de rebelles provocateurs, créatifs et révoltés. Les membres du groupe sont tous plus déjantés les uns que les autres. Kevin, Stevie, Lynton, Vince… Alors, additionnés de Sylvana, la chanteuse d'un autre groupe nommé « Mood violet », c'est une bombe à retardement ! On va assister à l'implosion de tout ce petit monde dans un éclair blanc. Blanc comme l'héroïne qui va tuer Sylvana. Suicide. Suivi de la disparition du chanteur, Vince.

Dans les années 2000, Eddie, journaliste à son compte qui peine à décoller, est fasciné par Vince qu'il voit sur une vidéo que lui montre Gavin, photographe Australien fan de Blood Trust » et de son chanteur charismatique, Vince.

L'idée d'en faire un livre germe dans son esprit. Il se lance alors dans l'interview des différents membres du groupe de l'époque. À la suite de sa rupture imposée par Louise, Eddie se lance à corps perdu dans la quête de reconstitution de l'histoire du groupe et tente de trouver la réponse à la disparition soudaine de Vince ; Vivant ? Mort ?... A savoir…

Cathi ne fait pas dans la dentelle. Tout y est parfaitement décrit, sans aucune concession mais avec une certaine nostalgie. Elle retranscrit bien l'âme du mouvement punk anglais. On est transporté des décennies en arrière, c'est saisissant. le quartier de Camden est décrit avec une grande minutie. Je salue particulièrement les références musicales (bandes-son) utilisées en tête de chapitre. A chaque chapitre, sa chanson. L'idée est brillante et me plait particulièrement (utilisé aussi pour « Bad Penny Blues »). Cathi Unsworth crée un univers, des couleurs et une ambiance nimbée de nostalgie, un « cocon » musical qui en fait un style à part entière.

On se balade dans Londres, on s'y perd, on s'y retrouve, on y a peur, on s'émerveille. Bref, on ressent cette ville. On voit bien aussi le contraste avec ces petits gars de Hull, ville minière et pauvre de la côte Nord-Est de l'Angleterre. La capitale les attire mais les « tire » aussi de leur misère, de leurs fantômes qu'ils fuient tous. Les emmène loin de leurs obsessions qui finiront quand même par les rattraper inéluctablement.

Évidemment, je ne vous apprendrai rien en vous signalant qu'il faut avoir un minimum d'affinité avec le milieu musical pour apprécier la teneur de ce roman. Sinon, vous trouverez ça long…. Et ce serait dommage de ne pas apprécier ce roman noir à sa juste valeur. Si vous aimez les romans très noir, « black » de chez « black » n'hésitez pas !

Cependant attention ! ce n'est pas du « James Bond ». Ici, nulle action trépidante, nul rebondissement qui décoiffe, quoique… Non, on est (dans le « soft », dans le sarcasme, l'humour …. anglais). La violence n'en est pas moins plus présente encore et avec plus d'intensité.

Je remercie mon pote François pour le prêt de ce roman et ses conseils avisés. Je m'en vais poursuivre ma lecture des romans de Miss Unsworth (« Zarebi » me fait de l'oeil, mais aussi « au risque de se perdre »). J'ai l'embarras du choix....

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1977 : les Sex Pistols sèment obscénité et fureur dans tout le Royaume. A Hull, sinistre ville ouvrière du nord de l'Angleterre, Lynton Powell, Kevin Holme et Steve Mullin, ados insoumis et désoeuvrés accordent leurs guitares. Ils décident de former Blood Truth, groupe violemment punk, comme une alternative désespérée à un avenir évidemment prolétaire. Rejoints par Vincent Smith, chanteur charismatique, agressif et brillant, ils sont propulsés à la vitesse de leurs riffs, vite, très vite, tout en haut des charts.

1981 : Blood Truth est mort, tout comme Sylvana, fragile sylphide, incarnation gracile du groupe à succès Mood Violet et accessoirement épouse de Vincent. Lui, mystérieusement, a disparu.

2002 : Eddie Bracknell, journaliste indé passionné de rock, croit tenir avec l'histoire de Blood Truth le sujet d'un livre. Il se lance à la recherche des rescapés de l'aventure, sur la trace de Vince…

Enfin un roman rock digne de ce nom. Parce qu'il faut dire qu'il en sort, par cartons entiers, de ces farces qui se prétendent rock sous prétexte qu'elles empruntent un vocabulaire qu'elles croient trash, avec leurs sempiternelles scènes de concert endiablé, leurs références lourdement appuyées à tel groupe avec, en exergue de chapitres formatés, des extraits de lyrics, leurs joyeux clichés sur l'alcool et la violence pour nous faire comprendre que le héros, en fait, il est trop rebelle. On se foutrait pas un peu de nos gueules ?

A l'inverse, Cathi Unsworth sait de quoi elle parle, a quelque chose à dire, et sait comment le dire. Journaliste rock notamment dans Sounds, son choix de faire du chanteur un polar rock, de mêler ces deux arts cousins pour édifier une oeuvre monozygote, n'est pas de l'impro. La construction même de son roman, qui fait s'alterner des épisodes de la période punk, au fur et à mesure des découvertes du journaliste, et des chapitres se déroulant dans les années 2000, crée une tension supplémentaire. La chronologie n'épargne personne ; le temps s'écoule inexorablement vers une issue qu'on devine tragique.

Son Eddie a la nostalgie d'une époque qu'il n'a pas connu et les révélations qu'il recueille à propos de Blood Truth démentent sa naïveté : l'époque n'avait rien d'idéal, les protagonistes rien de céleste. L'industrie musicale avalait déjà les jeunes crédules, les mâchouillait un temps, et les recrachait dans les toilettes, passablement abimés. Et on tourne les pages avec frénésie, avides de connaître le fin mot de l'histoire, de retrouver Vince et de savoir si Sylvana s'est réellement suicidée, de suivre la descente aux enfers d'Eddie qui, en menant l'enquête, croise des fantômes, perd ses illusions, jusqu'à la fin, impitoyable.

Dès son premier roman, Au risque de se perdre, Cathi Unsworth a été reconnue par David Peace, Ken Bruen ou encore James Sallis comme l'une des leurs. du beau monde.
Lien : https://blackrosesforme.word..
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Roman entre 2 époques, les années 2000 et la fin des années 70.
Un journaliste, adolescent attardé, se passionne pour un obscur groupe punk qui eu son heure de gloire à la fin des années 70 et décide de leur consacrer une biographie. le livre se déroule sur les 2 époques, une où le journaliste tente d'interviewer les témoins et protagonistes de l'époque, une autre où on revit le quotidien de jeunes anglais au début du mouvement punk anglais.

Deux thèmes prédominent, les mêmes que dans les autres romans de Cathi Unsworth, le premier est Londres, plus spécifiquement Camden Town, et le second les illusions perdues d'une époque disparue.

A travers des références à des groupes éphémères de la fin des années 70 début années 80, on suit l'évolution du quartier de Camden Town, mais aussi de celles des témoins de l'époque, ce qu'ils étaient et ce qu'ils sont devenus 20 ans plus tard. L'espoir d'une liberté de créer et d'oser, et les désillusions, une fis l'euphorie des débuts terminée.

A noter, la bande son de l'époque à la fin du livre.

Le livre est plaisant à lire, mais n'est pas au niveau des 2 précédents. L'auteure s'est peut-être trop laissée aller à raconter une époque qu'elle a vécu de l'intérieur en tant que journaliste au Melody Maker.



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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Helen eut un rire amer.

- "Pendant ce temps, je chaperonnais Sylvana. Notre plan était de soûler Robin [= le petit ami de Sylvana], pour filer en douce à l'aéroport le lendemain matin pendant qu'il cuverait. Elle avait tellement peur de lui que j'avais profité d'une tournée du groupe pour récupérer son passeport chez elle et acheter une valise avec quelques bricoles. Elle était terrorisée à l'idée que Robin se doute de quelque chose si la moindre de ses affaires n'était pas à sa place. Le soir du réveillon aussi, elle était terrifiée. Je crois que plus les heures passaient, plus elle flippait. Peut-être autant d'aller jusqu'au bout que d'être prise avant. Je ne la quittais pas des yeux, je ne tenais pas à ce qu'elle boive. Elle n'avait rien d'une alcoolique, mais dans les moments difficiles, elle avait tendance à picoler et je craignais qu'elle fasse des bêtises. Cette idiote avait peur de blesser Robin, peur de me blesser, peur de faire quoi que ce soit qui lui aurait permis de se tirer de ce merdier.

- Et moi, qui ne me rendais compte de rien, j'ai bêtement traîné Helen au sous-sol pour lui montrer les trucs incroyables qu'on faisait avec les Allemands", intervint Allie [= le mari d'Helen].

- "Il m'a fallu une demi-heure pour m'en dépêtrer. J'avais laissé Sylvana avec un musicien de Blood Truth, Lynton, un garçon sympa, qu'on aimait bien toutes les deux. Je la croyais en sécurité. Tant que Robin ne les voyait pas ensemble. Mais j'avais l'horrible pressentiment que, si je l'abandonnais trop longtemps, je ne la reverrai plus jamais. Quand je suis remontée dans la cuisine, j'ai trouvé Lynton avec deux verres à la main et elle avait disparu. J'ai paniqué, alors il a tenté de me calmer, il m'a dit qu'elle était aux toilettes ou un truc logique dans ce style, mais j'étais sûre qu'elle était partie, je le savais." ... [...]
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[...] ... C'est de l'amour, ça se voit sur leurs visages.

Ils sont quatre ou cinq cents, un bloc si dense qu'on dirait une mer humaine qui enfle et vient se briser contre le bord de la scène. Deux filles juchées sur les épaules de leurs petits amis tanguent et implorent bruyamment le projecteur blanc qui éclaire le micro au centre du plateau vide. Leurs cheveux, comme ceux de la plupart des fidèles autour d'elles, se dressent sur leur tête en longs rubans noirs gaufrés, vaporisés de laque ultraforte Boot's. Le trait gras d'eye-liner qui élargit exagérément leurs yeux tranche sur le fond de teint porcelaine et l'entaille rouge vif des lèvres. La crête d'une vague en négatif. Les vêtements sont également noirs. Le visage fiévreux de désir, elles attendent.

L'homme.

Un punk baraqué aux bras épais comme des troncs d'arbre se fraie un chemin jusqu'à la scène à grand renfort de coups de coude et d'injures. Gonflé à bloc par l'impatience et l'adrénaline, il annonce la violence cathartique de la musique. Ses cheveux poisseux de savon sont façonnés en une couronne de pointes noires de dix centimètres de long, capables de transpercer un oeil - c'est du moins ce qu'il aimerait croire. Son collier de chien clouté et les bracelets assortis cherchent d'avertissement à ceux qui s'aviseraient de lu chercher querelle. Il a déchiré les manches de son t-shirt trop court à l'effigie de GHB, exposant une chair flasque et blafarde marquée de tatouages bleus artisanaux jusqu'à la taille où une ceinture à clous pyramidaux serre son jean en Stretch noir. Il est probable qu'il porte des Doc Martens à coques métalliques, mais on ne voit pas ses pieds. En fait, on ne distingue que l'éclat de ses yeux lorsqu'il fend le flot humain. Il prend appui sur le plateau et hisse son torse pour hurler en direction des coulisses.

Tout le monde attend le groupe. ... [...]
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Smith se reconnaït volontiers fasciné par la culture américaine, en particulier par le chanteur Elvis Presley et l'écrivain Flannery O'Connor, dont le roman, "Wise Blood" (La Sagesse dans le sang) lui inspira le nom du groupe. Le King de Memphis meurt seulement une semaine avant sa rencontre avec Mullin et compagnie. Smith voit là l'occasion de ressusciter le roi déchu à sa manière, en incarnant un Elvis en rupture de ban.
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Plus ils progressaient vers le Sud, plus Lynton avait le sentiment de remonter dans le temps, dans un monde de marais, de champs de coton et d'églises à bardeaux, qui serait toujours hostile à un homme à la peau noire. Un monde dont les musiciens de jazz qu'il écoutait lui avaient parlé et qui lui donnait des fourmis dans les membres, comme si son sang lui chantait un avertissement. Ce qui n'était pas impossible. Ses ancêtres s'étaient peut-être échinés sous le joug, créant une musique qui maintenait leur âme en vie quand le labeur leur brisait les reins. Il n'en saurait jamais rien. Mais il percevait des choses. Et son instinct s'aiguisait.
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L'image se dissout pour céder la place à un présentateur en studio, un de ces sémillants jean-foutre qui sévissaient au début des années 1980, arborant la tenue de rigueur : chemise à motifs cachemire boutonnée jusqu'au col, ceinture du jean remontée presque aux aisselles et cheveux courts-dessus-long-dans-le-cou, avec les pointes décolorées.
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Videos de Cathi Unsworth (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cathi Unsworth
Reportage dans la classe d'anglais de Marie-Hélène Fasquel avec la présence des auteurs Cyane et Cathi Unsworth.
Extrait JT 12/13h de France 3 du 29 mars 2017
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